vendredi 6 février 2015

Notre histoire avec le colonialisme français (suite)


 
6 FÉVRIER 1949-6 FÉVRIER 2015
c*d
A l’occasion du 66e anniversaire de la provocation du 6 février 1949, qui servit de prétexte au gouverneur Péchoux pour décapiter le mouvement anticolonialiste ivoirien, retour sur les événements de 1949 et 1950, avec Georges Chaffard, l’auteur de « Les Carnets secrets de la décolonisation » (Calmann-Lévy, 1965).
 
 
 
Le R.D.A. bénéficie incontestablement
du plus large assentiment populaire

Abidjan colonial
Le palais des gouverneurs
Quand le gouverneur Latrille a quitté la Côte-d'Ivoire en 1947, détesté par les colons et désavoué par la haute administration, on l'a remplacé par un homme assez inoffensif, Oswald Durand. Il est de règle, dans ce genre de situation, de ne pas renverser trop brutalement la politique longtemps suivie par un représen­tant de la République. On lui donne pour successeur temporaire un personnage effacé, qui ne soulèvera pas de tempête. Plus tard vient la « reprise en main », par un personnage plus ferme, ou plus habile, selon les nécessités. Sous Oswald Durand donc, le mouvement d'Houphouët-Boigny, bien que privé de la sympa­thie personnelle qui unissait le gouverneur à son leader, et sen­tant monter autour de lui la méfiance croissante de l'adminis­tration, a continué de s'étendre dans toute la Côte-d'Ivoire sans trop d'entraves. Des élections locales lui ont donné, au conseil général, l'écrasante majorité de 25 sièges sur 27 (deuxième col­lège[1]), avec 80 % de suffrages. Le R. D. A. incontestablement, bénéficie du plus large assentiment populaire.
A Paris, ses élus sont toujours apparentés au parti commu­niste. Pour Houphouët, il s'agit d'un apparentement tactique. A l'ancien ministre du front populaire Georges Monnet qui, légè­rement imprudent naguère avec Vichy, est venu se refaire une virginité dans les affaires en Afrique, Félix Houphouët explique, un jour de mars 1948 : « Nous avons de bonnes relations avec le P. C., c'est exact. Mais être apparenté cela ne signifie pas, si peu que ce soit, que nous soyons nous-mêmes communistes. Est-ce que moi, Houphouët, chef traditionnel, médecin, grand propriétaire, catholique, on peut dire que je suis communiste ? Mais notre apparentement au P. C. nous a été précieux, en ce sens que nous avons trouvé en France des groupes parlementaires qui nous ont accueilli amicalement alors que d'autres ne s'occupaient pas de nous, et nous avons trouvé chez eux la possibilité de faire triompher des causes que nous avions dans le cœur.
Nos collègues malgaches, qui n'étaient eux aussi que deux ou trois lorsqu'ils défendaient, après leur élection, des projets en faveur de leur grande Ile, ne trouvaient aucun écho. Chaque fois que nous, du R. D. A., défendons un projet, nous pouvons compter sur les 183 voix du parti communiste.
Et ainsi nous avons pu faire connaître et apprécier nos points de vue. Si, en échange, nous laissons aux groupes parlemen­taires communistes nos bulletins de vote pour que, sur d'autres problèmes, ils en disposent, qu'est-ce que cela peut nous faire ? A notre sens, la France ne peut pas nous abandonner. Que la France soit dirigée par les uns ou les autres, elle ne peut se désintéresser de l'Afrique. Donc, nous ne voyons pas pourquoi nous aurions à regretter cet apparentement. »
Mais parmi les dirigeants et militants du R. D. A., il en est qui sont plus engagés que leur président. Pour ceux-là, l'appa­rentement n'est pas tactique, mais doctrinal. C'est le cas de ceux issus des « Groupes d'études communistes » (G. E. C.) créés en Côte-d'Ivoire, au Soudan, en Guinée, par des fonctionnaires ou enseignants français servant en Afrique. C'est le cas, surtout, du secrétaire général du Rassemblement, l'homme qui a organisé « l'appareil », l'intelligent, habile et séduisant Gabriel d'Arboussier, alors conseiller de l'Union française au titre de la Côte-d'Ivoire. […] Il est l'un des fon­dateurs du R. D. A. et en devient rapidement secrétaire général. Infatigable commis-voyageur du progressisme africain, il est aussi, à l'assemblée de Versailles, l'orateur le plus écouté dans les débats sur les affaires d'outre-mer. Car si les thèses qu'il défend sont dures, leur expression est toujours mesurée. D'Arboussier ne se départit jamais, à la tribune, d'une courtoisie qui lui vaut l'estime de nombreux adversaires. Il siège à l'époque au comité directeur du Mouvement de la Paix et se lie d'amitié avec Frédéric Joliot-Curie.
Le parti communiste ne contrôle pas le R. D. A., comme affectent de le croire ses adversaires. Mais il lui fournit un sup­port matériel et surtout lui envoie des militants. Les «  Groupes d'études communistes » fondés en divers territoires ne sont pas l'avant-garde d'un « parti » africain. Leurs membres sont invi­tés à militer au sein du R. D. A. Les dirigeants du P. C. F. admettent que le Rassemblement ne peut être assimilé à un mou­vement communiste stricto sensu. Ses bases historiques et socio­logiques sont trop diverses, d'un territoire à l'autre. L'objectif de son combat, s'il s'inscrit dans des perspectives progressistes générales, est d'abord l'accession aux droits civiques et à l'éga­lité économique : collège unique, suffrage universel, liberté d'expression, fin du monopole des grandes compagnies commer­ciales, etc. La revendication d'indépendance n'est pratiquement jamais posée, l'accession éventuelle à un régime socialiste jamais évoquée. Le combat se situe dans le cadre de l'Union française telle qu'elle est définie par la Constitution de 1946. Que le parti communiste français nourrisse, à partir des années 1948-1949 l'arrière-pensée d'infléchir, de l'intérieur, l'orientation du R. D. A., pour en faire un allié idéologique du bloc communiste dans la guerre froide, cela est possible. Mais les motivations du R. D. A. n'en sont pas moins, initialement, strictement africaines, et ses perspectives restent, à l'unanimité des dirigeants, franco-afri­caines.
Ceux que son audience populaire inquiète, fonctionnaires colo­niaux en retard sur le siècle, milieux d'affaires défendant farou­chement des monopoles et des chasses gardées, sont évidemment enclins à exagérer l'influence communiste sur le R. D. A., et à en tirer argument pour obtenir du gouvernement et du Parle­ment la condamnation du mouvement d'Houphouët-Boigny. En cette aube de la guerre froide, le « coup de Prague » hante les esprits des démocrates bourgeois. Le conflit indochinois attise les sensibilités anticommunistes. Les dirigeants de la IVe Répu­blique ont aussi à subir la surenchère du R. P. F. Il est donc relativement facile d'émouvoir Paris, en présentant Houphouët, d'Arboussier et leurs compagnons Mamadou Konaté, Gabriel Lisette, Ouezzin Coulibaly, Hamani Diori, les uns comme de dangereux agents de Moscou, les autres comme de naïfs gogos « manipulés » par les Russes, tous, comme des fossoyeurs cons­cients ou inconscients de l'Union française.
[…]

Il faut « casser » le R. D. A.

Depuis le mois d'août 1948, le gouverneur général de l'A. O. F. est l'ancien ministre socialiste Paul Béchard. […]. Dans les premières années de la IVe, Béchard est l'un de ces « socialistes coloniaux » dont le libéralisme musclé entend conduire les peuples d'outre-mer vers une promotion jalousement circonscrite à l'ombre du drapeau tricolore. Ancien officier, Béchard a le sens de l'ordre et de l'autorité. Homme politique, il n'échappe pas à ce travers des gens de la S. F. I. O. qui, au pouvoir, se sentent obligés de donner des gages à leurs alliés de droite. Il va, certes, introduire dans les mœurs officielles en A. O. F. quelques innovations sympathiques : il reçoit au palais du gouvernement général des personnalités africaines; il invite à sa table des représentants de la bonne société autochtone et prescrit aux gouverneurs des territoires d'en faire autant; il admet la liberté de la presse et ne s'oppose pas à l'essor syndical. Dans l'esprit de l'époque, cela va, pour un haut-commissaire en A. O. F., assez loin. Ses proches collaborateurs, son directeur de cabinet, Jean Ramadier (fils de Paul), son chef de cabinet Henri Gipoulon, sont de jeunes administrateurs à la mentalité ouverte. Mais pour l'ancien secrétaire d'État à la Guerre Béchard, l'évolution doit se faire dans un ordre rigoureux, et sans préci­pitation; pour le socialiste Béchard, l'ennemi de l'ordre, c'est le communiste et son émanation locale, le R. D. A.
La place forte du R. D. A. en 1948, c'est la Côte-d'Ivoire. Béchard fait nommer là-bas un gouverneur à poigne, pour la « reprise en main ». Le solide Jurassien Laurent Péchoux suc­cède fin 1948 au bon Oswald Durand[2]. Béchard se défendra, plus tard, quand le nom de Péchoux sera devenu le symbole d'une méthode d'administration exécrée des Africains, d'avoir eu part à son action. Pourtant les dirigeants du R. D. A. détiennent dans leurs archives la copie d'un échange de correspondance entre le haut-commissaire et l'une des personnalités européennes les plus influentes en A. O. F. à cette époque, M. Marc Rucart. Ancien garde des Sceaux, sénateur, éminence du parti radical et de la franc-maçonnerie, directement intéressé dans plusieurs sociétés commerciales d'outre-mer dont il défend les intérêts, Marc Rucart sera, sous la IVe République, l'un des deux ou trois hommes avec qui un haut-commissaire à Dakar doit comp­ter. Le 29 juin 1949, Béchard lui écrit, dans un style révélateur — le style, c'est l'homme — pour se plaindre d'avoir été oublié dans une distribution d'éloges à l'occasion du règlement d'un litige local dans le sens souhaité par Rucart[3] : « Dans la distribution de satisfecit, d'ailleurs parfaitement justifiés, à laquelle vous vous êtes livré, j'ai le regret de constater que je n'ai pas eu ma petite part. Ne croyez point que j'y tienne de façon particulière, mais j'ai été étonné que votre amitié n'ait point voulu se rappeler que si Péchoux, qui réus­sit de si magnifique façon en Côte-d'Ivoire (sic) a été nommé gouverneur de ce territoire, c'est parce que j'ai demandé au ministre cette nomination, et qu'ensuite, une fois nommé, c'est en complet accord avec moi et avec mon approbation qu'il a suivi la politique qu'il pratique dans son territoire. »
Fin 1948, Laurent Péchoux n'a pas encore mis en route la « magnifique réussite » dont Béchard revendiquera imprudem­ment sa part six mois après. Il vient d'arriver en Côte-d'Ivoire. Mission : faire éclater le R. D. A. Mais comment s'y prendre ? Le plus embarrassant est que le R. D. A., dès sa nomination, lui offre de coopérer. Félix Houphouët et Gabriel d'Arboussier sont venus le voir à Abidjan. Ils ont dîné au palais. Gabriel connaît bien Péchoux. Ils ont servi ensemble, comme adminis­trateurs, à Brazzaville. Péchoux mérite mieux que la réputation qu'on lui fera plus tard. Bourru, direct, aimant la bagarre, il est aussi honnête et discipliné. Lui aurait-on ordonné de prati­quer une politique diamétralement différente, il eût obéi. Non de bon cœur. Péchoux est tout le contraire d'un « progressiste ». Mais par sens de la discipline. En l'occurrence, les instructions qu'il a reçues vont au-devant de ce qu'il pense intimement : il faut « casser » le R. D. A. Ce n'est pas par hasard qu'il a été choisi pour commander en Abidjan. Houphouët et d'Arboussier plaident auprès de lui une autre politique : mieux vaut pour un gouverneur, disent-ils, être en bonne intelligence avec un mouvement qui a derrière lui la quasi-unanimité de la popula­tion. (« Voilà bien, justement, où est le danger », se dit, in petto, Laurent Péchoux.) On se sépare sans heurt, mais sans accord.
Une sorte de veillée d'armes s'instaure, où l'on s'observe. Le R. D. A. sent que le nouveau gouverneur le frappera durement à la première occasion. Péchoux cherche la faille par laquelle il tentera de disloquer le mouvement.

Le 6 février 1949, à Treichville…

Le R. D. A. n'est pas formé que de militants conscients et organisés, et tous n'y sont pas des saints de la cause africaine. Comme toute société humaine, il a ses durs et ses mous, ses apôtres et ses opportunistes, ses extrémistes et ses modérés, ses partisans de la violence et ceux de la légalité. La brèche que cherche Péchoux dans le mur du R. D. A. se révèle le 6 février 1949. Date symbolique, qui fera crier à la provocation. Il semble bien pourtant que seul le hasard en a décidé ainsi. Le sénateur Etienne Djaument — on dit encore « conseiller de la République » — n'a pas réobtenu l'investiture du R. D. A. pour le renouvelle­ment de son mandat sénatorial. On lui a préféré le modeste militant Biaka Boda. Pourtant Djaument croyait bien avoir fait tout ce qu'il fallait pour plaire aux hautes instances du mouvement. N'a-t-il pas donné à toutes fins utiles son adhésion aux « Groupes d'études communistes », persuadé que ce patro­nage est le plus efficace? Il faut croire que le R. D. A. n'est pas aussi inféodé qu'on le dit, puisque malgré cela, Djaument n'ob­tient pas l'investiture. Homme fruste, il en conçoit un vif dépit et se livre au sein du mouvement à une campagne contre la direction. Comme tout notable africain, il a sa clientèle. Voilà donc une tendance « fractionniste » qui se manifeste. Elle inté­resse aussitôt l’administration. Djaument devient suspect à ses anciens camarades. Le 6 février 1949, à Treichville, il est pris à partie dans la rue. Il s'enfuit en voiture, se barricade dans sa maison. Des militants R. D. A. le poursuivent. Houphouët envoie en hâte ses compagnons Denise et Mockey pour calmer la foule. Trop tard. L'incident a déjà éclaté. Des fonction­naires partisans de Djaument ont tiré. Voici la police. Les amis d'Houphouët croiront toujours avoir été victimes d'une pro­vocation. Une trentaine de membres du R. D. A. sont inculpés pour tentative d'agression sur la voie publique. L'adminis­tration a vu large : elle a profité de l'occasion pour inclure dans le lot huit membres du Comité directeur. Tous sont emprisonnés à Grand-Bassam.
C'était l'erreur à ne pas commettre. Du jour au lendemain, toutes les sections du P. D. C. I.[4] se solidarisent avec les détenus de Bassam. Le R. D. A., de Côte-d'Ivoire lance une campagne pour leur libération. On « dénonce » devant les foules le « traître » Djaument, l'arbitraire du gouverneur Péchoux. L'administra­tion envoie à Paris des rapports alarmants. Le ministre de la France d'outre-mer Paul Coste-Floret, éminent professeur de Droit, résistant courageux, mais piètre décolonisateur (« Il n'y a plus de problème politique en Indochine... Je peux dire que nous sommes au bout du tunnel... ») entreprend une tournée en Afrique noire. Partout, dans chacun de ses discours, il stigmatise le R. D. A., ce mouvement « qui n'est ni démocratique, ni afri­cain ». A Ouagadougou, à Porto-Novo, le professeur Coste-Floret enseigne que la main de Moscou guide les compagnons d'Houphouët-Boigny. Faisant allusion aux détenus de Bassam, il demande que des mesures sévères soient prises contre les fau­teurs de troubles. Pour le gouverneur Péchoux, ces déclarations ministérielles sont des ordres. Le temps de l'épreuve de force est arrivé.

Le peuple décide la grève des achats

L'objectif, là comme ailleurs, sera de dissocier le noyau « dur » du R. D. A. de la masse des sympathisants et adhérents. La menace, la persuasion, la ruse, bref tout l'arsenal des méthodes traditionnelles, seront employés selon les circonstances. Les fonc­tionnaires et les chefs de canton sont mis en demeure de quitter le R. D. A. Faute de quoi ils sont révoqués. Ainsi sont suspendus de leurs fonctions le chef de canton de Toumodi, Yao Kpri ; celui de Bouaké, Paul Nguessan.
Au vieux Gbon Coulibaly, cent ans, chef traditionnel des Sénoufos, un émissaire du gouverneur dira :
       Tu es, paraît-il, l'ami d'Houphouët.
       Oui, répond le vieillard, je le considère comme mon fils.
       Attention, Houphouët est l'ennemi des Français. Toi, Gbon Coulibaly, notre allié de toujours, toi qui as accepté jadis le protectorat de la France sur le peuple Sénoufo, tu ne peux être l'ami de notre ennemi. Nous te demandons de faire une décla­ration pour te désolidariser d'Houphouët, et conseiller à la population de ne plus voter R. D. A.
Gbon refuse. Alors l'envoyé du gouverneur modère ses exi­gences :
       « Bien, n'en parlons plus. Signe simplement ce papier qui est une déclaration de fidélité à la France. »
Gbon, qui ne sait ni lire ni écrire, appose son pouce au bas du papier. Quelques jours plus tard, son fils Dramane Coulibaly lui rapporte ce qu'il a appris à Abidjan : la soi-disant déclaration de fidélité était en réalité une déclaration de démission du R. D. A. Alors le chef centenaire des Sénoufos convoque Houphouët-Boigny à Korhogo, et devant la population assemblée, affirme que sa bonne foi a été surprise et qu'il reste l'ami du président du R. D. A...
Anoublé Kouakou, chef traditionnel baoulé, descendant de la reine Pokou fondatrice de la dynastie, a depuis longtemps posé sa candidature devant le gouverneur pour être nommé chef supérieur. Sans succès jusqu'à présent. Enfin Péchoux lui accorde satisfaction. Le bulletin officiel de Côte-d'Ivoire publie l'arrêté de nomination; le texte est suivi d'une déclaration d'Anoublé Kouakou annonçant sa démission du R. D. A. Émues par cette nouvelle, des délégations du peuple baoulé rendent visite au nouveau chef supérieur dans son village de Sakasso. Anoublé Kouakou s'étonne : il n'a jamais signé de démission. Il vient à la tribune de plusieurs meetings du R. D. A., à Treichville et Adjamé, pour populariser son démenti. Enquête faite, on apprend que la déclaration publiée dans le Bulletin officiel avait été signée « par procuration » par un commis d'administration...
En accord avec le gouverneur de Haute-Volta, Mouragues, Péchoux essaie de dresser contre le R. D. A. les travailleurs Mossis, employés nombreux sur les plantations de Côte-d'Ivoire. Plus efficaces sont les méthodes de persuasion employées auprès d'élus de l'Assemblée territoriale. La crainte de devoir affronter, lors du renouvellement des conseillers, l’hostilité de l'adminis­tration, et l'espoir de devenir, à la tête de nouveaux groupus­cules politiques, des « interlocuteurs valables », conduisent une douzaine de conseillers généraux du second collège à abandonner le R. D. A. « Soyez des hommes libres, et non des marionnettes des communistes », leur répètent les fonctionnaires du cabinet de Péchoux.
Dans une circulaire aux militants, fin 1949, d'Arboussier appelle les membres du mouvement à l'action « pour faire lever sur notre terre d'Afrique l'aurore de la libération des peuples... ». Cet appel à l'action de l'impétueux secrétaire général impres­sionne d'autant plus l'autorité coloniale qu'il coïncide avec le déclenchement d'une grève de la faim parmi les détenus de Bas­sam. Aussitôt commencée, la grève bénéficie d'une campagne de solidarité dans tout le territoire. A Abidjan, la population indi­gène décide la grève des achats, suivie de la grève des cuisiniers, jardiniers, boys employés par les Européens. Des manifestations de femmes se produisent autour de la prison de Bassam. L'admi­nistrateur Bereta veut faire disperser par les pompiers les délé­gations féminines qui demandent à être reçues au Parquet. Les femmes ripostent en lançant des pierres, des bouteilles vides, et des injures colorées. Bereta est frappé... « d'une motte de terre en plein corps », relate un rapport officiel. Il y a, indéniablement, « coups et blessures à agent de la force publique dans l'exercice de ses fonctions ». Et pour arranger les choses, c'est un lot d'avo­cats communistes qui débarque de Paris pour assurer la défense des inculpés. Parmi eux, Me Blanche Matarasso et Me Douzon. Ils auront naturellement tendance à politiser le procès, et, mili­tants dont la sincérité n'a d'égale que la combativité, deviennent vite les bêtes noires de la colonie européenne.
La grève des achats se poursuit pendant plus d'un mois. Les grandes sociétés de commerce accusent le coup. Leur chiffre d'affaires a baissé de 80 %. Une circulaire de la Société commerciale de l'Ouest africain (S. C. O. A.) à ses clients et correspondants, datée du 28 janvier 1950, donne le ton : « Depuis quelques semaines, nous assistons à une recrudescence de mouvements divers fomentés par des agitateurs aux ordres de l'étranger... et tendant à entraver l'essor économique de la Côte-d'Ivoire, puis à créer à la longue un climat insupportable pour la partie saine de la population de notre colonie... Dans l'ignorance totale des ordres qui seront lancés par les agita­teurs, il nous est impossible de vous donner maintenant des directives objectives quant aux mesures à prendre pour la conservation de nos biens... »
Des consignes ont été données aux forces armées dans l'hypo­thèse du maintien de l'ordre. Le bataillon autonome de Côte-d'Ivoire (B.A.C.I.), dont la portion principale est stationnée à Bouaké, a comme chef de corps un lieutenant-colonel qui fera plus tard par­ler de lui. Il s'appelle Charles Lacheroy[5]. Au mois de novembre 1949, le B. A. C. I. a procédé en pays baoulé à des manœuvres qui, en n'importe quelle autre période, auraient passé pour des sorties d'entraînement de pure routine. Dans le climat politique du moment, elles ont été interprétées, à tort ou à raison, comme des démonstrations de force contre le R. D. A. Les protestations ont afflué à Abidjan, qu'il a fallu apaiser en annonçant une enquête. Le bataillon Lacheroy compte dans ses rangs un contin­gent de militaires syriens, des Alaouites. Employés naguère dans l'armée française du Levant, ils ont demandé en 1946, au moment de l'évacuation, de continuer à servir la France jusqu'à l'expira­tion de leur contrat. On les a affectés en Côte-d'Ivoire. Soldats loyaux à l'autorité qui les emploie, ils sont considérés par les Africains comme des mercenaires du colonialisme.

Mandat d'arrêt contre Houphouët.

Le 22 janvier 1950, un riche commerçant africain de Bouaflé, Sékou Baradji, a une altercation avec des militants du R. D. A. Roulant en automobile, il a croisé le secrétaire de la sous-section de Bouaflé, Zoro-Bi-Tra, à bicyclette avec deux compagnons. Baradji n'est guère populaire. On le sait lié avec les milieux d'affaires européens. Le R. D. A. a donné pour mot d'ordre aux planteurs africains de refuser de lui vendre leur récolte de café à bas prix, et d'attendre les consignes. Les militants, sur son passage, font des gestes hostiles; Sékou Baradji, qui a de boums oreilles, entend, malgré le bruit du moteur, des injures à son adresse. Il s'arrête, descend de voiture avec ses compagnons de route, et s'avance vers les cyclistes qui se sont arrêtés. On échange des menaces. En vient-on aux mains ? Les versions sont contradictoires. Toujours est-il que Sékou Baradji, remonté dans  son véhicule, tire des coups de feu en direction de ses adversaires, avant de repartir. Personne n'est atteint. Il affir­mera avoir seulement voulu les intimider, s'estimant à la merci d'une agression.
Quand la population de Bouaflé apprend que le commerçant a tiré sur le secrétaire du R. D. A., elle s'assemble autour de la boutique de Sékou Baradji et gronde. L'échauffement collectif fait son œuvre. Des manifestants pénètrent dans la maison et commencent à la mettre à sac. Le commerçant s'enfuit par-der­rière, et va chercher refuge à la Résidence de l'administrateur. La foule le suit. Plusieurs milliers de personnes se rassemblent autour de la Résidence, exigeant qu'on leur livre Sékou. Sur l'ordre de l'administrateur, les forces de l'ordre entreprennent de faire évacuer la place. Outre les gardes-cercles, qui sont des policiers indigènes, on a fait appel à une compagnie du B. A.C.I. Elle est commandée par le capitaine Fournier et le lieutenant africain Moussa. Ces deux officiers font méthodiquement refluer la foule en gardant leur sang-froid. Des projectiles de toutes sortes pleuvent sur la troupe. Fournier et Moussa[6] sont blessés tous les deux, mais à aucun moment ne feront usage de leurs armes. Les dirigeants du R. D. A. leur rendront d'ailleurs hom­mage. Pourtant, une fusillade éclate. Trois manifestants sont tués. Des témoins africains affirmeront que ce sont des civils européens qui n'ont pu résister à l'envie de « faire un exemple ».
Le 23 janvier, Félix Houphouët arrive à Bouaflé, venant de son village familial de Yamoussoukro. Il entend mener une enquête personnelle sur les incidents. Il interroge divers témoins, et dans la soirée convoque à sa résidence de passage le secrétaire de la sous-section R. D. A., Zoro-Bi-Tra. Bientôt, des forces de police cernent la maison. Entrent le substitut du procureur de la République et le juge d'instruction. Les deux magistrats montrent à Houphouët un mandat de perquisition. Le juge d'instruction fouille la serviette du député, trouve les notes prises par Houphouët sur les incidents de la veille, et entreprend de les reco­pier. « Je suis très content, lui dit Félix, de la peine que vous prenez. Ainsi vous verrez de quelle façon sérieuse j'ai mené mon enquête, et ces notes vous seront certainement utiles. » Le juge d'instruction n'apprécie guère l'humour. Il demande d'un ton sec :
       Y a-t-il quelqu'un d'autre dans la maison ?
       Oui, dit Houphouët, il y a mon camarade Zoro-Bi-Tra dans la pièce du fond. Je l'appelle...
Quand le secrétaire du R. D. A. entre, il est mis en état d'arres­tation sans autre explication. Tout au plus les deux magistrats laissent-ils entendre que l'incitation à la violence sur la voie publique est un délit grave.
Houphouët regagne Yamoussoukro. Dans la nuit du 25 au 26, escorté de deux camions de tirailleurs, le substitut se présente au domicile d'Houphouët. Le portier qui garde l'entrée de la conces­sion refuse de le laisser entrer : « Le député dort. On ne vient pas chez les gens la nuit avec des armes. Repassez demain. » Le substitut n'insiste pas. Houphouët est quand même parlemen­taire, un mandat d'arrêt ne s'exécute pas avant le lever du jour, et pour tout dire, le magistrat n'est pas très rassuré malgré son escorte de tirailleurs... Il retourne à Bouaflé.
Le lendemain, un groupe de dirigeants du R. D. A. parcourt la ville, s'entretenant avec la population des derniers incidents. Il y a là Ouezzin Coulibaly, le sénateur Biaka, Auguste Denise, président du Conseil général, et Gabriel d'Arboussier. Le substi­tut vient les trouver. Il demande à Denise :
       Houphouët-Boigny est-il chez lui ?
       Oui.
       Pourquoi alors a-t-on refusé de me laisser entrer hier soir ?
       En raison de l'heure tardive, et de votre escorte insolite. Mais si vous voulez vous entretenir avec le député dans des condi­tions normales, il vous recevra.
Le substitut reprend la route de Yamoussoukro avec deux inspecteurs et un seul camion de tirailleurs. Houphouët, surpris dans sa sieste, le reçoit en pagne dans l'enceinte de la concession familiale.
       Monsieur le Député, dit le magistrat, voici mon mandat. Je dois vous mettre en état d'arrestation pour flagrant délit de recel de malfaiteur. Vous saviez que Zoro-Bi-Tra était recherché par la police, et vous l'avez cependant laissé se réfugier chez vous à Bouaflé.
Houphouët le prend de haut :
       Je veux bien m'entretenir avec M. le Procureur quand il voudra. Mais je refuse de me laisser emmener entre deux poli­ciers. Je suis parlementaire. Et je vous demande de réfléchir aux conséquences que pourrait avoir mon arrestation auprès des populations. Vous-même ne sortiriez peut-être pas vivant d'ici.
       Vous refusez donc de me suivre ?
       Je refuse.
Le substitut est perplexe. Les tirailleurs, en dialecte, se concertent. « Si on nous demande de tirer, entend Houphouët, nous savons contre qui envoyer nos balles. » Un des inspec­teurs conseille au magistrat de ne pas insister, et d'aller rendre compte...
Un inspecteur reviendra seul à Yamoussoukro. Il apporte un mot du substitut : qu'Houphouët se présente lui-même, spontané­ment, au procureur de la République. Félix se méfie. Il préfère envoyer au procureur, en éclaireurs, ses compagnons d'Arbous­sier et Ouezzin. En fait, ce que veut le chef du Parquet, ce n'est pas une conversation avec le député, c'est bel et bien qu'Houphouët vienne se constituer prisonnier. Aux arguments que font valoir les deux émissaires, il réplique : « Tout cela m'est égal. Je ne retirerai pas le mandat d'arrêt et j'ordonne qu'Houphouët se présente à moi. »
Informé par ses négociateurs, le député écrit une lettre per­sonnelle au procureur. Il accepte de venir jusqu'à son bureau à Grand-Bassam, mais à condition de n'avoir pas à répondre à une convocation de justice. La lettre est portée le 27 janvier par le sénateur Biaka. Le procureur en prend connaissance nerveuse­ment : « En voilà assez, dit le haut magistrat. Dites à votre chef que je n'admets plus aucune dérobade. Si Houphouët ne se pré­sente pas à mon cabinet dans les vingt-quatre heures, je fais raser Yamoussoukro. Les troupes sont prêtes, et je suis couvert par le ministre. Allez. »
A Yamoussoukro, Houphouët pense sérieusement à prendre le maquis. Il hésite devant les conséquences incalculables qu'aurait son geste. Du jour au lendemain, ce serait toute la Côte d'Ivoire qui basculerait dans la dissidence. On se trouverait devant une situation analogue ou presque à celle de Madagascar deux ans plus tôt.
A Dakar, les conférences militaires se succèdent au cabinet du haut-commissaire. On envisage de larguer deux compagnies de parachutistes autour de Yamoussoukro pour s'emparer d'Houphouët et étouffer la rébellion dans l'œuf. Béchard redevient stratège.
Les conseillers d'Houphouët tentent une dernière démarche. D'Arboussier télégraphie à ses amis Boissier-Palun et Guillabert, avocats fort influents du barreau de Dakar. Ce sont deux Saint-Louisiens de vieille souche franco-africaine. Léon Boissier-Palun est surtout un avocat d'affaires, très introduit dans la society dakaroise. Mais il a gardé encore, en ce temps-là, assez de flamme pour défendre devant les tribunaux des inculpés politiques afri­cains. André Guillabert est un long et aristocratique jeune homme, descendant d'un conseiller au parlement d'Aix venu chercher fortune au Sénégal au XVIIIe siècle avec le chevalier de Boufflers. Tous deux, à l'appel de d'Arboussier, vont demander audience au procureur général d'A. O. F., Hyacinthe de Montera. Ils lui démontrent le caractère juridiquement discutable du man­dat d'arrêt lancé de Grand-Bassam, et surtout les conséquences graves qui découleraient de son application. Le procureur géné­ral se rend à leur raison d'autant plus aisément qu'il s'étonne de n'avoir pas été normalement informé par le Parquet de Côte-d'Ivoire. Il télégraphie au procureur de Bassam l'ordre de sur­seoir à l'exécution du mandat contre Houphouët.
Dès le lendemain, au Parquet de Bassam, on assure, à la can­tonade, qu'on n'a jamais pensé sérieusement à faire arrêter Houphouët. Seule l'initiative intempestive d'un jeune substitut a créé le malentendu...

Le R. D. A. interdit.

L'hostilité contre le R. D. A. n'est pas pour autant désarmée. Car la grève des achats lancée depuis décembre porte une atteinte de plus en plus lourde aux intérêts du commerce européen. C’est l'équilibre économique de la colonie qui se trouve menacé. L'homme qui a organisé le mouvement, c'est le secrétaire de la sous-section R. D. A. de Dimbokro, Samba Ambroise. Une forte tête avec qui la « colonie » a un vieux compte à régler. N'est-ce pas lui déjà qui, en 1945, au moment de la grève des coupeurs de bois européens, est venu au secours du gouverneur Latrille en fournissant le bois de chauffe nécessaire au fonctionnement du chemin de fer et de la centrale électrique ?
Dans la nuit du 28 au 29 janvier 1950, l'administrateur de Dimbokro et le juge de paix se présentent au domicile de Samba Ambroise. Ils perquisitionnent, emportent ses dossiers, et mettent le secrétaire du R. D. A. en état d'arrestation. Comme un méca­nisme inéluctable, la colère populaire se déclenche dans la jour­née du 29. Manifestations, « maintien de l'ordre », échauffourées, fusillade. Bilan : 13 morts, 50 blessés, tous Africains. Les morts sont jetés dans une fosse commune. Pourtant là encore les diri­geants du R. D. A. innocenteront l'armée et loueront le sang-froid d'un capitaine européen. Ils mettront nommément en cause des civils, colons et fonctionnaires. (On peut penser aussi que quelques Africains hostiles au R. D. A. et bénéficiant d'un port d'armes, peut-être même un ou deux tirailleurs d'origine exté­rieure, ayant outrepassé les consignes de leurs chefs, ont ouvert le feu à l'insu des autorités.) Quoi qu'il en soit, et selon la pra­tique constante dans ce genre de drame, ce n'est pas contre les responsables de la fusillade que vont s'orienter les foudres de l'autorité, mais contre le mouvement auquel appartiennent les victimes.
Le 1er février, à Paris, sur rapports d'Abidjan, le conseil des ministres décide l'interdiction de toutes les réunions du R. D. A. sur le territoire de la Côte-d'Ivoire. Les inculpations et les empri­sonnements se multiplient. La tension monte à mesure que se rapproche la date prévue pour l'ouverture, à Grand-Bassam, du procès des inculpés de 1949. […].

« Tais-toi, imbécile. »

Le 31 janvier, devant l'Assemblée de l'Union française, M. Georges Monnet dénonce la collusion du R. D. A. avec le parti communiste, et prophétise sa prochaine désagrégation. « Déjà neuf conseillers généraux viennent de le quitter... pour constituer un mouvement d'indépendants. » (Rires à l'ex­trême gauche.) « Les fidèles du R. D. A. deviennent de moins en moins nombreux. » Et Georges Monnet de lire une lettre qu'il vient de recevoir du député « administratif » Sékou Sanogo : « La majorité du Conseil général de Côte d'Ivoire compte sur vous... » (Rires à l'extrême-gauche. Cris : « A Vichy, à Vichy... »).
Le 16 février, c'est le débat de l'Assemblée nationale, où le ministre de la France d'outre-mer demande et obtient le renvoi des interpellateurs. Il a été précédé le 10, d'un nouveau débat des conseillers de l'Union française à Versailles. Un nommé Schock (M. R. P.), rapporteur de la commission de politique générale, a entrepris l'historique des événements de Côte-d'Ivoire, en remontant au gouverneur Latrille, « ce valet du R. D. A. » et à « son sinistre adjoint Lambert ». Latrille est « le grand res­ponsable de la situation d'aujourd'hui ». Ne vient-il pas d'en­voyer, en apprenant les derniers incidents, un télégramme de sympathie à Félix Houphouët ? Et Schock d'énumérer à la tribune la liste des mouvements locaux qui se dressent contre le R. D. A., et qui représentent, eux, la partie saine de la population : le « Bloc démocratique éburnéen », le Groupe des Indépendants, le Groupe progressiste (?), la S. F. I. O. ivoirienne... Une contro­verse pénible pour les socialistes s'instaure sur la représentati­vité de leur section de Côte-d'Ivoire. Elle compte 10.000 adhé­rents et sympathisants, assure M. Paul Alduy. Mais d'Arboussier révèle que quelques centaines de cartes seulement ont été distribuées. « Revenons au débat », supplie le professeur Charles-André Julien, socialiste de gauche, mais solidaire de ses cama­rades de groupe, et à qui il doit en coûter...
Le vieil Albert Sarraut, qui n'est pas encore président de l'Assemblée, se lance dans une période fleurie et redondante où il est plus question du « coup de Prague » que de Dimbokro. L'élu R. D. A. du Niger, Boubou Hama, l'interrompt :
       C'est de Côte-d'Ivoire qu'il faut nous parler.
       Tais-toi, imbécile, répond rageusement l'éminence radi­cale.
Sur les bancs africains, c'est la stupeur. Le bon Laurent-Eynac préside. Il a été, trente ans plus tôt, un pionnier de l'aviation. Maintenant, il se grime et se teint les cheveux en noir pour rester jeune... Il a fait semblant de ne pas entendre, pour n'être pas obligé de rappeler à l'ordre le patriarche du radical-socialisme et de deux républiques réunis.

(Extrait : pages 99-119)
 

NOTES
[1] - Le premier collège est celui des Européens et des quelques Africains de statut français.
[2] - Après un bref intérim du gouverneur Orselli, ancien colonel d'aviation pass2 dans l'administration coloniale.
[3] - Il s'agit de la réintronisation, à la tête du royaume de l'Indénié, du chef Essey Bonzo, révoqué en 1945 par le gouverneur Latrille.
[4] - Le parti démocratique de Côte d'Ivoire, nom de la section ivoirienne du Rassemblement démocratique africain (R. D. A.).
[5] - Le futur théoricien de la guerre psychologique, chef du 5e bureau de l'état-major d'Alger, condamné à mort par contumace le 1er juin 1961.
[6] - Le gouverneur demande à Moussa de porter plainte contre le R. D. A. Le lieutenant, de cœur avec les manifestants, refuse. Il est muté en Indochine.

2 commentaires: