mercredi 18 février 2015

Geneviève Bro Grébé, telle Anne-Marie Raggi le 11 janvier 1965 au Boxing-Club… Hommage à deux femmes vertueuses, citoyennes exemplaires.


Geneviève Bro Grébé
L’ancienne ministre ivoirienne Geneviève Bro Grébé par ailleurs, ex-directrice de campagne de Laurent Gbagbo chargée des femmes a estimé, mardi, devant la Cour d’Assises d’Abidjan qu’on « veut falsifier l’histoire de la Côte d’Ivoire en transformant les victimes en bourreaux ».
« J'étais Directeur de campagne de Laurent Gbagbo chargée des femmes. J'ai sillonné la Côte d'Ivoire et les autres pays africains dans ce cadre. Je n'avais donc pas le temps de préparer des coups d'Etat », a-t-elle soutenu en insistant que « je ne suis pas une meurtrière ».
« Je refuse qu'on dise que j'ai organisé des bandes armées. J'ai parlé pour que cessent les tueries et si c'était à refaire, je le referais » a poursuivi Geneviève Bro Grébé, ajoutant que « j'ai dirigé les femmes patriotes et aucune d'entre elles n'a commis une quelconque exaction ».
Pour elle, « on veut falsifier l'histoire de la Côte d'Ivoire en transformant les victimes pour les bourreaux. A la résidence de Gbagbo, nous prions. Je n'organisais pas des réunions de guerre ».
Mme Bro Grébé, regrette en outre d'avoir « surestimé la grande France des droits de l'homme en ne croyant pas qu'elle pouvait nous bombarder ».
Sur les bombardements d'Abobo (comme au Nord d'Abidjan) en mars 2011, elle dit n'avoir « aucun élément de dire si oui ou non des femmes ont été tuées à Abobo mais, je déplore tous les morts ».

APA
Titre original : « Bro Grégbé dénonce une falsification de l’histoire de la crise postélectorale en Côte d’Ivoire ».

 
EN MARAUDE DANS LE WEB
Sous cette rubrique, nous vous proposons des documents de provenance diverses et qui ne seront pas nécessairement à l'unisson avec notre ligne éditoriale, pourvu qu'ils soient en rapport avec l'actualité ou l'histoire de la Côte d'Ivoire et des Ivoiriens, ou que, par leur contenu informatif, ils soient de nature à faciliter la compréhension des causes, des mécanismes et des enjeux de la « crise ivoirienne ».
 

Source : La Dépêche d'Abidjan 18 Février 2015

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Le 11 janvier 1965 au Boxing-Club[1]

Avant d'aborder les chapitres suivants consacrés à l'évolution de la Côte d’Ivoire depuis l'indépendance, et marqués par le parti pris de montrer que ce régime n'a rien à envier à celui qu'il a remplacé, que le lecteur veuille bien adopter, l'espace de quelques lignes, un point de vue tel que son regard embrasse les deux pôles et l'équateur du temps où un événement naît, se développe et produit ses conséquences, de sorte qu'il soit en mesure d'observer un drame qui n'a pas encore eu lieu, mais qui existe en germe dans ceux qui viennent d'être évoqués.
C'est un stade d'Abidjan rempli d'une foule silencieuse que le pouvoir a fait rassembler. Une estrade au centre du stade, sur l'estrade un groupe d'hommes et une femme. On a dit que, convaincus d'avoir comploté contre la vie du chef de l'Etat, ces prisonniers avaient accepté de s'humilier publiquement en échange du pardon que, dans sa magnanimité, il leur avait accordé.
C'est aujourd'hui le 11 janvier 1965. Quinze ans ont passé depuis les procès de Bassam. Ces nouveaux « Bourgeois de Calais » ne sont pas les prisonniers du gouverneur Péchoux. D'ailleurs ils ont été amenés de Yamoussoukro. Cette scène est pourtant la scène finale des événements de 1949-1950. Elle l'est, d'abord, parce que la femme au milieu des prisonniers n'est autre qu'Anne-Marie Raggi, et qu'elle est, aujourd'hui encore, aussi fière, aussi courageuse qu'en ce jour de 1949 où elle disait à l'adresse de Péchoux qui avait cru qu’il pouvait l’acheter :
« S'il veut me voir, qu'il vienne chez moi ou au bureau du parti, nous ne nous cachons nullement. Nous luttons en plein jour. »[2]
Elle l'est, encore, parce que les compagnons de chaînes d'Anne-Marie se nomment Coffï Gadeau, Jérôme Alloh... Elle l'est, enfin, parce que dans la bastille de Yamoussoukro, il y a un condamné à mort qui fut prisonnier à Bassam, celui qui disait à ses juges :
« Je suis convaincu que, sans le peuple, l'élite d'un pays ne saurait avoir de justification à sa propre existence. »[3]
Entre Bassam et Yamoussoukro, il y a eu ces quinze années qu'Anne-Marie porte sur son dos meurtri comme un fardeau et que soudain, devant la foule médusée, elle rejette avec violence. La foule consternée comprend-elle alors que le règne d’Houphouët est non seulement semblable à celui de Péchoux dans sa finalité avouée, mais qu'il est plus rigoureux que lui et qu'il a les mêmes soutiens et les mêmes adversaires, ces derniers symbolisés par l'admirable figure d'Anne-Marie Raggi ?


[1] - Extrait de « Félix Houphouët et la Côte d’Ivoire. L’Envers d’une légende » de M. Amondji, Karthala 1984 ; pp. 146-147.
[2] - Cité par B. Dadié, Carnet de prison ; p. 58.
[3] - Extrait de la déclaration de J.-B. Mockey aux assises de Bassam, cité par Bernard Dadié, op. cit. ; p. 231.

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