NAHIBLY 20 JUILLET 2012 |
Depuis le 07 août 1960, date de son
accession à cette indépendance nominale, la Côte d’Ivoire s’est distinguée par
son hospitalité et le dialogue permanent ; une sorte d’acide
désoxyribonucléique (A.D.N.).
Cette hospitalité lui a imposé
d’accueillir et d’abriter le plus de ressortissants étrangers qu’aucun autre
pays de l’ouest africain, voire bien au-delà. Elle a fait de ce petit
territoire, et c’est heureux, une terre d’adoption et/ou le passage obligé,
voire le pays de tous les espoirs pour la quête d’un mieux-être.
Rien n’a jamais été trop cher pour
s’ouvrir grandement à tous les peuples d’où qu’ils viennent. Il faut s’en
réjouir parce que cela correspond à la philosophie profonde de l’Africain pour
qui l’étranger ou l’allogène reste « un envoyé de Dieu ».
Hélas ce qui se passe depuis ces
dernières années dans ce pays nous interroge sérieusement. En effet cette
hospitalité semble perfidement et paradoxalement accoucher d’une haine rentrée
et volontairement ciblée. Il y a un acharnement ouvertement assumé contre ceux
et celles dont les ascendants voire les descendants ont ouvert grandement
portes et fenêtres mais aussi les bras et les mains pour accueillir sans compter
et sans se soucier de rien. Ces mains qui ont été ainsi tendues hier pour
accueillir et intégrer sont impitoyablement en train d’être tranchées sans
ménagement. L’horreur de cette situation est renforcée par le fait que cela se
déroule avec la complicité hypocrite d’autres Ivoiriens dont le « cœur saigne »
bien tardivement maintenant pour certains alors que d’autres pleurent en
silence comme l’esclave qui redoute la fureur du maître. D’autres encore
craignent que l’on ne se souvienne qu’ils ont été estampillés « ivoiritaires ».
Alors on se ferme les yeux ; on se
bouche volontairement les oreilles et le nez et tous feignent de cultiver une
indifférence pourtant bruyante. On célèbre la réussite là où l’échec social et
celui du système éducatif par exemple le disputent à la misère des individus.
Cette misère est d’ailleurs savamment emballée dans les chiffres d’une
croissance qui n’a rien d’inclusive et qui n’est qu’un vil pansement recouvrant
tristement cette plaie purulente des souffrances individuelles. Il faut flatter
le prince qui vous a vaincus pour ne pas essuyer sa colère déchaînée. Vous
pourriez être jetés en prison le temps que « sa justice » cherche un habillage
pour vous condamner à 10, 15 ou 20 ans de prison, selon les jours et selon son
humeur du moment mais toujours sans la moindre preuve factuelle.
Le dialogue qui autrefois avait été
érigé en sève nourricière de la cohésion nationale a fait place à l’intolérance
des cœurs de pierre.
Tout se passe désormais comme si mettre
la nécessité absolue de la recherche de cette cohésion nationale au-dessus des
projets éphémères et de cette économie volontairement extravertie était le
synonyme détestable de la faiblesse redoutée. Ah, j’oubliais juste que ce qui
avait été promis aux Ivoiriens, c’était précisément « un pouvoir fort qui ne doit justement montrer une once de faiblesse…
».
Devenu totalement impuissant, le peuple
de Côte d’Ivoire est en train de faire hélas la terrible expérience d’un
pouvoir machiavélique dont la seule valeur est le dieu argent. Tout, absolument
tout, lui est sacrifié y compris la dignité humaine.
Oui, l’alchimie du mépris et l’extase
que procure l’humiliation de l’adversaire vaincu grâce aux armes des autres a
transformé l’hospitalité légendaire connue et reconnue à la Côte d’Ivoire en
une haine sélective farouchement inextinguible.
La question est
aujourd’hui celle-ci : jusqu’à quand les Ivoiriens devraient-ils ainsi
s’enfermer dans la peur en acceptant de mourir à feu doux ; mais de mourir quand
même ?
Raphaël Dagbo
EN
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ne seront pas nécessairement à l'unisson avec notre ligne éditoriale, pourvu
qu'ils soient en rapport avec l'actualité ou l'histoire de la Côte d'Ivoire et
des Ivoiriens, ou que, par leur contenu informatif, ils soient de nature à
faciliter la compréhension des causes, des mécanismes et des enjeux de la «
crise ivoirienne ».
Source : IvoireBusiness 13 Janvier 2018.
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