Rassemblement de jeunes patriotes à Abidjan |
Combien sont-ils, ceux qui sont morts, entre fin mars et début
avril 2011 pour défendre la Patrie, la République, les Institutions et les
femmes et les hommes qui les ont incarnés ou pour satisfaire les ambitions des
prédateurs de notre pays ? On ne saura certainement jamais, leur nombre précis
tant que Monsieur Alassane Ouattara sera aux commandes de l’Etat de Côte
d’Ivoire protégé par la Communauté internationale.
Hormis tous les morts en masse qui ont jalonné la route vers le
pouvoir de M. Ouattara qui ne sont jamais évoqués aux fins de les condamner ni
par les organisations des droits humains ni par la communauté internationale
depuis 2002[1], la crise post-électorale
de 2010 a fait de nombreuses victimes parmi lesquelles des jeunes patriotes qui
se sont spontanément mobilisés dans les rues, pour faire écran entre le
président Laurent Gbagbo vainqueur des élections présidentielles et les
assaillants contre la nation encadrés ouvertement par les forces françaises de
La Licorne et celles de l’Onu basées en Côte d’Ivoire. Sauf à Abobo où
s’étaient établies les forces pro-Ouattara, notamment celles qu’on a appelé «
le Commando invisible » agissant sous le commandement d’Ibrahim Coulibaly dit
IB, ces jeunes, dans tous les quartiers d’Abidjan, la capitale ivoirienne, soit
ont appuyé par leur nombre et leur détermination, les forces armées nationales
(les Fanci) pour résister à l’assaut des factions ennemies, soit se sont massés
devant la résidence du chef de l’Etat ivoirien pour protéger son locataire. La
France et l’Onu, se prévalant d’un mandat du Conseil de sécurité[2], pour installer dit-on la
démocratie, ont poussé leurs forces à violer la souveraineté de l’Etat ivoirien
pour quadriller la ville d’Abidjan et la bombarder comme le témoigne ici Sylvie
Bocquet Nguessan : « La ville d’Abidjan est maintenant quadrillée par l’armée
française, l’aéroport est paralysé, plus aucun vol ne dessert la Côte d’Ivoire,
des centaines de chars français sont arrivés par cargo. Alassane O. est parti à
l’étranger pour se mettre en sécurité (on parle du Sénégal ou du Burkina). Les
deux camps ennemis s’affrontent dans le pays. La Licorne et l’armée de l’ONUCI
combattent aux côtés des rebelles... »[3]
Face à la forte résistance des jeunes, les armées françaises et
onusiennes à l’aide d’hélicoptères ont bombardé du 9 au 11 avril 2011, tous les
sites stratégiques et névralgiques de la capitale notamment le palais
présidentiel au plateau, le siège de la Radiotélévision nationale (Rti), les bases
militaires d’Akouédo, Agban et de Yopougon avant de pointer leurs chars sur la
résidence du chef de l’Etat construite par Houphouët-Boigny et réhabilitée par
Henri Konan Bédié[4].
C’est à ce niveau-là, que les jeunes massés depuis deux jours au moins aux
portiques de cette résidence ont connu la barbarie des forces françaises et
onusiennes qui n’ont pas hésité à ouvrir le feu sur eux. Ils seront très
nombreux à tomber et encore plus nombreux à s’en sortir difficilement avec des
blessures profondes dont beaucoup n’en survivront pas.
En plus de ces jeunes patriotes tombés au champ d’honneur, il
faut compter aussi les nombreux morts parmi les belligérants, les soldats des
deux camps en conflit et particulièrement les mercenaires recrutés par Monsieur
Alassane Ouattara encadrés au sol par les armées françaises et onusiennes pour
forcer son accession au pouvoir.
Combien étaient-elles, ces victimes de la soldatesque française
et onusienne ? On a souvent avancé le chiffre de 3 000. Mais d’où sort ce
chiffre ?
1. 3 000 morts selon l’AFP : Un chiffre artificiel et prémédité
?
Ce chiffre de 3 000 attribué aux victimes de la crise
postélectorales selon Tino Xada, un internaute, « a été évoqué pour la première
fois par les organisations des droits de l’homme comme étant le nombre des
victimes du génocide de Duékoué...et c’est France 24, par la suite, qui a
réussi à faire passer ce chiffre comme étant celui de l’ensemble des victimes
du putsch électoral et militaire de 2011 »[5]. D’autres internautes
pensent même que ce chiffre de 3000 a été lancé avant même que la résidence du
chef de l’Etat soit prise d’assaut par les forces françaises et onusiennes. A
l’évidence, ils sont nombreux les observateurs qui doutent de ce chiffre qui
paraît prémédité.
C’est l’Agence France-Presse (Afp) qui, la première, à notre
connaissance, et ce, pendant longtemps, a avancé le chiffre de 3000 morts dans
la crise ivoirienne post-électorale, dans sa tentative de justifier les raisons
de l’arrestation suivie de l’emprisonnement à Korhogo et de la déportation à La
Haye, du président Laurent Gbagbo. Cette agence en effet, récitait en longueur
de journée comme pour faire bien ancrer dans les consciences que c’est parce
que le président Laurent Gbagbo, « avait refusé de quitter le pouvoir, plongeant
le pays dans une grave crise et des violences qui ont fait près de 3 000 morts
». Cette formule qui concluait les dépêches de l’Afp reprise par Reuter sans
scrupule a été diffusée en chœur en boucle par les media français, aussi bien
la presse écrite que l’audiovisuelle, pour camoufler le crime parfait selon une
expression de David Gakunzi[6] (6) que la France avait
opéré en Côte d’Ivoire, habitués qu’ils sont à se faire complice des forfaits
de leur pays dans le monde. Pour les morts de Côte d’Ivoire, il fallait
culpabiliser le président Laurent Gbagbo dans la crise post-électorale comme le
seul coupable, conséquence de son refus de céder le pouvoir au profit de son
challenger vainqueur « légitime »[7] des élections
présidentielles. Cette invariable formule finale des dépêches émanant de l'Afp
depuis la crise post-électorale ivoirienne a été dénoncée très tôt par de
nombreux militants du Front populaire ivoirien, des blogueurs, des observateurs
attentifs et autres journalistes de presses sérieuses et honnêtes qui ont
qualifié cette formule de « plaisanterie amère ».
« Il n’y a rien de plus malhonnête que ce raisonnement »[8] a écrit le journaliste
Théophile Kouamouo qui, prenant le contre-pied de cette formule de l’Afp a
indiqué que la crise post-électorale est née plutôt « du refus d’Alassane
Ouattara, soutenu par une partie de la communauté internationale, d’accepter
les résultats définitifs de l’élection présidentielle »[9].
Plus explicite, il a soutenu :
« Il n’y avait même pas eu... double proclamation des résultats,
dans la mesure où le président de la Commission électorale indépendante (CEI),
dans son étrange divulgation des résultats provisoires depuis l’hôtel du Golf,
siège de campagne de Ouattara, s’en remettait « sagement » à l’arbitrage du
Conseil constitutionnel.
Face à la crise institutionnelle, deux possibilités s’offraient.
Une résolution pacifique, politique, du différend, et une issue violente,
militaire.
Laurent Gbagbo a proposé jusqu’au dernier moment le recomptage
des voix, fondamentalement politique, proposé par la Communauté internationale
à Haïti, en Afghanistan et, sans succès, en République démocratique du Congo.
Alassane Ouattara n’a cessé de proposer l’usage de la force,
qu’il a mis en œuvre avec l’aide de la France, des Etats-Unis et de la
bureaucratie des Nations Unies
Dans ce contexte, attribuer à Gbagbo la responsabilité politique
du surgissement d’un épisode guerrier particulièrement meurtrier en Côte
d’Ivoire revient à insinuer que le règlement civilisé ses crises politiques requiert
une sophistication de facto inaccessible aux Ivoiriens »[10]
Dans la presse en ligne, la réaction du Grigri international.com
reprise par La Dépêche d’Abidjan dans sa livraison du 8 août 2012 sous le titre
« Gbagbo/CPI - L'AFP ne change pas d'épaule, mais déjà de fusil » est encore
plus expressive et ironique : « Et 3 000 morts. (Depuis qu'un vilain jour, et
sur la base de rien, Ouattara avait sorti ce chiffre qui finissait par
ressembler à un score à force d'être répété comme une formule magique à l'usage
non exclusif des cuistres soucieux, toujours, de conclure). L'évoquer
déclenchait au choix un tchip épuisé, un regard courroucé, une tape complice
sur l'épaule. Politesse du désespoir, disent certains, pour joliment définir
l'humour qui fleurit, chaque fois et partout, après la désolation. C'est par
refus de reconnaître sa défaite que Laurent Gbagbo… Depuis décembre 2010, début
de la fin du plus long coup d'État jamais réalisé, à la lecture des dépêches de
l'AFP – dans leur forme initiale, rapportées par les confrères comme des propos
ou tout simplement copiées-collées –, ils se seront tour à tour énervé, désolé,
irrité, exaspéré, ulcéré. Pas tant pour leur contenu prétendument informatif et
en fait biaisé, mensonger, partial, parcellaire, malhonnête, prenant des
libertés avec les faits et les propos, orientant les lectures, favorisant les
méprises, semant trouble, confusion, interprétant, instrumentalisant,
travestissant... mais bien à cause de cette obsédante formule aussi finale que
fatale. C'est par refus de reconnaître sa défaite que Laurent Gbagbo… Si la
crise post-électorale a eu une vertu, ne serait-ce pas celle d'avoir déniaisé
les Ivoiriens, et partant, les Africains francophones, sur l'information à
l'occidentale : la guerre. Une guerre où le flux d'infos compte plus que la
vérité. La victoire, dans une guerre médiatique (et toutes les guerres le sont
dorénavant), ne se déclare pas à l'issue de la bataille au regard du nombre de
mensonges et de vérités auxquels on a eu recours. Il faut gagner. Tuer
spectaculairement l'adversaire. Qui a gagné a raison. Le dernier des Ivoiriens
con et honnête a compris lui aussi aujourd'hui que ce sont les vainqueurs qui
écrivent mais surtout racontent l'histoire. C'est par refus de reconnaître sa
défaite que Laurent Gbagbo… Or, mesdames et messieurs, voici, au sujet du
nouveau report de l'audience du 13 août du Président ivoirien devant la Cour
pénale internationale (CPI) de La Haye, ce que, rapporté par le quotidien de
révérence Le Monde, Dame AFP a produit en guise de conclusion :
"L'élection présidentielle de 2010, qu'il a repoussée à six reprises, l'opposait à Alassane Ouattara : à l'issue de ce scrutin, il avait été considéré comme battu par la Commission électorale indépendante et la quasi-totalité de la communauté internationale, mais déclaré vainqueur par le Conseil constitutionnel. Il avait alors refusé de quitter le pouvoir, ce qui avait entraîné une crise de plusieurs mois. Il avait finalement été arrêté par les forces d'Alassane Ouattara le 11 avril 2011 et remis à la CPI."
Si l'on omet la savoureuse omission du rôle de l'armée française dans l'arrestation du 11 avril 2011 ("C'est l'armée française qui a fait le travail", déclarera Laurent Gbagbo devant la Cpi le 5 décembre 2011), avouons que le ton est singulièrement différent. Certes, la tête de mule Gbagbo est rétroactivement (à nouveau) chargée des reports à répétition de l'élection présidentielle ivoirienne. Vases communicants entre l'amont et l'aval narratif. Ce dont on le déleste à droite, on l'en pare à gauche. C'était l'argument phare des va-t-en guerre qui obligèrent Gbagbo à organiser ces élections insensées dans un pays non désarmé et non unifié. On storytellait dans les sphères alors. L'impopulaire chrétien fanatique (et sûrement un peu génocidaire aussi, chez les Nègres, c'est commun) Gbagbo voulait pas perdre et encore moins au profit d'un Ouattara devenu musulman en même temps que "populaire" en 2002. Nul besoin d'exégèse pour comprendre qu'on sort enfin un peu du simplisme bushien, du avec nous ou contre nous, pour l'intervention sarkotanique en Libye ou pour les pseudos massacres kadhafiens de Benghazi, pour Ouattara contre l'Ivoiritarisme... La France, par la voix de son agence de presse, reconnaît pour la première fois la possibilité d'un double résultat, puisqu'elle rappelle que Laurent Gbagbo avait, accessoirement, été déclaré vainqueur par le Conseil constitutionnel. Sans même innocemment rappeler, en sus, que celui-ci était alors dirigé par un de ses amis ? On relit plus les dépêches ou quoi à l'AFPaix ? Ô coopé-lonial organe, où sont les 3 000 morts à Gbagbo seul imputés ? Réviserait-on l'Histoire en direct à Radio Métropole ? Comme souvent, une double tentation face à ces premiers revirements, ces premiers changements de tons : 1) saucer le coupable, l'insulter de toutes vos forces, lui faire payer un bout de ce que vous avez morflé à essayer de semer ne serait-ce que le doute depuis tous ces mois qui vont finir par faire des années si on n'y prend garde ; 2) vous avez mûri d'une crise et vous en concluez qu'on n'est plus très loin du match nul sur le plan médiatique. Mieux vaut continuer de battre le fer politique plutôt que les frères, même quand ils sont faux »[11].
"L'élection présidentielle de 2010, qu'il a repoussée à six reprises, l'opposait à Alassane Ouattara : à l'issue de ce scrutin, il avait été considéré comme battu par la Commission électorale indépendante et la quasi-totalité de la communauté internationale, mais déclaré vainqueur par le Conseil constitutionnel. Il avait alors refusé de quitter le pouvoir, ce qui avait entraîné une crise de plusieurs mois. Il avait finalement été arrêté par les forces d'Alassane Ouattara le 11 avril 2011 et remis à la CPI."
Si l'on omet la savoureuse omission du rôle de l'armée française dans l'arrestation du 11 avril 2011 ("C'est l'armée française qui a fait le travail", déclarera Laurent Gbagbo devant la Cpi le 5 décembre 2011), avouons que le ton est singulièrement différent. Certes, la tête de mule Gbagbo est rétroactivement (à nouveau) chargée des reports à répétition de l'élection présidentielle ivoirienne. Vases communicants entre l'amont et l'aval narratif. Ce dont on le déleste à droite, on l'en pare à gauche. C'était l'argument phare des va-t-en guerre qui obligèrent Gbagbo à organiser ces élections insensées dans un pays non désarmé et non unifié. On storytellait dans les sphères alors. L'impopulaire chrétien fanatique (et sûrement un peu génocidaire aussi, chez les Nègres, c'est commun) Gbagbo voulait pas perdre et encore moins au profit d'un Ouattara devenu musulman en même temps que "populaire" en 2002. Nul besoin d'exégèse pour comprendre qu'on sort enfin un peu du simplisme bushien, du avec nous ou contre nous, pour l'intervention sarkotanique en Libye ou pour les pseudos massacres kadhafiens de Benghazi, pour Ouattara contre l'Ivoiritarisme... La France, par la voix de son agence de presse, reconnaît pour la première fois la possibilité d'un double résultat, puisqu'elle rappelle que Laurent Gbagbo avait, accessoirement, été déclaré vainqueur par le Conseil constitutionnel. Sans même innocemment rappeler, en sus, que celui-ci était alors dirigé par un de ses amis ? On relit plus les dépêches ou quoi à l'AFPaix ? Ô coopé-lonial organe, où sont les 3 000 morts à Gbagbo seul imputés ? Réviserait-on l'Histoire en direct à Radio Métropole ? Comme souvent, une double tentation face à ces premiers revirements, ces premiers changements de tons : 1) saucer le coupable, l'insulter de toutes vos forces, lui faire payer un bout de ce que vous avez morflé à essayer de semer ne serait-ce que le doute depuis tous ces mois qui vont finir par faire des années si on n'y prend garde ; 2) vous avez mûri d'une crise et vous en concluez qu'on n'est plus très loin du match nul sur le plan médiatique. Mieux vaut continuer de battre le fer politique plutôt que les frères, même quand ils sont faux »[11].
A l’analyse, ce chiffre de 3 000 morts de la crise
post-électorale ne repose sur aucune réalité, voire sur aucune statistique
rigoureusement établie. C’est un chiffre visiblement préétabli, donc artificiel
et prémédité, sorti des officines des forces dominantes du monde pour justifier
les interventions militaires françaises et onusiennes programmées d’avance en
Côte d’Ivoire comme il a été donné de le voir dans plusieurs autres contrées de
notre planète qui subissent la chaleur infernale de l’éclatement assourdissant
de leurs bombes et de leurs obus avec le même refrain et le même objectif :
lutter contre les dictatures et les forces terroristes pour installer la
démocratie. Ainsi, ce même chiffre de 3 000 morts a été invariablement évoqué à
la suite des affrontements provoqués et organisés en sous-main par des mains invisibles
notamment celles de la CIA entre les populations civiles manifestant leur
colère dans les rues et les forces de défense et de sécurité en Afghanistan et
en Syrie pour justifier l’intervention de l’Otan dans ces pays. Ce chiffre de 3
000 semble donc être un seuil minimum pour provoquer le courroux des puissances
du monde au Conseil de Sécurité de l’Onu pour pondre des résolutions «
salvatrices » afin de protéger les populations civiles de supposés dictateurs
dans le monde. Et en Côte d’Ivoire, bien qu’une commission nationale d’enquête
mise en place par M. Ouattara au lendemain de son investiture ait estimé dans
son rapport rendu le 10 août 2012 le nombre de morts de la crise
post-électorale à un total de 3 248 dont « 1 452 morts imputées au camp Gbagbo,
727 au camp Ouattara et 1 069 non attribuées à un camp ou l'autre en raison de
problèmes d'identification des victimes »[12], et malgré les nombreuses
interpellations du ministre Justin Koné Katinan, agissant en qualité de
porte-parole du président Laurent Gbagbo, jusqu’en juin 2014, l’Afp continua,
comme par entêtement d’écrire comme chute de ses dépêches que « la Côte
d’Ivoire s’était déchirée entre les deux camps et les violences avaient fait
quelques 3 000 morts »[13].
Cet entêtement de l’Afp et de la plupart des media occidentaux
s’explique simplement que les gouvernants de leurs pays respectifs les
embarquent dans leur aventure planétaire de contrôle des biens de la terre dont
leurs peuples doivent être les seuls à en jouir au détriment des autres peuples
du monde. Et donc, contrairement à ce que l’on a fait croire que la presse
était libre et était l’expression de la démocratie, les récents conflits que
les pays occidentaux ont engagé contre les pays hors de l’Occident qu’elle a
couvert, montre bien qu’elle est attelée aux puissances gouvernementales et aux
multinationales. On a vu dans certains conflits, que des journalistes sont
transportés habillés en treillis, dans des chars ou à bord d’hélicoptères pour
suivre les opérations militaires. De faits, ils couvrent les événements avec un
regard étroit, ou plus exactement, avec une attitude de borgne qui ne leur
permet que de voir dans une seule direction, les méfaits des ennemis déjà
catalogués pour l’opinion internationale comme tels et la bravoure des soldats
occidentaux qui vont en sauveteurs du monde. Et c’est ce qui s’est passé en
Côte d’Ivoire où les journalistes engagés étaient embarqués pour aller filmer,
photographier, pour montrer comment tombe un régime présenté comme totalitaire
et comment meurt en direct un « dictateur » comme ce fut le cas de Kadhafi.
Dans cette mouvance, l’information ne peut qu’être tronquée, à dessein, pour
soutenir un projet, une cause pour servir et contenter les bien-pensants
occidentaux heureux et fiers de lire dans les quotidiens ou de suivre sur les
petits écrans des images de « sauvages » qu’on « nettoie » comme des « mouches
» pour purifier la terre. Et pour la guerre en Côte d’Ivoire, fin mars-début
avril 2011, la presse ne dira jamais que la France a tué sauvagement de sang-froid
des enfants, comme elle a tué en 2004 d’autres enfants assis à même le sol qui
chantaient joyeusement et réclamaient son départ du pays. L’armée de la grande
France ! Oui, il faut se taire sur les exactions de cette armée qui est entrée
en guerre contre un Etat indépendant et souverain sans déclaration de guerre.
Et la presse française s’est tue sur ces massacres d’un autre âge. Il fallait
montrer Gbagbo comme un anti-France, opposé aux intérêts de la France dans le
Golfe de Guinée. Il fallait montrer Gbagbo comme un dictateur qui assassine des
manifestants aux mains nues et sa garde rapprochée violeuse des femmes
innocentes. Il fallait montrer Gbagbo comme un mauvais perdant, un antidémocrate
qui refuse de céder le pouvoir à son challenger. Et enfin, par ce refus, il a
engagé la déchirure de son pays dans une guerre civile qui a entraîné au moins
3 000 morts. Et ces informations, pures mensonges, ont été diffusées, répandues
à longueur de journées, martelées à plusieurs reprises pour qu’elles deviennent
vérités. Cela est connu : un mensonge plusieurs fois tambouriné fini par être
intériorisé comme une vérité. Et David Gakunzi a raison d’écrire en observateur
averti des dégâts que causent la presse dans notre monde d’aujourd’hui que celle-ci
« est le pouvoir. Le pouvoir absolu. Elle règne en monarque césarien sur notre
vision du monde. Elle nous dicte ce qu’il faut voir, ce qu’il faut savoir, ce
qu’il faut pense. Elle va parfois jusqu’à abolir le monde tel qu’il est pour
nous vendre l’illusion, la mise en scène. Ce qui se vit, ce qui advient, le
monde tel qu’il va, le réel deviennent alors construction, une fiction, un
script, un scénario joué, une distribution. Cavalcade d’images, incantation de
commentaires à l’infini, la réalité s’efface, s’évide, se vide ; la réalité,
c’est-à-dire la complexité du monde, l’altérité des hommes, la durée, se perd
dans le flux et l’instantané »[14]. Il faut ajouter avec
dans l’ombre le metteur en scène qui demeure les puissances gouvernementales et
financières qui veulent soumettre le monde. Elles ont dit 3 000 morts en Côte
d’Ivoire tués par le camp Gbagbo. La presse relayera cela. Même si cela est
faux. Pourvu qu’elle serve à atteindre un but inavoué[15].
Cadavres de jeunes patriotes victimes des bombes franco-onusiennes |
2. Qui sont les morts de la crise postélectorale ? Où ont-ils
été ensevelis ?
Qui sont les victimes de la crise postélectorale ? On ne le
saura peut-être jamais. Ni leur identité ni leur nombre, encore moins les
circonstances de leur mort. Depuis le déclenchement de l’attaque contre le
président Laurent Gbagbo en septembre 2002, et après la crise postélectorale,
jusqu’en juillet 2012, la Côte d’Ivoire a enregistré, on le sait de milliers de
morts. Selon le site Wikipedia, « dans l'Ouest, à Duékoué, Toulepleu, Bloléquin,
un nombre important de morts a été trouvé, entre 152 et 800 morts à Duékoué ;
l'ONUCI parle de 330 morts. L'origine n'est pas clairement établie. D'après
Sidiki Konaté, porte-parole de Guillaume Soro, ce serait des morts liés à la
bataille de Duékoué. D'après Toussaint Alain, porte-parole de Laurent Gbagbo à
Paris, c'est la rébellion (les FRCI) qui porte la responsabilité de ce
massacre. D'après l'ONUCI, deux tiers des morts sont dus à des pro-Ouattara et
un tiers aux pro-Gbagbo. Thomas Hofnung, journaliste à Libération, parle des
dozos pro-Ouattara ou des affrontements ethniques entre Yacoubas pro-Ouattara
et Guérés pro-Gbagbo. L'association Human Rights Watch parle de 500 morts
pendant une période de quatre mois, majoritairement imputables à « des forces
fidèles au président Gbagbo » ; elle atteste également, depuis qu'Abidjan est
majoritairement sous le contrôle des Forces nouvelles, que les forces
d'Alassane Ouattara ont procédé à des exécutions constituant des crimes de
guerre , et dans l'Ouest à des meurtres de civils qui pourraient, « s'ils se
généralisaient ou devenaient systématiques, être qualifiés de crimes contre
l'humanité » »[16].
Mais ces morts n’apparaîtront jamais dans les enquêtes de la
procureure Bensouda. Bien que le rapport de la Commission dialogue, vérité et
réconciliation (Cdvr), présidée alors par le Premier ministre Charles Konan
Banny, a enregistré plus de 16 000 morts, chiffre effarant qui a poussé le
régime Ouattara à ne jamais le publier, la procureure Bensouda continuera de
faire accréditer le chiffre de 3 000 arrêté par la Communauté internationale,
pour justifier un plan commun de génocide contre les partisans d’Alassane
Ouattara. De ce chiffre, elle a finalement reconnu au président Laurent Gbagbo,
le nombre de 166 personnes qui seraient assassinées pour se maintenir au
pouvoir. Si l’on devait s’accorder sur ce chiffre de 3 000 dont 166 sont du
fait du président ivoirien, que sont devenus alors les 2834 restants qui sont
essentiellement des jeunes ?
La réponse à cette question ne viendra peut-être jamais.
Car pour éviter de laisser des traces de ce massacre dont
l’ampleur pourrait choquer la conscience, l’Onuci et La Licorne, prestement, se
sont employées à ramasser ces milliers de jeunes assassinés, et les ont
entassés dans des containers. Des sources proches de l’Onuci, rapportent que
ces jeunes assassinés ont été amassés dans sept containers et ont été incinérés
la nuit de leur massacre, du 10 au 11 avril 2011, à Koumassi (Sud d’Abidjan)
sans être extraits des containers[17].
En dehors des jeunes patriotes tombés au front, une autre
source, celle-là, proche de la Croix-Rouge Côte d’Ivoire en 2013, soutient
qu’il y a parmi les morts des combattants des troupes en conflits. Selon elle :
« Tous les corps des victimes innocentes civiles pour la plupart, policiers,
gendarmes et militaires pour d’autres, ont été ramassés par la Croix-Rouge de
Côte d’Ivoire sous l’assistance de la force Licorne, l’Onuci et les Frci (Force
rebelle de Côte d’Ivoire) pour la destination suivante : le Burkina Faso. Ces
corps ont été entassés dans des conteneurs frigorifiques et transportés vers ce
pays situé au nord de la Côte d’Ivoire sous la protection de la France (force
Licorne) pour y être incinérés pour ne pas laisser de trace »[18].
Avant ces témoignages, le 10 avril 2011 déjà, Rue 225.com, une
presse en ligne, sous le titre de « Côte d’Ivoire : Licorne largue les cadavres
de légionnaires et rebelles en hautes mer », rapportait : « Une catastrophe
écologico-environnementale est en cours sur le littoral abidjanais. Plusieurs
corps en décomposition dûment reconnus comme étant ceux des soldats Licorne ou
rebelles sont rejetés par la mer. Pareil scénario est observé sur les bretelles
lagunaires divisant le district d’Abidjan. Quelle en est l’origine ? De sources
proches de l’Onu, la future remplaçante de M. Young J. Choi en Côte d’Ivoire
aurait, au sortir d’un entretien avec M. Ban Ki-Moon et ce, en prélude à sa
prise de fonction en Côte d’Ivoire prévue le lundi 11 avril prochain, exigé que
des consignes soient données à Licorne et à l’Onuci, afin de débarrasser
Abidjan de toutes les saletés et autres cadavres en putréfaction avancée qui
jonchent les artères. Depuis avant-hier, cette information, par circulaire
interposée, a été donnée aux forces impartiales. Licorne surtout, en a saisi l’opportunité
pour nettoyer ses placards. Ce n’est un secret pour personne en Côte d’Ivoire,
depuis le déclenchement des combats qui émaillent cette crise postélectorale,
Licorne et l’Onuci qui s’y sont invités ont perdu beaucoup d’éléments. Côté
Licorne, on parle au moins de 100 soldats de race blanche sans compter
plusieurs dizaines de légionnaires tués comme des mouches sur les théâtres
d’opération (Bataille d’Abobo, Guiglo, Daloa puis enfin Abidjan). Une crise
très vite étouffée avait opposée, il y a quelques semaines, l’Onu à Licorne au
sujet de 37 corps sans vie de soldats Licorne qui avaient combattu aux côtés
des troupes de l’organisation onusienne. Incapable de justifier à Paris la mort
de ses soldats, Licorne avait plaidé pour leur conservation à la morgue du
siège de l’Onuci à l’ex-Hôtel Sebroko, en attendant des jours bien meilleurs.
C’est désormais chose faite. Avec cette décision, Licorne trouve-là, l’occasion
de régler en partie son problème. Depuis avant-hier nuit, juste toute la
mi-journée ce samedi 9 avril 2011, les ballets d’hélicoptères sur le front
maritime ont été des plus incessants. On ne sait pas trop pour quelle raison,
mais ces aéronefs ont passé tout le temps à larguer en très haute mer des
objets supposés être des corps humains que des témoins, y compris les pêcheurs
traditionnel des villages maritimes ainsi qu’un reporter de rue 225.com ou
ael225.net, ont pu constater. Tous étaient en droit de croire que ces actions
étaient de banales opérations de nettoyage de ces aéronefs. Seulement,
plusieurs corps humains (race blanche ou métis avec des tatouages, et d’autres
bardés d’amulettes) en putréfaction pour les uns et repoussés par la mer ont
échoué sur les différentes berges. Berges du périmètre portuaire, plages du
tronçon Abidjan-Bassam, abords de l’île Boulay, tout y passe. Une catastrophe
écologico-environnementale guette Abidjan, qui ne s’est pas encore débarrassée
en intérieur de la multitude de cadavres encore dans les rues que les
populations enjambent chaque jour »[19].
D'autres victimes des bombes franco-onusiennes dans l'enceinte de la résidence du président Gbagbo |
Comme on le voit, parmi les victimes de la crise postélectorale,
il y a, outre les civils, essentiellement les jeunes patriotes, mais aussi des
soldats des forces de défense et de sécurités, ceux des Forces républicaines de
Côte d’Ivoire, mais aussi des mercenaires et des soldats des armées françaises
et onusiennes. C’est pour ne pas un jour permettre d’être retrouvés et
identifiés que ces morts ont été incinérés dans des containers soit largués au
large de la mer. Malgré ces informations utiles pour l’histoire, le nombre réel
des victimes de la crise post-électorale reste donc une énigme à élucider.
Une contribution de
Lazare KOFFI KOFFI, ancien ministre, exilé politique
Titre
original : « Comment la France et l'ONU ont dissimulé les morts de la
crise post-électorale »
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proposons des documents de provenance diverses et qui ne seront pas
nécessairement à l'unisson avec notre ligne éditoriale, pourvu qu'ils soient en
rapport avec l'actualité ou l'histoire de la Côte d'Ivoire et des Ivoiriens, ou
que, par leur contenu informatif, ils soient de nature à faciliter la
compréhension des causes, des mécanismes et des enjeux de la « crise ivoirienne
».
Source :
Ivoirebusiness 11 Février 2016.
[1]. Depuis
la crise ivoirienne qui a éclaté officiellement le 19 septembre 2002, la
rébellion organisée et financée par M. Ouattara et conduite par M. Guillaume
Soro et composée à ses débuts d’une bande de soldats démobilisés connus sous
l’appellation de zinzins (les fous) et de bahéfouès (les sorciers) , a fait des
milliers de morts parmi lesquels de hautes personnalités de l’Etat comme Me
Boga Doudou, alors ministre de l’Intérieur du premier gouvernement Pascal Affi
Nguessan, mais aussi de nombreux gendarmes en poste aussi bien à Abidjan qu’à
l’intérieur du pays, sans compter les tueries sauvages des populations de
l’Ouest notamment de Duékoué, Guitrozon et de Nahibly, les femmes violées et
marquées à vie, les enfants et les vieillards torturés, découpés ou égorgés à
l’arme blanche ou brûlés dans des zones sous contrôle de la rébellion comme
Bouaké, Korhogo, Séguéla et Vavoua. Tous ces crimes restent couverts par le
silence et semblent être tolérés pour ne pas dire voulus par la communauté
internationale.
[3]. Sylvie
Bocquet Nguessan, Côte d’Ivoire. Le pays déchiré de mon grand-père,
L’Harmattan, Paris, 2012, pp. 33-34
[4]. Après
l’arrestation du président Laurent Gbagbo, voilà ce que rapporte l’Afp du lundi
11 avril 2011 : « Le président ivoirien sortant Laurent Gbagbo a été arrêté
lundi par les forces d'Alassane Ouattara et conduit avec son épouse Simone au
Golf hôtel, quartier-général du camp Ouattara dans Abidjan, a annoncé à l'AFP
l'ambassadeur de France, Jean-Marc Simon. Il était retranché dans un bunker
depuis le 1er avril, sous le feu de l'ONU et de la France. La résidence de
Laurent Gbagbo à Abidjan a été "partiellement détruite" par les
derniers bombardements des forces de l'ONU et de l'armée française, a dénoncé
lundi Charles Blé Goudé, leader des jeunes patriotes du président ivoirien sortant,
sur la chaîne France 24. Des hélicoptères français ont effectué lundi matin de
nouveaux tirs vers la résidence de Laurent Gbagbo à Abidjan, quelques heures
après une campagne de frappes menée avec l'ONU sur les bastions du président
ivoirien sortant, a rapporté à l'AFP un témoin. L'arrestation du président
ivoirien sortant Laurent Gbagbo envoie un "signal fort" à tous les
dictateurs qu'ils ne peuvent pas "mépriser" en toute impunité la voix
de leurs peuples, a déclaré lundi la secrétaire d'Etat américaine Hillary
Clinton .Peu après ces tirs, des "combats à l'arme individuelle" ont
débuté vers le boulevard situé en contrebas de la résidence de M. Gbagbo et qui
mène au Golf Hôtel, QG d'Alassane Ouattara, président reconnu par la communauté
internationale, a-t-il ajouté. ‘Des hélicoptères de (la force française)
Licorne survolaient entre 10h et 11h (locales et GMT) le secteur de la
résidence. Ils ont tiré plusieurs missiles sur la zone. Une très grosse fumée
noire s'élève du côté de la résidence’, a indiqué cet habitant. "Des
mitrailleuses anti-aériennes ont visé un hélicoptère mais il n'a pas été
touché", a-t-il précisé. L'ONU et la France ont dit avoir frappé depuis
dimanche après-midi jusqu'au cœur de la nuit plusieurs sites stratégiques, dont
la résidence où est retranché M. Gbagbo, pour "neutraliser les armes
lourdes" du camp Gbagbo. Henri Guaino, conseiller spécial de Nicolas
Sarkozy, a affirmé lundi que la participation de la France aux frappes engagées
dimanche par l'ONU en Côte d'Ivoire était destinée à éviter "un bain de
sang" à Abidjan, pas "à chasser militairement" le président
sortant Laurent Gbagbo. "La France n'a pas pour mission de chasser Laurent
Gbagbo militairement", a déclaré M. Guaino sur France 2, soulignant que
"cette intervention militaire française a été requise par l'Onu pour
protéger des populations civiles".
[5]. Tino
Xada, « D’où sort donc diantre ce chiffre de 3000 morts ? »
http://politicus.afriblog.com/archives/2012/06/06/24426179.html
[7]. Selon
l’Afp reprise par New Afrique du 7décembre 2010, dans un courrier au président
Laurent Gbagbo, « le président Barack Obama a formellement mis en garde le
président ivoirien sortant Laurent Gbagbo contre un ‘isolement accru’ et dit
qu’il subirait la ‘conséquence de ses actes injustes’ s’il s’accrochait au
pouvoir. Pour le président américain, M. Ouattara est le vainqueur légitime de
l’élection du 28 novembre 2010, malgré l’investiture samedi de M. Laurent
Gbagbo à la magistrature suprême de ce pays » .Cette expression de « vainqueur
légitime » et non de vainqueur légal selon les règles en usage en Côte d’Ivoire
du code électoral et de la loi fondamental trahit la pensée de son auteur qui
révèle que c’est M. Ouattara que les Etats-Unis et la communauté internationale
attendaient légitimement selon leurs visées sur ce pays de l’Afrique
occidentale.
[11]. La
Dépêche d’Abidjan, 8 août 2012 « Gbagbo/CPI - L'AFP ne change pas d'épaule,
mais déjà de fusil ».
[13]. Après
la confirmation des charges contre le président Laurent Gbagbo par la Cour
pénale internationale, l’Afp dans une dépêche datée du 12 juin 2014 écrit : «
L’ex-président accusé d’avoir fait basculer le pays dans la guerre civile en
refusant de concéder sa défaite à l’élection présidentielle de 2010, sera
poursuivi pour meurtre, viol, tentative de meurtre et persécution. La Côte
d’Ivoire s’était déchirée entre les deux camps et les violences avaient fait
quelques 3 000 morts. »
[15]. Jusqu’en
octobre 2015, l’AFP continuait d’écrire : « La Haye - La Cour pénale
internationale (CPI) a rejeté lundi la demande de la défense de Laurent Gbagbo
d’ouvrir le procès de l’ancien président en Côte d’Ivoire, invoquant des
problèmes de sécurité et de logistique. L’avocat de M. Gbagbo, dont le client
est accusé de crimes contre l’humanité lors de la crise postélectorale de
2010-2011, avait demandé aux juges que l’ouverture du procès ait lieu en Côte
d’Ivoire, ou alternativement à Arusha, en Tanzanie. "Particulièrement
soucieuse des risques sécuritaires et des implications logistiques", la
Cour "ne peut pas recommander que les déclarations d’ouverture se tiennent
à Abidjan ou à Arusha", expliquent les juges dans un document. "Pour
cette raison, la Chambre rejette la demande", concluent-ils. Pour
justifier sa requête, l’avocat de M. Gbagbo avait notamment estimé
"crucial que les Ivoiriens ne se sentent pas exclus du procès". Les
procureurs estiment pour leur part que les points positifs d’un procès à
Abidjan "seraient balayés par les problèmes sécuritaires, dont le risque
que les auditions provoquent de violentes manifestations". Ils jugent par
ailleurs que la tenue du procès en Tanzanie, pays "sans apparente
connexion" avec la Côte d’Ivoire, n’aurait "pas plus de sens qu’un
procès à La Haye". Pour les avocats représentant les familles des
victimes, la volonté manifestée par la défense d’organiser le procès de Laurent
Gbagbo à Abidjan "vise essentiellement à fournir une tribune politique à
l’accusé, sous couvert de déclaration à l’ouverture de l’audience". Le
procès de l’ancien président ivoirien et de son ex-chef de milice, Charles Blé
Goudé, doit s’ouvrir le 10 novembre à La Haye, au siège de la CPI. Les deux
hommes, âgés de 69 et 43 ans, sont poursuivis pour leur rôle présumé dans la
crise née du refus de Laurent Gbagbo de céder le pouvoir à Alassane Ouattara à
l’issue de la présidentielle de 2010. Les violences ont fait plus de 3.000
morts en cinq mois. L’ancien président est accusé d’avoir fomenté une campagne
de violences pour tenter, en vain, de conserver le pouvoir. Charles Blé Goudé
aurait été à la tête d’hommes ayant tué et violé des centaines de personnes,
selon l’accusation, dans le but de maintenir l’ancien chef de l’Etat au
pouvoir. AFP du 26 octobre 2015 ».
[17]. Cette
information que j’ai reçu d’un ami Libanais qui, blessé à la cuisse à son
domicile par les tueurs de Ouattara et transporté d’urgence par les services de
secours de l’Onuci à l’Hôtel Sebroko a été publiée dans mon livre, Côte
d’Ivoire, ma passion. Une expérience de foi en politique, L’Harmattan, Paris,
2014, pp. 204-205.
[19]. Rue
225 du 10 avril 2010, cité par Robert-Jonas Kouamé Bibli, Côte d’Ivoire. Du
chaos à la renaissance. Derniers assauts contre la souveraineté, L’Harmattan,
Paris, 2015, p. 78
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