mercredi 8 octobre 2014

De la Syrie, de la Côte d’Ivoire… et du « machin »

La communauté internationale. Je sais que c’est une expression chère à la Côte d’Ivoire qui a été copieusement confrontée à cette entité aussi nébuleuse que psychédélique.
Gaston Kelman, écrivain
(www.editions-jclattes.fr)
En ce qui me concerne, mon vrai problème, c’est que l’Afrique en soit la victime la plus soumise. A cela, j’ajoute le fait que la France en fasse désormais partie. Ce ne fut pas le cas du temps du général de Gaulle, de François Mitterrand et de Jacques Chirac qui ont bien su s’opposer à ses lubies, à ses fanfaronnades, ses pantalonnades et ses palinodies. Je ne me souviens plus des positionnements de Valéry Giscard d’Estaing. Aujourd’hui, François Hollande semble être l’un des hérauts les plus prolixes de son discours.
Depuis quelques jours, nous avons tout vu, tout entendu. On nous a dit qu’il y avait des preuves concordantes de l’utilisation d’armes chimiques par le régime de Damas contre les pauvres populations et les gentils rebelles. On nous a dit que nous allions voir ce que nous allions voir. Hollande a juré qu’il allait punir les contrevenants. Barack Obama et David Cameron ont surenchéri : Yes we can !
Puis, ce vendredi matin, le Parlement anglais a répondu à son Premier ministre : No, you can’t !, parce que nous ne t’en donnons pas mandat, parce que nous ne sommes sûrs de rien et nous n’avons pas envie que nos enfants tombent sous les bombes des fous de Dieu, pour une guerre qui n’est pas la nôtre. On a bien compris qu’ils avaient en esprit les mensonges de Blair et de Bush sur les armes de destruction massive de l’Irak qui n’existaient que dans leurs fantasmes hégémoniques. Du côté de Barack Obama, on a dit que l’Amérique était prête à y aller seule, même sans l’aval de l’Onu, même sans preuves, même sans leur sherpa britannique.
Le monde retient son souffle, chacun pour des raisons qui lui sont propres. Un fin connaisseur du Moyen-Orient, dont on nous dit qu’il est sur le terrain depuis trente ans, dit que si les Etats-Unis interviennent en Syrie, c’est bien la première fois qu’ils auront été les alliés directs d’Al Qaeda. Car figurez-vous que les supposés rebelles qui veulent le bonheur de la Syrie et qui fanfaronnent sur le perron de l’Elysée, seraient un ramassis de brigands de chemins, petits et grands, sans foi ni loi, fous de Dieu, Al Qaeda et consorts. L’Amérique, la Grande-Bretagne et la France n’en ont cure. Pourquoi ? Bien malin qui vous le dira.
Dans cette mystification, nous nous rendons compte que l’Onu est plus « machin » que jamais, plus « machin » que le général de Gaulle n’aurait pu l’imaginer, lui qui l’a affublé de ce sobriquet. Nous nous rendons compte que l’Onu qui compte des centaines de nations, est sous la dictature de plus en plus ringarde de trois pays qui représentent la « communauté internationale », ceux qui ont agi en Côte d’Ivoire, ceux qui ont détruit la Libye, ceux qui veulent étendre leur chimérique pouvoir sur la Syrie.
Pour montrer leur droit à gendarmer le monde, ils sont prêts à défier la logique ; à faire alliance avec le pire ennemi du monde civilisé, Al Qaeda ; à sombrer dans la folie la plus inattendue. Pour cela, même leur inepte fabrication, le Conseil de sécurité, n’a plus voix au chapitre. La Russie et la Chine qui en font partie s’opposent à leur folie ! Ils les écartent d’un borborygme névrotique.
J’espère que quelqu’un m’expliquera un jour ce « New deal » des temps modernes, cette nouvelle donne du droit international et des peuples à disposer d’eux-mêmes. François Hollande pense que sa virilité passe par le maniement des armes. Barack Obama, notre ci-devant prix Nobel de la paix, est un va-t-en-guerre impénitent. La philosophie, version Bernard Henri Levy, est une arme de destruction massive.
Qui m’aidera à comprendre que chaque fois que deux rebelles plus ou moins psychotiques, indubitablement névrosés, tireront deux coups de kalachnikov en l’air, l’on enjoindra au gouvernement en place de leur laisser le pouvoir ? Qui me fera jamais comprendre que la communauté internationale n’avait pas les moyens, avec l’aide des amis de la Syrie, la Chine et la Russie, de trouver une solution politique à Damas, du temps où l’on n’avait pas encore dressé ce monceau de morts et ces hordes de déportés que l’on brandit aujourd’hui, au seul passif du gouvernement en place ?
N’est-il pas vrai que tout le monde sait, puisque tout le monde le dit – même les maîtres du monde, français, américains et britanniques – que les hordes de rebelles n’ont aucune crédibilité ? Pourquoi a-t-il fallu que dès le début des hostilités, la seule solution que l’on ait brandie, à l’époque, soit le départ sans condition du régime en place ?
L’Afrique est peut-être ce cœur de réserve de l’humanité que prophétisait le poète Césaire… Elle devrait se faire entendre un peu plus. Sur son propre territoire d’abord et ensuite sur la scène internationale. Je n’ose pas demander aux pays membres de l’Union africaine (UA) de quitter sans délai le « machin ».
Mais je le fais quand même, car c’est ce que je pense du fond de mon cœur, du plus profond de mon être. Nous n’y avons pas notre place et en plus, il ne sert à rien. Nous en avons, aujourd’hui, toutes les preuves, puisque même l’ectoplasmique Conseil de sécurité ne sert plus à rien. Quand ils ne resteront que trois, les choses iront mieux. 

Écrit par  Gaston Kelman
Titre original : « De la Syrie et du vrai visage de la communauté internationale » 

en maraude dans le Web
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Source : Fraternité Matin 02 septembre 2013

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