La communauté internationale. Je sais que c’est une
expression chère à la Côte d’Ivoire qui a été copieusement confrontée à cette
entité aussi nébuleuse que psychédélique.
Gaston Kelman, écrivain (www.editions-jclattes.fr) |
En ce qui me concerne, mon vrai
problème, c’est que l’Afrique en soit la victime la plus soumise. A cela,
j’ajoute le fait que la France en fasse désormais partie. Ce ne fut pas le cas
du temps du général de Gaulle, de François Mitterrand et de Jacques Chirac qui
ont bien su s’opposer à ses lubies, à ses fanfaronnades, ses pantalonnades et
ses palinodies. Je ne me souviens plus des positionnements de Valéry Giscard
d’Estaing. Aujourd’hui, François Hollande semble être l’un des hérauts les plus
prolixes de son discours.
Depuis quelques jours, nous avons tout
vu, tout entendu. On nous a dit qu’il y avait des preuves concordantes de
l’utilisation d’armes chimiques par le régime de Damas contre les pauvres
populations et les gentils rebelles. On nous a dit que nous allions voir ce que
nous allions voir. Hollande a juré qu’il allait punir les contrevenants. Barack
Obama et David Cameron ont surenchéri : Yes we can !
Puis, ce vendredi matin, le Parlement
anglais a répondu à son Premier ministre : No, you can’t !, parce que nous ne t’en
donnons pas mandat, parce que nous ne sommes sûrs de rien et nous n’avons pas
envie que nos enfants tombent sous les bombes des fous de Dieu, pour une guerre
qui n’est pas la nôtre. On a bien compris qu’ils avaient en esprit les
mensonges de Blair et de Bush sur les armes de destruction massive de l’Irak
qui n’existaient que dans leurs fantasmes hégémoniques. Du côté de Barack
Obama, on a dit que l’Amérique était prête à y aller seule, même sans l’aval de
l’Onu, même sans preuves, même sans leur sherpa britannique.
Le monde retient son souffle, chacun
pour des raisons qui lui sont propres. Un fin connaisseur du Moyen-Orient, dont
on nous dit qu’il est sur le terrain depuis trente ans, dit que si les
Etats-Unis interviennent en Syrie, c’est bien la première fois qu’ils auront
été les alliés directs d’Al Qaeda. Car figurez-vous que les supposés rebelles
qui veulent le bonheur de la Syrie et qui fanfaronnent sur le perron de
l’Elysée, seraient un ramassis de brigands de chemins, petits et grands, sans
foi ni loi, fous de Dieu, Al Qaeda et consorts. L’Amérique, la Grande-Bretagne
et la France n’en ont cure. Pourquoi ? Bien malin qui vous le dira.
Dans cette mystification, nous nous
rendons compte que l’Onu est plus « machin » que jamais, plus « machin » que le
général de Gaulle n’aurait pu l’imaginer, lui qui l’a affublé de ce sobriquet.
Nous nous rendons compte que l’Onu qui compte des centaines de nations, est
sous la dictature de plus en plus ringarde de trois pays qui représentent la «
communauté internationale », ceux qui ont agi en Côte d’Ivoire, ceux qui ont
détruit la Libye, ceux qui veulent étendre leur chimérique pouvoir sur la
Syrie.
Pour montrer leur droit à gendarmer le
monde, ils sont prêts à défier la logique ; à faire alliance avec le pire
ennemi du monde civilisé, Al Qaeda ; à sombrer dans la folie la plus
inattendue. Pour cela, même leur inepte fabrication, le Conseil de sécurité,
n’a plus voix au chapitre. La Russie et la Chine qui en font partie s’opposent
à leur folie ! Ils les écartent d’un borborygme névrotique.
J’espère que quelqu’un m’expliquera un
jour ce « New deal » des temps modernes, cette nouvelle donne du
droit international et des peuples à disposer d’eux-mêmes. François Hollande
pense que sa virilité passe par le maniement des armes. Barack Obama, notre
ci-devant prix Nobel de la paix, est un va-t-en-guerre impénitent. La
philosophie, version Bernard Henri Levy, est une arme de destruction massive.
Qui m’aidera à comprendre que chaque
fois que deux rebelles plus ou moins psychotiques, indubitablement névrosés,
tireront deux coups de kalachnikov en l’air, l’on enjoindra au gouvernement en
place de leur laisser le pouvoir ? Qui me fera jamais comprendre que la
communauté internationale n’avait pas les moyens, avec l’aide des amis de la
Syrie, la Chine et la Russie, de trouver une solution politique à Damas, du
temps où l’on n’avait pas encore dressé ce monceau de morts et ces hordes de
déportés que l’on brandit aujourd’hui, au seul passif du gouvernement en place ?
N’est-il pas vrai que tout le monde
sait, puisque tout le monde le dit – même les maîtres du monde, français,
américains et britanniques – que les hordes de rebelles n’ont aucune
crédibilité ? Pourquoi a-t-il fallu que dès le début des hostilités, la seule
solution que l’on ait brandie, à l’époque, soit le départ sans condition du
régime en place ?
L’Afrique est peut-être ce cœur de
réserve de l’humanité que prophétisait le poète Césaire… Elle devrait se faire
entendre un peu plus. Sur son propre territoire d’abord et ensuite sur la scène
internationale. Je n’ose pas demander aux pays membres de l’Union africaine
(UA) de quitter sans délai le « machin ».
Mais je le fais quand même, car c’est ce
que je pense du fond de mon cœur, du plus profond de mon être. Nous n’y avons
pas notre place et en plus, il ne sert à rien. Nous en avons, aujourd’hui,
toutes les preuves, puisque même l’ectoplasmique Conseil de sécurité ne sert
plus à rien. Quand ils ne resteront que trois, les choses iront mieux.
Écrit par Gaston Kelman
Titre
original : « De la Syrie et du vrai visage de la communauté
internationale »
en maraude dans
le Web
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proposons des documents de provenance diverses et qui ne seront pas
nécessairement à l’unisson avec notre ligne éditoriale, pourvu qu’ils soient en
rapport avec l’actualité ou l’histoire de la Côte d’Ivoire et des Ivoiriens, et
aussi que par leur contenu informatif ils soient de nature à faciliter la
compréhension des causes, des mécanismes et des enjeux de la « crise
ivoirienne ».
Source : Fraternité Matin
02 septembre 2013
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