Comment qualifier l’éditorial de Fraternité Matin daté du 29 juin 2012 ? Mais cela mérite-t-il seulement le nom d’éditorial ? Certes, ce texte émane bien de la direction de Fraternité Matin, mais je n’ose croire qu’il est le reflet des vues politiques de ceux qui ont confié cette direction à Venance Konan. Non pas que je les tienne en estime plus que lui ; au contraire, je suis tout à fait convaincu que c’est bien leur morale à tous qui est ici découverte, comme se découvre le pot aux roses. Ce dont je doute, c’est seulement qu’ils puissent se réjouir de ce dévoilement, de cette mise à nu de leur mentalité… Car toute vérité n’est pas bonne à dire.
Il y a longtemps que j’observe l’auteur de cette espèce d’acting out de petit Machiavel de pacotille. Je l’avais découvert, au début des années 1990, avec ses reportages sur les guerres civiles du Liberia, dans lesquels il mettait un réel talent d’écriture au service d’une entreprise de désinformation commanditée par la Françafrique sous les traits de l’ambassadeur Michel Dupuch et de la barbouze foccartienne Jean Mauricheau-Beaupré. Probablement, en toute connaissance de cause. Venance Konan y gagna sa notoriété et, sans doute, aussi beaucoup d’argent. Au fil du temps et de ses prestations écrites ou verbales, il m’a semblé que cette réussite lui avait quelque peu gonflé la tête. Mais je ne m’attendais pas encore à le voir descendre aussi bas dans l’ignominie ; et, qui plus est, simplement pour fayoter ses actuels bienfaiteurs ; pour s’en faire bien voir.
Je n’ai jamais cru que Venance Konan fût capable d’être fidèle à quelqu’un ou à quelque chose. C’est l’un de ces hommes qui se donnent au plus offrant. Et en Côte d’Ivoire, nous savons bien qui est le plus offrant aujourd’hui, qui l’était déjà hier. Mais si nous l’avions ignoré, la trajectoire de ce journaliste, naguère chantre de l’« ivoirité » et pourfendeur de l’imposture et de l’usurpation sous la livrée de Bédié, aujourd’hui complice comme lui des assassins de Bouaké (2002) et de Duékoué (2011) et des experts en « rattrapage », nous le désignerait très précisément : c’est, encore et toujours, la Françafrique.
V. Konan écrit : « Ne faut-il pas être dupe pour ne pas comprendre que les seules forces sur lesquelles repose la stabilité actuelle de la Côte d’Ivoire sont constituées de ces hommes mis à l’index ? ». Ces hommes mis à l’index – « à l’index »… serait-ce un lapsus ? –, ce sont apparemment les chefs de guerre ouattaristes. Mais nous savons bien, de très bonne source, que ces hommes ne seraient rien aujourd’hui sans l’appui tactique et stratégique dont ils bénéficièrent de la part de l’Onuci et du corps expéditionnaire français baptisé « force Licorne » : « Quand les FRCI ont tenté de s’approcher de la résidence de Laurent Gbagbo, elles se sont heurtées à une résistance extrêmement forte parce qu’il y avait des mouvements absolument démentiels autour de la résidence et sur tous les carrefours de Cocody, si bien que les FRCI se sont retrouvées en difficultés. Au petit matin, elles ne parvenaient pas à franchir les lignes après avoir essuyé de nombreuses pertes en matériel, mais aussi en vies humaines. C’est donc à ce moment là que des décisions ont été prises d’en finir avec cette tragédie qui menait le pays vers une véritable guerre civile. Et donc l’intervention de la force Licorne s’est faite à ce moment-là pour ouvrir les axes et permettre aux FRCI d’avancer vers la résidence de Cocody » (Jean-Marc Simon, ancien ambassadeur de France en Côte d’Ivoire, sur RFI le 11 avril 2012).
Alors, à notre tour de faire semblant de nous poser des questions qui sont en fait leurs propres réponses. Ne faut-il pas être dupe pour ne pas comprendre que l’Onuci et la force Licorne sont les vraies et seules forces sur lesquelles repose la stabilité du régime houphouéto-ouattariste ? Ne faut-il pas être dupe pour ne pas comprendre que si les chefs de guerre ouattaristes étaient appelés un jour à rendre des comptes, il se pourrait bien qu’ils ne soient pas longtemps les seuls à devoir s’expliquer sur ce qui leur serait reproché ? Ne faut-il pas être dupe pour ne pas comprendre que c’est la crainte d’une telle éventualité qui motive l’immonde plaidoyer du francolâtre journaliste-écrivain et Directeur général de Fraternité Matin ?
Il y a longtemps que j’observe l’auteur de cette espèce d’acting out de petit Machiavel de pacotille. Je l’avais découvert, au début des années 1990, avec ses reportages sur les guerres civiles du Liberia, dans lesquels il mettait un réel talent d’écriture au service d’une entreprise de désinformation commanditée par la Françafrique sous les traits de l’ambassadeur Michel Dupuch et de la barbouze foccartienne Jean Mauricheau-Beaupré. Probablement, en toute connaissance de cause. Venance Konan y gagna sa notoriété et, sans doute, aussi beaucoup d’argent. Au fil du temps et de ses prestations écrites ou verbales, il m’a semblé que cette réussite lui avait quelque peu gonflé la tête. Mais je ne m’attendais pas encore à le voir descendre aussi bas dans l’ignominie ; et, qui plus est, simplement pour fayoter ses actuels bienfaiteurs ; pour s’en faire bien voir.
Je n’ai jamais cru que Venance Konan fût capable d’être fidèle à quelqu’un ou à quelque chose. C’est l’un de ces hommes qui se donnent au plus offrant. Et en Côte d’Ivoire, nous savons bien qui est le plus offrant aujourd’hui, qui l’était déjà hier. Mais si nous l’avions ignoré, la trajectoire de ce journaliste, naguère chantre de l’« ivoirité » et pourfendeur de l’imposture et de l’usurpation sous la livrée de Bédié, aujourd’hui complice comme lui des assassins de Bouaké (2002) et de Duékoué (2011) et des experts en « rattrapage », nous le désignerait très précisément : c’est, encore et toujours, la Françafrique.
V. Konan écrit : « Ne faut-il pas être dupe pour ne pas comprendre que les seules forces sur lesquelles repose la stabilité actuelle de la Côte d’Ivoire sont constituées de ces hommes mis à l’index ? ». Ces hommes mis à l’index – « à l’index »… serait-ce un lapsus ? –, ce sont apparemment les chefs de guerre ouattaristes. Mais nous savons bien, de très bonne source, que ces hommes ne seraient rien aujourd’hui sans l’appui tactique et stratégique dont ils bénéficièrent de la part de l’Onuci et du corps expéditionnaire français baptisé « force Licorne » : « Quand les FRCI ont tenté de s’approcher de la résidence de Laurent Gbagbo, elles se sont heurtées à une résistance extrêmement forte parce qu’il y avait des mouvements absolument démentiels autour de la résidence et sur tous les carrefours de Cocody, si bien que les FRCI se sont retrouvées en difficultés. Au petit matin, elles ne parvenaient pas à franchir les lignes après avoir essuyé de nombreuses pertes en matériel, mais aussi en vies humaines. C’est donc à ce moment là que des décisions ont été prises d’en finir avec cette tragédie qui menait le pays vers une véritable guerre civile. Et donc l’intervention de la force Licorne s’est faite à ce moment-là pour ouvrir les axes et permettre aux FRCI d’avancer vers la résidence de Cocody » (Jean-Marc Simon, ancien ambassadeur de France en Côte d’Ivoire, sur RFI le 11 avril 2012).
Alors, à notre tour de faire semblant de nous poser des questions qui sont en fait leurs propres réponses. Ne faut-il pas être dupe pour ne pas comprendre que l’Onuci et la force Licorne sont les vraies et seules forces sur lesquelles repose la stabilité du régime houphouéto-ouattariste ? Ne faut-il pas être dupe pour ne pas comprendre que si les chefs de guerre ouattaristes étaient appelés un jour à rendre des comptes, il se pourrait bien qu’ils ne soient pas longtemps les seuls à devoir s’expliquer sur ce qui leur serait reproché ? Ne faut-il pas être dupe pour ne pas comprendre que c’est la crainte d’une telle éventualité qui motive l’immonde plaidoyer du francolâtre journaliste-écrivain et Directeur général de Fraternité Matin ?
Marcel Amondji
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Justice et désordre
(l’éditorial de Venance Konan - Fraternité Matin 29 Juin 2012)
« Je préfère l’injustice au désordre », disait feu le président Houphouët-Boigny. Et il expliquait que l’injustice pouvait toujours se réparer, alors que lorsque le désordre s’installe, le pire peut arriver. Et la meilleure illustration en a été la réhabilitation publique des personnes qui avaient été condamnées en 1962 et 1963 dans ce que l’on avait appelé les « faux complots ».
Aujourd’hui, une pression est exercée par certaines chancelleries et Ong ainsi qu’une partie de la presse internationale sur les autorités ivoiriennes pour qu’elles jugent les membres des Frci soupçonnés d’avoir commis des massacres à l’ouest de la Côte d’Ivoire lors des combats contre les milices de Laurent Gbagbo qui voulait confisquer le pouvoir perdu dans les urnes par tous les moyens. Au nom de la justice égale pour tous. La question que tout cela soulève est celle de savoir l’objet final de la justice. Vaste question sur laquelle d’éminents juristes et philosophes planchent depuis des siècles.
À notre humble avis, la justice a pour objet de rétablir l’harmonie dans une société. En punissant le coupable, en dédommageant la victime; dédommagement qui peut venir simplement de la satisfaction de celle-ci de voir le coupable puni, l’on rétablit l’équilibre rompu par le délit ou le crime, afin que la société retrouve sa stabilité. La justice est toujours rendue dans tous les pays au nom de la société. Mais lorsque son application a pour conséquence la déstabilisation et la mise en danger de la société, lui a-t-on rendu service ?
L’on nous dit aujourd’hui que si l’on est en droit de juger les partisans de Laurent Gbagbo qui ont commis tous les crimes dont nous avons tous été victimes à des degrés divers, la vraie justice consisterait à juger aussi ceux qui, en le combattant ont également commis des crimes. Soit ! Mais ne faut-il pas être dupe pour ne pas comprendre que les seules forces sur lesquelles repose la stabilité actuelle de la Côte d’Ivoire sont constituées de ces hommes mis à l’index ? Ne faut-il pas être dupe pour ne pas voir que les partisans de Laurent Gbagbo ne rêvent que de leur revanche, c’est-à-dire renverser le pouvoir d’Alassane Ouattara, et que le meilleur cadeau que l’on puisse leur faire est de dresser les Frci contre le Chef de l’Etat ivoirien ? Qui, aujourd’hui, peut douter, de bonne foi, de la véracité des complots ourdis par les partisans de l’ex-chef de l’Etat et le fait qu’ils sont les commanditaires des attaques perpétrées dans l’ouest du pays ? Alors, exiger la traduction en justice de certains chefs de guerre, aussi abominables que soient les crimes qu’ils auraient commis, ne revient-il pas à demander à M. Ouattara de laisser le pouvoir aux partisans de Gbagbo ou de livrer la Côte d’Ivoire à nouveau à la guerre ? En droit, il y a le principe de l’opportunité des poursuites. Cela veut dire que lorsque l’on estime que les conséquences de la poursuite d’une personne en justice vont entraîner le désordre ou la déstabilisation de la société, on préfère y renoncer, en attendant une meilleure occasion. C’est au nom de ce principe qu’en France, après la Libération, certains collaborateurs avérés du régime de Vichy ont été laissés en liberté, voire utilisés par le pouvoir, et n’ont été poursuivis que des décennies plus tard. En France, c’est en 1998 que Maurice Papon a été condamné pour le rôle qu’il avait joué dans la déportation des Juifs en 1944. Entre temps, il avait connu une carrière qui lui avait permis d’être ministre entre 1978 et 1981. Pourquoi donc insiste-t-on tant ici pour que M. Ouattara juge aujourd’hui ceux sur qui repose la stabilité de son pays ? Peut-être parce qu’il a prononcé le mot « réconciliation ». En Europe, après la seconde guerre mondiale, on n’a pas parlé de réconciliation, mais on a carrément dissous le parti d’Adolf Hitler, traqué jusque dans les pays les plus lointains ceux qui étaient soupçonnés d’avoir participé à sa politique criminelle. Et jusqu’à présent, se réclamer du parti nazi ou de son chef revient à se créer de sérieux problèmes. Après la seconde guerre mondiale, en Allemagne comme au Japon, les vainqueurs ont jugé les vaincus. Ils ont créé des tribunaux spéciaux pour cela. Personne n’a demandé des comptes aux Alliés qui ont largué des milliers de bombes sur l’Allemagne, tuant des centaines de milliers d’innocents. Personne n’a demandé des comptes aux Etats-Unis qui ont lancé deux bombes atomiques sur le Japon, tuant des centaines de milliers d’innocents. Qui a parlé de justice de vainqueurs ?
« Je préfère l’injustice au désordre », disait feu le président Houphouët-Boigny. Et il expliquait que l’injustice pouvait toujours se réparer, alors que lorsque le désordre s’installe, le pire peut arriver. Et la meilleure illustration en a été la réhabilitation publique des personnes qui avaient été condamnées en 1962 et 1963 dans ce que l’on avait appelé les « faux complots ».
Aujourd’hui, une pression est exercée par certaines chancelleries et Ong ainsi qu’une partie de la presse internationale sur les autorités ivoiriennes pour qu’elles jugent les membres des Frci soupçonnés d’avoir commis des massacres à l’ouest de la Côte d’Ivoire lors des combats contre les milices de Laurent Gbagbo qui voulait confisquer le pouvoir perdu dans les urnes par tous les moyens. Au nom de la justice égale pour tous. La question que tout cela soulève est celle de savoir l’objet final de la justice. Vaste question sur laquelle d’éminents juristes et philosophes planchent depuis des siècles.
À notre humble avis, la justice a pour objet de rétablir l’harmonie dans une société. En punissant le coupable, en dédommageant la victime; dédommagement qui peut venir simplement de la satisfaction de celle-ci de voir le coupable puni, l’on rétablit l’équilibre rompu par le délit ou le crime, afin que la société retrouve sa stabilité. La justice est toujours rendue dans tous les pays au nom de la société. Mais lorsque son application a pour conséquence la déstabilisation et la mise en danger de la société, lui a-t-on rendu service ?
L’on nous dit aujourd’hui que si l’on est en droit de juger les partisans de Laurent Gbagbo qui ont commis tous les crimes dont nous avons tous été victimes à des degrés divers, la vraie justice consisterait à juger aussi ceux qui, en le combattant ont également commis des crimes. Soit ! Mais ne faut-il pas être dupe pour ne pas comprendre que les seules forces sur lesquelles repose la stabilité actuelle de la Côte d’Ivoire sont constituées de ces hommes mis à l’index ? Ne faut-il pas être dupe pour ne pas voir que les partisans de Laurent Gbagbo ne rêvent que de leur revanche, c’est-à-dire renverser le pouvoir d’Alassane Ouattara, et que le meilleur cadeau que l’on puisse leur faire est de dresser les Frci contre le Chef de l’Etat ivoirien ? Qui, aujourd’hui, peut douter, de bonne foi, de la véracité des complots ourdis par les partisans de l’ex-chef de l’Etat et le fait qu’ils sont les commanditaires des attaques perpétrées dans l’ouest du pays ? Alors, exiger la traduction en justice de certains chefs de guerre, aussi abominables que soient les crimes qu’ils auraient commis, ne revient-il pas à demander à M. Ouattara de laisser le pouvoir aux partisans de Gbagbo ou de livrer la Côte d’Ivoire à nouveau à la guerre ? En droit, il y a le principe de l’opportunité des poursuites. Cela veut dire que lorsque l’on estime que les conséquences de la poursuite d’une personne en justice vont entraîner le désordre ou la déstabilisation de la société, on préfère y renoncer, en attendant une meilleure occasion. C’est au nom de ce principe qu’en France, après la Libération, certains collaborateurs avérés du régime de Vichy ont été laissés en liberté, voire utilisés par le pouvoir, et n’ont été poursuivis que des décennies plus tard. En France, c’est en 1998 que Maurice Papon a été condamné pour le rôle qu’il avait joué dans la déportation des Juifs en 1944. Entre temps, il avait connu une carrière qui lui avait permis d’être ministre entre 1978 et 1981. Pourquoi donc insiste-t-on tant ici pour que M. Ouattara juge aujourd’hui ceux sur qui repose la stabilité de son pays ? Peut-être parce qu’il a prononcé le mot « réconciliation ». En Europe, après la seconde guerre mondiale, on n’a pas parlé de réconciliation, mais on a carrément dissous le parti d’Adolf Hitler, traqué jusque dans les pays les plus lointains ceux qui étaient soupçonnés d’avoir participé à sa politique criminelle. Et jusqu’à présent, se réclamer du parti nazi ou de son chef revient à se créer de sérieux problèmes. Après la seconde guerre mondiale, en Allemagne comme au Japon, les vainqueurs ont jugé les vaincus. Ils ont créé des tribunaux spéciaux pour cela. Personne n’a demandé des comptes aux Alliés qui ont largué des milliers de bombes sur l’Allemagne, tuant des centaines de milliers d’innocents. Personne n’a demandé des comptes aux Etats-Unis qui ont lancé deux bombes atomiques sur le Japon, tuant des centaines de milliers d’innocents. Qui a parlé de justice de vainqueurs ?
Venance Konan
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