vendredi 15 mars 2019

E LA NAVE VA…*


Libres propos sur l’actualité ivoirienne de ces dernières semaines

L’environnement politique de la Côte d’Ivoire jusqu’en 2020 ne manquera pas d’animations, voire peut-être, de perturbations. Et les semaines qui viennent de s’écouler en sont une parfaite illustration. Quand ce ne sont pas les scènes du ménage PDCI-RDR qui se chargent de l'ambiance de l’espace politique, c'est le silence de ce qui nous reste d'« opposition » qui attire notre attention. Depuis quelques semaines, les partisans de Bogota[1], pince-sans-rire, demandent aux Ivoiriens d'être les témoins de la grande injustice dont serait victime leur champion. Prenant son nouveau rôle de victime au sérieux, ce denier va jusqu'à dire aux Ivoiriens qu'il accepta d'abandonner la présidence de l'Assemblée nationale pour la paix dans le pays. Pour un début de « carrière cinématographique », reconnaissons qu'il fait fort. Pour donner un caractère sérieux à son affaire, il reçoit en sa résidence des visites et rend aussi des visites filmées. D’ailleurs, concernant les discours tenus lors de ces visites, ils ressemblent à une pantomime de ceux de Séplou[2]. C’est à croire que lui et son ancien secrétaire à l’Organisation[3], Gbapè[4], ont le même modèle d’homme politique.  Sauf qu’à la différence de leur modèle, ils n’ont pas pris le temps de se former. Pas de quoi leur tenir rigueur ; ne sommes-nous pas à l’ère de « l’Ivoirien nouveau » ?
Au cours de sa visite au Sphinx de Daoukro[5], il se serait agi, selon Bogota, de lui donner les raisons pour lesquelles il aurait « laissé le tabouret »[6] de l’Assemblée nationale, lui dire aussi merci pour son intervention auprès de l’Usurpateur pour la libération de son chef de protocole, Soul To Soul et lui présenter son Comité politique. Selon lui, ce CP, qui n’est pas un  parti politique, serait chargé de réfléchir aux solutions des problèmes des Ivoiriens. Pour quelqu’un qui jugea, il y a peu, que l’usage de la violence était le seul moyen de résoudre les problèmes des mêmes Ivoiriens, nous nous permettrons de douter de la sincérité d’un tel personnage.
Pendant son séjour chez le Sphinx, il a été présenté comme le « fils » de ce dernier et, à ce titre, il a eu droit à une visite guidée par papa Sphinx himself des chantiers du caveau familial de sa nouvelle famille et de la chapelle de son nouveau village. Si ces visites de chantiers n’ont pas l’air d’un adieu, ils y ressemblent. Le PDCI aura-t-il un candidat pour 2020 ? Ou sera-t-il amené à en soutenir encore un autre ? Peut-être un « fils » ? Justes des interrogations !! Une chose est sûre, de retour au bord de la lagune Ebrié, et comme porté par une énergie, le « petit gros » se lança dans une série de visites aux partis dits d’opposition. Parmi ces visites, celle rendue à la branche officielle du « parti à la rose »[7], est intéressante. A la vue des photos, et à la lecture du résumé des discours de cette rencontre, cette phrase que l’on prête à tort ou à raison à Voltaire, vous vient tout de suite à l’esprit : « La politique est le moyen pour des hommes sans principes de diriger des hommes sans mémoire ». Malheureusement, si cette branche du FPI, semble peu faire cas de morale et de pédagogie dans sa démarche, force est aussi de reconnaitre que la branche officieuse de ce parti ne semble pas bien se porter. Depuis la disparition du jumeau[8] de Séplou, à qui l’on reprochait une tiède animation du parti malgré des tournées et meetings, ce parti semble chercher ses marques. A part des déclarations, son radiologue[9] de nouveau S.G.[10], semble plus enclin à répondre aux invitations de la Rue de la Convention[11], à consulter Séplou et à montrer que c’est lui, Adou, le véritable patron du parti. D’ailleurs, présentement en Belgique pour prendre des instructions du président de son parti, il n’a pas manqué de produire un communiqué qui en dit long sur la marche de cette branche, quand nous lisons sous sa plume que : « Son intérim sera pleinement assuré par la ministre et vice-présidente du FPI Odette Sauyet Likikouet. La mise en œuvre des décisions, la gestion et l’administration du parti au quotidien continueront d’être assurées par elle jusqu’au retour du camarade Secrétaire général Assoa Adou, avec lequel elle est en rapport constant ».[12] Dans un parti où le président et le 1er vice-président sont absents, il est quand même surprenant que la 2ème vice-présidence, pourtant pourvue, soit curieusement ignorée. Pourtant, cette 2éme vice-présidence est occupée par la femme du chef d’Adou. Bizarre ! Dans la même période, une rumeur sur l’éventualité d’un divorce dudit couple circula. Bizarre ! Une chose est sûre, pendant qu’Adou se promène, la dame avec son staff constitué parcourt le pays et reçoit beaucoup. Cette ancienne syndicaliste semble ne pas avoir oublié le principe du rapport de force.
Bizarre, aviez-vous dit plus haut ? Mais il y a encore plus bizarre dans la politique ivoirienne. Tenez ! Par exemple, le parti à la case, oui celui qui s’est récemment fardé en RHDP. Il se proclame majoritaire à l’Assemblée nationale, et parti le plus aimé des Ivoiriens, et pourtant refuse catégoriquement l’utilisation d’un bulletin unique pour l’élection d’un de ses champions au perchoir de cette assemblée. Cherchez l’erreur !! La confiance règne vraiment dans la case.  Justement, concernant, l’heureux élu de cette élection à la présidence de l’Assemblée nationale, s’il est vrai, comme on le dit en Afrique, que « la parole accouche sa maman », force est de constater que ce proverbe, ne pouvait pas trouver meilleure illustration en ce monsieur. Même le pseudonyme dont l'affuble les Ivoiriens en témoigne : « Amadou-cimetière », tout un programme ! A vrai dire, en matière de gaffe verbale, pour qui l’a déjà entendu parler, il n’y a pas mieux que ce monsieur, pour le moment, dans le commerce. Chaque fois qu'il ouvre la bouche, surtout en meeting, tout le monde est assuré d’avoir matière à désespérer de la classe politique de notre pays.
Mais ne  dit-on pas qu’il y a un Dieu pour le pauvre ? Ne voulant plus  soumettre les yeux et les oreilles de son serviteur Bernard, le père de Climbié, à ce vaudeville de la classe politique nationale, le Seigneur le rappela. Celui à qui il fit don du bon usage des mots pour orienter et rappeler son dessein pour l’Homme, celui de vivre libre.

Habib Kouadja

(*) Titre de la Rédaction. E la nave va (en français : Et vogue le navire…) est le titre original d’un célèbre film de Fellini.



[1]. Pseudonyme de Guillaume Soro à la FESCI (Fédération estudiantine et scolaire de Côte d'Ivoire).
[2]. Pseudonyme chez les Bété de Gbagbo.
[3]. Blé Goudé était le S.O. de la FESCI, pendant que Soro Guillaume était Secrétaire général de ce syndicat.
[4]. Pseudonyme de Blé Goudé.
[5]. Pseudonyme d’Henri Konan Bédié.
[6]. Terme utilisé par Adama Bictogo, pour parler de la présidence de l’Assemblée nationale.
[7]. Front populaire ivoirien.
[8]. Aboudramane Sangaré.
[9]. Profession d’Assoa Adou, nouveau Secrétaire général de la branche officieuse du FPI.
[10]. Secrétaire général.
[11]. Rue où est maintenant logé le ministère de la Coopération en France.

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