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– BILAN DE L’ASSEMBLÉE GENERALE
CONSTITUTIVE
DU PARTI UNIFIÉ D’ALASSANE OUATTARA
Les lampions se
sont éteints hier sur l’assemblée générale constitutive du RDR unifié. Cette
cérémonie a vu la participation du RDR, de l’UDPCI et de petits morceaux
dissidents des autres partis. Le PDCI-RDA, l’autre poids lourd de l’alliance a
refusé non seulement de s’engager dès maintenant dans cette unification mais
aussi de s’associer d’une manière ou d’une autre à la cérémonie. Cette analyse
se veut un bilan sans concessions de la démarche du parti cher à Félix
Houphouët-Boigny.
ECHECS
Le président Henri Konan Bédié avait attiré
l’attention sur le fait que les militants de son parti ne devaient pas se
rendre à la cérémonie. Il avait insisté sur le fait que ceux qui s’y rendraient
s’excluaient de facto du PDCI-RDA puisqu’on ne peut appartenir à deux partis
simultanément.
Il a cependant été donné de constater que tous
les ministres et président d’institution issus du parti étaient présents même
s’ils ont pris le soin de le faire en leur nom propre. Le fait qu’ils y soient
allés est un échec pour le président du parti qui n’aura pas su tenir ses
troupes.
L’autre échec
que l’on peut stigmatiser, c’est la cacophonie au niveau de la communication.
Le PDCI-RDA a semblé ne pas maitriser sa communication donnant lieu à des
communiqués successifs dont le tout dernier était truffé de fautes grossières.
L’enjeu communicationnel n’a pas été maitrisé tandis que le RDR a mis les
petits plats dans les grands afin de s’assurer de faire entendre son message.
Le PDCI-RDA a donné l’impression de réagir à chaud en n’anticipant pas les
coups adverses. De surcroit, lorsque Denis Kah Zion, patron du Nouveau Réveil,
le quasi journal officiel du PDCI joue à un jeu trouble, cela n’est pas fait
pour participer à la clarté du message.
REUSSITES
La première réussite et la plus importante est
que le PDCI-RDA ne soit pas signataire du parti unifié. Son logo a d’ailleurs
disparu des affiches et c’est la plus grande victoire de HKB. M. Ouattara qui a
compris que son parti unifié manquerait de crédibilité sans le PDCI-RDA au
double enjeu non seulement de la mobilisation mais aussi de l’appartenance à
Houphouët-Boigny a contrairement à ses habitudes tenu un discours qui laisse
entrevoir que les négociations vont se poursuivre, ou du moins qu’il le
souhaite. Un parti d’Houphouëtistes sans le parti crée par Houphouët n’a aucune
crédibilité et c’est le plus gros coup que le président Bédié a joué à son ex
allié réfractaire aux débats d’idées.
L’autre réussite, c’est l’absence de tous les
cadres du PDCI-RDA en dehors de ceux qui occupent des responsabilités dans le
pouvoir. C’est le signe que le RHDP est une affaire de partage du gâteau.
D’ailleurs Patrick Achi lors du bureau politique avait affirmé que sa base
rejette le parti unifié. Il est donc loisible d’affirmer que ceux qui ont fait
le déplacement protège leurs intérêts personnels au lieu de l’intérêt du parti
et ce message est entièrement perçu par les militants. À titre illustratif, le
bureau politique du PDCI RDA, c’est plus de 1000 cadres. Combien étaient
présents hier au parti unifié ? À peine une vingtaine.
Par ailleurs,
c’est aussi une réussite de constater qu’aucun cadre du PDCI-RDA présent n’a
osé usurper la signature du PDCI-RDA comme cela a été le cas pour les autres
partis. Même M. Adjoumani, le plus euphorique d’entre eux ne s’y est pas
risqué. Ce qui laisse penser que le PDCI et ses cadres sont dans une vaste
stratégie consistant à pousser M. Ouattara le plus loin possible avant de se
désolidariser. Vrai ou faux ? L’avenir nous situera.
ET MAINTENANT ?
Avec la cérémonie d’hier, M. Ouattara a abattu
sa carte mais il n’a plus la main pour la suite des évènements tandis que le
président Bédié a encore une grosse marge de manœuvre. La première, c’est de
sanctionner tous les cadres indélicats. En dehors de M. Adjoumani, je pense
qu’il faut encore trainer les pas pour les autres. Il ne faut pas insulter
l’avenir.
La seconde carte, c’est de répondre à un
rassemblement par un rassemblement beaucoup plus imposant. Le président Bédié
peut tendre la main à l’opposition pour une coalition beaucoup plus grande et
plus mobilisatrice. C’est un secret de polichinelle que le parti unifié dans sa
composition actuelle est ultra minoritaire face à une coalition PDCI-RDA+PRO-GBAGBO+PIT+MFA+UPCI+LIDER.
Toute personne qui prétend le contraire est un charlatan, un diseur de bonne
aventure. Le prochain combat sera les élections municipales et
régionales.
Si le PDCI-RDA se met avec les autres membres de
l’opposition pour demander la libération des prisonniers politiques, la
recomposition de la CEI, etc., M. Ouattara se retrouvera dos au mur.
Le jeu ne fait
que débuter. Malheur au vaincu ! #ÉpiCèTout
2 - LES RISQUES ENCOURUS PAR LE PRÉSIDENT
BÉDIÉ
La
première partie traitait des échecs et des réussites du PDCI-RDA en ce qui
concerne l'assemblée générale constitutive du parti unifié. Analysons
maintenant les risques encourus par le président Bédié et le PDCI RDA.
C'est
un secret de polichinelle. Quand M. Ouattara veut quelque chose, il se donne
les moyens de l'obtenir quitte à piétiner la loi s'il le faut. En dépit de ce
qu'il affirme, il sait qu'un RHDP sans le PDCI-RDA n'a
aucune saveur idéologique et populaire. M. Ouattara va donc tout donner afin
que la signature du PDCI-RDA se couche sur les documents du parti unifié.
Deux
schémas s'offrent à lui dans ce cas : soit il réussit à convaincre le président
Bédié qui signe (ce qui est très peu probable actuellement) soit il lui arrache
la signature du parti et je pense que c'est ce schéma déjà utilisé à maintes
reprises qui sera réédité.
La
décision du dernier bureau politique du PDCI-RDA qui remet la question du parti
unifié après la présidentielle et le congrès en 2020 est déjà contestée en
justice. Cette dernière va rendre un verdict en faveur des plaignants qui vont
s'y appuyer pour faire convoquer un congrès extraordinaire ou ordinaire et
organiser une élection à la tête du parti. Congrès qui sera bien entendu boudé
par le président Bédié et les militants du PDCI RDA. Le RDR se chargera du
remplissage et M. Ahoussou Jeannot ou M. Kablan Duncan sera élu président du
parti. Dans la même foulé, les documents relatifs au parti unifié seront
signés. Ce groupe de dissidents aura la légalité tandis que HKB conservera la
légitimité et la popularité.
Une
fois que j'ai affirmé cela, il appartient à la direction du parti d'anticiper.
Le message de M. Ouattara hier, c'était des menaces quand il dit ne pas vouloir
d'un PDCI-RDA divisé en blocs. C'est maintenant qu'il faut montrer la capacité
de résilience du PDCI RDA. Il faut faire monter la jeune génération au créneau
en rassemblant même les frustrés potentiels comme KKB et Yasmina Ouegnin. Ils
ont eu tort d'avoir eu raison trop tôt. Le président Bédié doit clairement
affirmer son ambition de ne pas briguer un mandat. Cette posture donnera de la
légitimité à sa démarche.
Quoi
qu'on dise, le PDCI-RDA a les cartes en main. Mais de bonnes cartes ne servent
à rien si on ne sait pas lire le jeu.
Au jeu d'échecs, les fous sont les plus
près du roi. #ÉpiCèTout
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MARAUDE DANS LE WEB
Sous cette rubrique, nous vous proposons des documents de
provenance diverses et qui ne seront pas nécessairement à l'unisson avec notre
ligne éditoriale, pourvu qu'ils soient en rapport avec l'actualité ou
l'histoire de la Côte d'Ivoire et des Ivoiriens, ou que, par leur contenu
informatif, ils soient de nature à faciliter la compréhension des causes, des
mécanismes et des enjeux de la « crise ivoirienne ».
Source : Page FBK de Kyria Doukoure 17-18 juillet 2018RÉDACTION
(Le
titre et les sous-titres sont de la Rédaction)
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