mercredi 18 juillet 2018

16 juillet 2018 : une journée des dupes à l’ivoirienne

1 – BILAN DE L’ASSEMBLÉE GENERALE CONSTITUTIVE
DU PARTI UNIFIÉ D’ALASSANE OUATTARA

Les lampions se sont éteints hier sur l’assemblée générale constitutive du RDR unifié. Cette cérémonie a vu la participation du RDR, de l’UDPCI et de petits morceaux dissidents des autres partis. Le PDCI-RDA, l’autre poids lourd de l’alliance a refusé non seulement de s’engager dès maintenant dans cette unification mais aussi de s’associer d’une manière ou d’une autre à la cérémonie. Cette analyse se veut un bilan sans concessions de la démarche du parti cher à Félix Houphouët-Boigny.

ECHECS
Le président Henri Konan Bédié avait attiré l’attention sur le fait que les militants de son parti ne devaient pas se rendre à la cérémonie. Il avait insisté sur le fait que ceux qui s’y rendraient s’excluaient de facto du PDCI-RDA puisqu’on ne peut appartenir à deux partis simultanément.
Il a cependant été donné de constater que tous les ministres et président d’institution issus du parti étaient présents même s’ils ont pris le soin de le faire en leur nom propre. Le fait qu’ils y soient allés est un échec pour le président du parti qui n’aura pas su tenir ses troupes.
L’autre échec que l’on peut stigmatiser, c’est la cacophonie au niveau de la communication. Le PDCI-RDA a semblé ne pas maitriser sa communication donnant lieu à des communiqués successifs dont le tout dernier était truffé de fautes grossières. L’enjeu communicationnel n’a pas été maitrisé tandis que le RDR a mis les petits plats dans les grands afin de s’assurer de faire entendre son message. Le PDCI-RDA a donné l’impression de réagir à chaud en n’anticipant pas les coups adverses. De surcroit, lorsque Denis Kah Zion, patron du Nouveau Réveil, le quasi journal officiel du PDCI joue à un jeu trouble, cela n’est pas fait pour participer à la clarté du message.

REUSSITES
La première réussite et la plus importante est que le PDCI-RDA ne soit pas signataire du parti unifié. Son logo a d’ailleurs disparu des affiches et c’est la plus grande victoire de HKB. M. Ouattara qui a compris que son parti unifié manquerait de crédibilité sans le PDCI-RDA au double enjeu non seulement de la mobilisation mais aussi de l’appartenance à Houphouët-Boigny a contrairement à ses habitudes tenu un discours qui laisse entrevoir que les négociations vont se poursuivre, ou du moins qu’il le souhaite. Un parti d’Houphouëtistes sans le parti crée par Houphouët n’a aucune crédibilité et c’est le plus gros coup que le président Bédié a joué à son ex allié réfractaire aux débats d’idées.
L’autre réussite, c’est l’absence de tous les cadres du PDCI-RDA en dehors de ceux qui occupent des responsabilités dans le pouvoir. C’est le signe que le RHDP est une affaire de partage du gâteau. D’ailleurs Patrick Achi lors du bureau politique avait affirmé que sa base rejette le parti unifié. Il est donc loisible d’affirmer que ceux qui ont fait le déplacement protège leurs intérêts personnels au lieu de l’intérêt du parti et ce message est entièrement perçu par les militants. À titre illustratif, le bureau politique du PDCI RDA, c’est plus de 1000 cadres. Combien étaient présents hier au parti unifié ? À peine une vingtaine.
Par ailleurs, c’est aussi une réussite de constater qu’aucun cadre du PDCI-RDA présent n’a osé usurper la signature du PDCI-RDA comme cela a été le cas pour les autres partis. Même M. Adjoumani, le plus euphorique d’entre eux ne s’y est pas risqué. Ce qui laisse penser que le PDCI et ses cadres sont dans une vaste stratégie consistant à pousser M. Ouattara le plus loin possible avant de se désolidariser. Vrai ou faux ? L’avenir nous situera.

ET MAINTENANT ?
Avec la cérémonie d’hier, M. Ouattara a abattu sa carte mais il n’a plus la main pour la suite des évènements tandis que le président Bédié a encore une grosse marge de manœuvre. La première, c’est de sanctionner tous les cadres indélicats. En dehors de M. Adjoumani, je pense qu’il faut encore trainer les pas pour les autres. Il ne faut pas insulter l’avenir.
La seconde carte, c’est de répondre à un rassemblement par un rassemblement beaucoup plus imposant. Le président Bédié peut tendre la main à l’opposition pour une coalition beaucoup plus grande et plus mobilisatrice. C’est un secret de polichinelle que le parti unifié dans sa composition actuelle est ultra minoritaire face à une coalition PDCI-RDA+PRO-GBAGBO+PIT+MFA+UPCI+LIDER. Toute personne qui prétend le contraire est un charlatan, un diseur de bonne aventure. Le prochain combat sera les élections municipales et régionales. 
Si le PDCI-RDA se met avec les autres membres de l’opposition pour demander la libération des prisonniers politiques, la recomposition de la CEI, etc., M. Ouattara se retrouvera dos au mur.
Le jeu ne fait que débuter. Malheur au vaincu ! #ÉpiCèTout

2 - LES RISQUES ENCOURUS PAR LE PRÉSIDENT BÉDIÉ
La première partie traitait des échecs et des réussites du PDCI-RDA en ce qui concerne l'assemblée générale constitutive du parti unifié. Analysons maintenant les risques encourus par le président Bédié et le PDCI RDA.
C'est un secret de polichinelle. Quand M. Ouattara veut quelque chose, il se donne les moyens de l'obtenir quitte à piétiner la loi s'il le faut. En dépit de ce qu'il affirme, il sait qu'un RHDP sans le PDCI-RDA n'a aucune saveur idéologique et populaire. M. Ouattara va donc tout donner afin que la signature du PDCI-RDA se couche sur les documents du parti unifié.
Deux schémas s'offrent à lui dans ce cas : soit il réussit à convaincre le président Bédié qui signe (ce qui est très peu probable actuellement) soit il lui arrache la signature du parti et je pense que c'est ce schéma déjà utilisé à maintes reprises qui sera réédité.
La décision du dernier bureau politique du PDCI-RDA qui remet la question du parti unifié après la présidentielle et le congrès en 2020 est déjà contestée en justice. Cette dernière va rendre un verdict en faveur des plaignants qui vont s'y appuyer pour faire convoquer un congrès extraordinaire ou ordinaire et organiser une élection à la tête du parti. Congrès qui sera bien entendu boudé par le président Bédié et les militants du PDCI RDA. Le RDR se chargera du remplissage et M. Ahoussou Jeannot ou M. Kablan Duncan sera élu président du parti. Dans la même foulé, les documents relatifs au parti unifié seront signés. Ce groupe de dissidents aura la légalité tandis que HKB conservera la légitimité et la popularité.
Une fois que j'ai affirmé cela, il appartient à la direction du parti d'anticiper. Le message de M. Ouattara hier, c'était des menaces quand il dit ne pas vouloir d'un PDCI-RDA divisé en blocs. C'est maintenant qu'il faut montrer la capacité de résilience du PDCI RDA. Il faut faire monter la jeune génération au créneau en rassemblant même les frustrés potentiels comme KKB et Yasmina Ouegnin. Ils ont eu tort d'avoir eu raison trop tôt. Le président Bédié doit clairement affirmer son ambition de ne pas briguer un mandat. Cette posture donnera de la légitimité à sa démarche.
Quoi qu'on dise, le PDCI-RDA a les cartes en main. Mais de bonnes cartes ne servent à rien si on ne sait pas lire le jeu.
Au jeu d'échecs, les fous sont les plus près du roi. #ÉpiCèTout


EN MARAUDE DANS LE WEB
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Source : Page FBK de Kyria Doukoure 17-18 juillet 2018RÉDACTION
(Le titre et les sous-titres sont de la Rédaction)

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