Ghofrane Binous, Mehdi ben Gharbia, Mounir Ajlani (de g à d) |
Le commandant de bord du vol Tunisair qui reliait Istanbul à Tunis a choisi
de retarder le vol le temps d'éjecter une passagère de son vol.
Lors de l'embarquement une passagère a pris à parti une des hôtesses de
l'air qui tentait de régler un problème de bagage. La passagère lui a dit
qu'elle n'avait pas besoin de l'aide d'une « sale pute noire ».
Quand le commandant de bord a appris l'incident il n'a pas hésité à faire
débarquer la passagère. L'ensemble de l'équipage a d'ailleurs fait front aux
côtés de Ghofrane Binous.
L'hôtesse de l'air a indiqué sur Facebook : « Mes collègues sont venus spontanément m'exprimer leur
solidarité, ainsi que les passagers, quasiment tous Tunisiens comme la femme
qui m'avait insultée, qui ont tous protesté contre ce qu'elle m'avait dit. Le commandant
de bord, informé de ce qui s'était passé, a immédiatement exigé que cette
passagère descende de l'avion et m'a exprimé son soutien ».
Al-Mehdi bin Gharbia, ministre tunisien des Relations avec les organes
constitutionnels, la société civile et les droits humains, a reçu lundi matin,
le 21 mai 2018, le commandant de bord, Mounir Ajlani, qui a décidé de débarquer
la passagère sur un vol de Tunisian Airlines.
Le ministre a salué la position du commandant qui reflète l'unité des
tunisiens et des tunisiennes face à tous les aspects de la discrimination
raciale, soulignant que la reconnaissance de l'existence de ce phénomène
constitue une bonne manière de l'éliminer et de promouvoir une culture
d'égalité.
A cette occasion, le ministre a souligné que le gouvernement s'engageait à
compléter les procédures de ratification de la loi sur l'élimination de la
discrimination raciale et travaillait à renforcer son partenariat avec les
composantes de la société civile pour lutter contre ce phénomène incompatible
avec le leadership de la Tunisie dans le domaine des Droits de l'homme.
Ben Gharbia a déclaré que la Tunisie ne serait pas neutre face au racisme,
espérant que le Comité des droits et libertés de l'Assemblée populaire
discuterait bientôt du projet de loi fondamentale sur l'élimination de toutes
les formes de discrimination raciale et le soumettrait à la plénière.
Une réponse parfaitement [adaptée] a une
attitude intolérable, le racisme et le harcèlement sexuel n'ont pas de place
dans les avions, ni même ailleurs...
Freedom.fr
COMMENTAIRES
Forestier
de Lahou (Dimanche 27 Mai 2018) : C'est une très bonne chose. Je ne sais pas
pourquoi les gens sont toujours aussi énervés quand ils montent dans un avion
(alors qu'on y risque beaucoup moins sa vie que dans un gbaka ou un woro-woro
!), s'ils étaient plus zen les choses se passeraient mieux et les avions
partiraient plus souvent à l'heure. C'est très désagréable d'embarquer avec des
gens hystériques, qui, pour la plupart, ne se rendent pas compte des risques
qu'ils courent et font courir à tout le monde par leur attitude irresponsable
et leur mépris des consignes de sécurité. Le commandant de bord a très bien
agi, même si cela n'est pas une affaire qui met en cause directement la
sécurité du vol et des passagers.
Odile
Boga Sylla (Dimanche 27 Mai 2018) : Le racisme anti-Noirs est un véritable
fléau en Tunisie... Ceux qui étaient avec la BAD en Tunisie le savent bien et
ne diront pas le contraire... Les agressions multiples et discriminations au
quotidien ne visent pas uniquement les étudiants d'Afrique noire en Tunisie,
mais aussi les citoyens tunisiens noirs. Selon les associations qui luttent
contre le racisme, ils représentent au moins 15% de la population nationale
tunisienne, sinon plus... En raison de leur couleur de peau, ces derniers sont
encore assimilés à des esclaves. D'ailleurs « les
actes de naissance des personnes habitant Djerba, connue pour sa concentration
d'habitants noirs, portent toujours la mention "esclaves affranchis" »,
dénonçait déjà en 2013 Maha Abdelahmid, cofondatrice de l'Association de
défense des droits des Noirs à Tunis, au micro de RFI. Saadia Mosbah,
présidente de l'Association tunisienne M'nemty, partage cette analyse : « Le racisme est enraciné dans nos sociétés
d'Afrique du Nord. Le Noir est pour beaucoup un Nègre, un être inférieur.
Beaucoup réagissent différemment envers les immigrés selon leur couleur de
peau. L'Européen est ainsi le bienvenu, il est respecté en Tunisie, pas le
Noir... ».
Fatou
Diagne (Dimanche 27 Mai 2018) : « Nier l'existence de la
discrimination raciale en Tunisie ne permettra pas de l'éliminer ». Les Tunisiens sont-ils racistes ? Oui,
sans nul doute. Il est d'ailleurs paradoxal que ces mêmes maghrébins qui
dénoncent le racisme à leur égard en Europe, le pratiquent dans leurs pays
d'origine à l'encontre de leurs compatriotes marocains noirs, Tunisiens noirs
et Algériens noirs ou Égyptiens noirs. Le racisme en Afrique du Nord est lié aux
séquelles de l'esclavage. Il ne faut pas oublier qu'il est historiquement ancré
dans les pays de la région. L'esclavage n'était pas pratiqué seulement pas les
occidentaux en Amérique du Nord, en Amérique Latine et aux Antilles, mais aussi
par les peuples de la région Afrique du Nord et au Moyen-Orient. Une mentalité
esclavagiste qui a laissé des traces dans l'imaginaire commun malgré
l'abolition officielle de l'esclavage.
Lago
Tape (Dimanche 27 Mai 2018) : Bravo au commandant de bord et ses
collaborateurs... Dommage que tous les Tunisiens ne soient pas comme vous... Cependant
c'est un pas dans la bonne direction. Bravo encore !
Source : http://www.lebanco.net
27 mai 2018
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