lundi 28 mai 2018

Une passagère tunisienne débarquée de l'avion pour avoir traité une hôtesse de "sale pute noire"


Ghofrane Binous, Mehdi ben Gharbia, Mounir Ajlani (de g à d)
Le commandant de bord du vol Tunisair qui reliait Istanbul à Tunis a choisi de retarder le vol le temps d'éjecter une passagère de son vol.
Lors de l'embarquement une passagère a pris à parti une des hôtesses de l'air qui tentait de régler un problème de bagage. La passagère lui a dit qu'elle n'avait pas besoin de l'aide d'une « sale pute noire ».
Quand le commandant de bord a appris l'incident il n'a pas hésité à faire débarquer la passagère. L'ensemble de l'équipage a d'ailleurs fait front aux côtés de Ghofrane Binous.
L'hôtesse de l'air a indiqué sur Facebook : « Mes collègues sont venus spontanément m'exprimer leur solidarité, ainsi que les passagers, quasiment tous Tunisiens comme la femme qui m'avait insultée, qui ont tous protesté contre ce qu'elle m'avait dit. Le commandant de bord, informé de ce qui s'était passé, a immédiatement exigé que cette passagère descende de l'avion et m'a exprimé son soutien ».
Al-Mehdi bin Gharbia, ministre tunisien des Relations avec les organes constitutionnels, la société civile et les droits humains, a reçu lundi matin, le 21 mai 2018, le commandant de bord, Mounir Ajlani, qui a décidé de débarquer la passagère sur un vol de Tunisian Airlines.
Le ministre a salué la position du commandant qui reflète l'unité des tunisiens et des tunisiennes face à tous les aspects de la discrimination raciale, soulignant que la reconnaissance de l'existence de ce phénomène constitue une bonne manière de l'éliminer et de promouvoir une culture d'égalité.
A cette occasion, le ministre a souligné que le gouvernement s'engageait à compléter les procédures de ratification de la loi sur l'élimination de la discrimination raciale et travaillait à renforcer son partenariat avec les composantes de la société civile pour lutter contre ce phénomène incompatible avec le leadership de la Tunisie dans le domaine des Droits de l'homme.
Ben Gharbia a déclaré que la Tunisie ne serait pas neutre face au racisme, espérant que le Comité des droits et libertés de l'Assemblée populaire discuterait bientôt du projet de loi fondamentale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale et le soumettrait à la plénière.
Une réponse parfaitement [adaptée] a une attitude intolérable, le racisme et le harcèlement sexuel n'ont pas de place dans les avions, ni même ailleurs...
Freedom.fr

COMMENTAIRES
Forestier de Lahou (Dimanche 27 Mai 2018) : C'est une très bonne chose. Je ne sais pas pourquoi les gens sont toujours aussi énervés quand ils montent dans un avion (alors qu'on y risque beaucoup moins sa vie que dans un gbaka ou un woro-woro !), s'ils étaient plus zen les choses se passeraient mieux et les avions partiraient plus souvent à l'heure. C'est très désagréable d'embarquer avec des gens hystériques, qui, pour la plupart, ne se rendent pas compte des risques qu'ils courent et font courir à tout le monde par leur attitude irresponsable et leur mépris des consignes de sécurité. Le commandant de bord a très bien agi, même si cela n'est pas une affaire qui met en cause directement la sécurité du vol et des passagers.
Odile Boga Sylla (Dimanche 27 Mai 2018) : Le racisme anti-Noirs est un véritable fléau en Tunisie... Ceux qui étaient avec la BAD en Tunisie le savent bien et ne diront pas le contraire... Les agressions multiples et discriminations au quotidien ne visent pas uniquement les étudiants d'Afrique noire en Tunisie, mais aussi les citoyens tunisiens noirs. Selon les associations qui luttent contre le racisme, ils représentent au moins 15% de la population nationale tunisienne, sinon plus... En raison de leur couleur de peau, ces derniers sont encore assimilés à des esclaves. D'ailleurs « les actes de naissance des personnes habitant Djerba, connue pour sa concentration d'habitants noirs, portent toujours la mention "esclaves affranchis" », dénonçait déjà en 2013 Maha Abdelahmid, cofondatrice de l'Association de défense des droits des Noirs à Tunis, au micro de RFI. Saadia Mosbah, présidente de l'Association tunisienne M'nemty, partage cette analyse : « Le racisme est enraciné dans nos sociétés d'Afrique du Nord. Le Noir est pour beaucoup un Nègre, un être inférieur. Beaucoup réagissent différemment envers les immigrés selon leur couleur de peau. L'Européen est ainsi le bienvenu, il est respecté en Tunisie, pas le Noir... ».
Fatou Diagne (Dimanche 27 Mai 2018) : « Nier l'existence de la discrimination raciale en Tunisie ne permettra pas de l'éliminer ». Les Tunisiens sont-ils racistes ? Oui, sans nul doute. Il est d'ailleurs paradoxal que ces mêmes maghrébins qui dénoncent le racisme à leur égard en Europe, le pratiquent dans leurs pays d'origine à l'encontre de leurs compatriotes marocains noirs, Tunisiens noirs et Algériens noirs ou Égyptiens noirs. Le racisme en Afrique du Nord est lié aux séquelles de l'esclavage. Il ne faut pas oublier qu'il est historiquement ancré dans les pays de la région. L'esclavage n'était pas pratiqué seulement pas les occidentaux en Amérique du Nord, en Amérique Latine et aux Antilles, mais aussi par les peuples de la région Afrique du Nord et au Moyen-Orient. Une mentalité esclavagiste qui a laissé des traces dans l'imaginaire commun malgré l'abolition officielle de l'esclavage.
Lago Tape (Dimanche 27 Mai 2018) : Bravo au commandant de bord et ses collaborateurs... Dommage que tous les Tunisiens ne soient pas comme vous... Cependant c'est un pas dans la bonne direction. Bravo encore !

 Source : http://www.lebanco.net 27 mai 2018

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