jeudi 12 avril 2018

NOTRE HOMMAGE À LA FEMME QUI A VAINCU L’APARTHEID



Winnie, tu viens de déposer les armes qui t’ont servi à lutter contre le système politique le plus odieux de notre époque: l’apartheid. Les Blancs, 20% de la population sud-africaine avaient réduit en esclavage les Noirs qui en constituaient 80%.
Tu as osé affronter le monstre de l’apartheid, toi, pauvre femme, sans soutien. Tu as dit que « la femme noire souffre d’une triple oppression liée à son sexe, la couleur de sa peau et sa classe sociale ». Tu combattis cette triple oppression.
Quand les leaders de l’ANC ont été, soit emprisonnés, soit contraints à l’exil, tu es restée sur le terrain, avec ton peuple et surtout avec les jeunes aux mains nues, pour mener un combat inégal avec les racistes armés jusqu’aux dents et soutenus par l’impérialisme occidental et ses valets.
Tes ennemis ont cru qu’ils pouvaient facilement et rapidement réduire une faible femme sans défense. Mal leur en prit. Les intimidations, les poursuites, les emprisonnements, les tortures et les bannissements n’ont pas eu raison de toi.
De 1958 à 2018, c’est-à-dire pendant 60 ans, tu t’es battue sans relâche, pour la libération de Nelson Mandela, ton mari. C’est à travers toi que ce dernier a été connu à travers le monde entier.
Mais WINNIE, tu n’as pas seulement été une femme qui a lutté pour la libération de son mari emprisonné. Tu as sacrifié ta vie au peuple et surtout aux jeunes Sud-Africains. Pour toi, la lutte pour la libération du peuple sud-africain ne prenait pas fin avec la libération de Nelson Mandela et la participation des Noirs au pouvoir politique. Au cours de ces soixante ans de lutte, tu t’es forgé une vision de la nouvelle Afrique du Sud où les torts faits aux Noirs seraient réparés.
Winnie, pour toi, la lutte devait continuer tant que les Blancs continueraient à conserver les terres confisquées aux Noirs et tant qu’ils garderaient, en propriétés privées, les ressources du sous-sol. Pour toi, le combat pour la liberté devait se poursuivre tant que le pouvoir réel, c’est-à-dire le pouvoir économique, demeurerait aux mains des seuls Blancs et d’une minorité noire. Le combat devait continuer jusqu’à la récupération les industries construites grâce à la sueur et au sang des Noirs.
Le monde occidental, qui a rarement dénoncé la violence inouïe du pouvoir raciste en Afrique du Sud, parle aujourd’hui de la violence d’une femme qui se battait contre un monstre. Devant la confiscation des terres aux Noirs, la délocalisation des populations noires et leur regroupement sur des terres infertiles et dans les townships, les arrestations arbitraires, les exécutions sommaires, Les occidentaux ont non seulement gardé le silence mais ils ont participé à l’exploitation et à l’oppression des Noirs en commerçant avec le pouvoir raciste.
Tu aurais détourné des fonds ? Etait-ce pour garnir tes comptes dans des banques étrangères ? Que non ! Tu ravitaillais en armes et en moyens les combattants au front.
Beaucoup de pays, en admiration devant ton courage, que dis-je ?, devant ton audace, ont proposé de t’accueillir. Tu aurais eu un exil doré en attendant les beaux jours de la libération. Tu as préféré rester, brave Winnie, à SOWETO où battait le cœur de ton peuple, meurtri par de multiples souffrances.
Même après la victoire, quand beaucoup de tes compagnons de lutte quittaient SOWETO pour les beaux quartiers de Johannesburg, tu as volontairement choisi de rester dans ce quartier, symbole de la lutte héroïque du peuple sud-africain.
On te reproche d’avoir éliminé des traitres infiltrés dans les rangs de l’ANC. Mais combien de combattants ou de simples civils noirs ont été massacrés par les escadrons de la mort du pouvoir raciste ? Pourquoi voulait-on que tu caresses ceux qui te torturaient ? Parce que tu es une femme ? Non ! Winnie, tu as mené le combat farouche d’une mère dont les enfants étaient attaqués. Tu as accepté tous les sacrifices pour tes enfants, pour ton peuple.
Winnie ! Par ton courage, ta persévérance, la fidélité à ton engagement et la durée de ton combat, tu as battu tous les records. Tu mérites bien le titre de « MERE DE LA NATION SUD-AFRICAINE » et même de « MERE DE LA NATION AFRICAINE ».
La jeunesse que tu as tant aimée et défendue fera revivre ton combat jusqu’à la libération complète de l’Afrique du Sud et de l’Afrique tout entière.
Adieu Nomzamo Winifred Zanyiwe Madikizela-Mandela !!!
Emma YOUKELI[*] 
Accra, le 10 avril 2018

[*] Emma Youkéli est une patriote ivoirienne actuellement en exil au Ghana suite aux événements d’avril 2011.

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