Intervention de SEM al-Jafari, représentant de la République Arabe
Syrienne, au Conseil de Sécurité
Monsieur le Président,
A ceux qui veulent quitter la
salle, je vais leur accorder un peu de mon temps précieux. Je comprends qu'ils
soient effrayés de ne pouvoir contre argumenter et qu'ils soient paniqués
d'entendre des opinions qui vont à l'encontre de leurs allégations mensongères
(fake news).
Ceux qui viennent de partir
ont déclaré que ce jour est un triste jour pour le régime de non-prolifération
des armes de destruction massive. Je voudrais quelque peu leur rafraîchir la
mémoire en leur rappelant que la violation de ce régime est une spécialité de
ces mêmes pays occidentaux. Les Etats-Unis d'Amérique ont utilisé l'arme
nucléaire au Japon, les armes biologiques et chimiques au Vietnam et l'uranium
appauvri en Irak. La France a utilisé des cobayes humains algériens lors de son
premier essai nucléaire dans le désert algérien en 1960.
La France a attaché des
Algériens vivants à des poteaux et a lâché sur eux sa première bombe atomique.
Et, bien sûr, la Grande Bretagne a effectué tous ses essais nucléaires dans les
îles de ses anciennes colonies. Et puis, l'ambassadrice britannique vient nous
gratifier de sa tristesse pour le peuple de Douma. L'Anglais n'est pas ma
langue maternelle mais je sais qu'il y a des habitants à Douma et non un
peuple. Il y a un peuple syrien et non un peuple de Douma. Quoi qu'il en soit,
loin de Marx, Engels, Lénine qui ont été cités aujourd'hui, je voudrais citer
un écrivain britannique, Shakespeare, qui avait dit un jour : « le mensonge te défigure, sois honnête ou tais-toi ».
Ma collègue britannique a
affirmé que la Russie n'est pas apte à aller à Douma et faire la lumière sur
l'utilisation ou non d'armes chimiques. Elle trouve que nos amis Russes, qui
sont déjà sur le terrain, ne sont pas qualifiés pour examiner la zone. Etrange
! Pourquoi la Grande Bretagne ne se l'est-elle pas dit lorsqu'elle a envoyé ses
services de renseignement à Khan Cheikhoum et s'est autorisée à y prélever des
échantillons ? C'est ce qu'ils ont prétendu alors ainsi que les Français ;
qu'ils se sont permis d'aller à Khan Cheikhoun et de prélever des échantillons
qu'ils auraient envoyés à des laboratoires britanniques et français, sans
coordination aucune avec le Mécanisme d'enquête conjoint (JIM) ni la Commission
d'enquête Fact Finding Mission (FFM). Etrange contradiction ! Ils se permettent
ce qu'ils refusent à d'autres.
Comme vous le savez, il y a à
peu près deux semaines, la Grande Bretagne a signé avec le prince héritier
saoudien un accord pour lui vendre des armes d'une valeur de 100 milliards de
dollars. US$ 100 milliards ! C'est beaucoup plus important que le fameux deal «
Al Yamama ». 100 milliards pour continuer à tuer les Yéménites, provoquer
d'autres conflits dans la région contre l'Iran et la Syrie et impliquer toute
la région dans des guerres sans fin. C'est ce que peut faire la Grande
Bretagne. Le Mahatma Gandhi, qui connaissait bien les Britanniques, avait
raison de dire : « si une dispute venait à éclater entre deux poissons au fond
des mers, sachez que les Britanniques en sont la cause ».
La
collègue américaine a déclaré qu'il n'y a qu'un monstre qui s'oppose
aujourd'hui au monde et ce monstre a financé et armé les terroristes en Syrie
durant 7 ans. Moi j'affirme que ce monstre est les USA, la Grande Bretagne et
la France, qui ont soutenu le terrorisme dans mon pays pendant 7 ans, et avant
cela en Irak, en Afghanistan et en Libye. Ils ont créé des organisations
terroristes de al qaida aux talibans, de daech à ennosra et jaych al islam et
faylak errahman et les casques blancs. Ces casques blancs sont la dernière
création du MI6 britannique. Le monstre dont elle parle est celui qui ment pour
détruire, qui agresse et qui colonise, qui envoie ses troupes à des milliers de
miles partout dans le monde pour menacer la stabilité, la sécurité et la paix
internationales. Le monstre est cet Américain qui refuse encore de détruire son
arsenal d'armes chimiques mais qui ne se gêne pas pour prodiguer aux autres les
leçons de morale en la matière.
Monsieur le Président,
Mon
collègue français a quant à lui affirmé qu'il a été horrifié par les images
qu'il a vues. Toutefois, il n'a pas été horrifié par les images des centaines
de victimes civiles tuées en 2016 par des raids aériens français sur Tokhar, un
village dans la province de Manbij. 200 victimes civiles dont des familles
entières ont été décimées par la France. Leurs images n'ont pas horrifié
l'ambassadeur français. Même l'expression « double standard » devient faible
pour ces gens.
Monsieur le Président,
En
réponse à la campagne calomnieuse initiée par certains pays occidentaux contre
mon pays, sous prétexte d'utilisation d'armes chimiques à Douma en date du 7
avril 2018, le Ministère Syrien des Affaires Etrangères a adressé ce jour, le
10 avril 2018, une invitation officielle à l'Organisation pour l'interdiction
des armes chimiques (OIAC) pour dépêcher une mission de la Commission d'enquête
à Douma qui sera chargée d'enquêter sur les allégations d'utilisation d'armes
chimiques. Comme je vous l'ai dit hier, la République Arabe Syrienne est prête
à accueillir l'équipe d'enquête, assure sa détermination à coopérer pleinement
avec elle pour remplir sa mission dans les meilleures conditions, lui garantit
sa sécurité et la liberté de ses mouvements, dont toutes les facilités pour
toute rencontre et pour tout prélèvement conformément aux conditions
référentielles en la matière. La Syrie aspire à ce que la mission accomplisse
son travail en toute transparence et avec professionnalisme, en s'appuyant sur
des preuves tangibles et crédibles. Et lorsque la commission d'enquête
arrivera, si elle arrive, elle trouvera que Douma a été libérée et qu'elle
pourra y circuler sans contrainte aucune pour aller là où elle voudra.
Messieurs,
A la lumière de ce qui a
précédé, le tableau est très net. Ceux qui ont présenté le projet de résolution
américain ne recherchent aucunement la vérité car elle les confondra tout
simplement, ainsi que leurs outils terroristes. Au lieu d'attendre la visite de
la commission d'enquête relevant de l'OIAC et ses conclusions quant à
l'utilisation d'armes chimiques à Douma, ils poussent à l'adoption de projets
de résolution non consensuels et qui ne visent pas à ce que la vérité éclate.
Mais ils visent la création de mécanismes non objectifs aboutissant à des
résultats préétablis qui confirment leurs allégations et leurs accusations pour
les besoins de leur agenda politique, tout en sachant que reproduire
l'expérience de ce qu'on appelle le JIM sera inacceptable pour les pays qui
veulent vraiment savoir qui utilise l'arme chimique contre les civils syriens.
Dans
ce contexte, je confirme que les Etats-Unis, la Grande Bretagne et la France
sont ceux qui ont mis en échec le JIM et qui l'ont rendu caduc, de par leur
entêtement à politiser son travail, l'exercice des pressions et des chantages
sur ses membres qui ont renoncé à leurs principes d'objectivité, de crédibilité
et de professionnalisme pour fabriquer des rapports accusateurs contre le
gouvernement syrien, en s'appuyant sur ce qu'on appelle des « sources ouvertes
» dont les casques blancs bien entendu, pour produire de faux témoignages et de
fausses preuves dont les sources sont les groupes terroristes, le front ennosra
à leur tête et son aile médiatique propagandiste britannique, les casques
blancs.
Monsieur le Président,
Ce que nous voyons aujourd'hui
dans ce Conseil ressemble fort à ce que nous avons vu il y a exactement un an,
lorsque les Etats-Unis ont déclenché une violente agression contre la base
aérienne Chouayrat, reposant sur des preuves inexistantes et de faux prétextes
d'utilisation d'armes chimiques à Khan Cheikhoun par l'Armée Arabe Syrienne. La
fausseté de ces allégations est aujourd'hui prouvée ; les USA et ses obligés
ont en effet empêché les experts à se rendre à Khan Cheikhoun, comme ils ont
empêché les membres du JIM de procéder à des prélèvements sur la base
Chouayrat.
Oui messieurs, le tableau est
clair. L'approche agressive des USA et de ses alliés demeure inchangée à
travers l'histoire et repose sur le mensonge, la désinformation, l'hégémonie et
la loi du plus fort. De par sa nature sauvage, cette approche n'a jamais
respecté la force de la loi et ne la respectera jamais, n'a jamais pris en
considération la légalité internationale et ne le fera jamais. Ce que vit mon
pays depuis 7 ans est l'exemple criard de la continuité de cette approche faite
de mensonges, de désinformation, de scripts fabriqués que les USA et la Grande
Bretagne ont appliqué dans cette même salle pour détruire l'Irak et l'occuper,
sous le faux prétexte d'armes de destruction massive. Je me trouve obligé de
vous rappeler à chaque fois les déclarations de l'ex-ministre américain des
affaires étrangères Colin Powell. J'y étais, j'occupais même le siège de mon
collègue le vice-représentant chinois lorsque Colin Powell présentait des films
enregistrés, des documents, des cartes, des images qui se sont avérés être faux
et fabriqués par la CIA pour accomplir leur invasion de l'Irak, un agenda déjà
prêt à l'époque. La même scène s'est reproduite pour la Libye.
Veuillez
porter votre attention, chers collègues, sur une vérité amère ; pendant des
siècles, notre monde a connu des périodes répétées de colonisation et
d'hégémonie dont le but était d'occuper des territoires ou de spolier les
richesses des peuples ou d'imposer des agendas géopolitiques. Mais aujourd'hui,
la bassesse a atteint un tel degré d'immoralité politique que ces pays vont
jusqu'à détruire un pays comme la Libye et assassiner son peuple pour couvrir
une affaire de corruption et de malversation financière dans laquelle est
impliqué le président d'un pays membre permanent de ce conseil, pays qui se
targue des valeurs de la démocratie et de la liberté. Un autre pays membre
permanent de ce conseil va jusqu'à contraindre des pays pétroliers, arabes
malheureusement, à payer les factures de ses agressions et de ses interventions
militaires dans mon pays la Syrie. C'est un rapport qu'on ne peut qualifier que
de relation entre un corrompu fortuné et un mercenaire musclé et armé. Les
choses arrivent à un point tel que des pays membres permanents veulent
aujourd'hui déclencher des agressions contre des pays souverains uniquement
pour couvrir leurs crises internes et les luttes de leurs propres élites
politiques.
Monsieur le Président,
En Syrie, après 7 ans de
guerre terroriste sale qui nous a été imposée, nous croyons que nos choix sont
clairs et constituent un grand défi pour les membres de ce conseil qui ont
l'obligation de s'opposer à tous ces mensonges et cette désinformation et de se
confronter à cette immoralité politique vers laquelle les USA, la Grande
Bretagne et la France tentent de vous tirer. Aujourd'hui, la décision vous
appartient, messieurs, aujourd'hui et demain ; et soyez assurés que l'opinion
publique mondiale, vos peuples et les peuples libres du monde seront les juges
de l'exercice de vos responsabilités pour la victoire de la légalité
internationale et la protection de la paix et la sécurité dans le monde, sa
protection contre le terrorisme noir exploité par ces 3 pays membres permanents
pour ébranler la stabilité des Etats et le droit de leurs peuples à
l'autodétermination.
Messieurs, je vous invite à
adopter le choix victorieux d'appartenir à un modèle politique universel,
moral, multipolaire, qui croit aux lois internationales, au droit des nations
et des peuples à déterminer leur avenir, et de rejeter les politiques
d'hégémonie militaire, économique et politique.
Finalement, monsieur le
Président, mon pays condamne fermement toute utilisation d'armes chimiques par
qui que ce soit et dans toute circonstance, partout dans le monde et assure sa
détermination à coopérer pleinement avec l'OIAC pour découvrir la vérité et
exposer toutes les allégations et la désinformation exercées par certains pays
occidentaux pour justifier leurs intentions belliqueuses dans le but de
réaliser leurs objectifs politiques. Leur flotte se trouve en ce moment-même
dans les eaux orientales de la Méditerranée et ils savent que durant cette
session, ils obtiendraient un veto pour commencer leur agression.
Je
dis à ces pays occidentaux, et qu'ils m'écoutent bien : vos menaces
d'agression, vos manouvres, votre désinformation, vos mensonges et votre
terrorisme ne nous empêcheront pas, en tant qu'Etat fondateur de cette
organisation internationale, et en conformité avec sa charte et notre
constitution nationale, d'exercer notre devoir et notre droit de préserver la
souveraineté de notre pays et l'unité de nos territoires, et de repousser toute
agression quelle que soit sa provenance. Nous ne permettrons à personne, grande
ou petite soit-elle, membre permanent ou non permanent, de refaire chez nous ce
qu'ils ont fait à l'Irak et à la Libye.
Merci monsieur le Président.
Source : http://www.lebanco.net 16 avril 2018
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