mercredi 13 décembre 2017

FAUT-IL DÉSESPÉRER DE L’UNITÉ AU SEIN DU FRONT POPULAIRE IVOIRIEN (FPI) ?

Est-il juste de croire que le FPI redeviendra ce grand parti qui a porté les espoirs de changements et de démocratisation de la société ivoirienne dans les années 1990 ?
Depuis la fin de la crise postélectorale qui a vu l’arrestation et le transfert du Président Laurent Gbagbo à la prison de la CPI, à la Haye en Hollande, le Front Populaire Ivoirien est frappé par de très fortes dissensions qui ont vu dans un premier temps l’éviction de la tête du parti de Mamadou Koulibaly sensé assurer l’intérim du Président statutaire Pascal Affi N’Guessan, à l’époque incarcéré à Bouna dans le nord du pays. Dès lors, Mamadou Koulibaly, pourtant dauphin constitutionnel du président Laurent Gbagbo, a plié bagage pour son propre parti – Leader – à partir duquel il tente d’exister sur l’échiquier politique national.
Mais au FPI les palabres ont continuées pour se cristalliser dans une lutte sans merci entre partisans du président statutaire Pascal Affi N’Guessan, qu’on accuse de vouloir « tourner la page Laurent Gbagbo », et les partisans de son vice-président Aboudramane Sangaré, qui soutien assurer l’intérim de Laurent Gbagbo depuis le Congrès illégal et contesté de Mama en fin d’année 2014.
D’un côté, sans une réelle stratégie et des objectifs précis, les partisans de Sangaré Aboudramane commencent à s’interroger sur sa démarche qui jusque-là consiste à tout boycotter tout en profitant des largesses du pouvoir en place (rente, sécurité, autorisation de manifester sous le sceau du FPI, etc.). De l’autre côté, les partisans du président statutaire Pascal Affi N’Guessan continuent de participer au jeu politique en multipliant les offensives diplomatiques, la participation aux diverses élections, les rencontres et conférences publiques, débats télévisés.
D’un côté comme de l’autre, chaque camp réalise son impuissance face aux dérivent totalitaires et dictatoriales des gouvernants. L’horizon semble donc sans issues. La nécessité d’aller à l’union, à la réconciliation interne commence à se dégager de plus en plus.
On peut aussi remarquer que, d’une part, les accusations sans réels fondements utilisées contre Pascal Affi N’Guessan pour vouloir l’écarter de la tête du parti, s’effondrent au fil du temps. La vérité sur les vraies raisons de la division apparaît progressivement en surface. Ce qui a pour résultat de décourager ceux qui y avaient crus et seuls les inconditionnels et radicaux qui sont allés très loin, trop loin même dans les attaques sont restés figés.
D’autre part, les combattants fatigués, les militants désespérés et désemparés s’orientent vers des ailleurs pas forcément meilleurs mais où ils espèrent trouver le couvert ou à défaut éviter les humiliations et les brimades qui sont le lot quotidien de tous ceux qui se réclament de l’ancien Président Gbagbo. Pour d’autres encore, le changement, c’est carrément prendre une option et changer d’activités, dégoutés par ce qui se passe au sein d’un parti pour lequel, ils étaient prêts à tout, jusqu’au sacrifice suprême. Tout ceci déteint négativement sur le Front Populaire Ivoirien.
Ainsi, le président statutaire et plusieurs autres responsables du parti appellent à l’union en vue de la remobilisation pour les échéances futures. C’est d’abord Pascal Affi N’Guessan lui-même qui, avant les élections de 2015, a continuellement appelé à l’union. Le point culminant de sa démarche se situe à la veille du référendum sur la nouvelle constitution ivoirienne où le président du FPI, pour inciter ses amis à taire les palabres et aller à l’union, a signé la pétition pour la libération du président Laurent Gbagbo. Alors que cette pétition avait été lancée par le camp Sangaré, son adversaire interne. Ces derniers jours, c’est le président Gbagbo qui s’est impliqué fortement et a obtenu le report sine die de l’organisation du Congrès par Pascal Affi N’Guessan en vue de donner une chance à la médiation qu’il a entamée pour réconcilier les parties adverses. Affi N’Guessan lui-même mobilise ces proches en les sensibilisant à l’union.
Dans le camp des dissidents l’on prône aussi l’union, depuis l’implication de Laurent Gbagbo, mais selon Justin Katinan Koné, porte-parole de celui-ci, cette union doit se faire autour de Sangaré Aboudramane selon le vœu du président Gbagbo. Ce qui semble ne pas gêner le président statutaire Pascal Affi N’Guessan qui avait dit, lors d’une conférence publique : « Si Sangaré m’appelle, toute affaire cessante, je cours vers lui ». Seulement, Affi N’Guessan ne va pas courir à l’aveugle vers Sangaré car l’enjeu ici, c’est la réforme du parti en vue des élections futures. Quel est donc le cadre de discussion que proposera Sangaré autour duquel, semble-t-il, cette union doit se faire ? Selon quelles modalités allons-nous à l’union ? Est-ce que le principe du « Gbagbo ou rien » ou du « match retour » est encore d’actualité ? Quelle ligne politique sommes-nous prêts à défendre ? Autant de questions qu’il faudra discuter selon l’esprit du « asseyons-nous et discutons » pour relancer la machine du Front Populaire Ivoirien, qui, malgré tout, en tenant compte de son projet, incarne les espoirs de démocratisation du pays, là où le RHDP rêve d’un retour au parti unique.

Une contribution de Georges Aka, Secrétaire national FPI/Europe


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Source : www.ivorian.net 

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