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André Prochasson, président de CI-RDV |
Lettre ouverte du président de l’association Côte d’Ivoire : rechercher et dire la vérité
(CI-RDV) au président de la république française à l’occasion du Ve Sommet
Union africaine-Union européenne qui se tient à Abidjan.
Grenoble,
le 24 novembre 2017
Monsieur le
Président de la République,
Le 5ème Sommet Union africaine-Union
Européenne se tiendra les 29 et 30 novembre 2017 à Abidjan, sur le thème « Investir
dans la jeunesse pour un avenir durable ».
À l’approche de cette date, je me
permets de vous rappeler notre courrier du 7 juin dernier, qui a de plus fait
l’objet de deux courriels à votre Conseiller en charge de l’Afrique.
Monsieur le Président, comment
écrire une nouvelle page des relations de notre pays avec la Côte d’Ivoire sans
prendre en compte les responsabilités de la France ?
En effet, la France est intervenue
directement et indirectement à de multiples reprises ; notamment l’intervention
militaire d’avril 2011 en soutien à Monsieur Alassane Ouattara, qui a laissé
des traces durables au sein des populations.
Le passé nous oblige ; il vous oblige.
Pourquoi, à long terme, est-il
de l’intérêt supérieur de la France de changer de politique africaine ?
Le passé dans les relations entre la
France et les pays d’Afrique est lourd de la traite négrière et de l’esclavage,
des guerres coloniales et de la colonisation, et enfin, des indépendances
entrecoupées de multiples interventions militaires.
Néanmoins, la francophonie et la
francophilie sont deux composantes majeures des relations entre de nombreux
Africains et Français, qui y sont très attachés.
Mais force est de constater que, dans
le contexte de la mondialisation, la jeune génération devenant
démographiquement prépondérante n’acceptera plus ce que ses aînés ont supporté.
En effet, même atténué par l’aide au
développement et les actions caritatives, le caractère inégal des relations
économiques, aggravé par les changements climatiques, ne peut que conduire à
l’exil et l’émigration, à la violence et la guerre…
Il est donc de l’intérêt supérieur de
la France d’engager une transition vers un nouveau paradigme dans les relations
entre la France et l’Europe avec l’Afrique.
Ce nouveau modèle doit être fondé sur
le principe de partenariats « gagnant-gagnant » ou mieux, de « juste échange ».
Cette transition implique le long
terme, mais il est urgent d’agir aussi à court terme.
Pourquoi, à très court terme,
est-il de l’intérêt supérieur de la France d’agir pour la libération des
prisonniers politiques et le retour des exilés en Côte d’Ivoire ?
Les quelques libérations au
compte-gouttes à l’approche d’évènements internationaux ne doivent pas faire
illusion.
La société ivoirienne reste
profondément divisée.
La réconciliation est – et restera –
impossible tant que ne seront pas libres et rétablis dans leurs droits les
prisonniers politiques et les exilés suite aux évènements de 2011 auxquels la
France a participé activement.
La capacité de la Côte d’Ivoire à jouer
un rôle stabilisateur au sein de la région en est affaiblie.
L’image de la France en Afrique est
affaiblie.
Ces questions pourraient résonner dans
les rues d’Abidjan, les 29 et 30 novembre.
C’est pourquoi, Monsieur le Président,
sont attendus une parole forte et des actes de la part de la France, la France
pays de la Déclaration des Droits de l’Homme et du citoyen de 1789, Paris ville
de la signature de la Déclaration universelle des droits de l’homme.
Monsieur le Président, votre parole et vos actes doivent converger en faveur de la
libération et l’acquittement de tous les prisonniers politiques, ainsi que du
retour des exilés avec réintégration dans leurs droits.
Cette initiative de votre part est
attendue, espérée et sollicitée, non seulement en Côte d’Ivoire, mais aussi en
Afrique et à travers le monde, par des femmes et des hommes épris de Justice et
de Paix.
Ce sera un acte fort et une étape
indispensable vers le nécessaire changement dans les relations entre la France
et l’Afrique.
Enfin, ce sommet est dédié à la
jeunesse africaine.
Nos concitoyens épris de Liberté ne
manqueront pas de se poser cette question majeure :
Quel « avenir durable » lorsque
tant de jeunes Africains sont contraints à l’immigration au péril de leur vie ?
En effet, une bonne part des raisons et
des solutions aux problèmes d’asile et d’immigration se trouve d’abord dans le
pays de départ, où sévissent toutes les formes de persécutions, d’exploitation
et de pillages des richesses, des hommes, des femmes, et trop souvent des
enfants.
Puissiez-vous percevoir ces
innombrables appels et signaux de détresse avant qu’il ne soit trop tard, pour
la France aussi…
Une réelle transition dans les
politiques africaines de la France et de l’Europe est possible.
Monsieur le
Président, sachant pouvoir compter sur votre détermination, je vous prie, au
nom de notre association, d’agréer l’expression de ma profonde déférence.
Signé : André
Prochasson, président de Côte d’Ivoire : Rechercher et Dire la Vérité
(association 1901)
Contact :
ci-rdv@orange.fr
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