Le jour où A. Dieth fut présenté à G. Soro par F. Nyamsi (Voir la vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=mNyd46q2Rs4) |
Le cas Franklin Nyamsi : Interrogations réflexives d’une abdication politique collective. Par Alexis Dieth
Le cas Franklin Nyamsi est le symbole d’une forme
d’aveuglement politique. Il exprime une abdication collective gravissime.
Le cas
Franklin Nyamsi en Côte d’Ivoire illustre les dangers pouvant procéder de
l’aveuglement politique et de l’inflammation des passions identitaires et
factionnelles dans la cité. Cet égarement collectif ouvre la voie à la capture
du pouvoir d’Etat par un goujat rusé et intelligent. Ce dernier intervient par
effraction, comme troisième larron, dans un contexte d’affrontement politique
déréglé et sans repère éthique et axiologique.
Obnubilés par
la conquête du pouvoir et étourdis par le brouhaha inquiétant de la guerre de
succession que j’ai maintes fois dénoncée ici même, avions-nous remarqué en
Côte d’Ivoire que Franklin Nyamsi occupe la scène politique ivoirienne depuis
un moment ?
Avions-nous
pris conscience que sur la scène politique ivoirienne, il est, depuis un long
moment, de plus en plus question de Franklin Nyamsi et de moins en moins
question de Soro Guillaume dans le camp de l’ancienne rébellion contre la
dictature ethno-nationaliste de Laurent Gbagbo ?
Avions-nous
remarqué que Franklin Nyamsi semble écraser de son ombre à la fois inquiétante
et clinquante, le chef de l’Assemblée Nationale ivoirienne ?
Avions-nous
remarqué que ses injures tonitruantes, ses agressions verbales, les ignobles
grossièretés déversées sur l’honorabilité du Premier ministre et des détenteurs
de ministères régaliens lui permettaient de délégitimer symboliquement le
gouvernement ivoirien ?
Avait-on
remarqué que l’encensoir régulièrement agité par Franklin Nyamsi au pied du
Président de l’Assemblée Nationale, au moment même où ce dernier récusait le
culte de la personnalité, signifiait symboliquement que sa parole est sans
objet ? Vue sous cet angle, cette impertinence pourrait être considérée comme
une célébration symbolique de la propre puissance politique de Franklin Nyamsi
par lui-même.
Avait-on
remarqué que ses attaques verbales contre les membres du gouvernement et du
RDR étaient destinées à déblayer le terrain devant son poulain politique
qu’il pensait pouvoir imposer au peuple ivoirien sans attendre le suffrage des
urnes et sans respecter la pluralité des opinions ?
S’était-on
aperçu que Franklin Nyamsi se servait outrageusement du président de
l’Assemblée Nationale pour capturer la présidence de la République ivoirienne
en manipulant tout le monde ?
La
réhabilitation de la notion de démocratie plébiscitaire dans son camp, si
contraire à celle de démocratie représentative, s’inscrivait dans cette logique
de capture. Elle avait pour objectif de valider la figure politique de l’Homme
providentiel dont la légitimité repose sur la fusion directe du peuple et du
chef, sans la médiation des partis et de la représentation nationale.
Avait-on
remarqué que, dénué de toute légitimité d’élu, Franklin Nyamsi s’affichait
néanmoins officiellement auprès des élus de la nation, des représentants
de l’opposition, des plus hautes autorités politiques du PDCI, jouait au
médiateur national, à l’artisan de la réconciliation nationale afin de
s’octroyer une stature nationale en Côte d’Ivoire ?
Avait-on
remarqué qu’il occupait les médias et les réseaux sociaux avec ses grossièretés
fracassantes, afin de monopoliser le terrain politique ivoirien et concentrer
les regards de l’opinion publique nationale et même internationale sur sa
personne et son ego enflé ?
S’était-on
aperçu que Franklin Nyamsi avait réussi à se constituer, sur les réseaux
sociaux, un fan club de sympathisants et de supporters fanatisés qui lui vouent
un culte quasi-divin et qui m’ensevelissent en ce moment même sous un
flot continu d’injures et de grossièretés à l’image de leur gourou ?
Avait-on
remarqué que Franklin Nyamsi a réussi à se tailler, dans un cercle
d’adorateurs, tel un gourou sur ses disciples, une réputation de professeur d’université,
bardé de titres et de décorations scientifiques, prétendant détenir seul la
vérité ?
S’était-on
aperçu que, sous la thématique de la réconciliation nationale, s’est glissée,
de manière opportuniste, son ambition démesurée d’ascension sociale ?
S’est-on
aperçu que son actuel empressement à réintroduire les forces du nationalisme communautaire
comme alliés de sa faction, sous le motif de l’Union sacrée, lui permettait de
mettre le nombre de son côté et de légitimer ses prétentions politiques à
accéder au plus haut sommet de l’Etat de Côte d’Ivoire ?
Le cas
Franklin Nyamsi est le symbole d’une forme d’aveuglement politique. Il exprime
une abdication collective gravissime qu’il est vital de réparer en Côte
d’Ivoire pour pouvoir sauvegarder la paix sociale, l’unité et la souveraineté
nationales.
Complices... |
Favorisée et
entretenue par le communautarisme et un nationalisme identitaire, la crise
ivoirienne de la citoyenneté a facilité l’indifférence collective face à une
entreprise de démolition factionnelle systématique de l’autorité des
Institutions de la République, menée à travers les attaques ad hominem contre l’honorabilité des
personnes qui les incarnent dans la Cité.
Que la
thématique de la Réconciliation nationale ait pu être
publiquement dévoyée, au point d’en appeler à l’impunité et à
l’élargissement judiciaire des assassins, faisant le lit d’un imposteur et d’un
goujat montre, s’il en était besoin, que la lucidité critique de la nation
était affaiblie en Côte d’Ivoire.
Il importe,
pour cela, de relever éthiquement et moralement le corps social ivoirien, d’y
promouvoir la conscience de la citoyenneté et le sens de la responsabilité
politique et morale de l’acteur social afin de sauvegarder la République et la
démocratie ivoiriennes.
Ces vertus
civiques permettent à chaque membre de la Cité de se sentir responsable de son gouvernement,
de la sauvegarde de l’unité nationale, et de la protection de l’autorité des
institutions par-delà la divergence des intérêts catégoriels et partisans.
Il est donc temps et urgentissime de restructurer le
débat et l’affrontement politique partisan ivoirien sur les valeurs et les
principes de la République et de la Démocratie.
Alexis Dieth
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