vendredi 20 octobre 2017

Philippe Mangou, Laurent Gbagbo et « la crise postélectorale ». Qui a trahi qui ? Qui a trahi quoi ? Elliot Lokossouet répond à Tibeu Briga

Cher Monsieur Tibeu Briga, bonjour,

J'ai lu votre analyse[1] avec attention, mais a-t-elle été réalisée sous l'angle d'un tiers « supporter » [ou est-ce] une simple opinion ? [Au lieu d’une analyse rigoureuse] des faits, rien que des faits, en sortant de notre sentimentalisme ou des « appartenances » ? [Bref], ne serait-ce pas [plus] utile [de] traiter cette affaire dans sa globalité et [dans] son intégralité ?
Pour y arriver, n’est-ce pas vrai que nous devrions nous poser les « bonnes questions » sans rien occulter sous aucun prétexte (pour des intellectuels honnêtes). Donc avec attention, prudence et veilles : comment expliquez-vous que depuis l'an 2000, nos élections se terminent en guerres armées avec des milliers de civils tués et des marqués à vie ?? N’est-ce pas notre président Laurent Gbagbo qui nous disait honnêtement qu'il a été élu en l'an 2000 dans des « conditions calamiteuses » ? Pourquoi cette calamité, bien qu'il n'ait pas été au pouvoir à cette époque ?
Svp, faisons une analyse beaucoup plus fine car,  moi, je refuse d'être dans le culte de la personnalité.
Est-ce qu'en 2010, notre cher président Laurent Gbagbo a travaillé de manière à nous sortir [de] ce qu'il qualifia de « calamiteux » ?
Svp, qu'est-ce que le président Gbagbo a réellement fait pour que les conditions calamiteuses s'éloignent des élections de 2010 ?
Étaient-ce des élections en 2010 ? Ou des déclarations de guerre [à] travers des élections ?
J'ai bien dit d'aller à des analyses plus fines. Les militaires ne sont pas là pour « organiser » ou « gérer » les élections.
Svp, Si nos élections ont échoué en 2010, est-ce la faute aux militaires ou à Mr Philippe Mangou ? C'est cela la vraie question.
Soyons honnêtes : car depuis 2008-2009, notre président Laurent Gbagbo ne parlait même plus de désarmement comme il le faisant entendre en 2005. Pourquoi le président Gbagbo était-il si silencieux sur le désarmement des Forces Nouvelles ? Alors que Mr M. Koulabay [sic], Mme Éhivet Simone Gbagbo et surtout Affi N'Guessan battaient le pavé pour réclamer le désarmement...
Je le réécris ici : sortons du culte de la personnalité, afin de mieux appréhender les faits, le factuel.
Svp, depuis 2002, 2004, 2006-2007, il y a des faits saillants qui montraient que nous allions de plus en plus vers des « calamités » :
1.     En 2002-2003, honnêtement, qui disait de ne pas accuser la France dans la crise qui nous secouait, alors que nous partions à Marcoussis ?
2.     En 2004, qui a refusé que la Côte d'Ivoire porte plainte contre la France, quand la Force Licorne a tiré et tué des dizaines de patriotes avec le « crane ouvert » de ce garçon au sol devant l'hôtel Ivoire ? Svp, le président Laurent Gbagbo a fait quoi exactement ?
3.     En 2008, qui a dit que depuis que Nicolas Sarkozy est au pouvoir, « moi, Laurent Gbagbo, je dors d'un sommeil profond » ?
4.     En 2009, qui dira que « Soro Guillaume fut [son] meilleur Premier ministre » parmi ceux qui le précédèrent ? Svp, aviez-vous entendu ces confessions publiques ou pas ? Et quel était l'enjeu de telles confessions ? Svp, quels honneurs gagnait-on à faire ce genre de déclarations ?

5.     Qui sont ceux qui ont été les vrais alliés du président Laurent Gbagbo au plan international ? Est-ce que toutes ces questions relèvent de la compétence ou du courage de Mr Mangou Philippe ?
6.     Et si par ces élections nous [sommes arrivés] à une guerre, un vrai et sérieux analyste n'a pas à se jeter sur les militaires ou sur Mangou ; [il doit plutôt chercher à répondre à des questions comme : « Quel était notre projet quand nous sommes allés à cette élection ? Comment l'avons-nous préparée, organisée, et avec quelle stratégie ?? »].
7.     Je pense qu'il est bon que nous situions cette affaire dans son contexte global, et [que nous la traitions] à froid, faits après faits dans leurs contextes.
8.     Qui a fait appel au « Panel » ? Quelle fut la décision finale de ce « Panel » ?

9.     Avez-vous déjà écouté Bernard Doza sur les liens d'alchimie entre notre président Laurent Gbagbo et Blaise Compaoré ?  Car pour moi, il n'y a personne qui a trahi qui que ce soit. Il n'y a ni Caïn, ni Abel pour ce qui s'est passé entre Mr Mangou et le président Gbagbo.
NB : Car à cette question du président L. Gbagbo : « Les présidents angolais et sud-africains m’ont lâché, qu’en penses-tu ? Que me conseilles-Tu ? N’en parle à personne »... Heureusement que P. Mangou l’a dit en présence du président L. Gbagbo et de Blé Goudé. Sinon certains d’entre nous n’auraient-ils pas crié que Mangou a fabriqué un mensonge ? Je ne parlerai même pas de l’attaque de son domicile.
À ce niveau, c’est clair que beaucoup d’entre nous [aiment] et [savent] cultiver la langue de bois face à nos présidents.
10.Mais, en vérité, je ne vois pas le piège tendu à Philippe Mangou. Svp, Nous étions là dans des « choix tactiques » pour limiter les dégâts dans notre camp. Sinon, me semble-t-il que nos morts ne nous disent plus rien alors ?
Excusez-moi, car depuis feu Boga Doudou, Marcelin Yacé, en passant par tous nos jeunes morts pour que « Papa Roméo » s’en aille en 2000, ceux morts sur les ponts Houphouët-Boigny et général De Gaulle et [les morts de] l’hôtel Ivoire, etc., etc.
11.Jusques à quand compterons-nous nos morts ? Le plus souvent, ça été nos « cerveaux » qui s’en sont allés ainsi, les feux Boga Doudou, Désiré Tagro, etc.  Alors, devons-nous faire comme si la vie de nos frères n’a pas de valeur ou quoi ?
12.Et comment concevoir que depuis l’an 2000, nous n’ayons pas réglé définitivement cette crise qui s’aggrave au fil des ans. Ça été une question de réalisme mal maitrisée. Et aussi [parce] que notre camp ne prenait rien au sérieux, à commencer par celui qui était à sa tête.
Pourquoi nos chansons du genre : « Y a rien en face ? ». Franchement, avions-nous su évaluer les risques et la situation du moment ?
[Et] que dire de l'affaire Gérard Latortue et Mac Maxi introduits par Mamadou Ben Soumahoro auprès du président L. Gbagbo, et à quelles fins ?
Dès lors, si d'aucuns persistent à prendre des raccourcis pour qu’il y ait des traîtres,  devrions-nous alors mettre notre président Laurent Gbagbo au rang des traîtres ? Car, n'a-t-il pas promis des élections moins calamiteuses, alors que ce fut la guerre la plus atroce que la Côte d'Ivoire ait jamais connue. Ne pas omettre Mr N’Dré Yao Paul au rang des traîtres alors ?
Juste que nous allions plus loin dans cette méditation, et que chacun en prenne sa part de responsabilité dans un discernement plus poussé.
Merci et avec ma cordialité,

C’est le frère Békanty Lokossouet (15/10/2017)

Source : courriel


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La Rédaction


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