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Déja condamné à la peine maximale pour
le meurtre du général Robert Guéi, le valeureux général Bruno Dogbo Blé
comparait de nouveau, cette fois-ci pour endosser le meurtre de quatre
personnes au Novotel. Selon la doxa officielle, « Le 4 avril 2011, au plus fort de la crise post-électorale en Côte
d’Ivoire, un commando avait fait irruption à l’hôtel Novotel d’Abidjan,
emmenant son directeur le français Stéphane Frantz Di Rippel, son compatriote
Yves Lambelin, directeur général de Sifca, plus grand groupe agro-industriel
ivoirien, l’assistant béninois de celui-ci Raoul Adeossi et le Malaisien
Chelliah Pandian, directeur général d’une filiale de Sifca ». Et toujours
selon cette même thèse officielle, ils ont été emmenés au palais présidentiel,
ont été torturés, assassinés, − comme à l’habitude − par un cruel officier,
tout acquis à la cause de Laurent Gbagbo.
« Je peux dire que le crime a eu lieu au Novotel », assène encore le général. Cela semble logique, car emmener
quatre personnes, dont deux Français, au nez et à la barbe de la force Licorne,
sans que celle-ci n’intervienne, est plutôt étrange. Comme il est étrange
qu’aucune trace d’un mandat d’amener soit trouvé dans les archives de la police
ou de la garde républicaine.
A la barre, le général se défend et
fait ressortir la responsabilité de la France ; il dénonce l’absence de témoins
comme le général Mangou, chef d’état-major de l’époque, inscrit aux abonnés
absents, d’autres hauts gradés qui ont déserté, et l’ambassadeur de France
Jean-Marc Simon, qui supervisait et suivait l’avancée de la rébellion, les
attaques aériennes puis terrestres de la Licorne, jusqu’à la prise peu
glorieuse, après le bombardement de la Présidence, d’un homme, véritable chef
d’Etat d’un pays souverain, que l’on a anéanti, lui, sa famille, ses proches
pour le remplacer par une marionnette fade et insipide, à la com plus vaste que
ses solutions qui ont fini par se dissoudre dans le chaos qu’il a installé avec
ses mercenaires et ses rebelles. Le général a rappelé que « des chars français surveillaient le Novotel lorsque des bandits y
sont venu opérer avec sang-froid et sérénité ce jour-là ». Que cette
interpellation ait été possible sans aucune intervention de l’armée française
est surprenant ; il s’agissait pourtant de protéger la vie de deux Français, le
directeur de l’hôtel, fraîchement nommé, et un important industriel !
Comme le souligne encore le général
Dogbo Blé, Yves Lambelin était un proche de Laurent Gbagbo. « En réalité Yves Lambelin était un grand
ami du président Laurent Gbagbo. Il était à la tête du groupe SIFCA, et le
groupe SIFCA était la seule entreprise en Côte d’Ivoire avec des impôts élevés
et Yves Lambelin s’acquittait de ces impôts normalement et régulièrement. Ce
qui permettait donc au gouvernement du président Gbagbo d’avoir la liquidité et
même pendant la crise ».
La vie du patron de SIFCA n’était pas
celle d’un expatrié ordinaire. Sa famille était en Côte d’Ivoire ; il
avait même adopté deux enfants ivoiriens. Tel un industriel consciencieux et
responsable, il n’avait pas répondu à l’appel de Jean-Louis Billon, président
du groupe SIFCOM, de boycotter le versement des impôts au gouvernement de ce président
subitement devenu « persona non grata », bien que reconnu par le Conseil constitutionnel
ivoirien. Comme le souligne le patron de la Garde républicaine, cette attitude
citoyenne et responsable du patron de SIFCA, empêchait l’étranglement total des
seuls 40% de territoire qu’administrait Laurent Gbagbo. Faut-il rappeler ce
qu’a engendré le cruel embargo sur les médicaments, plébiscité par Ouattara ?
Les dialysés qui ne pouvaient plus se soigner, les jeunes gens et les enfants
qui ne pouvaient plus être soignés avec des antibiotiques… Combien de morts non
recensés, et pourtant ce sont des crimes de guerre à mettre sur le compte de la
rébellion qui n’a toujours pas eu à répondre de ses actes barbares !
Les banques françaises du jour au
lendemain ont été fermées, tout cela pour obliger les fonctionnaires à se
rebeller contre un Laurent Gbagbo qui ne pourrait plus les payer ! Faut-il
rappeler que les salaires d’avril 2011 ont été encore virés sur les comptes
grâce à l’efficacité des économistes recrutés par le président, les ministres
Désiré Dallo, Justin Koné Katinan, et du banquier Philippe Dacoury-Tabley,
gouverneur de la BCEAO, qui sera accusé de financer « l’administration illégale
» du président Gbagbo. Il sera livré aux FRCI par les Français − qui se sont
effacés pour ne pas être incriminés lors de l’arrestation de Laurent Gbagbo le
11 avril 2011 −, molesté, déshabillé, puis déporté. Seule petite humanité à
trois sous, perceptible lors de sa capture au palais présidentiel où il
partageait le sort de son ami Laurent Gbagbo, le « Donnez-lui un Bonbon » de la porte-parole des rebelles, Anne
Ouletto, bientôt récompensée pour son adhésion aux bourreaux de son peuple
martyr, les Wé de Côte d’Ivoire !
Faut-il rappeler que la France s’est
mouillée en payant trois mois les salaires des fonctionnaires pour aider son
poulain Ouattara ? N’est-ce pas là encore une preuve de son ingérence
empoisonnée ?
Faut-il aussi rappeler que Yves
Lambelin et le professeur Philippe Rémond se connaissaient, s’appréciaient ?
Ils se sont appelés au téléphone la veille de l’assassinat du professeur de
l’INP-HB. Or Philippe Rémond, réfugié dans un hôtel de Yamoussoukro, craignait
pour sa vie. Lambelin était à ce moment-là en séjour au Novotel, cet hôtel
abidjanais qui, pendant la crise, abritait beaucoup d’Occidentaux, des
journalistes de la presse étrangère, des ressortissants étrangers. La Licorne
surveillait nuit et jour ce lieu sensible, et très certainement les renseignements
généraux français écoutaient les conversations téléphoniques des gens à « surveiller ». Et c’est probablement ce
coup de téléphone qui a permis de localiser Philippe Rémond dans son hôtel de
Yamoussoukro !
Ce dernier exécuté, Lambelin devenait
un témoin embarrassant, qui évidemment n’aurait pas accusé la Garde républicaine
et son patron, le général Dogbo Blé de cet assassinat, mais bien les Français
et leur ambassadeur barbouze Jean-Marc Simon, qui continue d’être à l’œuvre en
Côte d’Ivoire, non plus à titre d’ambassadeur (atteint par l’âge de la
retraite) mais comme conseiller des investisseurs, et probablement devenu
businessman « cadeauté » pour
services rendus au clan Ouattara.
Selon l’AFP, les avocats de la famille
di Rippel ont dénoncé dans un communiqué «
des propos révisionnistes et inadmissibles », y voyant une manœuvre du
général Dogbo Blé pour « échapper à ses
responsabilités ». « Nous ne
cesserons jamais, sur le banc des parties civiles, de nous battre pour la
manifestation de la vérité », ont-ils encore martelé. C’est pathétique. Un homme
dont l’horizon, à l’ère Ouattara, est une prison à vie, aurait-il envie de
déroger à ses responsabilités ? Quelle défense totalement incompétente, et qui
semble ne rien comprendre au dossier et à la complexité de la situation où la
France veut totalement occulter son rôle joué dans le renversement de Laurent
Gbagbo et des évènements regrettables du 4 avril 2011 au Novotel ! Comment
peut-on, après les témoignages bidon d’Ivoiriens aux ordres à la Cour Pénale
Internationale de La Haye, espérer trouver une justice véritable et équitable
en Côte d’Ivoire ? Il est certain que Franz Di Rippel se trouvait au mauvais
endroit, au mauvais moment, lorsque des inconnus ont arrêté Lambelin et ses
associés étrangers. Il est peut-être intervenu pour empêcher leur arrestation…
On ne peut comprendre autrement son arrestation, puis sa disparition.
Où sont les avocats de feu Yves
Lambelin ? Où est la famille du regretté Philippe Rémond, totalement ignoré de
la France et de l’armée française, alors que ses parents étaient tous deux
militaires et que sa mère vivait encore au moment de sa disparition tragique ?
Pourquoi son corps n’a-t-il pas été rapatrié en France ? A la hâte enterré à
Yamoussoukro, sans que personne ne puisse entretenir sa tombe, était-ce une
manière digne pour l’ambassade de France et son représentant Jean-Marc Simon
d’honorer un Français assassiné ?
Le général Dogbo Blé n’est plus à un
meurtre près comptabilisé sur son dos ! Pourquoi ne l’accuse-t-on pas de ce
crime aussi ? Pourquoi ce silence, alors qu’il est évident que les meurtres de
Philippe Rémond et Yves Lambelin portent la même signature !
Le général a parlé en ce mercredi des
cendres, inaugurant la période chrétienne du carême, temps de retour sur soi,
de mise en ordre… Mais tout cela n’est pas important, il faut surtout veiller à
ce que les cadavres restent dans les placards, que le président Gbagbo continue
de croupir dans une prison à des milliers de kilomètres de son pays, son épouse
et ses fidèles continuent d’endosser les crimes perpétrés au nom de la France
et de la Côte d’Ivoire « émergente »
du préfet Ouattara. Oui le carnaval ivoirien est bien commencé, place à la
Comédie et aux bouffons du roi !
Shlomit
Abel
EN
MARAUDE DANS LE WEB
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qu'ils soient en rapport avec l'actualité ou l'histoire de la Côte d'Ivoire et
des Ivoiriens, ou que, par leur contenu informatif, ils soient de nature à
faciliter la compréhension des causes, des mécanismes et des enjeux de la «
crise ivoirienne ».
Source : CIVOX. NET 3 Mars
2017
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