Le 11 avril 2011 vu depuis l’Afp
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Accusé de renouer avec
les pratiques de la "Françafrique", Paris se défend
AFP 12
avril 2011
PARIS, La France, qui
se défend d'être intervenue directement pour faire capituler le président
ivoirien sortant Laurent Gbagbo, doit à nouveau gérer son éternelle image de
gendarme de l'Afrique avec laquelle le président Nicolas Sarkozy avait pourtant
promis de rompre.
La presse estimait mardi que
les conditions de la chute de Laurent Gbagbo affaiblissent Alassane Ouattara,
président internationalement reconnu mais qui doit finalement son accession au
pouvoir à l'intervention militaire de l'ex-puissance coloniale.
"Même encadrée par une résolution de l'ONU et soutenue par les
pays de la région, cette mission de la France s'apparente aux interventions
d'antan et risque d'être vue comme telle par les jeunes Africains", estimait ainsi Libération.
Cinquante ans après les
indépendances africaines, Paris s'est à nouveau retrouvé en première ligne sur
un continent auquel Nicolas Sarkozy avait pourtant promis une relation
"rénovée", la fin des anciens passe-droits et un désengagement
militaire.
Pour le député socialiste
François Loncle, "l'intervention
militaire française constitue un nouvel épisode caricatural de la
Françafrique", ce système mêlant cooptation des dirigeants des
ex-colonies, réseaux occultes et chasses gardées commerciales ayant perduré
pendant la guerre froide.
Mardi, le gouvernement a à
nouveau affirmé la légalité de son intervention, à la demande de l'ONU, mais aussi
sa légitimité, en appui aux processus démocratiques africains.
La chute de Laurent Gbagbo
est une "bonne nouvelle" pour les Ivoiriens, mais aussi "pour la
démocratie" dans la dizaine de pays africains qui vont connaître des
élections dans les mois à venir (notamment le Nigeria, la RD Congo, le
Liberia), a déclaré le chef de la diplomatie Alain Juppé.
"Nous avons envoyé, avec l'ONU, un message symbolique extrêmement
fort à tous les dictateurs. Nous leur avons indiqué que la légalité, la
démocratie devaient être respectées et qu'il y avait des risques pour ceux qui
ne le faisaient pas", a renchéri le Premier ministre François Fillon.
Cette position est
"totalement hypocrite" pour Odile Biyidi-Awala, présidente de l'ONG
Survie, qui milite depuis des années pour "en finir avec la
Françafrique".
"La France continue à soutenir des dictatures au Gabon, au Togo,
où on a vu des successions dynastiques entachées de fraudes, et vient de
valider l'élection au Tchad, où sévit un dictateur responsable de la disparition
d'opposants", a-t-elle dénoncé.
Au Cameroun, pays tenu
depuis près de 30 ans d'une main de fer par Paul Biya, "il y a eu des manifestations réprimées dans le sang en 2008 sans
que la France ne dise rien, et pire, Paris a continué à lui livrer des hélicoptères",
a-t-elle affirmé.
Arguments balayés dans les
ministères français, où l'on martèle la ligne officielle: "ni ingérence ni
indifférence".
"En Côte d'Ivoire, explique un haut responsable, la seule ligne
rouge était le respect des résultats électoraux. Il était hors de question
d'appliquer une solution à la kényane (où la contestation électorale a conduit à un
partage du pouvoir, ndlr) étant donné que
Ouattara était reconnu président par l'ONU".
"Nous sommes intervenus que parce que Gbagbo a sorti l'armement
lourd et menacé des civils. Mais ce genre d'opérations devrait revenir à
l'Union africaine, le jour où elle aura une force capable de le faire", a poursuivi ce responsable
sous couvert d'anonymat, affirmant que l'objectif de Paris, qui renégocie tous
les anciens accords de défense, était de désengager "au maximum" ses
soldats du théâtre africain.
Mais pour plusieurs
spécialistes de l'Afrique francophone, Paris peine à sortir de cette relation
particulière avec son ancien pré carré. "Tant
que la France aura des soldats déployés sur le sol africain, l’ambiguïté
demeurera", estime notamment Antoine Glaser, auteur de "Sarko en
Afrique".
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Arrestation de Gbagbo : questions sur le
"soutien" des forces françaises
AFP 12 avril 2011
PARIS, Des zones
d'ombre demeurent sur les circonstances de l'arrestation de Laurent Gbagbo
lundi à Abidjan, malgré l'affirmation réitérée de Paris que l'ancien président
a été arrêté par les forces d'Alassane Ouattara elles-mêmes, les soldats
français n'apportant qu'un simple "soutien".
Intervention militaire
française directe ou dénouement "entre
Ivoiriens", comme l'affirme la France ? L'enjeu est important pour le
nouveau président Ouattara, dont la légitimité souffre déjà du soupçon d'avoir
été porté au pouvoir par l'ancien colonisateur.
Dès samedi, il était apparu évident que les forces
pro-Ouattara étaient incapables d'en finir seules avec le régime de Gbagbo. Non
seulement l'ancien président était toujours terré dans son bunker, mais ses
partisans parvenaient à gagner du terrain et à attaquer le quartier général de
Ouattara. La décision a été prise d'accélérer le mouvement.
Dimanche les forces de l'Onu
(Onuci) et les hélicoptères de la force française Licorne pilonnent les armes
lourdes autour de la résidence de Laurent Gbagbo, pour préparer l'assaut des
forces de Ouattara. Lundi matin, les hélicoptères français tirent encore des
missiles vers la résidence.
"L'Onuci a été en tête, ce sont les hélicoptères de l'Onuci qui
ont commencé à bombarder et la France, comme on nous l'a demandé, est venue en soutien", a souligné mardi le
ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé.
Officiellement ensuite,
Licorne s'en tient à ce rôle de "soutien"
de l'Onuci.
Selon l'état-major, 200 à
250 soldats français sont redéployés sur le boulevard de France, "à environ 1,5 km de la résidence",
pour faire barrage aux pro-Gbagbo.
L'état-major martèle surtout
qu'"à aucun moment les forces
françaises n'ont pénétré dans les jardins ou la résidence" de Laurent
Gbagbo. Ce qui n'exclut pas que les soldats français aient percé les dernières défenses
des pro-Gbagbo pour permettre aux forces de Ouattara de pénétrer dans la
résidence en milieu de journée.
Paris dément également toute
implication des "forces
spéciales" françaises dans l'opération. La règle est toutefois d'en
dire le moins possible sur les actions auxquelles participent ces troupes
d'élite entraînées pour des missions délicates, ce qui limite la portée du
démenti de l'état-major.
Au cours d'une conférence de
presse, le chef d'état-major des armées, l'amiral Edouard Guillaud, fournit en
revanche une indication de l'intensité de l'engagement français : pas de
blessés côté français, mais un volume de munitions "de quelques milliers d'obus de 20 mm et quelques dizaines de missiles"
utilisé au cours des derniers jours.
Ce qui traduit un engagement
décisif, sans lequel les forces du nouveau président ivoirien n'auraient pas
été en mesure d'arrêter Laurent Gbagbo. Mardi, le Premier ministre François
Fillon a réaffirmé que "pas un seul soldat
français n'a mis les pieds dans la résidence" de Laurent Gbagbo. Et le
camp de l'ancien président a à nouveau accusé "les forces spéciales françaises" d'avoir "enlevé" Laurent Gbagbo. Une
version immédiatement démentie au ministère de la Défense.
Des éléments incontestables
existent-ils sur le déroulement de l'opération ? Le ministre de la Défense,
Gérard Longuet, s'est dit "absolument
certain que nous aurons des images de toute l'opération. Non pas de l'armée
française, mais de l'ensemble des acteurs, et on saura qu'aucun soldat
français, aucun soldat de l'Onuci n'est rentré dans la résidence présidentielle".
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