mardi 10 avril 2012


Le 11 avril 2011 vu depuis l’Afp 


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Accusé de renouer avec les pratiques de la "Françafrique", Paris se défend
AFP 12 avril 2011

PARIS, La France, qui se défend d'être intervenue directement pour faire capituler le président ivoirien sortant Laurent Gbagbo, doit à nouveau gérer son éternelle image de gendarme de l'Afrique avec laquelle le président Nicolas Sarkozy avait pourtant promis de rompre.
La presse estimait mardi que les conditions de la chute de Laurent Gbagbo affaiblissent Alassane Ouattara, président internationalement reconnu mais qui doit finalement son accession au pouvoir à l'intervention militaire de l'ex-puissance coloniale.
"Même encadrée par une résolution de l'ONU et soutenue par les pays de la région, cette mission de la France s'apparente aux interventions d'antan et risque d'être vue comme telle par les jeunes Africains", estimait ainsi Libération.
Cinquante ans après les indépendances africaines, Paris s'est à nouveau retrouvé en première ligne sur un continent auquel Nicolas Sarkozy avait pourtant promis une relation "rénovée", la fin des anciens passe-droits et un désengagement militaire.
Pour le député socialiste François Loncle, "l'intervention militaire française constitue un nouvel épisode caricatural de la Françafrique", ce système mêlant cooptation des dirigeants des ex-colonies, réseaux occultes et chasses gardées commerciales ayant perduré pendant la guerre froide.
Mardi, le gouvernement a à nouveau affirmé la légalité de son intervention, à la demande de l'ONU, mais aussi sa légitimité, en appui aux processus démocratiques africains.
La chute de Laurent Gbagbo est une "bonne nouvelle" pour les Ivoiriens, mais aussi "pour la démocratie" dans la dizaine de pays africains qui vont connaître des élections dans les mois à venir (notamment le Nigeria, la RD Congo, le Liberia), a déclaré le chef de la diplomatie Alain Juppé.
"Nous avons envoyé, avec l'ONU, un message symbolique extrêmement fort à tous les dictateurs. Nous leur avons indiqué que la légalité, la démocratie devaient être respectées et qu'il y avait des risques pour ceux qui ne le faisaient pas", a renchéri le Premier ministre François Fillon.
Cette position est "totalement hypocrite" pour Odile Biyidi-Awala, présidente de l'ONG Survie, qui milite depuis des années pour "en finir avec la Françafrique".
"La France continue à soutenir des dictatures au Gabon, au Togo, où on a vu des successions dynastiques entachées de fraudes, et vient de valider l'élection au Tchad, où sévit un dictateur responsable de la disparition d'opposants", a-t-elle dénoncé.
Au Cameroun, pays tenu depuis près de 30 ans d'une main de fer par Paul Biya, "il y a eu des manifestations réprimées dans le sang en 2008 sans que la France ne dise rien, et pire, Paris a continué à lui livrer des hélicoptères", a-t-elle affirmé.
Arguments balayés dans les ministères français, où l'on martèle la ligne officielle: "ni ingérence ni indifférence".
"En Côte d'Ivoire, explique un haut responsable, la seule ligne rouge était le respect des résultats électoraux. Il était hors de question d'appliquer une solution à la kényane (où la contestation électorale a conduit à un partage du pouvoir, ndlr) étant donné que Ouattara était reconnu président par l'ONU".
"Nous sommes intervenus que parce que Gbagbo a sorti l'armement lourd et menacé des civils. Mais ce genre d'opérations devrait revenir à l'Union africaine, le jour où elle aura une force capable de le faire", a poursuivi ce responsable sous couvert d'anonymat, affirmant que l'objectif de Paris, qui renégocie tous les anciens accords de défense, était de désengager "au maximum" ses soldats du théâtre africain.
Mais pour plusieurs spécialistes de l'Afrique francophone, Paris peine à sortir de cette relation particulière avec son ancien pré carré. "Tant que la France aura des soldats déployés sur le sol africain, l’ambiguïté demeurera", estime notamment Antoine Glaser, auteur de "Sarko en Afrique".  

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Arrestation de Gbagbo : questions sur le "soutien" des forces françaises
AFP 12 avril 2011

PARIS, Des zones d'ombre demeurent sur les circonstances de l'arrestation de Laurent Gbagbo lundi à Abidjan, malgré l'affirmation réitérée de Paris que l'ancien président a été arrêté par les forces d'Alassane Ouattara elles-mêmes, les soldats français n'apportant qu'un simple "soutien".
Intervention militaire française directe ou dénouement "entre Ivoiriens", comme l'affirme la France ? L'enjeu est important pour le nouveau président Ouattara, dont la légitimité souffre déjà du soupçon d'avoir été porté au pouvoir par l'ancien colonisateur.
Dès samedi, il était apparu évident que les forces pro-Ouattara étaient incapables d'en finir seules avec le régime de Gbagbo. Non seulement l'ancien président était toujours terré dans son bunker, mais ses partisans parvenaient à gagner du terrain et à attaquer le quartier général de Ouattara. La décision a été prise d'accélérer le mouvement.
Dimanche les forces de l'Onu (Onuci) et les hélicoptères de la force française Licorne pilonnent les armes lourdes autour de la résidence de Laurent Gbagbo, pour préparer l'assaut des forces de Ouattara. Lundi matin, les hélicoptères français tirent encore des missiles vers la résidence.
"L'Onuci a été en tête, ce sont les hélicoptères de l'Onuci qui ont commencé à bombarder et la France, comme on nous l'a demandé, est venue en soutien", a souligné mardi le ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé.
Officiellement ensuite, Licorne s'en tient à ce rôle de "soutien" de l'Onuci.
Selon l'état-major, 200 à 250 soldats français sont redéployés sur le boulevard de France, "à environ 1,5 km de la résidence", pour faire barrage aux pro-Gbagbo.
L'état-major martèle surtout qu'"à aucun moment les forces françaises n'ont pénétré dans les jardins ou la résidence" de Laurent Gbagbo. Ce qui n'exclut pas que les soldats français aient percé les dernières défenses des pro-Gbagbo pour permettre aux forces de Ouattara de pénétrer dans la résidence en milieu de journée.
Paris dément également toute implication des "forces spéciales" françaises dans l'opération. La règle est toutefois d'en dire le moins possible sur les actions auxquelles participent ces troupes d'élite entraînées pour des missions délicates, ce qui limite la portée du démenti de l'état-major.
Au cours d'une conférence de presse, le chef d'état-major des armées, l'amiral Edouard Guillaud, fournit en revanche une indication de l'intensité de l'engagement français : pas de blessés côté français, mais un volume de munitions "de quelques milliers d'obus de 20 mm et quelques dizaines de missiles" utilisé au cours des derniers jours.
Ce qui traduit un engagement décisif, sans lequel les forces du nouveau président ivoirien n'auraient pas été en mesure d'arrêter Laurent Gbagbo. Mardi, le Premier ministre François Fillon a réaffirmé que "pas un seul soldat français n'a mis les pieds dans la résidence" de Laurent Gbagbo. Et le camp de l'ancien président a à nouveau accusé "les forces spéciales françaises" d'avoir "enlevé" Laurent Gbagbo. Une version immédiatement démentie au ministère de la Défense.
Des éléments incontestables existent-ils sur le déroulement de l'opération ? Le ministre de la Défense, Gérard Longuet, s'est dit "absolument certain que nous aurons des images de toute l'opération. Non pas de l'armée française, mais de l'ensemble des acteurs, et on saura qu'aucun soldat français, aucun soldat de l'Onuci n'est rentré dans la résidence présidentielle".

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