dimanche 19 avril 2020

Papa, aujourd’hui ton sourire lumineux est devenu éternel


L’ancien Directeur Général de Petroci Paul William Ahui, décédé le 10 avril, a été inhumé hier, à Parigné-L’Évêque près Le Mans, où il résidait depuis quelques années avec son épouse. Dans les conditions du confinement dû à la pandémie, la cérémonie s’est déroulée dans la plus stricte intimité familiale. Sa fille Gina (Mme Allangba), en son nom et au nom de sa sœur Nadie (Mme VanZandt), absente, a lu cette oraison que nous publions ci-après à l’intention de ceux de nos amis lecteurs, nombreux, qui connaissaient le défunt et auraient aimé pouvoir l’accompagner.

La Rédaction


Paul et Annick avec l'un de leurs petits-enfants, 
le jour de sa Première Communion

Je voudrais tous vous remercier d’être venus aujourd'hui accompagner notre père à sa dernière demeure.
Papa était un bel homme avec une étincelle dans les yeux et un sourire lumineux. 
On dit qu'un sourire est une clé qui ouvre la serrure d’un cœur, il n'est donc pas étonnant que son sourire ait ouvert le cœur de Maman, et le cœur des nombreuses personnes qui l'ont connu. Son sourire était expressif et nous savions facilement ce qui le rendait heureux ; regarder un match de football, manger son plat préféré d'Attiékè accompagné de sauce claire que maman avait tendrement appris à lui préparer, visiter son petit village natal de Petit-Bassam sur les bords de l'océan Atlantique, ou nous raconter ses histoires d'enfance sur la terrasse de notre maison à la lumière d'une lampe à pétrole.  Ce ne sont là que quelques souvenirs parmi tant d'autres. 
Issu d’une famille de dix enfants, il était le fils d’un modeste prédicateur. A l'âge de 3 ans il fut adopté par la famille Anoma. Cet événement s'est avéré être une bénédiction. Son père adoptif, Le Vieux Anoma, le considéra comme son propre fils en le scolarisant et en le guidant dans la vie. Sa famille adoptive lui est toujours restée proche et nous savons qu'aujourd'hui ils sont avec nous en pensées et prières pour leur frère bien-aimé.
C’est pendant qu’il était au lycée du Mans que nos parents se sont rencontrés. Papa venait à Parigné-L’Evêque pendant ses tournois de football, et c’est ici qu’ils se sont connus.  Mariés depuis 1959, ils ont vécu une union exemplaire, d’un amour sans condition, qui a duré plus de 60 ans. 
Derrière ce sourire se cachait un homme de principes, honnête, et soucieux du bien-être de toute sa famille.  Un homme qui avait un espoir profond pour le développement de sa patrie bien-aimée. Il a souvent passé son temps à aider et encourager de nombreux jeunes étudiants, et ses neveux et ses nièces, pour leur faire découvrir la valeur d’un enseignement supérieur leur transmettant le flambeau qu'il avait reçu du Vieux Anoma. Il était rigoureux et attendait de nous de même ; une exigence peu appréciée par ses filles, adolescentes à l'époque.
Sa carrière professionnelle d’ingénieur géologue l'a conduit dans plusieurs régions du monde, du Brésil à l’ancienne Tchécoslovaquie, en passant par Singapour, jusqu'aux Etats-Unis et bien d’autres pays encore. Il a parcouru les régions inexplorées de la Côte d’Ivoire à la recherche de minéraux pour l’exploitation minière. Il a participé à plusieurs projets avec les Nations-Unies, le Corps de la Paix, et a travaillé avec diverses compagnies pétrolières internationales.  A la fin de sa carrière, il dirigeait la société de Pétrole de Côte d'Ivoire (PETROCI) tout en travaillant sans relâche contre la corruption rampante dans ce secteur.
Il était aussi un homme de foi. Absorbé par sa vie professionnelle, il prenait toujours le temps d'assister aux offices de l’église de Petit-Bassam que son père, John Ahui, avait bâtie en Côte d’Ivoire et il participait passionnément à son administration. Son église était vibrante et résonnait d’hymnes chantés sans complexes et dans un style exubérant, un peu comme la musique du gospel noir américain. Et il aimait chanter le gospel. Il y a quelques mois, lorsque j'ai appelé mes parents des États-Unis, j'ai chanté une des chansons qu'il nous avait apprises quand nous étions petites et j'ai été touchée lorsque maman m'a dit que cela l'avait fait sourire.
Paul dans son jardin, à Parigné-L'Evêque, près Le Mans
Ce sourire, nous avons toujours voulu le mériter et il était d’autant plus précieux accompagné de compliments. Il était sévère envers nous, mais nous ne lui reprochons pas ça car c’est grâce à ses conseils et aux soins de maman que nous avons réussi nos études et notre vie.
Pendant ces dernières années, le plus dur pour nous était de ne pas l’entendre parler, lui qui aimait tant raconter des histoires et faire rire ses petits-enfants. Son sourire avait perdu son éclat et il semblait avoir été pris comme prisonnier de cette maladie.  Il nous était pénible de le voir souffrir quand il ne pouvait pas s’exprimer. Mais, aujourd'hui, malgré notre chagrin, nous sommes soulagées de le savoir libéré de cette souffrance. Cette maladie n’a terni ni nos souvenirs ni sa personne, et nous nous réjouissons en sachant qu’il est accueilli par le Seigneur qui l’attend les bras ouverts à côté de Vivie, sa chère fille, notre sœur aimée, de ses parents, et de tous ses frères et sœurs.
Aujourd'hui Papa, ton sourire lumineux est devenu éternel.  Repose en paix.
Nous ne t’oublierons jamais.

Nadie VANZANDT-AHUI 
Gina ALLANGBA-AHUI

1 commentaire: