L’ancien Directeur Général de Petroci Paul William Ahui,
décédé le 10 avril, a été inhumé hier, à Parigné-L’Évêque près Le Mans, où il
résidait depuis quelques années avec son épouse. Dans les conditions du
confinement dû à la pandémie, la cérémonie s’est déroulée dans la plus stricte
intimité familiale. Sa fille Gina (Mme Allangba), en son nom et au nom de sa sœur Nadie (Mme
VanZandt), absente, a lu cette oraison que nous publions ci-après à l’intention
de ceux de nos amis lecteurs, nombreux, qui connaissaient le défunt et auraient aimé pouvoir l’accompagner.
La Rédaction
Paul et Annick avec l'un de leurs petits-enfants, le jour de sa Première Communion |
Je voudrais tous vous remercier d’être venus aujourd'hui accompagner notre père à sa dernière demeure.
Papa était un bel homme avec une étincelle dans les yeux
et un sourire lumineux.
On dit qu'un sourire est une clé qui ouvre la serrure d’un
cœur, il n'est donc pas étonnant que son sourire ait ouvert le cœur de Maman,
et le cœur des nombreuses personnes qui l'ont connu. Son sourire était expressif
et nous savions facilement ce qui le rendait heureux ; regarder un match de
football, manger son plat préféré d'Attiékè accompagné de sauce claire que maman
avait tendrement appris à lui préparer, visiter son petit village natal de
Petit-Bassam sur les bords de l'océan Atlantique, ou nous raconter ses
histoires d'enfance sur la terrasse de notre maison à la lumière d'une lampe à
pétrole. Ce ne sont là que quelques souvenirs
parmi tant d'autres.
Issu d’une famille de dix enfants, il était le fils d’un
modeste prédicateur. A l'âge de 3 ans il fut adopté par la famille Anoma. Cet
événement s'est avéré être une bénédiction. Son père adoptif, Le Vieux Anoma, le
considéra comme son propre fils en le scolarisant et en le guidant dans la vie.
Sa famille adoptive lui est toujours restée proche et nous savons qu'aujourd'hui
ils sont avec nous en pensées et prières pour leur frère bien-aimé.
C’est pendant
qu’il était au lycée du Mans que nos parents se sont rencontrés. Papa venait à
Parigné-L’Evêque pendant ses tournois de football, et c’est ici qu’ils se sont
connus. Mariés depuis 1959, ils ont vécu une union exemplaire, d’un amour
sans condition, qui a duré plus de 60 ans.
Derrière ce sourire se cachait un homme de principes, honnête,
et soucieux du bien-être de toute sa famille. Un homme qui avait un espoir profond pour le développement
de sa patrie bien-aimée. Il a souvent passé son temps à aider et encourager de
nombreux jeunes étudiants, et ses neveux et ses nièces, pour leur faire
découvrir la valeur d’un enseignement supérieur leur transmettant le flambeau
qu'il avait reçu du Vieux Anoma. Il était rigoureux et attendait de nous de
même ; une exigence peu appréciée par ses filles, adolescentes à l'époque.
Sa carrière professionnelle d’ingénieur géologue l'a
conduit dans plusieurs régions du monde, du Brésil à l’ancienne Tchécoslovaquie,
en passant par Singapour, jusqu'aux Etats-Unis et bien d’autres pays encore. Il
a parcouru les régions inexplorées de la Côte d’Ivoire à la recherche de minéraux
pour l’exploitation minière. Il a participé à plusieurs projets avec les
Nations-Unies, le Corps de la Paix, et a travaillé avec diverses compagnies
pétrolières internationales. A la fin de
sa carrière, il dirigeait la société de Pétrole de Côte d'Ivoire (PETROCI) tout
en travaillant sans relâche contre la corruption rampante dans ce secteur.
Il était aussi un homme de foi. Absorbé par sa vie professionnelle, il
prenait toujours le temps d'assister aux offices de l’église de Petit-Bassam
que son père, John Ahui, avait bâtie en Côte d’Ivoire et il participait passionnément
à son administration. Son église était vibrante et résonnait d’hymnes chantés sans
complexes et dans un style exubérant, un peu comme la musique du gospel noir
américain. Et il aimait chanter le gospel. Il y a quelques mois, lorsque j'ai
appelé mes parents des États-Unis, j'ai chanté une des chansons qu'il nous avait
apprises quand nous étions petites et j'ai été touchée lorsque maman m'a dit
que cela l'avait fait sourire.
Paul dans son jardin, à Parigné-L'Evêque, près Le Mans |
Ce sourire, nous avons toujours voulu le mériter et il
était d’autant plus précieux accompagné de compliments. Il était sévère envers
nous, mais nous ne lui reprochons pas ça car c’est grâce à ses conseils et aux
soins de maman que nous avons réussi nos études et notre vie.
Pendant ces dernières années, le plus dur pour nous était
de ne pas l’entendre parler, lui qui aimait tant raconter des histoires et
faire rire ses petits-enfants. Son sourire avait perdu son éclat et il semblait
avoir été pris comme prisonnier de cette maladie. Il nous était pénible de le voir souffrir quand
il ne pouvait pas s’exprimer. Mais, aujourd'hui, malgré notre chagrin, nous
sommes soulagées de le savoir libéré de cette souffrance. Cette maladie n’a
terni ni nos souvenirs ni sa personne, et nous nous réjouissons en sachant
qu’il est accueilli par le Seigneur qui l’attend les bras ouverts à côté de
Vivie, sa chère fille, notre sœur aimée, de ses parents, et de tous ses frères
et sœurs.
Aujourd'hui Papa, ton sourire lumineux est devenu
éternel. Repose en paix.
Nous ne
t’oublierons jamais.
Nadie VANZANDT-AHUI
Gina ALLANGBA-AHUI
Merci d'avoir publié cet hommage à mon père.
RépondreSupprimerNadie VanZandt