lundi 4 juin 2018

L’ÉMERGENCE CAMDESSUS-DESSOUS

Michel Camdessus et son épouse ont posé leurs valises à Abidjan. Ils sont les hôtes du chef de l’état du 28 mai au 2 juin prochain, venu en personne les accueillir à leur descente d’avion.

Mr Camdessus et son épouse Brigitte d'Arcy, sont des gens simples, semble-t-il, bons chrétiens ; monsieur a même été conseiller financier du pape Jean-Paul II qui lui a aussi confié la mission de faire connaître la vision sociale de l'Église catholique. Madame, diplômée de l’Institut d’Études Politiques de Paris comme son époux, est également psychologue clinicienne et conseillère conjugale. Un couple uni et marié depuis plus de 61 ans. De quoi faire rougir plus d’un couple décomposé et recomposé, n’est-ce pas Messieurs et Mesdames Sarkozy et Ouattara ?
Ils connaissent bien la Côte d’Ivoire en mode Ouattara, puisque 6 mois après sa « prise de fonction », Alassane Ouattara invitait déjà son ancien patron à visiter son nouveau fief, la Côte d’Ivoire. Dès janvier 2012, le voilà décoré Grand officier de l'Ordre national de Côte d'Ivoire. Pour quels services rendus ? Certainement pas ceux rendus à son prédécesseur Laurent Gbagbo. Un mois plus tard, lors du Gala annuel de Children of Africa, le voilà qui est assis à côté de la très gracieuse Walkyrie Ira von Fürstenberg, la très chère amie de Frau Dominique, maîtresse de céans.
Le 11 avril 2016, soit 5 ans après le coup d’Etat français qui l’a porté sur les fonts dictatoriaux, Ouattara toute honte bue déclarait aux côtés de son ancien patron du FMI : « Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité », reprenant le paragraphe 1 de la Déclaration universelle des droits de l'homme lors du "Forum des marchés émergents". Le chef d’Etat, notre premier Ivoirien Nouveau, n’était pas gêné en ce funeste 5ème anniversaire du 11 avril de parler de l’importance des Droits de l’Homme.
Aujourd’hui, 7 ans plus tard, ces droits sont toujours encore bafoués quotidiennement : droit des travailleurs, droits des locataires, droits des élèves, droits des malades, droits des prisonniers, droits des journalistes, droits des opposants politiques… Mais en langage vertueux du FMI et de la Com, retenez que le 11 avril 2011 a apporté la liberté, la prospérité, la réconciliation, l’opulence, la sécurité et la croissance à deux chiffres à la Côte d’Ivoire, grâce à un économiste tiré de sa condition pauvre, instruit, formé et formaté par le FMI, cette machine à broyer les peuples. Écouter Camdessus ou Ouattara, voire Christine Lagarde, l’actuel patron du FMI, c’est se nourrir du même langage, des mêmes codes, de la même approche.
De ce chaos qui a été imposé à la Côte d’Ivoire, de ce viol de la Constitution ivoirienne, doit jaillir l’émergence, un concept suffisamment vague, aux allures de carotte intouchable qui mène un âne martyrisé, devenu docile et obéissant, à travers des épreuves et des larmes, voire des sacrifices « nécessaires » pour enfin « émerger » un tant soit peu, en acceptant des P.A.S., ces fameux plans d’ajustements structurels, censés encadrer un retour à la prospérité après s’être serré la ceinture à l’excès. Telle la promesse faite à une personne anorexique au seuil de la mort, qu’elle pourra bientôt se goinfrer sans aucun problème !
« Là où M. Camdessus est passé, les économies émergentes ont trépassé », nous révèle le monde diplomatique de janvier 2005 sous la plume de Martine Bulard : « En treize ans de règne sur le FMI, il a pu appliquer son programme. Résultat : une dizaine de crises financières majeures ». Il semble que son adjoint de l’époque, maintenant à la veille de briguer un troisième mandat à la magistrature suprême de l’Etat souverain de Côte d’Ivoire, soit un disciple digne de son maître. D’ailleurs celui-ci avait aussi brigué un troisième mandat pour la direction du FMI, et s’était retiré au bout de trois ans sur les cinq…
Jean-Luc Mélenchon osera écrire en 2009, lorsque Nicolas Sarkozy confiera l’écriture d’un rapport sur la croissance à M. Camdessus, qu'il était « le Frankenstein du FMI » ; d'ailleurs ce rapport était tellement excellent que le chef d’Etat français a affirmé en avoir fait son livre de chevet.
Il suffit de regarder les photos des retrouvailles sur le tarmac de l’aéroport d’Abidjan pour vérifier le bonheur du fils à retrouver son père « spirituel » ou si vous préférez, « dans l’esprit du FMI ». Le Dr Maboule et son disciple Diafoirus pourront se pencher ensemble sur le malade Côte d’Ivoire à l’agonie et préconiser des purges, encore des purges, et ô surprise, s'étonner de ce que le malade est en train de trépasser ; mais qu’importe, même mort on s’acharnera encore avec le défibrillateur !
L’agenda de Michel Camdessus est chargé, et je n’ai pas toutes les informations. Imaginez : « reçu en audience, le 29 mai à Abidjan, par le Premier ministre, Amadou Gon Coulibaly ». Puis une conférence le même jour sur le thème : « Champions nationaux et l’émergence ivoirienne », où l’ancien patron du Fmi loue les actions du « gouvernement ivoirien qui a contribué à faire du pays l’un des premiers, en termes de croissance économique, plaçant ainsi la Côte d’Ivoire sur une bonne trajectoire pour atteindre l’émergence ». Puis encore des entretiens avec plusieurs autres hautes personnalités ivoiriennes, et un déplacement à Yamoussoukro pour rencontrer les étudiants de l’Institut national polytechnique Houphouët-Boigny (INP-HB) avec une conférence sur le thème « défis de l’émergence pour la jeunesse africaine ». Ensuite visite et causerie à la Fondation Félix Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix. Le 2 juin, enfin, visite de Grand-Bassam, « la ville balnéaire inscrite depuis 2012 sur la liste du patrimoine culturel mondial de l’Unesco ». A noter que l’affiche de sa rencontre avec les chefs d’entreprises ou celle de la rencontre avec les étudiants de l’école polytechnique nous présentent un Camdessus plein de vigueur, un archange Michel combatif, plein de fougue, rajeuni, délivré du poids des ans ; celui qui se reposait au salon d’honneur de l’aéroport après un vol de 6 heures depuis Paris, paraissait fatigué et usé, il a maintenant 85 ans et son épouse aussi… 
Pourquoi l’ami de Ouattara a-t-il un agenda si chargé à cet âge-là ? Il s’était pourtant officiellement retiré de la vie active en février 2000, sans aller au terme de son troisième mandat à la direction du FMI. Pourquoi tant de rencontres quand il vient en Côte d’Ivoire, juste pour visiter son ancien collaborateur du département FMI/Afrique ? Certes, il n’est pas le député France insoumise Michel Larive qui vient constater les dérives du pseudo-démocrate Ouattara. Non, ce monsieur ne s'est jamais posé la question de savoir par quelle alchimie son assistant voltaïque – sans autre double nationalité – brusquement s'est retrouvé président de la Côte d’Ivoire… Il ne s’étonnera donc pas d’entendre la version soft d’une Côte d’Ivoire nouvelle, en pleine expansion, d’un Ivoirien nouveau, prospère et en bonne santé ; il se contentera d’une musique douce ; il n’ouvrira pas la fenêtre pour entendre le bruit des marteaux piqueurs et des clameurs, pleurs et grincements de dents : la réalité, loin des images bucoliques d’une Côte d’Ivoire florissante et réconciliée, est celle d’un vaste champ de ruines interrompu par quelques travaux d’infrastructure qui bénéficient aux seuls amis et sponsors occidentaux qui l’ont hissé sur le trône.
Mais la Côte d’Ivoire, tel un volcan qui couve, gronde et se manifeste bruyamment. Les rebelles insatisfaits ne sommeillent que d’un œil ; des voix s’élèvent pour rappeler que la catégorie « prisonniers politiques » existe bel et bien ; les déguerpis ne sont pas aussi silencieux qu’ils devraient l’être ; il y a même des articles de presse qui osent insinuer que la grande bénéficiaire de ces terrains rasés serait la première dame : « Des sources au sein du ministère de la Construction auraient affirmé que l'épouse du chef de l’Etat serait intéressée par plusieurs terrains de la capitale ayant acquis beaucoup de valeur, dont celui de Cocody-Danga où la SICOGI avait construit des habitations à vocation sociale. Elle l'aurait fait savoir aux différents ministres de la Construction ainsi qu’aux Directeurs qui se sont succédés à tête de la SICOGI, surtout que ces derniers lui sont redevables de leurs nominations », lit-on dans Les Échos confidentiels.
En fait – mais l’invité le sait-il ? –, Ouattara a grand besoin d’une brosse à reluire et Camdessus est cet homme miracle, providentiel, malgré son grand âge, qui doit booster l’économiste/président à défaut de booster l’économie ivoirienne ! Le grand journaliste Bally Ferro écrit au sujet du chef de l’Etat : « Il est reçu par lesdits grands de ce monde qui le félicitent, et il accueille nombreux chefs d’Etat africains et des décideurs comme Michel Camdessus, son ancien patron au FMI ». Je ne pense pas que Camdessus soit en Côte d’Ivoire comme « décideur », mais plutôt comme « ami personnel » dont la parole forte doit créer le buzz autour de Ouattara. Aujourd’hui les temps sont durs, et il faut absolument sauver le soldat Ouattara, qui n’est pas arrivé à démontrer que la page Gbagbo était définitivement tournée. Jamais encore l’anniversaire du Président Gbagbo n’a été fêté comme hier : 73 ans. Même Pascal Affi N’guessan a tenu à enregistrer une petite vidéo.
Tout le monde espérait que la CPI reprendrait ses activités en mai, mais cette dernière est comme bloquée. Face à ce tribunal qui ne se prononce pas sur le procès en cours, mais rappelle régulièrement que Madame Gbagbo est attendue à la Haye ; face à un juge président Cuno Tarfusser qui joue le « gentil juge » tout en se reposant confortablement sur les deux « méchants juges » ; face à une procureure embarrassée, accusée de n’avoir enquêté à charge durant 7 ans que sur le Président Gbagbo, tentant de se défendre en prétendant qu’elle aurait été induite en erreur par son supérieur de l’époque, Luis Ocampo, essayant vainement de faire tomber dans sa nasse quelques menus poissons, du type com’zones à défaut d’un Soro ou d’un Ouattara plus savoureux et plus charnus, la CPI est figée dans un profond sommeil. Et pourtant à l’intérieur c’est une vaste fourmilière : tout le temps il y a des allées et venues, des concertations avec les avocats, un ballet diplomatique ininterrompu entre politiciens français et ivoiriens. Tout cela pour nous prouver combien l’embarras est grand du côté de ceux qui ont manigancé dans l’ombre pour faire tomber le président Gbagbo, causer la mort à grande échelle et entraîner le déclin moral et physique de la Côte d’Ivoire.
Alors la visite d’un « ami », un économiste blanc qui plus est, proche de Nicolas Sarkozy, aux titres ronflants d’ancien gouverneur de la Banque de France et directeur général du FMI, est du pain béni pour l’économiste voltaïque qui selon la doxa immuable a sorti la Côte d’Ivoire de l’ornière Gbagbo pour la faire avancer …juste quelques mètres de plus vers l’émergence, qui mathématiquement tend plutôt vers l’infini. Cette émergence attendue en 2020, notre brave octogénaire, président honoraire du FMI, la promet juste un tout petit peu avant, tout en disant qu’elle ne doit pas être perçue « comme une ligne d’arrivée, mais plutôt comme une ligne de départ » ; En somme, la Côte d’Ivoire n’est pas encore sur la ligne de départ en juin 2018, mais elle aura progressé en 2020, car elle aura chaussé les bonnes baskets ! « Votre chemin a été ardu, mais celui qui vous attend sera marathonien », prévient-il. D’ailleurs les chefs d’entreprise l’ont bien compris : « Nous pouvons vous assurer de l’engagement du secteur privé ivoirien à être au rendez-vous de 2050. Nous avions écrit 2040 mais aujourd’hui, nous devons être dans une actualisation permanente. Et nous sommes sûrs qu’avec la qualité du partenariat qui existe avec le gouvernement, avec la qualité des échanges que nous avons, nous trouverons les voies et moyens pour une économie ivoirienne forte pouvant s’appuyer sur un secteur privé ivoirien solide et avec des champions qui seront au rendez-vous de 2050 », dira Jean-Marie Ackah, le président de la Confédération générale des entreprises de Côte d’Ivoire (CGECI).
Ainsi donc, l’émergence est une ligne d’horizon en perpétuelle fuite : 2020 pour l’ivoirien moyen ; 2040 puis 2050 pour les entrepreneurs. Mais qu’importe, ce mot est magique : il fait briller de mille feux tous les coins d’ombre et de tristesse. Il fait apparaître des pièces virtuelles d’or et d’argent dans les bourses dégarnies des Ivoiriens ; il fait pleuvoir des milliards de fliyers qui sont pour qui sait les regarder avec des verres colorés autant de billets de francs CFA tombés du ciel grâce au carnet d’adresses de l’économiste-président ; il fait apparaître des pluies d’étoiles filantes aux pauvres déguerpis qui dorment dans la rue. Dès qu’il est prononcé, ce mot miracle alourdit miraculeusement le panier de la ménagère transformant un minuscule bouillon cube au goût de viande en une énorme pièce de bœuf.
Face à la CPI qui honnêtement a beaucoup de mal à charger le Président Gbagbo, il s’agit pour le soldat Ouattara, son équipe et son épouse, de redorer leur blason auprès de la CPI et des États et lobbies qui ont voulu la peau du président Gbagbo. Nicolas Sarkozy aussi n’a pas vraiment envie d’un scandale supplémentaire pour allonger la liste de ses méfaits !
Tout de même la parenthèse Ouattara n’a été que du bonheur pour les Ivoiriens. Tous ceux qui sont à la rue à cause des déguerpissements bénéficient d’une pluie d’étoiles ; en cette saison pluvieuse, quel bonheur de vivre dehors, de fouiller dans les gravats pour trouver quelques affaires à sauver ! D’ailleurs, non content de n’avoir pu aller au bout de ses réformes, il serait même prêt à embrayer sur un nouveau mandat présidentiel pour, tel un Josué, enfin accompagner le peuple ivoirien dans la terre promise, la nouvelle Côte d’Ivoire, sans loi, sans terre, sans instruction, sans avenir, sans argent ; un pays de Com à défaut d’être de Cocagne, où la mort est juste une bonne régulation des naissances, pour atteindre les objectifs du FMI, l’ignorance, l’inculture et la violence, des moyens de « participation » du peuple au bien commun ; où la vie difficile et sans argent permet au peuple de ne pas perdre son temps dans des grèves et des contestations inutiles. 
Michel Camdessus est venu en Côte d’Ivoire pour dire que la Côte d’Ivoire va bien, le malade ne mourra pas, le malade est entre de bonnes mains, quelques saignées encore et ce sera le miracle. Le second miracle selon Christine Lagarde. Serrez-vous la ceinture ; regardez le rattrapage [ethnique] sans intervenir ; continuez de vous disputer ancienne majorité présidentielle ; contentez-vous de quelques ravalements de façades, de quelques promesses, de quelques réalisations pharaoniques du type métro aérien d'Abidjan, de quelques hôpitaux d’avant-garde, comme l’hôpital mère enfant de Bingerville que Dame Ouattara a fait visiter à Madame Camdessus, où les services proposés ne correspondent pas du tout au budget dont disposent les Ivoiriens, et où on propose 135 lits pour des milliers de malades, petits et grands ! Même Albert Schweitzer de retour au Gabon en 1924, a vite compris que les 150 lits de son second hôpital ne sont pas suffisants, et s’est dépêché de construire plus grand, tellement les besoins étaient immenses ! 
Il ne faut rien attendre de cette visite du vieil homme du FMI ; il ne fera de compte rendu de la situation grave dans laquelle se trouve la Côte d’Ivoire à personne, si ce n’est peut-être à Nicolas Sarkozy, le possible commanditaire du séjour ; Camdessus est venu pour rapporter des échos favorables à la CPI et aux décideurs, ceux qui doivent continuer d’être persuadés que Ouattara est, a été un « bon » président, et répondra encore présent pour un troisième mandat, sauf si d’ici 2020 les « décideurs » auront trouvé mieux et plus docile encore. La vraie mission de Camdessus, au-delà des encouragements « gratuits » aux entrepreneurs et aux étudiants, c’est de dire aux entrepreneurs étrangers que le climat est encore favorable aux bonnes affaires – c’est ça faire entrer le secteur privé dans la sphère de l’état –, que l’ère Ouattara va continuer, que Laurent Gbagbo est bien au chaud à la CPI et qu’il serait dommageable d’ouvrir une ère de turbulences. L’émergence est là, à portée de main, comme la lune pour l’enfant qui saute haut, toujours plus haut pour l’attraper.
Bonnes gens qui désirez sincèrement tourner la page Ouattara et la page de la France, de grâce sortez du temps de l’émergence pour rentrer dans le temps qui passe, qui a passé. Il n’a que trop duré ce temps de la mort, de l’échec et de la nuit ! Place au peuple debout, qui renaît de ces cendres ; place à des hommes et à des femmes qui veulent reconstruire la Côte d’Ivoire avant de se servir au passage ; place à des hommes et à des femmes intègres mais qui n’auront pas à cœur à se venger, car le mal ajouté au mal n’engendre que le malheur et la concupiscence. Le pays a trop souffert, les caisses sont trop vides pour imaginer et envisager des décaissements à des privilégiés. Aujourd’hui c’est une vraie révolution qu’il faut. Il faut instaurer une pyramide à l’envers pour ce qui est des compétences et des responsabilités, mais une base unie où tous les sachants comme les non sachants retrousseront leurs manches, conscients de travailler sans poches à garnir, parce que le temps de la récolte n’est pas arrivé. Place au défrichage des mauvaises herbes. Place à l’écobuage puis à la terre retournée, aux semailles, aux arrosages.
Le printemps s’annonce, ne le laissons pas passer. La CPI et ses pays bienfaiteurs doivent recevoir le cri-signal, celui d’un peuple debout qui ne craint plus ses tuteurs à des milliers de kilomètres et qui est prêt à sonner le glas des traîtres collaborateurs !

Shlomit Abel
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Source : La Dépêche d'Abidjan 3 Juin 2018

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