Réunion du Bureau politique du PDCI-RDA (17 juin 2018) |
Lors de l’inauguration du troisième
pont qui porte son nom, Bédié, qui ne devient poète que quand il est rassasié,
n’avait pas hésité à déclarer que « ce pont valait à lui seul un deuxième
mandat ». Le pont en question, il est bon de le rappeler aux ignorants et
naïfs qui décrètent hâtivement que, hormis Ouattara, aucun président n’a autant
travaillé qu’Houphouët, faisait partie des 12 travaux de l’éléphant de Bédié et
aurait été construit plusieurs années plus tôt si le PDCI n’avait pas été
évincé du pouvoir, le 24 décembre 1999. Bédié appela alors les siens, militants
et sympathisants, à voter, en octobre 2015, pour le candidat du RDR. Ouattara
remporta le scrutin mais sans péril, doit-on ajouter, car il n’avait pas de
candidats sérieux face à lui ; il triompha donc sans gloire et eut
effectivement ce second mandat alors que, en 2010, il voulait juste 5 ans
(2010-2015) pour, d’après lui, apporter des solutions aux problèmes des
Ivoiriens. Aujourd’hui, le pays est si mal en point, tellement abîmé (cherté de
la vie, insalubrité, insécurité, baisse du pouvoir d’achat des fonctionnaires
et des paysans, détournement des deniers publics, réconciliation en panne,
etc.), que l’on se demande si les fameuses solutions ne se sont pas
transformées en problèmes ; si le sauveur auto-proclamé n’était pas un
vrai imposteur.
Quoi qu’il en soit, Ouattara, qui a été
élu en 2015 grâce au soutien du PDCI, était censé renvoyer l’ascenseur à Bédié,
c’est-à-dire s’effacer au profit d’un candidat du PDCI. Les deux poids lourds
du RHDP voyaient les choses de cette façon jusqu’au jour où Ouattara proposa la
mise en place du parti unifié, synonyme, à notre avis, de retour au parti
unique et par conséquent à la pensée unique. Ce parti unifié choisirait le
meilleur candidat, le moment venu. Ouattara a récemment dévoilé son envie
d’être ce candidat dans le seul but, explique-t-il, de sauvegarder la paix et
la stabilité. En disant cela, il avoue implicitement que c’est lui qui a
déstabilisé le pays et que celui-ci ne connaîtra jamais la tranquillité si lui
n’est pas au pouvoir.
Oui ou
non, le PDCI renoncera-t-il à présenter un candidat en 2020 ? Telle est la
question que devait trancher Bédié, ce dimanche 17 juin 2018. Selon nos
sources, le PDCI a décidé de ne plus se sacrifier. Autrement dit, il ne portera
plus les valises du RDR mais aura son propre candidat en 2020 et ne parlera du
parti unifié avec son allié qu’après la prochaine présidentielle. Cette
décision, qui était le souhait de la majorité des militants de base du PDCI,
est courageuse et doit être saluée. Elle ne sera pas pour autant suffisante car
le PDCI devra se préparer à faire face, dans les semaines ou mois à venir, à
des représailles de la part d’un parti dont la marque de fabrique a toujours
été la violence et les assassinats. Avant cela, les ministres PDCI pourraient
ne pas figurer dans le nouveau gouvernement qui sera formé. J’espère que le
parti septuagénaire a pensé à toutes ces choses avant d’opposer une fin de
non-recevoir à la proposition du RDR selon laquelle les deux partis devraient
créer une seule formation politique avant 2020. Car le tout n’est pas de se rebeller.
Encore faut-il assurer ses arrières et ne pas s’arrêter à mi-chemin. Plusieurs
fois, le PDCI a affirmé s’être sacrifié pour le RDR. Est venu, pour lui, le
moment de se sacrifier pour la Côte d’Ivoire qu’il a contribué à défigurer.
S’il veut être absous de ses péchés, il n’a pas d’autre choix aujourd’hui que
de débarrasser les Ivoiriens d’un individu qui, en plus de ne pas respecter sa
parole, a considérablement divisé et appauvri le pays.
Jean-Claude DJEREKE
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crise ivoirienne ».
Source : Connectionivoirienne.net 18 Juin 2018
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