Un de mes bons amis parisiens m'a envoyé récemment une coupure du « Canard Enchaîné » du 20 avril 2011 avec cet écho d'un conseil des ministres qui fut l'occasion pour ces messieurs-dames, à commencer par le président Sarkozy soi-même, de beaucoup rire aux dépens de Laurent Gbagbo qu'ils se préparaient à renverser.
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Au cours du même Conseil, le chef de l'Etat s'est envoyé des tombereaux de fleurs, à propos de la Côte d'Ivoire. Et c'était avant même l'arrestation de Gbagbo. « Notre politique étrangère dans ce pays fait l'honneur de la France, a-t-il affirmé. Les chefs d'Etat africains sont d'accord avec nous. Laurent Gbagbo est en état de folie, on ne peut comparer sa folie qu'à celle de sa femme. Il est menteur et retors. »
Curieusement, il a ajouté : « Il ne faut pas oublier que Gbagbo est catholique et que Ouattara est musulman. Le fait de soutenir le second est un signe d'ouverture de notre part. »
Sarkozy a poursuivi : « Gbagbo, ne l'oublions pas, c'est celui qui a emprisonné son équipe nationale de football parce qu'elle avait perdu un match ! »
Fillon, ironique : « Monsieur le Président, c'est aussi la tentation, parfois, de Chantal Jouanno. »
Eclats de rire autour de la table du conseil : « Attention, s'est écrié Sarko, ça va sortir dans la presse. »
C'est fait.
Pauvres de nous ! Comme ça, sous prétexte d'y « rétablir la démocratie », ces rigolos ont déchaîné l'apocalypse sur la Côte d'Ivoire et fait massacrer des milliers de jeunes Ivoiriens, civils et militaires, alors qu'ils ignoraient totalement ce qui s'y était vraiment passé !
Moi, ce qui m'aurait fait rire s'il ne s'agissait pas d'une affaire si grave et qui, en tant qu'Ivoirien, me touche de si près, c'est qu'autour de Sarkozy et de Fillon – et au « Canard Enchaîné » non plus, apparemment – il ne s'est trouvé personne pour leur dire que ce n'est pas Gbagbo, mais le général putschiste Robert Guéi qui avait « emprisonné son équipe nationale de football parce qu'elle avait perdu un match ! »
Goethe disait : « Il n'y a rien de plus terrible que l'ignorance agissante ».
Marcel Amondji
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