Que les Ivoiriens cherchent à se réconcilier et à reconstruire leur tissu national déchiré, personne ne pourrait être contre cette belle initiative. Le résultat ne profiterait pas qu'aux Ivoiriens. Leurs voisins en seraient également bénéficiaires. Mais une chose est de mettre en place une commission de réconciliation, une autre est d'atteindre véritablement cette réconciliation.
Si, en Afrique du Sud le miracle a pu se produire, ce n'est pas sûr qu'il en soit de même en Côte d'Ivoire. Les différences sont trop énormes. L'Afrique du Sud a eu la chance d'avoir un Nelson Mandela, un homme qui, avant la réconciliation faisait déjà le consensus à travers tout le pays, transcendant les barrières partisanes, idéologiques, raciales… Nous n'avons pas un tel homme à la tête de l'Etat ivoirien. Alassane Dramane Ouattara a beau dire vouloir la réconciliation, il ne convainc pas qu'il la veut véritablement. Autre différence, en Afrique du Sud il y a eu un Desmond Tutu pour présider la commission. En Côte d'Ivoire, c'est un Konan Banny. Les deux hommes n'ont pas beaucoup de choses en commun. Le premier, homme d'Eglise, a été un combattant anti-apartheid en première ligne et de première heure. S'il avait un franc-parler proverbial, et s'il savait faire montre de fermeté, ses éclats de rire, son geste large a rajouté à son sens de la communication inné qui en faisait naturellement l'homme du peuple. Henry Konan Banny n'a pas cela. Le contact difficile, il ne réussit pas à persuader les Ivoiriens que les raideurs qu'il a dans le propos comme dans le comportement peuvent s'effacer devant la mission supérieure qui lui est dévolue à la tête de la commission.
Et puis il faut se dire qu'en Afrique du Sud on a vraiment mis fin à l'apartheid dans son sens entier du terme en abordant la réconciliation. On n'a pas dit : « toi tu auras droit à la réconciliation et toi non », on n'a pas mis de côté les Frederik De Klerk et autres tenants du régime raciste blanc. Ils ont tous été considérés comme fils du pays, quelles que soit les responsabilités qu'ils avaient occupées, méritant le pardon pour créer la nation arc-en-ciel. En Côte d'Ivoire on tient fermement Laurent Gbagbo et les siens éloignés de la réconciliation. On fait comme s'ils avaient été les seuls dirigeants ivoiriens à avoir quelque chose à se reprocher. On oublie que la Côte d'Ivoire ne sera jamais réconciliée avec elle-même si certains de ses éminents fils sont toujours considérés comme des pestiférés. C'est vrai que l'on met les petits plats dans les grands et que l'on courtise à mort le Fpi, enfin une certaine partie du Fpi, pour les rallier à la grande messe des retrouvailles. Mais c'est faire les choses à moitié ; c'est oublier que la réconciliation est un tout. C'est finalement se comporter comme beaucoup d'Africains qui aiment mieux l'illusion du dialogue que le dialogue lui-même, et qui préfèrent faire les choses en feintise plutôt qu'en les abordant de front pour leur trouver des solutions définitives.
On ne saurait terminer sans relever la partie importante qui peut revenir à Blaise Compaoré dans cet exercice sans pareil. Il garde de bonnes relations avec Laurent Gbagbo et Alassane Dramane Ouattara. Son pays a une communauté très importante en Côte d'Ivoire et pour dissiper la crainte de ce sigle de la vengeance qui hante les esprits en Côte d'Ivoire comme au Rwanda, il pourrait apporter une saine contribution en aidant les Ivoiriens à vaincre leur peur, leur haine pour aboutir à la poignée de main entre Laurent Gbagbo et Alassane Dramane Ouattara. Ce serait là un acte qui lui vaudrait plus que le Nobel et que les Ivoiriens, les Burkinabè et les peuples de la sous-région lui revaudraient éternellement. Et ce n'est pas faute pour le président de l'Union nationale pour la défense de la démocratie (Undd) Me Hermann Yaméogo, de l'y encourager. Pour preuve, cet article tiré du journal San Finna numéro 616 du 13 au 19 juin 2011 où il déclarait ceci : Il est « illusoire, imprudent, de croire que l'on peut gommer en un tour de main, l'impact, l'influence d'un homme, Laurent Gbagbo, et d'un parti, le Fpi, présents sur la scène politique depuis pratiquement l'indépendance du pays (sic) et qui l'ont gouverné pendant plus de 10 ans. La Facilitation burkinabé, comme le demande l'Undd, devrait bien réfléchir à cette dimension de la crise ivoirienne et engager, avec les atouts qu'elle a en main, une action déterminée d'apaisement et de réconciliation ! ».
Si, en Afrique du Sud le miracle a pu se produire, ce n'est pas sûr qu'il en soit de même en Côte d'Ivoire. Les différences sont trop énormes. L'Afrique du Sud a eu la chance d'avoir un Nelson Mandela, un homme qui, avant la réconciliation faisait déjà le consensus à travers tout le pays, transcendant les barrières partisanes, idéologiques, raciales… Nous n'avons pas un tel homme à la tête de l'Etat ivoirien. Alassane Dramane Ouattara a beau dire vouloir la réconciliation, il ne convainc pas qu'il la veut véritablement. Autre différence, en Afrique du Sud il y a eu un Desmond Tutu pour présider la commission. En Côte d'Ivoire, c'est un Konan Banny. Les deux hommes n'ont pas beaucoup de choses en commun. Le premier, homme d'Eglise, a été un combattant anti-apartheid en première ligne et de première heure. S'il avait un franc-parler proverbial, et s'il savait faire montre de fermeté, ses éclats de rire, son geste large a rajouté à son sens de la communication inné qui en faisait naturellement l'homme du peuple. Henry Konan Banny n'a pas cela. Le contact difficile, il ne réussit pas à persuader les Ivoiriens que les raideurs qu'il a dans le propos comme dans le comportement peuvent s'effacer devant la mission supérieure qui lui est dévolue à la tête de la commission.
Et puis il faut se dire qu'en Afrique du Sud on a vraiment mis fin à l'apartheid dans son sens entier du terme en abordant la réconciliation. On n'a pas dit : « toi tu auras droit à la réconciliation et toi non », on n'a pas mis de côté les Frederik De Klerk et autres tenants du régime raciste blanc. Ils ont tous été considérés comme fils du pays, quelles que soit les responsabilités qu'ils avaient occupées, méritant le pardon pour créer la nation arc-en-ciel. En Côte d'Ivoire on tient fermement Laurent Gbagbo et les siens éloignés de la réconciliation. On fait comme s'ils avaient été les seuls dirigeants ivoiriens à avoir quelque chose à se reprocher. On oublie que la Côte d'Ivoire ne sera jamais réconciliée avec elle-même si certains de ses éminents fils sont toujours considérés comme des pestiférés. C'est vrai que l'on met les petits plats dans les grands et que l'on courtise à mort le Fpi, enfin une certaine partie du Fpi, pour les rallier à la grande messe des retrouvailles. Mais c'est faire les choses à moitié ; c'est oublier que la réconciliation est un tout. C'est finalement se comporter comme beaucoup d'Africains qui aiment mieux l'illusion du dialogue que le dialogue lui-même, et qui préfèrent faire les choses en feintise plutôt qu'en les abordant de front pour leur trouver des solutions définitives.
On ne saurait terminer sans relever la partie importante qui peut revenir à Blaise Compaoré dans cet exercice sans pareil. Il garde de bonnes relations avec Laurent Gbagbo et Alassane Dramane Ouattara. Son pays a une communauté très importante en Côte d'Ivoire et pour dissiper la crainte de ce sigle de la vengeance qui hante les esprits en Côte d'Ivoire comme au Rwanda, il pourrait apporter une saine contribution en aidant les Ivoiriens à vaincre leur peur, leur haine pour aboutir à la poignée de main entre Laurent Gbagbo et Alassane Dramane Ouattara. Ce serait là un acte qui lui vaudrait plus que le Nobel et que les Ivoiriens, les Burkinabè et les peuples de la sous-région lui revaudraient éternellement. Et ce n'est pas faute pour le président de l'Union nationale pour la défense de la démocratie (Undd) Me Hermann Yaméogo, de l'y encourager. Pour preuve, cet article tiré du journal San Finna numéro 616 du 13 au 19 juin 2011 où il déclarait ceci : Il est « illusoire, imprudent, de croire que l'on peut gommer en un tour de main, l'impact, l'influence d'un homme, Laurent Gbagbo, et d'un parti, le Fpi, présents sur la scène politique depuis pratiquement l'indépendance du pays (sic) et qui l'ont gouverné pendant plus de 10 ans. La Facilitation burkinabé, comme le demande l'Undd, devrait bien réfléchir à cette dimension de la crise ivoirienne et engager, avec les atouts qu'elle a en main, une action déterminée d'apaisement et de réconciliation ! ».
Victory Toussaint in San Finna 04 octobre 2011
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