© Présidence par David Zamblé |
Si
certaines personnes espèrent secrètement un monde post-crise covid-19 différent
de celui que l’on nous a servi jusqu’ici, nous pouvons déjà, nous Ivoiriens,
être sûrs que le nôtre sera semblable à celui d’avant cette meurtrière crise
sanitaire.
« Je m’auto-confine pour sauver des vies ».
L’usage du préfixe auto dans ce message affiché dans les rues de la
commune de Cocody par la mairie, résume à lui seul l’attitude des Ivoiriens dans
cette atmosphère mondiale née de la crise du covid-19. La raison de cette auto
prise en charge s’est tout simplement imposée à eux. Au moins, pour trois
raisons. D’abord, leur grande exposition aux médias étrangers n’est pas faite
pour entretenir une certaine quiétude dans les esprits. Ne dit-on pas que la
peur se communique ? Nous en avons la preuve. Ensuite, avoir des
informations comme celle faisant état de seulement 30 machines[1] à
respirer disponibles à Abidjan, ou encore la lecture d’un article comme « A
cause du coronavirus : ce qui se passe au CHU de Treichville »,[2]
dit clairement à l’Ivoirien qu’il n’a pas intérêt à contracter cette maladie.
Enfin, la discrétion, pour ne pas dire l’affligeant silence, de ce qui nous
fait office de gouvernement.
Rien qu’à en faire le constat, on en rit. A dire
vrai, ce gouvernement s’attendait à tout, sauf à ce « coup » du
covid-19. Totalement pétrifié, gardant sa foi aveugle en la communication, il renvoie
aujourd’hui de lui, l’image d’un gardien de but qui vient de prendre un but,
par panenka. Ses référents habituels, les occidentaux, ayant eux-mêmes
maille à partir avec cette crise sanitaire, le gouvernement ivoirien, se
contente de jouer la montre, en attendant que ces derniers, annoncent une
solution qu’il se précipiterait d’appliquer. En attendant cette solution, il
s’est vu contraint de produire des mesures, en réponses à d’autres décisions courageuses,
prises par des pays voisins, face au même mal. Ainsi, d’après son agence
conseil en communication, RFI[3], le
gouvernement ivoirien aurait sorti l’artillerie lourde, pour faire face à cette
crise : un plan économique de 1700 milliards de FCFA. Dans ce chapelet de
mesures annoncées, par le chef du gouvernement, une a retenu notre attention,
celle relative au secteur informel : « la mise en place d’un fonds spécifique d’appui
aux entreprises du secteur informel touchées par la crise pour un montant de
100 milliards de FCFA. Cette mesure sera pérennisée après la crise avec une
fiscalité simple et des modalités novatrices de financement »[4]. Si on
considère qu’a été prise en compte, dans les statistiques de ce secteur, la
vendeuse d’Alloco[5]
du coin de rue, qui s’acquitte seulement de sa taxe communale, comment fera-t-on
pour atteindre cet autre vendeuse, ambulante cette fois-ci, qui passe ses
journées à se frayer un passage dans les embouteillages de la ville d’Abidjan
en vendant, tout et n’importe quoi ? Quand on sait, que le clientélisme
n’a plus de secret pour nos hommes politiques ici, c’est à se demander si cette
ligne budgétaire de 100 milliards de FCFA, ne servira pas, encore à entretenir
et à élargir une base électorale de personnes que l’on aime voir en prise avec
la pauvreté ?
Base électorale, a-t-on écrit, donc politique.
Nous y sommes. Si une « activité » ne connaît pas une baisse de
régime, du fait de la crise du Covid-19, en Côte d’Ivoire, c’est bien la
politique. Si ce n’était pas le cas, comment comprendre qu’en cette période,
les partis et Hommes politiques, s’adonnent à des séances de remise de vivres à
des habitants confinés, à grand renfort de publicité ? Quand le parti au
pouvoir continue de faire la promotion du processus d’enrôlement, pourtant
suspendu chez des pays voisins, pour raison de covid-19, il y a lieu de se
poser des questions sur l’intention de ce dernier. Interrogation qui se
justifie encore plus avec le harcèlement judiciaire dont fait l’objet certains
opposants.
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Dans cette grisaille, Il nous arrive de nous demander, si certaines personnes ne vivent pas dans un monde parallèle au nôtre. Apparemment oui. Alors qu’on évite de s’asphyxier dans cette poudre de perlimpinpin de mesures gouvernementales, des personnes bien en cours, et surtout en mal de publicité, veulent saisir la détresse de chefs d’entreprises, pour faire le mariole et leur offrir leur « aide ». Franchement, la proximité avec la mangeoire nationale, peut vraiment servir de terreau au développement de toutes sortes d’idées. Les perfides dans notre cas. Que l’Etat commence déjà à avoir un discours clair sur la situation des travailleurs en cette période où les entrepreneurs hésitent entre chômage et chômage technique, ça serait déjà un grand pas. Au lieu de cela, on cherche à développer des réseaux, dans un pays où manifestement, depuis une certaine période, des personnes rêvent, et cherchent subrepticement à substituer le suffrage censitaire au suffrage universel.
Pendant que des ivoiriens, las de rester dans ce
flou, migrent vers leurs villages, pour mieux observer la situation, et que
d’autres, eux s’opposent à l’installation de centres dits de dépistage à
proximité de leurs domiciles, le gouvernement n’en a cure. Pour preuve, la
publication, cette semaine, des nouvelles règles du code électoral, en ces
temps troubles, nous dit que ce gouvernement a mieux à faire, préparer
l’élection présidentielle d’Octobre 2020. Mais, qui le sait ? C’est
sûrement elle notre serpent d’Airain.
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