Vingt-Vingt !!!
Bédié, Soro et Ouattara ont le même employeur : la France... |
L’année
2019 qui tend vers sa fin, nous a donné et continue de nous donner un
avant-goût, de ce que nous réserve cette nouvelle année 2020 qui vient.
Quand
le débat politique sera immanquablement animé par l’élection présidentielle, le
volet économique sera lui entretenu par l’avènement d’une « nouvelle »
monnaie, dit-on, dans l’espace économique auquel appartient la Côte d’Ivoire.
Sur
le plan politique, le RHDP, RDR New-Look, après un tour en agence de communication,
veut nous revendre l’idée du parti unique, et n’envisage pas l’option de la
défaite à l’élection présidentielle de 2020. Chose qu’il devrait pourtant et
normalement. Mais bon, cela serait peut-être trop leur demander. Un de ses
dirigeants, tellement sûr de son fait, est même allé jusqu’à dire : «…2020,
c'est déjà bouclé. 2020, c'est déjà géré »[1].
Quand on sait que personne, à commencer par l’auteur de ces lignes, ne peut
dire avec certitude qu’il sera encore de ce monde le premier jour de l’année
2020, cette déclaration donne à réfléchir. Surtout que ce parti, depuis sa
création jusqu’à ce jour, n’a cessé de montrer à l’opinion nationale, que la
violence lui était consubstantielle. Même si, cette déclaration a été suivie
par d’autres, prononcées par des hiérarques du même parti, elles ont toutes, le
mérite d’exprimer en creux une peur mal contenue. Loin de nous la volonté de
jouer les disciples de Freud. Mais reconnaissons tout de même que les
nombreuses déclarations des dirigeants de ce parti sur l’accroissement
exponentiel du nombre d’adhérents de leur base de données, et l’utilisation de
façon incompréhensible du logo d’un autre parti[2],
autre que le sien, pour ses manifestations, sont de bien curieuses attitudes,
quand on se dit sûr de gagner une élection sans coup férir. Ces façons de
faire, cessent d’être curieuses, pour être des preuves d’une peur certaine des
militants du parti à la case, quand on sait que l’association avec ce parti avait
permis la construction du discours devant justifier les violences
postélectorales de 2010-2011. Sur ce point, il serait intéressant que nous nous
arrêtions, sur un fait que nous estimons important. En effet, avant le deuxième
tour de la présidentielle de 2010, les médias occidentaux dominants et leurs
experts avaient construit une sorte d’axiome susceptible de faciliter la
compréhension de toutes les élections en Côte d’Ivoire : il y a trois[3]
grands partis politique dans ce pays, et le leader politique qui aura réussi à
faire alliance avec un des deux autres ne peut pas perdre l’élection. Cette
hypothèse spécieuse, soulève plusieurs problèmes. D’abord, elle fait des
électeurs ivoiriens, des êtres dépourvus de bon sens, ne pouvant pas faire
autre chose que ce que leurs leaders leur disent de faire, pas plus. Pourtant,
cette plausible hypothèse avait été invalidée par les faits. Le premier fait,
ce sont les très bons résultats d’un parti comme le FPI, en dehors de sa zone
« naturelle » que lui avait bien conçue cette même presse dominante,
avant le premier tour de la présidentielle 2010. Deuxième fait, la non-publication
des résultats détaillés du second tour de l’élection présidentielle de 2010,
comme cela avait été le cas lors du premier tour. Un autre problème soulevé par
cette hypothèse, c’est que, l’accepter autorise l’usage de la violence et du
tripatouillage électoral, qui semblent être devenus, depuis 2011, l’apanage de
la démocratie made in Côte d’Ivoire.
Enfin, cautionner cette hypothèse, permet à la France de demeurer, un
acteur majeur de la scène politique ivoirienne, par le biais de deux de ses
marionnettes décomplexées[4],
qui sont aussi, malheureusement, deux acteurs du trio cité plus haut.
Malheureusement,
la persistance de cette hypothèse dans le débat public et sa traduction dans la
réalité par les partis dits d’opposition, sont le reflet d’une affligeante
réalité.
Aujourd’hui,
l’opposition ivoirienne est animée par les victimes du coup d’Etat
Franco-Onusien d’avril 2011 et d’anciens alliés d’Alassane Ouattara. Dans ce
dernier groupe, figurent Bédié et Soro.
Le dernier, à la recherche d’une virginité politique, a vite fait de se
faire adopter comme « fils » du premier, qui se voit en créateur
d’une nouvelle coalition, groupement, plate-forme… de l’opposition. Ce problème
de dénomination de ce nouvel attelage de partis n’est pas de notre fait, mais du
fait des concernés eux-mêmes, qui donnent l’impression de se chercher – déjà !
– des éléments de langage pour justifier une future, probable et inéluctable
séparation. Ayant érigé la Réconciliation Nationale, comme seul et unique
projet essentiel pour la Côte d’Ivoire, les deux nouveaux alliés sont allés à
la rencontre de leurs victimes d’hier, Séplou et Gbapè, eux aussi, convertis
depuis peu, à la religion de la « Réconciliation Nationale ». Ainsi,
quand le Sphinx de Daoukro, prenait le chemin de Bruxelles pour rencontrer
Gbagbo, son nouveau « fils » allait voir Blé Goudé à la Haye. Seulement
voilà, parmi tous ces acteurs, on a l’impression qu’un groupe travaille,
sciemment ou inconsciemment, pour l’un d’eux ? Pour répondre à cette
question, c’est-à-dire pour identifier celui qui pourrait être le bénéficiaire
de cette coalition de circonstance, il serait bon de partir des faits. Les
faits nous disent que Bédié, Soro et Ouattara ont le même employeur :
la France. Ce qui veut dire que la pseudo-colère qui existerait entre ces
messieurs relève purement et simplement de l’enfumage. Ils nous disent aussi
que le même acteur, la France, maintient Blé Goudé et Gbagbo en exil. Ils nous
disent encore que Bédié, Gbagbo et Alassane sont vieux. Ils nous disent en plus
que Blé Goudé, depuis la Haye, ne fait que donner des interviews dans lesquels
il ne cesse de montrer qu’il peut être aussi un futur fantoche de la France en
Côte d’Ivoire. Ils nous disent enfin que Soro et ses lieutenants ne cessent de
faire assaut d’amabilité en direction de Gbagbo et, le comble, font même
campagne pour que « le mieux placé du premier tour de la coalition soit
soutenu par ses autres membres ».
Quand
s’ajoutent à ces faits l’ouverture d’une procédure judiciaire à l’encontre de
Simone Gbagbo ; les visites au Quai d’Orsay dont se targuent, sans honte, Assoa
Adou ; et le flou dans lequel Bédié et Gbagbo entretiennent leurs troupes
respectives, un seul nom se dégage, si les Ivoiriens restent prisonniers de
l’axiome énoncé plus haut : Soro. Surtout que, de toutes les personnes
citées, il est le seul dont le CV n’est pas fait pour déplaire à son employeur,
la France : il est jeune, violent, affabulateur ; il appartient
apparemment à une coalition regroupant d’autres leaders ayant pignon sur rue ;
enfin et surtout, la France, son employeur, a toute facilité de le contrôler, eu
égard aux informations qu’elle a pu collecter sur lui du temps où il se prenait
pour le Robin des Bois du Nord ivoirien.
Au soir de leur
carrière politique, et avant que ce piège ne se referme sur eux, nous espérons
que cette année 2020 permettra à Bédié et à Gbagbo de dire aux jeunes de ce
pays que politique peut rimer avec principe. Obligation ne leur est pas faite.
A chacun de voir ce qu’il veut laisser à l’Histoire de ce pays. Pour notre
part, nous espérons que le peuple ivoirien, saura mettre un point final, au
rêve démesuré de ce symbole de l’antivaleur que représente Soro dans notre
pays. Au peuple ivoirien d’être vigilant en restant sourd à certains discours
et en ayant en tête qu’à lui seul revient le dernier mot, à l’instar du peuple tunisien
qui s’est récemment choisi comme président un candidat ignoré des médias
dominants.
Si
certains Ivoiriens éprouvaient une certaine peur à l’approche de l’année 2020,
force est de reconnaître que ce sentiment est partagé par des « hommes de
Dieu ». Habituellement affables, certains de ces messieurs semblent aussi craindre
le pire, surtout quand une frange non négligeable de nos compatriotes voient en
l’élection présidentielle prévue cette
année un moyen de mettre fin à l’édification de cette espèce d’Etat
ethnocentré bambara, auquel injonction semble lui avoir été faite, depuis 2011,
de participer sans mot dire.
Suite
aux actes de violence de septembre 2019 à l’encontre des étrangers en Afrique
du Sud, le curé de la paroisse Sainte Famille de la Riviera II, le très
médiatique Norbert Abékan, a écrit et publié un texte[5].
S’il prit prétexte de la sortie de Mgr Buti Joseph Tlhagale, l’archevêque de
Johannesburg, pour faire son texte, force est de reconnaître, à y regarder de
près, que les véritables destinataires de ce texte sont les Ivoiriens. Même s’il
y a beaucoup à dire sur le contenu du texte de celui qui se désigne comme l’Âne
du Seigneur, une idée transparait après lecture dudit texte :
notre cher abbé sent la montée d’une colère dont il craint l’explosion et ses
conséquences. On retrouve cette même idée ou, du moins, cette même crainte dans
les agissements de son ordinaire, le cardinal Kutwan. Après, le coup d’Etat franco-onusien
de 2011, le cardinal fit réciter pendant des mois, à notre grande déception et à chaque messe de son archidiocèse, la prière à la paix de Saint François
d’Assise. Véritable hymne à la défaite et au dolorisme pour un opprimé. Si un général
venait à lire ce texte à ses hommes en temps de guerre, ces derniers auraient toutes
les raisons de croire que leur général est déjà passé à l’ennemi !
A
l’approche de la nouvelle année, le cardinal Kutwan, sûr de ses méthodes
anesthésiantes, a choisi pour l’année paroissiale 2020-2021, un thème[6]
dont l’explication en paroisse par les curés a été axée sur la Paix. Comme pour
être sûr d’atteindre son objectif, l’archevêque d’Abidjan a imposé un hymne à
chanter ou à réciter après chaque messe. Les paroles de cet hymne s’inscrivent
dans la même veine que la prière de Saint-François d’Assise. Nous ne demandons
pas à un évêque ou à un prêtre de jouer le Camillo Torres ivoirien ; nous
constatons tout simplement, avec eux, que la prière non suivie d’actions est
improductive et expose tout le monde, clercs comme laïcs, au même danger.
L’année
2020 est aussi celle, dit-on, de l’avènement de l’ECO, le nouveau nom du FCFA.
Nous attendons la parution des textes officiels pour voir comment se feront les
choses. Mais, déjà avec ce qu’il nous est donné de voir, nous n’avons pas de
quoi en être troublés. Un dicton dit que la beauté d’un mouton se voit déjà quand
celui-ci est agneau. Appliqué à l’ECO, ce dicton peut très facilement se vérifier.
Le ministre français de l’économie a donné une interview fort intéressante sur
cette monnaie : « Nous mettons fin
à ce compte du Trésor, il sera fermé. Le franc CFA va prendre un nouveau nom.
Il s’appellera l’éco ».[7]
Autrement dit, tout change pour que rien ne change. Le changement relèverait
donc de la cosmétique. Ensuite il utilise un terme (« Garantie en dernier ressort ») qui confirme cette
présence qui se veut désormais moins ostentatoire : « Ça, c’est
vraiment la garantie en dernier ressort. Mais là, l’indépendance totale est
garantie par cette décision historique. Indépendance totale, puisqu’il n’y a
plus d’obligation de placer ces réserves de change au Trésor français, on ferme
le compte. Une garantie totale parce que nous ne serons tout simplement plus
autour de la table. C’est un changement majeur qu’il n’y ait plus de
responsables français qui soient autour de la table de ces États membres de la
zone. Les États membres de la zone sont désormais totalement libres de décider.
Ensuite, avoir une garantie en dernier ressort. Si jamais il y a une crise de
change, il faut savoir que la France se tiendra aux côtés des États membres de
la zone s’il y a une crise. C’est juste une garantie, et une nouvelle garantie
de stabilité qui est apportée, mais c’est une garantie en dernier ressort qui
ne sera employée que, et uniquement si, il y a une crise financière ».
Pourquoi dire qu’on est maintenant hors-jeu du système, quand on reconnait
qu’on a en même temps un rôle de prêteur en dernier ressort dudit système
? N’est-ce pas ce rôle de prêteur en dernier ressort qui s’est toujours caché
derrière la fameuse garantie illimitée du FCFA ? Garantie, d’ailleurs, dont le caractère
illimité est plus nominal que réel, eu égard au scenario de la dévaluation de
Janvier 1994. Le plus intéressant, c’est quand M. Lemaire nous dit : « Non, il n’y aura pas de droit de regard. Nous serons informés parce que
ce sont des États partenaires économiques importants de la France. La Côte
d’Ivoire est un partenaire économique important. Nous avons des relations
économiques. Nous serons informés sur la situation de la politique monétaire,
sur la situation économique, sur le niveau d’inflation. Mais il n’y a pas de
droit de regard justement ».
En somme, ce monsieur veut nous faire croire qu’on peut souscrire à une police
d’assurance sans jamais rien payer à l’assureur ! Pourtant, dans la même
phrase, il nous dit le contraire : « Nous serons informés sur
la situation de la politique monétaire, sur la situation économique, sur le
niveau d’inflation ». Avec ces données, plus besoin d’être
physiquement présent à Dakar et avoir un compte dans les livres de son Trésor ;
une simple note de suivi d’indicateurs appuyée de menaces, est largement
suffisante. Cet ECO qui sent le simple ravalement de façade, confirmera nos
premières appréhensions.
La marche présente du monde dans lequel
nous vivons n’est certes pas ce qu’il y a de plus souhaitable, mais ce
fonctionnement a aussi le mérite de faire comprendre beaucoup de choses. Les
agissements de Trump, par exemple, devraient nous permettre :
- de comprendre que la protection de son
industrie nationale ne relève pas de théories économiques passées, et
qu’économie et politique sont l’endroit et l’envers d’une même pièce.
- de comprendre aussi, que derrière les révolutions
de couleur se cachent des disciples ou des disciples de disciples de Gene Sharp
travaillant pour des puissances étrangères. Le cas syrien en est un parfait
exemple.
- de comprendre encore que les
organismes financés par la « communauté
internationale » pour lutter contre le « sous-développement » des pays dits pauvres, sont des
leurres, eu égard à l’attitude de leurs financeurs face à la technologie 5G de
la Chine.
-
de comprendre enfin, que la substitution des climatologues par des diplomates,
sur la question du changement climatique, est la naissance d’un futur moyen de
pression entre les mains de la « communauté internationale ».
A
nous de savoir comment tirer les bonnes leçons. Cela est une exigence car,
aujourd’hui, le fait de ne pas tenir compte de certaines réalités se paye cash,
et souvent même avec une partie de sa liberté. En 2018 par exemple, un fait
apparemment banal mais fort significatif pour notre pays s’est déroulé au siège
des Nations Unies. Voici comment un hebdomadaire l’a relaté : « Bernard
Tanoh-Boutchoué, l’ambassadeur de Côte d’Ivoire auprès de l’ONU, a été rappelé
à Abidjan pour consultation après qu’un vote sur la Syrie au Conseil de
Sécurité, auquel il a participé le 19 Mars, a suscité la colère des pays
occidentaux. Sous la pression des représentants chinois aux Nations unies,
Tanoh-Boutchoué a décidé à la dernière minute de s’abstenir, empêchant ainsi
l’audition d’un exposé sur la situation des droits de l’homme en Syrie. Le
diplomate obéissait ainsi aux instructions de Marcel Amon Tanoh, le ministre
ivoirien des Affaires étrangères. Mais son vote a provoqué l’ire de la France,
qui s’en est plainte par la voix de François Delattre, son ambassadeur à l’ONU,
auprès d’Hamed Bakayoko, le ministre ivoirien de la Défense, présent à New York
du 23 mars au 2 avril ».[8]
Pour information, ce diplomate décédera aux Etats-Unis quelques jours après son
retour pour consultation à Abidjan. Ce qui serait important à retenir ici,
c’est que, désormais, notre pays ne fait plus seulement ce que la France lui
demande de faire, il est aussi devenu, avec le temps, dépendant de la Chine.
Plus nous continuerons à croire en l’existence de « dons » dans les
relations internationales, plus nous offrirons des possibilités aux autres de nous
dominer.
Dans
les années à venir notre pays devra faire face à des problèmes de plus en plus
complexes, en plus de ceux qu’il connaît déjà et dont certains semblent déjà
insurmontables. Cependant, une chose est d’avoir des problèmes ;
s’organiser pour les résoudre en est une autre.
Et, c’est là que les Ivoiriens, devront faire preuve de lucidité. Pour
notre part, et depuis le début de ce papier, un nom n’a cessé de s’imposer à
nous, celui de la France. Une clarification de la nature de nos relations avec
ce pays serait pour beaucoup dans la résolution de nos problèmes. Surtout ceux
dont la résolution exige comme préalable l’exercice de son autodétermination. L’avènement
au pouvoir d’un parti soucieux de l’intérêt national, et méthodique, dans un
pays comme la Côte d’Ivoire, serait largement suffisant pour un édifice comme
celui du FCFA – ou de l’ECO –, eu égard au déficit chronique des balances de
paiements de certains pays de la zone. La balle est donc dans le camp de notre
détermination et de notre organisation.
BONNE ET HEUREUSE ANNEE 2020 !!!
[1].
http://www.linfodrome.com/vie-politique/45118-prochaine-presidentielle-maintien-du-rhdp-au-pouvoir-hamed-bakayoko-s-adresse-aux-opposans-de-ouattara-2020-c-est-boucle
[2].
PDCI-RDA
[3].
PDCI-RDA, FPI, RDR
[4].
PDCI-RDA RHDP
[5].
https://africa.la-croix.com/tribune-message-du-pere-abekan-relatif-aux-violences-xenophobes-en-afrique-du-sud/
[6].
« Pour vivre en Communion, faites aux autres ce que vous voulez qu'ils
fassent pour vous »
[7].
http://www.rfi.fr/emission/20191222-fin-franc-cfa-est-une-decision-historique.
[8].
Jeune Afrique N°2988 du 15 au 21 Avril 2018, P.8.
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