vendredi 28 février 2014

Les bailleurs de fonds n'ont pas confiance dans ce système.

Le Premier ministre D.K. Duncan dans son rôle de camelot.
Convaincu ? Peut-être. Convainquant ? Hum...

Mme Affoussiata Bamba, ministre de la Communication, qui était en visite le mardi 18 février dernier au groupe de presse Notre Voie, a avoué devant les journalistes l'impuissance du gouvernement ivoirien à mobiliser les ressources nécessaires au financement du Programme national de développement (Pnd). Le porte-parole adjoint du gouvernement Ouattara, voulant justifier le retard enregistré dans la mise à la disposition des entreprises de presse  sinistrées des fonds, suite à la crise postélectorale 2010-2011, a affirmé que les promesses faites par certaines personnalités et autres bailleurs de fonds n'ont pas été concrétisées. «... Le Fonds de soutien et de développement de la presse a fait des visites pratiquement dans toutes les rédactions. Il est venu, ici, justement pour voir le problème de la rotative. Et il y a eu des dégâts énormes un peu partout. Ces dégâts, je crois, avaient été évalués par le Fonds de soutien. Je ne sais plus exactement quel montant avait été retenu, mais il me semble que c'est environ 2 milliards FCFA. Et ces 2 milliards FCFA avaient été reversés au Programme national de développement (Pnd). Vous savez, le Premier ministre, chef du gouvernement, est allé à Paris rencontrer les bailleurs de fonds pour un appel à ce financement du Pnd. Il y a eu beaucoup de personnalités, d'institutions, évidemment, qui se sont déclarées comme pouvant nous aider. Mais malheureusement, les fonds n'ont pas été décaissés jusqu'aujourd'hui. C'est ce qui explique la difficulté que vous avez», a-t-elle déclaré. Mais Affoussiata Bamba a cherché à rassurer les journalistes du groupe Notre Voie et par ricochet, tous les autres des journaux pro-Gbagbo dits journaux bleus: «Je voudrais vous rassurer pour dire que ce que vous vivez n'est pas un cas isolé. Il y a beaucoup de rédactions qui vivent la même chose que vous. Malheureusement, c'est parce que les fonds n'ont pas pu être mis à disposition immédiatement. C'est pour cela d'ailleurs que le ministre d'Etat, ministre du Plan et du Développement, a proposé au gouvernement de faire une communication sur l'état du Pnd et permettre au gouvernement de voir comment nous allons trouver des fonds pour permettre de financer le Pnd». Et dire que toute la stratégie du gouvernement Ouattara pour une Côte d'Ivoire émergeante en 2020 était justement basée sur ce Programme national de développement. Les bailleurs de fonds hésitent et cela devrait interpeler celui qui se fait désormais appeler Magellan. Peut-être n'ont-ils pas confiance au chef de l'Etat ivoirien et à son équipe pour mettre leur argent à leur disposition. Mais dans ce cas, que fera maintenant Alassane Ouattara qui était déjà monté sur ses grands chevaux à l'annonce des intentions de quelque 4.000 milliards de FCFA ? La question reste posée.

Robert Krassault (
Notre Voie 20 février 2014)
Titre original : « Financement du Programme national de développement : Les bailleurs de fonds n’ont rien décaissé » 

 
en maraude dans le web
Sous cette rubrique, nous vous proposons des documents de provenance diverses et qui ne seront pas nécessairement à l’unisson avec notre ligne éditoriale, pourvu qu’ils soient en rapport avec l’actualité ou l’histoire de la Côte d’Ivoire et des Ivoiriens, et aussi que par leur contenu informatif ils soient de nature à faciliter la compréhension des causes, des mécanismes et des enjeux de la « crise ivoirienne ».
 
 

Source : CIVOX. NET 21 Février 2014

jeudi 27 février 2014

Non, Houphouët n’était pas l’ami de Mandela !

Quelques jours après les obsèques de Madiba en Afrique du sud, Alassane Ouattara avait lâché une déclaration qui irritera sans doute Mandela dans sa tombe. Selon Ouattara « Avec la Côte d'Ivoire et le Président Houphouët, Mandela avait tissé des liens très étroits ». Si par liens très étroits Ouattara voulait dire relations d'amitié, nous devons tout de suite le démentir.
Mandela et Houphouët n'étaient pas des amis, loin de là. Leur profonde inimitié découlait du fait qu'Houphouët-Boigny qui s'alignait toujours sur la politique extérieure de la France, avait pris fait et cause pour l'UNITA dans le conflit angolais. En plus de la France, des États-Unis et de l'Angleterre, l'autre allié de l'UNITA de Jonas Savimbi qui avait d'ailleurs ses troupes sur le terrain en Angola c'était l'Afrique du Sud de l'Apartheid que l'ANC combattait militairement.
Dans cette mini-guerre mondiale en Afrique, on avait donc le bloc soutenu militairement par Cuba et qui comprenait le MPLA de Neto et plus tard Eduardo Dos Santos en Angola, la SWAPO de Sam Nujoma en Namibie, L'ANC de Nelson Mandela en Afrique du Sud, le Frelimo de Samora Machel au Mozambique, la Zambie, le Zimbabwé, la Tanzanie et les pays de l'OUA qui apportaient un soutien politique aux groupes de libération dans les pays de l'Afrique australe en guerre contre l'Afrique du Sud et les occidentaux. Parmi les pays de l'OUA, seuls le Gabon d'Omar Bongo, le Zaïre de Mobutu et la Côte d'Ivoire d’Houphouët avaient décidé de supporter le Bloc occidental représenté sur le terrain par l'UNITA, l'Afrique du Sud raciste, et d'autres groupes de moindre importance.
Nelson Mandela bien au courant de qui étaient ses véritables amis, en 1998 lorsqu'il recevait Bill Clinton, alors président des États-Unis, déclara : « l’un des premiers chefs d’État que j’ai invités dans ce pays a été Fidel Castro… et j’ai aussi invité le frère Mouammar Kadhafi. Je fais cela à cause de notre autorité morale, qui nous dit que nous ne devons pas abandonner ceux qui nous ont aidés aux moments les plus sombres de notre histoire ».
Fidel Castro et Mandela étaient des amis. Houphouët-Boigny jouissait de la part de Mandela du respect que la tradition africaine recommande d'accorder aux personnes plus âgées...
Rien d'autre. 

L.H
Titre original : « Les alliés de Mandela » 

 
en maraude dans le web
Sous cette rubrique, nous vous proposons des documents de provenance diverses et qui ne seront pas nécessairement à l’unisson avec notre ligne éditoriale, pourvu qu’ils soient en rapport avec l’actualité ou l’histoire de la Côte d’Ivoire et des Ivoiriens, et aussi que par leur contenu informatif ils soient de nature à faciliter la compréhension des causes, des mécanismes et des enjeux de la « crise ivoirienne ».
 

Source : Le Quotidien d’Abidjan 26 Février 2014

mercredi 26 février 2014

ET MAINTENANT, OU ALLONS-NOUS ?[*]

Trois semaines déjà que Magellan Airlines a dépêché son avion sanitaire pour une mission de sauvetage : ramener en catastrophe Alassane Ouattara dans un hôpital parisien en vue d’une opération au nom de code mystérieux : « sciatique ». Bien sûr nous ne saurons jamais si cette opération est liée à des problèmes de santé antérieurs ou si elle est une conséquence de sa vie tumultueuse de président toujours debout, par monts et par vaux, entre ciel et terre. Heureusement que la plupart des voyages rallient Abidjan à la France et que le décalage horaire est supportable. Voilà un peu plus de sept semaines, Ouattara nous faisait un bilan positif de l’année 2013, et nous confiait qu’il entrait dans cette année 2014 le cœur plus léger…  
(Source : Bôlkotch 21-27 février 2014)
Effectivement tous les soutiens extérieurs étaient là : Onuci, Licorne, conseillers, FMI, investisseurs potentiels. Cette année même la BAD promettait son grand retour ; plusieurs  chefs d’Etats étaient attendus pour apporter leur caution au mirage économique de la Côte d’Ivoire, tels des rois mages s’empressant autour de l’élu de la Communauté internationale. Le premier de ces rois, le roi du Maroc est arrivé, mais point de Ouattara à l’horizon. Quelques journalistes avaient même posté des veilleurs à l’aéroport pour guetter le scoop du malade remis sur pieds et être les premiers à diffuser la nouvelle… Mais sœur Anne n’a rien vu venir…
Ouattara est environné d’une nuée de mystère. Opéré une seule fois, son opération de banale sciatique devient une opération de trois heures avec dépose et repose du muscle, en version dozo assisté. Il semblerait que cette opération délicate ait eu des répercussions sur sa mobilité ; fatigué, endolori, il se prépare à une pénible rééducation. Mais son épouse nous le présente retrouvant une convalescence studieuse : il s’est remis à marcher, plein de punch, il reçoit ses collaborateurs, téléphone dans le monde entier.
Puis des bruits courent : il aurait pris l’avion pour une consultation aux Etats-Unis, parce que nous explique-t-on ce sont des chirurgiens américains qui l’avaient opéré il y a dix ans déjà d’un problème de sciatique. Donc nous en déduisons que cette opération n’a rien à voir avec sa longue maladie, qui elle stagne, pareil pour son cœur, où la pile est repartie pour 10 ans, mécanisme chinois ou suisse, de premier choix. Et la rumeur s’est arrêtée, le soufflé est retombé : nous n’avons jamais su comment s’était fait le voyage de retour, si Air Magellan avait été sollicité ou si la navette Discovery avait été louée pour l’occasion. Nous ne saurons pas si cette convalescence aux States – avec deux décalages horaires, un long et pénible voyage, même si le meilleur confort est garanti, et 4 jours de soins intensifs – a été concluante.
Cependant, Ado Solution étant le roi de l’impossible, le voici  de retour, à la fois dans son hôpital parisien où la chambre 517 s’est transformée en cabinet de travail, et pour d’autres, mieux informés, car la nouvelle a été rendue publique par son entourage, la veille de la venue du Roi du Maroc à Abidjan, il recevait Nicolas Sarkozy dans le Sud de la France. Sarkozy en visite, un tête à tête sans frivolité féminine, sans la guitare de Carla, sans les potions et autres colifichets de Dominique qui sortent de son énorme sac de voyage.
Notre première dame est très occupée : pensez donc, à peine rentrée jeudi soir à Abidjan, elle rencontrait le lendemain 2500 femmes à Treichville pour les initier au micro crédit : des prêts allant de  75 mille à 200 mille francs pour les plus chanceuses. « Femme, saisis ta chance contre la pauvreté ! », disait le slogan du jour. Quelle générosité que celle de  dame Ouattara qui puise dans les caisses de l’Etat une aide aux femmes, et de l’autre fait payer aux contribuables tous les soins de son époux, ambulances-taxi en sus ? Face aux dépenses de santé de son époux, ces chèques sont certainement une goutte d’eau dans un océan de dettes. Saupoudré encore de 50 millions de dons en nature distribués pour l’occasion.
Nous ne saurons pas ce que le petit homme à la barbe de trois jours et notre convalescent se seront dit. Aucun photographe pour immortaliser la scène, pas même une photo prise avec le portable dernière génération de l’homme à la Rolex. Ouattara racontera certainement sa visite de Valls, fera gouter un chocolat à Nicolas, une gâterie au grand malade de la République, reçue la veille. Selon le Patriote, un repas et plus de deux heures d’entretien, ont réuni ces deux hommes, au bord de la mer, savourant le clapotis des vagues, les cris des mouettes, suivant le vol des cerfs-volants dans un ciel d’azur. Curieusement le journal le Mandat nous rapporte la même visite à …Paris, peut-être sur les bords de Seine, ou alors un repas sur un bateau mouche… Mais pour Magellan Airlines, ici ou là-bas se résout très vite, ce n’est pas plus long que de traverser Paris en métro aux heures de pointe.
La com de Ouattara ne sait plus qu’inventer. Dominique lors de sa rencontre avec les femmes, donne des nouvelles, on ne peut plus vagues : « Aujourd’hui, il marche à nouveau sans douleur, mais les médecins lui ont exigé une période de repos. Et il me charge de vous dire qu’il rentrera très vite au Pays ». L’émotion lui fait même oublier son français de base. C’est l’empathie avec ses chères sœurs qui le commande. « Il reviendra-z-à Pâques ou à la Trinité » nous dit la chanson de « Marlborough s’en va-t-en-guerre ». Pour nous ce sera un peu plus tôt : Mardi Gras débutant le 4 mars, c’est 10 jours plus tard qu’il devrait faire son entrée, en plein carnaval, lors du lancement du « cabaret du cœur ».
En vertu de la grande ressemblance entre Ibrahima, alias Photocopie et son frère ainé, peut-être nous présentera-t-on un sosie, après une petite retouche à l’œil, la bouche, et dans la démarche, des chaussures adaptées pour le mettre à la bonne hauteur. Pourquoi pas dans une chaise roulante, nous présentant un Prado prêt à concourir avec les sportifs handicapés après Sotchi… Après tout, Sadam Hussein avait bien des sosies. Pourquoi ne pas essayer pendant cette grande messe carnavalesque ?
« Ce sera "le grand cabaret du cœur". Des stars, des personnalités nationales et internationales, sont toutes mobilisées pour qu'au soir du 14 mars, nous puissions réunir la somme nécessaire pour faire de cet hôpital, une véritable référence en la matière. Je voudrais compter sur l'appui de toutes et tous afin qu'ensemble, nous offrions un autre avenir aux enfants d'Afrique » nous dit Dominique. Dans la liste des invités, révélée par Paris-Match, nous retiendrons les noms d'Alain Delon, Richard Berry, Elsa Zylberstein, Noémie Lenoir, Elodie Frege, Miss France 2014 et le professeur Alain Deloche, mystérieux chirurgien cardiaque, président de la Chaîne de l'Espoir et grand communicateur.
Le roi du Maroc a été reçu par Kablan Duncan, puis Soro, protocole oblige. Kablan rayonnait, Soro moins souriant, plus petit aussi, cherchait ses marques, semble-t-il… Mais j’ai eu beau chercher partout, je n’ai aperçu ni Dominique ni son fidèle Bakayoko. Plus tard, l’agenda du roi révélé par la presse marocaine, nous informera que Mohamed VI recevait en audience privée madame Ouattara, chaperonnée par sa fille, à qui elle avait confié ses affaires et ses portefeuilles d'actions avant de se dévouer corps et âme pour la cause de la Côte d'Ivoire, en devenant l’épouse du premier personnage de l’Etat. En sa présence, selon le SerCom de dame Dominique, Mohammed VI aurait même passé un coup de fil au Président Alassane Ouattara à qui il a souhaité de vive voix un prompt rétablissement. Petite pose d'affaires privées entre gens du Maghreb, avant la reprise des préparatifs du gala de Bienfaisance et l’ordonnancement des invités autour des tables. Cela devrait prendre tout son temps, sans compter le suivi de tous les acrobates, illusionnistes et autres bonimenteurs qui interviendront et prendront la parole. 
Quant à Bakayoko, sa tâche est lourde ; il lui faut avancer les pions pour contrer les coups de Soro. C’est pour cela probablement qu’il y a depuis quelques jours çà et là des bruits de kalache, d’obus de mortier. La guerre des gangs se précise.
On raconte que les Américains aussi auraient des exigences dans la transition attendue, Konan Boniface, paraît-il, serait leur choix, un choix bien sûr qui ne plait guère à la France ; selon une émission récente sur RFI, la voix de son maitre, ce serait un vieux général PDCI, qui rêvait déjà de remplacer Bédié à la tête de son parti qui aurait la faveur des Français. Enfin Ouassénan Koné connaitrait son heure de gloire… Et ses crimes sont tout petits, amnistiés, effacés. Car ce qui est bien avec l’amnistie, c’est qu’elle arrange toujours celui qui a les mains les plus ensanglantées…L’amnistie est toujours exigée par l’arrogant de service, celui qui va exiger de sa victime qu’elle s’humilie encore et encore, et demande pardon.
Pensez donc, on peine à mettre sur le dos de Laurent Gbagbo quelques centaines de morts, et on ne trouve personne à qui imputer les autres pour arriver au chiffre de 3000 ! Mais surtout, il ne faut jamais évoquer Duékoué ou Nahibly sous réserve de fâcher et d’attrister les tueurs, parce que vous ne voulez pas demander pardon. Vous, les rescapés, les descendants des victimes, vous n’avez pas encore demandé pardon. Le processus de réconciliation est bloqué, c’est Joël N’Guessan, porte-parole du RDR qui nous le dit, tout le monde pardonne, parce que la vérité est toujours  à mi-chemin, le bourreau n’existe pas sans sa victime, mais la victime arrogante veut toujours salir son bourreau.

Et maintenant, où allons-nous ?

La Convention du FPI a mobilisé plusieurs milliers de personnes, terminant en apothéose dimanche avec au moins 30000 personnes. Bakayoko n’a pas osé jouer les trouble-fête, juste quelques casseurs programmés à la fin du meeting pour tenter de salir et abîmer…
Alors que l’on enregistre des demandes de visa pour l’étranger, presque mille en une semaine pour les rattrapés, bientôt rattrapés par leur passé, une ambiance fin de règne plombe les ténors du gouvernement, seul le premier ministre continue d’officier sereinement ; il s’en sort plutôt bien, il a essayé de son mieux de soutenir Ouattara, mais n’apparaît pas encore comme un autre conspirateur, à rajouter aux trois mousquetaires de l’ombre qui se mettraient alors en quatre pour mieux servir la France.
Aujourd'hui Dominique devrait repartir, afin de jouer les garde-malades auprès de son cher époux. Les consignes de prudence circulent. Il y a des bruits d’armes un peu partout, les étudiants retrouvent leur vigueur et refusent les conditions qui leurs sont faites. Demain la grève continue. Demain sera peut-être calme, comme il peut exploser de ce trop-plein accumulé par les Ivoiriens depuis si longtemps. Demain circuleront de nouvelles anecdotes, nous racontant les péripéties de Ouattara dans sa chambre d’hôpital, sa rééducation à Mougins, sa visite au Pape peut-être, ou un cierge brûlé à Lourdes, en présence de la très pieuse Dominique.
C’est sûr, le Prado va bien, tout le monde le dit, la rumeur passe d’un journal à l’autre, on y rajoute un élément on en enlève un autre, on change le lieu, l’heure, les protagonistes, et tout cela nous fait des journées bien chargées… Une chose est sûre, Ouattara ne nous a pas habitués à manquer les flatteries, les rencontres, les beaux discours, les décorations. Nous faire croire que tout va bien, qu’il est simplement en cure de repos et de jouvence, ne va pas nous satisfaire.
Julia Timochenko, opérée également d’une sciatique, est apparue à Kiev aujourd’hui en chaise roulante, quelques années après son opération. Alors le verbiage rassurant de madame Ouattara ne nous contente guère. Si le président a toute sa tête et qu’il revienne en fauteuil roulant, pourquoi pas, le président Franklin Delano Roosevelt avant lui, avait déjà connu une maladie invalidante ; ce n’est pas une honte : au contraire, face à la maladie, même le capital sympathie d’un affreux méchant augmente.
Mentir comme un arracheur de dents n’arrangera pas le sourire de madame Ouattara : parce que le sourire n'engage pas, n'engage plus, c'est un rictus, un jeu de muscles plus ou moins réussi, qui dure le temps de la com, le temps de la photo souvenir, le temps d'ouvrir ses lèvres sur une rangée de dents impeccables, et que l'onde de choc « sourire » aille chatouiller les oreilles, avant de revenir et de se dissiper. Ce sourire commercial n'atteint plus le regard, il n'appelle plus à la compassion, à l'affection, à la tendresse... « Com des com, tout n'est que com », dirait l'Ecclésiaste s'il vivait de nos jours.
Face à un homme que les forces abandonnent, alors que le plan B n’est pas encore boulonné, pourquoi ne pas présenter quelques photos, même relookées, pour rassurer les Ivoiriens, et décourager la rumeur. Oui l’avis des Ivoiriens est mitigé, ils ont été habitués au respect et à la parole d’honneur. Qu’on ne leur mente plus sur l’état réel du président Ouattara, comme pour l’argent qui travaille sans circuler. Si Ouattara est au travail, alors qu’on puisse le voir circuler. Le second exemple validera par là même le premier.

Shlomit Abel
 

 
en maraude dans le web
Sous cette rubrique, nous vous proposons des documents de provenance diverses et qui ne seront pas nécessairement à l’unisson avec notre ligne éditoriale, pourvu qu’ils soient en rapport avec l’actualité ou l’histoire de la Côte d’Ivoire et des Ivoiriens, et aussi que par leur contenu informatif ils soient de nature à faciliter la compréhension des causes, des mécanismes et des enjeux de la « crise ivoirienne ».
 

Source : La Dépêche d'Abidjan 25 Février 2014

([*]) - Titre original : « Magellan ubiquiste »
 
Bôlkotch 21-27 février 2014

mardi 25 février 2014

« Il n’y a plus de terrain acquis, pas plus qu’il n’y a de chasse gardée. »


Discours de Sa Majesté Mohammed VI, roi du Maroc, le 24 février 2014 à Abidjan lors de l’ouverture solennelle du 1er forum économique Maroc-Côte d’Ivoire.


 
«Monsieur le Premier Ministre,
Excellences,
Mesdames et Messieurs,


C’est avec un plaisir renouvelé que je retourne en Côte d’Ivoire, un an, presque jour pour jour, après ma visite d’Etat de l’année dernière. (…). C’est aussi avec une sollicitude toute particulière que je m’adresse aux travaux du Forum économique maroco-ivoirien, qui constitue l’expression de notre détermination à renforcer les relations entre nos deux pays, en imprimant une nouvelle dynamique à leur coopération économique. L’organisation, en Côte d’Ivoire, d’un tel Forum – pour la première fois en dehors du Royaume et sur une terre africaine – n’est pas le fruit du hasard. C’est, d’abord, le reflet de la qualité des relations entre nos deux pays, et l’expression de l’importance des liens politiques et économiques entre le Royaume et les pays de l’Afrique centrale et de l’Ouest. Ce choix est, aussi, une reconnaissance de l’importance de l’économie ivoirienne, et notre confiance en son avenir. Ce n’est pas sans raison que votre pays abrite l’une des bases industrielles les plus actives de la région, et l’une des plateformes de commerce les plus dynamiques. Désormais, à l’heure où les péripéties politiques font partie du passé, l’unité retrouvée et la paix rétablie sont, assurément, la grande force de la Côte d’Ivoire. Son passé économique florissant est un véritable avantage comparatif. 

Que les richesses de notre Continent bénéficient, en premier lieu, aux peuples africains.

Le Maroc, comme la Côte d’Ivoire, assume pleinement sa vocation africaine, celle qui a toujours été la sienne, tout au long de son histoire. Aujourd’hui comme hier, les relations diplomatiques sont au cœur de nos interactions. Mais, à la faveur des mutations profondes que connaît le monde, leurs mécanismes, leur portée ainsi que leur place même dans l’architecture des relations internationales, sont appelés à s’adapter aux nouvelles réalités. Ainsi, auparavant la diplomatie était au service de la consolidation des relations politiques. Aujourd’hui, c’est la dimension économique qui prime et constitue l’un des fondamentaux des relations diplomatiques. La coopération, hier basée sur la relation de confiance et les liens historiques, est, aujourd’hui, de plus en plus fondée sur l’efficacité, la performance et la crédibilité. L’efficacité donne toujours ses fruits. Elle est le gage de résultats tangibles, de progrès mesurables et de capacité à répondre aux attentes. Elle garantit la qualité et génère la confiance. La crédibilité veut que les richesses de notre Continent bénéficient, en premier lieu, aux peuples africains. Cela suppose que la coopération Sud/Sud soit au cœur de leurs partenariats économiques. Dans son ouverture, l’Afrique continuera à développer ses relations fructueuses avec les pays avec lesquels elle a le plus de relations historiques profondes et le plus d’affinités. Mais, bien qu’ils constituent des atouts certains, ces liens, à eux seuls, ne suffisent plus. Ils demandent, désormais, à être accompagnés par une action crédible et un engagement constant. Il n’y a plus de terrain acquis, pas plus qu’il n’y a de chasse gardée. Ce serait une illusion de croire le contraire. Ce serait, également, une illusion de croire qu’il y a des petits et des grands projets. Tous les projets se valent, tant qu’ils sont pertinents et qu’ils se destinent au service du citoyen. A l’évidence, il y a des projets d’importance nationale. Le Maroc est bien placé pour le mesurer, car nos propres projets d’infrastructure sont entièrement réalisés sur la base de l’expertise marocaine, depuis la conception, jusqu’à la réalisation et la mise en œuvre, qu’il s’agisse par exemple d’autoroutes, d’électrification, de barrages, de ports ou d’aéroports... Mais, Il y a aussi des projets qui, bien qu’étant de moindre envergure, revêtent une importance particulière. Car ils touchent directement les citoyens et visent à améliorer leurs conditions de vie quotidienne. C’est le cas du village de pêche que nous lançons ici en Côte d’Ivoire. De tels projets participent à la création d’emplois et à l’essor des PME-PMI, qui représentent la véritable locomotive de développement du continent et la principale source de travail pour sa jeunesse.
 

L’Afrique doit faire confiance à l’Afrique

L’Afrique est un grand continent, par ses forces vives, ses ressources et ses potentialités. Elle doit se prendre en charge, ce n’est plus un Continent colonisé. C’est pourquoi l’Afrique doit faire confiance à l’Afrique. Elle a moins besoin d’assistance, et requiert davantage de partenariats mutuellement bénéfiques. Plus qu’une aide humanitaire, ce sont de projets de développement humain et social, dont notre Continent a le plus besoin. L’Afrique ne doit pas rester otage de son passé, ni de ses problèmes politiques, économiques et sociaux actuels. Elle doit regarder son avenir avec détermination et optimisme, en exploitant tous ses atouts et ses potentialités. Si le siècle dernier a été celui de l’indépendance des Etats africains, le 21ème siècle devrait être celui de la victoire des peuples contre les affres du sous-développement, de la pauvreté et de l’exclusion.
 

L’Afrique a vocation à bénéficier de toutes les potentialités dont elle regorge

Une Afrique dynamique et développée n’est pas un simple rêve pour demain ; cela peut être une réalité d’aujourd’hui; mais à la condition d’agir. C’est, donc, le temps de le faire ou de l’entreprendre. L’importance de l’action c’est qu’elle donne la crédibilité au travail politique et permet de réaliser les objectifs escomptés.
L’Afrique doit, en effet, faire face à de nombreux défis qui menacent sa stabilité politique et entravent son essor socio-économique. Or, ces défis ne peuvent être relevés que par la coopération, la solidarité entre les peuples africains et le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale des Etats. L’Afrique a donc vocation à bénéficier de toutes les potentialités dont elle regorge, sans pour autant vivre en autarcie. Elle doit multiplier les partenariats bénéfiques avec les nombreux pays développés qui marquent un intérêt constant, un engagement sincère et une implication substantielle en faveur de son progrès économique et de son développement humain. Elle doit bénéficier également des opportunités qu’offre la coopération triangulaire, en tant qu’outil novateur, facilitant la conjugaison des efforts et l’optimisation des moyens. A cet égard, le Maroc, qui a été pionnier dans ce schéma de coopération, est disposé à mettre au service des pays africains frères le capital de crédibilité et de confiance dont il jouit auprès de ses partenaires. Il est, en effet, de notre devoir collectif de faire en sorte que la mondialisation devienne une force positive pour le développement de l’Afrique. Le développement économique, le commerce et l’intégration régionale sont, à cet égard, parmi les thématiques centrales.

Imaginer ce que serait, alors, notre continent, libéré de ses pesanteurs

Le développement durable du Continent africain exige que la créativité et le dynamisme du secteur privé se concentrent sur des domaines porteurs, comme l’agriculture, l’industrie, la science et la technologie, et le développement des infrastructures. Cela reste tributaire de la libération des potentialités et du renforcement de l’initiative privée, ce qui présuppose l’existence d’un secteur public efficace, porteur et compétent. La démultiplication des Partenariats Public Privé Sud/Sud et des transferts de technologie, revêt une importance clé dans ce sens. C’est dire que le renforcement des capacités institutionnelles des Etats africains, constitue un enjeu stratégique. La meilleure gouvernance, le progrès par le droit et la résolution pacifique des conflits, doivent être des priorités partagées.
Grâce aux progrès du secteur bancaire, à l’urbanisation des populations, et à la hausse continue de la productivité du travailleur africain, l’Afrique voit chaque jour s’ouvrir à elle de nouvelles voies pour atteindre la prospérité des générations futures. Elle y aura d’autant mieux accès, lorsqu’elle parviendra à triompher de l’Afropessimisme, grâce à la libération des potentiels, intellectuels et physiques, des forces vives de tous les peuples africains. J’invite chacun de vous à imaginer ce que serait, alors, notre continent africain, libéré de ses pesanteurs. En souhaitant plein succès aux travaux de ce Forum économique, je fais pleinement confiance à votre pragmatisme et votre créativité, pour déboucher sur des résultats concrets, au bénéfice du développement de nos deux pays frères et de leurs régions respectives. 

Source : L’intelligent d’Abidjan 25 février 2014

Titre original : « Développement du Continent / A l’ouverture d’un forum économique maroco-ivoirien à Abidjan : Le Roi Mohammed VI dévoile la stratégie du royaume chérifien pour atteindre l’émergence »

Sangaris : le papillon de l’ingérence

« Et la France, non seulement ex-puissance coloniale, mais aussi acteur d’importance depuis l’indépendance, "a beaucoup à se faire pardonner en Centrafrique, dont [elle] a tour à tour adulé et renversé les régimes successifs". » 

Le sangaris est une espèce de papillon que l’on retrouve en Centrafrique. Comme tout papillon, sa durée de vie est courte : tout au plus quelques semaines. Ses ailes sont rouges ; certains diraient même rouge sang. Sangaris se trouve aussi être le nom de l’opération militaire que la France a été autorisée à lancer le 5 décembre dernier en République Centrafricaine, à la suite de la résolution 2127 de l’Assemblée générale des Nations Unies.
Le papillon, éphémère, se pose souvent, léger, pour s’envoler aussitôt ensuite ; on affirme parfois que son battement d’ailes peut causer une tornade à l’autre bout du monde. L’opération française, qui s’annonçait déjà complexe, sera certainement de longue durée, probablement plus que prévu ; il est difficile de déterminer, actuellement, les répercussions qu’a eues et qu’aura l’intervention. Certains affirment que les progrès se font toujours attendre…[1]
La Centrafrique, qui fut successivement colonie dans l’ensemble de l’Afrique équatoriale française, république indépendante, empire (!), puis république de nouveau – dans les faits, ce fut presque constamment une dictature camouflant son nom – abonnée aux coups d’État et à l’instabilité politique, est parmi les pays les plus pauvres du monde. Les conditions précaires dans lesquelles la population civile centrafricaine vivait déjà se sont aggravées avec les conflits armés qui ont succédé au coup d’État orchestré par un groupe de rebelles – les Séléka – et la situation a dégénéré en ce que plusieurs n’hésitent pas à qualifier de guerre civile, la troisième en moins de 10 ans, entraînant une véritable crise humanitaire. On craint que cette guerre, à son tour, ne se transforme en génocide. C’est principalement cette crainte qui a amené le gouvernement français à intervenir.
Fait intéressant : l’intervention française, relativement « modérée » – 1600 soldats seulement sont présentement déployés, en attendant que le relais soit pris le plus rapidement possible par des forces africaines[2] –, « repose sur le droit international et le consentement du pays concerné »[3], ce qui contraste fortement, par exemple, avec les précédentes interventions occidentales en Irak en 2003 et en Afghanistan en 2001. L’opération Serval, au Mali, qui est en cours depuis le 11 janvier 2013, est similaire sur ces points avec l’opération Sangaris.
Certains, cyniques – ou réalistes ? –, rétorquent que, bien que l’intervention en Centrafrique se fasse « dans les règles », elle n’est pas désintéressée. Elle s’inscrirait dans cette politique néocoloniale tissée de liens complexes mais serrés entre la France et ses ex-colonies que plusieurs appellent la « Françafrique », alors que la France chercherait à maintenir une influence économique et politique de plus en plus déclinante dans une partie du monde qu’elle considérerait comme sa chasse gardée. Cette même critique a été adressée à l’intervention au Mali. Il n’en reste cependant pas moins, comme l’a dit le président français François Hollande, que « ne pas intervenir, c’était rester les bras ballants à compter les morts », ce « pays où il n’y a plus ni État, ni administration, ni autorité » qu’est la République centrafricaine ne pouvant régler seul la situation intenable dans laquelle il se trouve[4]. Et la France, non seulement ex-puissance coloniale, mais aussi acteur d’importance depuis l’indépendance, « a beaucoup à se faire pardonner en Centrafrique, dont [elle] a tour à tour adulé et renversé les régimes successifs[5] ».
Paris avait-il, ainsi, le devoir d’intervenir dans ce pays dont l’État failli est la conséquence d’une multitude de causes – suite de chefs incapables et de bouleversements politiques, corruption généralisée, pauvreté endémique, cycles de violence…– qui, énumérées, permettent de constater qu’il y a certainement plus d’un responsable de cet état de fait ? Mais au fond, un des principaux responsables n’est-il pas, dans une certaine mesure au moins, l’ex-puissance coloniale, et plus largement les pays occidentaux et les institutions internationales par eux dirigées ? En effet, il est aujourd’hui difficile de nier les effets du colonialisme sur la majeure partie des pays africains, un colonialisme qui a laissé des États dans un état exsangue, faibles économiquement et souvent politiquement, aux structures lâches et aux frontières artificielles car créées dans un souci souvent purement administratif, sources de nombreux problèmes internes. Un colonialisme qui se continue de nos jours de manière plus subtile : les principales puissances économiques mondiales, autant directement que par l’intermédiaire d’organismes tels le FMI et la Banque mondiale, encouragent souvent, volontairement ou non, le même schème économique colonie/métropole, maintenant pays en développement/pays développé, qui profite plutôt au second qu’au premier. Il ne faut pas oublier de parler aussi des appuis politiques occidentaux passés – la France n’est pas en reste à cet égard, en particulier vis-à-vis de la Centrafrique – à des régimes dictatoriaux ou à des rébellions, voire des coups d’État, lorsque leurs intérêts l’exigeaient…
La responsabilité de certains États, principalement occidentaux, entraîne donc la question du droit d’ingérence – ou plutôt, du devoir d’ingérence –, qui prend ici toute sa pertinence, autant du point de vue politique et moral que du point de vue légal. L’intervention militaire française, dont le but est de régler un conflit interne ayant lieu dans un autre État souverain, peut-elle se justifier, surtout au vu du principe fondamental de non-ingérence d’un État dans les affaires d’un autre État – principe dont l’importance est fort compréhensible, particulièrement pour les petits États qui le voient comme une protection contre les possibles interventions unilatérales et intéressées d’États plus puissants ?
Enfin, et surtout, il est facile d’imaginer une situation relativement semblable à celle de la République Centrafricaine, mais dont la solution ne pourrait pas passer par une intervention militaire licite en droit international. Effectivement, la conformité d’une intervention militaire au droit international peut être rendue extrêmement difficile, voire impossible, en raison du processus onusien actuel, qui nécessite absolument l’approbation des cinq membres permanents du Conseil de sécurité – la France, le Royaume-Uni, les États-Unis, la Russie et la Chine –, qui peuvent user de leur droit de veto.
Une autre question fort pertinente se pose alors : les interventions militaires d’ordre humanitaire gagneraient-elles à être facilitées ? Selon le gouvernement français, oui. C’est en tout cas le point de vue du président Hollande, qui a présenté le 24 septembre dernier, dans une allocution à l’Assemblée générale des Nations Unies, un projet de Code de conduite régissant l’utilisation du droit de veto. La proposition, faisant suite à l’impuissance déplorée de la communauté internationale vis-à-vis des événements malheureux de la Syrie, ferait en sorte, si elle était adoptée, que « lorsque le Conseil de sécurité aurait à se prononcer sur une situation de crime de masse, les membres permanents s’engageraient à suspendre leur droit de veto[6] ».
Dans un monde où les conflits intra-étatiques prennent le pas sur les guerres de type « conventionnel » entre États, la prise en compte du droit d’ingérence devient de plus en plus nécessaire. Les États atteints par ces conflits, qui font le plus souvent leurs victimes parmi la population civile, ne sont pas toujours en mesure d’y mettre fin. La communauté internationale ne peut rester sans réaction devant de telles situations : n’y a-t-il pas dans certains cas un devoir d’assistance qui s’impose à elle ? Les moyens à privilégier resteront bien sûr toujours la négociation et la médiation, ainsi que les sanctions non militaires. Mais elles ne règleront pas toujours tout. Sans parler du fait qu’il y a parfois urgence d’agir ; la Centrafrique en est un bon exemple.
Bien qu’il soit toujours difficile de départager intervention intéressée et désintéressée – la première étant assurément plus fréquente que la dernière –, une chose ne changera pas, peu importe les motifs de l’intervention : la détresse de la population à secourir. L’opération Sangaris s’est pour de bon posée sur le sol centrafricain. Si le papillon ne semble obéir à aucune logique quand il se pose, osons croire que ce ne soit pas le cas de l’opération française : de sa réussite dépend non seulement un grand nombre de vies humaines, mais aussi, jusqu’à un certain point, la continuité du développement à l’international d’un principe – le droit, ou devoir, d’ingérence – que le monde verra peut-être de plus en plus invoqué dans les prochaines années – que ce soit une bonne chose ou non. 


NOTES


[1] Giovanna CIPRIANI, http://www.courrierinternational.com/article/2014/01/08/les-machettes-de-la-terreur.
[2] Michel CARIOU, Patrick FORT, AFP, http://www.lapresse.ca/international/afrique/201312/11/01-4720044-la-tension-retombe-subitement-a-bangui.php.
[3] Simon TISDALL, http://www.courrierinternational.com/article/2013/12/17/hollande-precurseur-en-afrique?page=all.
[4] Michel CARIOU, Patrick FORT, préc., note 2.
[5] Philippe LEYMARIE, http://blog.mondediplo.net/2013-12-04-Gendarme-ou-pompier-en-Centrafrique.
[6] Tiré d’une déclaration de Laurent Fabius, ministre français des Affaires étrangères, http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/politique-etrangere-de-la-france/onu/evenements-et-actualites-lies-aux/actualites-21429/article/suspendre-le-droit-de-veto-en-cas, et voir aussi ce texte d’Alexandra Belloy-Poudrette, publié dans l’édition d’octobre du Pigeon Dissident : Conseil de sécurité : entrer dans la modernité, http://www.pigeondissident.com/international/droit-de-veto/ Image: http://www.defense.gouv.fr/var/dicod/storage/images/base-de-medias/images/operations/logo-et-photo-d-appel-par-defaut/logo-operation-sangaris/2546227-1-fre-FR/logo-operation-sangaris.png. 

 
en maraude dans le web
Sous cette rubrique, nous vous proposons des documents de provenance diverses et qui ne seront pas nécessairement à l’unisson avec notre ligne éditoriale, pourvu qu’ils soient en rapport avec l’actualité ou l’histoire de la Côte d’Ivoire et des Ivoiriens, et aussi que par leur contenu informatif ils soient de nature à faciliter la compréhension des causes, des mécanismes et des enjeux de la « crise ivoirienne ».
 
 

Source : www.pigeondissident.com 22 janvier 2014

lundi 24 février 2014

« J’INVITE LES IVOIRIENS A VENIR DECOUVRIR LA VERITE SUR LA BATAILLE D’ABOBO. »

INTERVIEW de GERMAIN SEHOUE[1]  

Plus d’un an après la publication de son livre-témoignage : « Le commandant invisible raconte la bataille d’Abidjan », Germain Séhoué, présentera bientôt son ouvrage au public. La cérémonie aura lieu le 1er mars 2014. Dans cette interview, G. Séhoué annonce les temps forts de l’événement, parle de l’ancien membre du Commando invisible qu’il a interrogé et de bien d’autres sujets d’actualité. 

Juin 2013-février 2014, cela fait un an 7 mois que vous avez publié «Le commandant invisible raconte la bataille d’Abidjan», mais jusqu’à ce jour, l’ouvrage n’a pas été présenté au public, aucune cérémonie de dédicace n’a été organisée. Qu’attendez-vous ?

Le livre va être présenté bientôt, précisément le samedi 1er mars 2014. La cérémonie n’avait pas eu lieu parce que, sans avoir été présenté, le livre était fini dans les rayons. Et ça marchait tellement que le libraire n’a pas jugé nécessaire d’organiser une cérémonie de dédicace qui serait coûteuse. Avant l’arrivée de chaque commande, il en vendait déjà plus de la moitié. Nous avions donc reporté cette cérémonie à plus tard, mais après, l’importation du livre a été suspendue.
 
Et pourquoi ?
Je ne saurais vous répondre de façon précise, mais subitement, il se disait que c’était interdit, le libraire évoquait des pressions, disons des menaces voilées, sans entrer dans les détails. Donc comme l’Editeur ne m’a pas personnellement envoyé un lot de livres et qu’un produit n’est présenté, en principe, qu’en sa présence, j’attendais. Mais finalement elle aura lieu et sous le haut patronage du Président Laurent Gbagbo et le parrainage du Président Pascal Affi N’Guessan au QG siège provisoire du FPI à Cocody Attoban.
 
Quelles seront les grandes articulations de ce rendez-vous ?
A moins que l’agenda du Parrain exige une modification du programme, la cérémonie devrait débuter à 9h 30 par la communication du Dr Augustin Guehoun chargé de présenter l’ouvrage. Après, l’on va visionner une vidéo sur l’œuvre. Ensuite, le Pr Dédy Séri va traiter le thème «Le témoignage du Commandant invisible dans les débats de la CPI». Suivront les échanges, les témoignages, le mot du Parrain et la dédicace proprement dite.
 
C’est une des rares fois qu’une œuvre littéraire s’impose dans des tribunaux comme pièce-maîtresse. Votre livre a été brandi au procès du Général Bruno Dogbo Blé à Abidjan, puis à La Haye, à l’audience de confirmation ou d’infirmation des charges contre le Président Gbagbo. Qu’avez-vous ressenti lorsque le livre a été brandi au tribunal d’Abidjan ?
J’étais content pour le Général «Courage». Mais je n’étais pas surpris parce que la lumière de ce procès se trouvait dans ce livre avec précision.
 
Pourtant, le Général Dogbo a été condamné ?
Oui, il a été condamné parce que Ange Kessy, le commissaire du Gouvernement ne pouvait faire autrement. Lorsque le livre a été lu publiquement, Ange Kessy aurait été troublé. Mais je comprends qu’il y ait un agenda de l’exécutif qu’il ne pouvait trahir. Il s’agissait de condamner Dogbo Blé quoi qu’il en fût. Mais le procès se poursuit.
 
On a vu Me Jennifer Naouri lire de larges extraits de votre livre comme du pain béni à l’audience sur le Président Gbagbo à La Haye. Avez-vous suivi ces instants ?
Oui, et je me suis dit : mon Dieu est à l’œuvre. Parce que c’est lui qui a tout organisé. Je n’ai eu aucun mérite. De la collecte de l’information à la publication de mon nom à l’audience hyper-médiatisée, en passant par la rédaction du livre, l’édition et la promotion, c’est lui. C’est à lui la gloire. Moi, je n’ai été qu’un instrument.
 
Et qu’est-ce que cela vous a fait de constater que parmi tous les journalistes Ivoiriens dans le combat, c’est votre nom seul qui a été prononcé à la CPI ?
Je suis quand même le président des journalistes résistants, c’est-à-dire patriotes de Côte d’Ivoire, non ? Cela se mérite, ce n’était pas des  mots en l’air quand les confrères m’appellent «président». En m’établissant «président», Dieu posait un acte prémonitoire. (Rire). Non, pour parler sérieusement, je dirais que cela m’a fait plaisir. C’était un honneur pour moi. Et après réflexion, j’ai coulé des larmes lorsque j’ai réalisé que, quand Dieu commence quelque chose, il l’achève toujours. C’est lui qui a réalisé tout cela pour des raisons qui lui sont propres. Mais ce qui m’a le plus fait plaisir, c’est que le quotidien Le Temps ait été le seul journal brandi au monde entier grâce à ce livre.
 
Mais concrètement, comment avez-vous vécu ce moment-là ?
Ce jour-là, je n’ai pas pu suivre convenablement l’audience. L’électricité étant interrompu dans le secteur de nos bureaux, je suis rentré rapidement à la maison. J’ai commencé à enregistrer les interventions à l’audience. Et j’ai été surpris de voir le juge Mc Donald de l’Accusation brandir mon livre, et s’attaquer à ma personne, cherchant à me dévaloriser, comme si je l’avais offensé. Mais je n’ai pas eu le temps de réfléchir, mon téléphone avec lequel j’enregistrais, s’est mis à crépiter. Les gens m’appelaient de partout pour me demander si je suivais l’audience, et me dire que l’Adjoint de Fatou Bensouda s’en prenait violemment à moi. Je ne sais pas ce que je lui ai fait. Mais sur la question, j’ai eu l’avis de la Défense. Lorsque Mc Donald s’est saisi du livre, les avocats ont eu peur. Ils se sont demandé quelle phrase de ce document qu’ils ont lu et relu, leur a échappé, et que cet homme allait exploiter pour gâter la fête. Mais lorsqu’il s’en est pris plutôt à l’auteur qu’au contenu du livre, alors ils ont poussé un ouf de soulagement, parce que sa colère signifiait qu’ils ont marqué un grand coup sur ce sujet. Moi, j’ai compris qu’il s’agissait là, de la colère d’un homme ou d’une équipe déstabilisée, mais je suis désolé...
 
On peut donc dire que cette œuvre a changé votre vie ? Il se dit que vous êtes devenu riche, n’est-ce pas ?
En écrivant ce livre, mon intention première n’était pas qu’elle change ma vie, mais celle des grandes victimes de la crise ivoirienne, notamment des prisonniers politiques. C’est vrai qu’à ce niveau, c’est Dieu qui a le dernier mot quant à leur libération ; moi, il m’a fait jouer ma partition. Si je suis devenu riche ? Non. On ne peut pas être écrivain et devenir riche lorsqu’on a comme Editeur, L’Harmattan.
 
Mais vous avez affirmé tantôt que le livre marchait, non ?
Si, en Côte d’Ivoire, sous mes yeux, ça marchait fort jusqu’au jour où la commande suivante a été annulée. Même bien avant cela, lorsque le livre était sorti, bien des patriotes qui se retrouvaient à La Haye me rapportaient que mon livre se vendait comme des petits pains là-bas. Mais je préfère me limiter à cela, avec L’Harmattan, l’écrivain ne peut pas bénéficier de son travail.
 
Avez-vous signé un contrat avec Amazone qui vend votre livre sur le Net ?
Non, je n'ai signé aucun contrat avec personne d’autre à part L'Harmattan. Mais Amazone est ainsi, ils vendent tous les livres ou presque.
 
Si vous aviez à choisir entre le Prix Ebony et la consécration par la Cpi comme c’est le cas, que feriez-vous ?
Le Prix Ebony, il est bon de l’avoir. Je n’y ai jamais véritablement postulé. Mais c’est personnel. Il me ferait du bien, à moi, à ma famille et au prestige de ma rédaction. Mais les avocats ne pourraient jamais s’en servir pour essayer de sauver des innocents en prison, comme on le voit aujourd’hui au tribunal d’Abidjan et à la Cpi.
 
Parlons de Sémefia Sékou, Le Commandant invisible, pourquoi ne l’a-t-on pas encore vu à La Haye depuis le début des audiences ?
J’ai transmis ce dossier aux avocats, ils le gèrent. C’est eux, les spécialistes qui savent à quel moment le faire entrer en scène. Moi, sur ce sujet, ma mission est terminée. Je n’ai plus rien à voir dans cette affaire.
 
Revenons à votre cérémonie de dédicace. Les livres seront-ils là ?
Oui. Pas de problème.
 
Et qui est concerné par la cérémonie ?
Tout le monde. Les journalistes, le public, les hommes politiques, les diplomates, les organisations de défense des droits de l’Homme, tout le monde. C’est simplement une fête, que tout le monde vienne. Ceux qui ont déjà leur livre ou non, ceux qui ont les moyens d’en prendre un ou non, il faut venir, à l’occasion, encourager les journalistes, dans leur ensemble, à défendre les libertés.
 
Avez-vous invité votre Cousin, le Grand Cousin ?
J’ai invité toute la République, le Chef de l’Etat, le Premier ministre, le ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur et de la Sécurité, le Président de l’Assemblée nationale, tout le monde, le président Bédié, le Secrétaire général par intérim du RDR, le cousin Hamadou Soumahoro, le Premier ministre Charles Konan Banny, etc. J’ai également invité l’opposition, avec toute sa crème.
 
Et vous pensez que tous ceux-là vont venir ?
Pourquoi pas ? C’est une rencontre de réconciliation, s’ils ne viennent pas, ils vont payer une amende de refus de main tendue. Moi, je ne fais pas d’exclusion. (Rire).  

Propos recueillis par Marlène Sih Kah

Titre original : « Germain Séhoué, auteur de «Le commandant invisible raconte la bataille d’Abidjan» : « j’invite les Ivoiriens à venir découvrir la vérité sur la bataille d’Abobo ». 

 
en maraude dans le web
Sous cette rubrique, nous vous proposons des documents de provenance diverses et qui ne seront pas nécessairement à l’unisson avec notre ligne éditoriale, pourvu qu’ils soient en rapport avec l’actualité ou l’histoire de la Côte d’Ivoire et des Ivoiriens, et aussi que par leur contenu informatif ils soient de nature à faciliter la compréhension des causes, des mécanismes et des enjeux de la « crise ivoirienne ».
 
 

Source : Le Temps 21 février 2014
 

[1] - Auteur de « Le commandant invisible raconte la bataille d’Abidjan », L’Harmattan, Paris 2012.