jeudi 31 mars 2016

Avec la reprise de Palmyre par l’armée syrienne, « c’est le pari sur une solution militaire pour faire chuter le régime syrien qui a échoué ».


La reprise de Palmyre par les forces syriennes a fait grincer des dents certains. Pourtant, c’est loin d’être un fait banal, une victoire parmi d’autres. Le revers de l’Etat islamique (EI), en train de reculer aussi bien sur le front syrien qu’irakien, a sans doute une portée bien plus grande. 
C’est d’abord la fin du mythe de « l’invincibilité » des hordes du calife autoproclamé Ibrahim Al-Baghdadi. Le territoire sous son contrôle s’est rétréci considérablement. Palmyre, c’est ensuite la voie ouverte pour une offensive en direction de Deir Ezzor, sur les bords de l’Euphrate, où l’armée syrienne tient encore l’aéroport militaire assiégé depuis plus d’un an par Daesh et un tiers de la ville. Mais aussi en direction de Raqqa, la « capitale » de Daesh. De plus, le revers infligé à Daesh met fin à cette idée assez répandue selon laquelle Damas préférait frapper l’opposition parrainée par les Occidentaux, les pays du Golfe et la Turquie, plutôt que l’EI. Et s’il est vrai que ces deux localités ne vont pas tomber comme un château de cartes, il n’en reste pas moins que depuis le début de l’intervention russe en septembre 2015, la situation sur le terrain s’est totalement inversée. Daesh et Djebhet Al-Nosra (branche syrienne d’Al-Qaïda) ont perdu l’initiative. Il en va de même pour Ahrar Cham et Jaish Al-Islam ainsi que toute une myriade de groupes islamistes, tous plus ou moins parrainés par la Turquie, l’Arabie Saoudite et le Qatar, bien avant que ces groupes (97 au total) n’acceptent le cessez-le-feu entré en vigueur le 27 février.
Dès lors, il ne sert à rien de minimiser le revers de l’EI à Palmyre et de le présenter comme un non-enjeu car au plan diplomatico-politique, le régime syrien en sort plus que jamais renforcé. Et la question du départ de Bachar Al-Assad, posée comme préalable à toute issue à la crise syrienne, n’est désormais plus d’actualité. D’ailleurs, Washington, qui coparraine les pourparlers de Genève avec Moscou, et qui s’est réjoui de la reconquête de Palmyre, n’évoque plus le départ du Président syrien. La politique de Vladimir Poutine, sans laquelle le changement du rapport de force sur le terrain n’aurait pas été possible, s’est finalement avérée payante. Moscou, à qui de nombreux commentateurs prédisaient un échec certain, est le vrai gagnant. Enfin, il n’est pas impensable que les succès militaires syriens accélèrent le règlement politique de la crise syrienne après cinq ans de conflit. 
Quant à l’Arabie Saoudite, ses alliés du Golfe et les pays membres de « l’Otan sunnite », c’est silence sur toute la ligne. Assurément, la déroute de Daesh et la série de revers qu’il a subie et qui a placé le régime syrien en position de force, s’ajoutant au retour au premier plan de l’Iran sur la scène moyen-orientale, ne constituent pas une bonne nouvelle pour Riyad et ses amis. C’est le pari sur une solution militaire pour faire chuter le régime syrien qui a échoué. C’est toute la stratégie saoudienne basée sur une politique extérieure offensive qui s’en trouve fragilisée. Le recentrage du conflit syrien exclusivement contre le régime de Damas suite au sommet de l’unification de « l’opposition syrienne » à Riyad en décembre dernier, sans le Front démocratique syrien (FDS dont font partie les kurdes), est dans l’impasse. Cette « opposition » est aujourd’hui contrainte de négocier à Genève avec le régime de Bachar et de réviser ses prétentions à la baisse. 
Impasse également sur un autre front, le Yémen. Une année de bombardements et plus de 50 000 sorties aériennes – ça a commencé le 26 mars 2015 – par la coalition arabe, cet Otan sunnite conduit par Riyad, a débouché sur un seul résultat : l’enlisement, la mort de milliers de civils yéménites, la destruction de milliers d’habitations et de lieux historiques et la fuite de plus de deux millions de
personnes. Là encore, la solution militaire a échoué. Autre échec de Riyad et de ses alliés, celui d’avoir pensé qu’en décrétant le Hezbollah libanais organisation terroriste allait se créer un conflit intercommunautaire sunnite/chiite au Liban. 
Quant à Daesh, le fait de semer la mort au Moyen-Orient d’abord, en Europe ensuite, est un signe de désarroi et un frein au projet califal qui n’aurait pas vu le jour sans l’indulgence coupable dont ont fait montre Washington et ses alliés occidentaux envers Riyad et Ankara, sans lesquels Daesh ne serait pas ce qu’il est aujourd’hui. 

Hassane Zerrouky
Titre original : « Double échec saoudien en Syrie et au Yémen, et déclin de Daesh ».
 

mercredi 30 mars 2016

Procès Gbagbo : Selon Guy Labertit, c’est un règlement de compte politique sous habillage judiciaire


Vous qui êtes l’un des rares amis du président Laurent Gbagbo, qui lui rendez visite régulièrement et qui suivez le procès, comment jugez-vous la CPI ?

Si on reprend tout l’historique, je dirai de l’affaire du procureur contre Laurent Gbagbo que tous les jalons qui ont été posés tendent à montrer que la CPI ne va pas vraiment dire le droit, mais joue plutôt le rôle d’un habillage judiciaire, d’un problème politique. Pourquoi je dis cela ? D’abord, M. Gbagbo a été conduit à La Haye dans des conditions parfaitement illégales depuis son pays. Second point, lors de la première audience de confirmation des charges, deux juges étaient contre. La logique aurait été que les poursuites soient suspendues mais il y a eu une procédure assez particulière visant à donner un sursis à madame le procureur pour faire un complément d’enquête, qui était quand même engagée depuis 18 mois. Suite à ce complément d’enquête, il y a une décision confirmant les charges qui a été prise sans que se soit tenue l’audience et le juge allemand qui a changé de position a démissionné de la CPI 18 jours après le prononcé de la décision. Ce qui laisse penser qu’il n’a pas véritablement été en capacité d’analyser le millier de pages des nouveaux éléments de madame Bensouda et d’ailleurs, la juge belge a gardé les mêmes positions. Un autre détail qui est tout à fait étrange c’est qu’un juge allemand, une fois de plus, a été remplacé au tout dernier moment, quasiment quatre jours avant l’ouverture du procès, par un juge italien, M. Tarfusser, qui depuis a été promu à la tête de la Chambre. Ce qui est quand même inédit puisque celui qui était prévu pour être le président est devenu un simple juge. Tous ces faits relèvent d’une signification politique évidente qui montre que finalement les démarches de la CPI ressortent plus du règlement de compte politique que de la volonté de juger sur la base des faits réels.

Malgré tout, le procès a commencé, depuis janvier vous avez suivi les passages des cinq premiers témoins, quelle est votre analyse ?

J’ai suivi, j’étais présent aux audiences le 29 janvier, et je dirais que la façon dont se développe ce procès conforte cette idée que la CPI ne dit pas le droit. D’abord, je dois dire que j’ai été effaré par les quatre premiers témoins, par le niveau d’expression et l’imprécision dans leurs formulations. Ce qui me frappait surtout c’était de voir comment le substitut du procureur était obsédé par cette volonté de dire qu’il y avait un plan et visiblement tous les dires des témoins n’allaient pas du tout dans ce sens-là. Or, on sait très bien que le complément d’enquête qui a été accordé à Mme Bensouda demandait expressément que soit apporté des preuves de ce plan et visiblement les premiers témoins n’apportent aucune preuve. Je reconnais avoir été amusé, même si c’est tragi-comique, par l’entêtement d’un témoin à ne pas vouloir dire que Guillaume Soro, actuel président de l’Assemblée nationale, figurait sur une vidéo puisqu’il répétait obstinément que c’était un montage des prévenus.

Vous parlez de quatre témoins alors qu’il y en a un cinquième.

Je me suis permis de faire le distinguo puisqu’il y a eu une suspension. Nous avons eu un 5e témoin qui était un témoin à charge, il est connu sous le pseudonyme de Sam l’Africain. Je pense qu’on a atteint le sommet puisque c’était un témoin à charge qui pour toute âme sensée aurait pensé que c’était un témoin à décharge. Puisque visiblement il était très mal à l’aise devant la volonté du substitut du procureur de développer un témoignage à charge. Plus le procureur s’est acharné à vouloir qu’il donne des éléments en défaveur des prévenus et plus il obtenait des réponses inverses. A la fin, les rapports qui ont existé entre le procureur et la défense sont devenus suffisamment tendus à tel point que le juge qui est assez partial ne voulait pas un contre interrogatoire direct mais les acteurs le lui ont finalement imposé. Ce juge a même été contraint de dire au substitut du procureur qu’il s’adressait à la défense selon des méthodes incorrectes dans une chambre.

Pensez-vous que le témoignage de Sam l’Africain peut être considéré comme un tournant décisif de ce procès ?

G. Labertit en tenue de dignitaire akan, à Paris,
lors d'une manifestation des partisans de L. Gbagbo
Je ne sais s’il est décisif, mais c’est le premier tournant parce que quand l’accusation présente un témoin à charge et que celui-ci prend la défense des prévenus, c’est quand même assez singulier. C’est tout à fait inédit je crois que c’est effectivement important. Il était considéré comme un des témoins clés, je ne sais pas quels seront les autres témoins clés, même si le substitut du procureur a innocemment prononcé leurs noms alors que les micros étaient ouverts. Finalement, on finit par se demander si ce n’est pas à dessein, pour que ces témoins qui sont à charge se désistent, leur identité étant connue. Ou au contraire, disent la vérité et que cette vérité, puisqu’ils ont prêté serment, soit à la décharge des prévenus.

Justement à propos des témoins dont les noms ont été dévoilés par erreur par la CPI, est-ce que vous avez été surpris d’entendre des noms comme ceux des généraux Mangou et Kassaraté ?

Surpris ? Pas véritablement puisque ce sont des personnes qui ont occupé de très hauts postes sous la présidence de M. Gbagbo. Ils étaient quand même chef d’Etat-major et commandant de la gendarmerie. Quand on sait qu’aujourd’hui ils sont ambassadeurs du régime de M. Ouattara, il n’y a pas véritablement de surprise de voir qu’ils vont témoigner à charge. Puisqu’ils ont été en quelque sorte récompensés par des nominations qui je crois, marquent assez un certain opportunisme politique au service de la République.

Est-ce que leur témoignage ne viendra pas bouleverser celui de Sam l’Africain ?

Moi ce qui me sidère un tout petit peu dans la démarche du substitut du procureur, c’est son attachement à certains mots que le témoin Sam l’Africain disait n’être que des mots pour ambiancer. C’est sidérant qu’un ancien chef d’Etat soit emprisonné depuis bientôt cinq ans et que l’une des clés de l’accusation soit le slogan « On gagne ou en gagne », qui est une chanson tout à fait commune qui fut même reprise par l’épouse de l’actuel président Ouattara dans une vidéo. Et c’est là le drame, les hautes personnalités de cette Cour ne connaissent rien à ce qu’est la Côte d’Ivoire. Ils sont en train de juger, ils pérorent sur un pays qu’ils ne connaissent absolument pas aussi bien politiquement, sociologiquement et culturellement.

Ils ne connaissent pas ou ils sont de mauvaise foi ?

Je pense qu’il y a une part de méconnaissance parce que tous leurs propos vont dans le sens des idées reçues, on pourrait donner des exemples à propos des victimes, etc.,…

Vous avez par exemple une avocate italienne qui est à la tête de la défense des victimes. Pour elle, il n’y a des victimes que Dioula. Ils parlent d’ethnie en parlant de Dioula, ce qui est déjà un contre-sens, on ne va pas leur demander d’être anthropologues. On ose mettre Laurent Gbagbo, ethnie : Bété. On est dans un système de justice internationale, mais on revient à l’ère coloniale où il fallait exprimer ce qu’on appelait à l’époque les races. Vous imaginez ! Un système de justice qui se veut l’émanation du Conseil de sécurité de l’ONU ose mentionner à propos d’un chef d’Etat l’ethnie d’origine. Est-ce qu’on va mettre M. Le Drian, ministre de la Défense, Breton ? La CPI est un condensé d’idées reçues, de préjugés qui sont intolérables et qui la disqualifient d’emblée. C’est d’ailleurs étrange de voir que finalement, les principaux accusés de cette cour sont exclusivement africains. Et pour moi, elle est par essence nulle et non avenue dès l’instant où les grandes puissances de ce monde comme les Etats-Unis, la Russie, la Chine ne la reconnaisse pas.

La CPI vient d’annoncer la condamnation de Jean–pierre Bemba, ancien vice-président de la République démocratique du Congo qui est jugé aussi à La Haye. Ce ne sont pas des affaires similaires, mais quelle est votre appréciation ?

Vous savez, ce sont des cas différents mais il y a une unité, une convergence. Ce qui est ahurissant, c’est que M. Bemba quels que soit ses actes, ses options et sa philosophie politiques, n’est pas jugé par rapport à ce qui s’est passé en RDC, mais par rapport à des faits qui concernaient la République Centrafricaine. Alors qu’à cette époque le président de la Centrafrique qui aurait pu être mis en cause était bien vivant. C’était M. Ange-Félix Patassé, et personne ne l’a poursuivi. Parce que si M. Bemba comparaissait devant la CPI par rapport à des faits qui se sont passés au Congo, M. Kabila (président de la RDC) devrait aussi passer pour les mêmes faits, parce que les responsabilités, maintenant on avance le chiffre de plus d’un million de morts, sont largement partagées.

Il y a eu deux poids deux mesures mais pourquoi M. Bemba ?

Parce qu’il était une des alternatives au régime Kabila. Après l’assassinat de Laurent Désiré Kabila, le père, on est allé chercher le fils qui était un général d’opérette à 29 ans. Ce qui est étrange, c’est que cet homme qui est quand même assez moyennement connu, 15 jours après se retrouve à Washington, à Bruxelles et achève par une escale à Paris, ça semble un plan assez bien conçu. J’avoue avoir dit à un des membres du cabinet du ministre des Affaires étrangères : l’affaire que vous montez autour de Kabila est une usine à gaz ; sa légitimité sera toujours contestée. Et ce conseiller de ministre m’a dit : « Et alors qui veux-tu qu’on mette, Bemba ? ». Je crois que ça résume un tout petit peu ce qui historiquement est en train de se passer.

David Youant, avec DEK (Alerte info)
Titre original : « La CPI "ne va pas dire le Droit…on revient à l’ère coloniale", selon Guy Labertit (interview) »


EN MARAUDE DANS LE WEB
Sous cette rubrique, nous vous proposons des documents de provenance diverses et qui ne seront pas nécessairement à l'unisson avec notre ligne éditoriale, pourvu qu'ils soient en rapport avec l'actualité ou l'histoire de la Côte d'Ivoire et des Ivoiriens, ou que, par leur contenu informatif, ils soient de nature à faciliter la compréhension des causes, des mécanismes et des enjeux de la « crise ivoirienne ».


 Source : Connectionivoirienne.net 29 Mar 2016

mardi 29 mars 2016

« C'était une journée ordinaire... »

Cela s’est passé le 1er janvier 2015 : traînés au commissariat par des passants qui les avaient arrêtés alors qu’ils étaient en train de tabasser un policier en tenue, trois Libanais furent presque aussitôt relâchés …sous la pression de leur communauté. L’un des témoins nous confie son dégoût de ce qu’il a vu et compris ce jour-là :


Depuis le 1er janvier 2015 j'ai compris que le pays appartient aux Libanais. Ce jour-là aux environs de 23H j'ai aperçu 3 Libanais en train de bastonner un policier et les autres policiers avaient peur d'intervenir parce que c'étaient des Libanais Voilà comment moi et quelques passants ivoiriens bien sûr avions intervenu et nous avons donné une bonne raclée à ces enfoirés On les a conduits avec les mêmes policiers au commissariat de en face Pergola à Biétry. Quelques heures plus tard pendant que nous attendions pour témoigner des grosses voitures remplies de Libanais sont arrivées. Automatiquement un chef policier nous demande de partir. Curieux que nous sommes, nous sommes restés non loin du commissariat. 30mns plus tard les frappeurs de policiers ont été libérés.

Charles Niamien


Étranger qui dit à Ivoirien qu'il est plus Ivoirien que lui...
Les exemples sont légions...
Mon petit frère a été conduit par un Nigérian dans une gendarmerie d'Abidjan et ils l'ont mis en garde à vue pour une affaire de sous-traitance (vente de chaussures, friperie) qui a mal tourné. Est-ce que cela est possible au Nigeria ? Je ne crois pas qu'à Lagos ou Ibadan un Ivoirien amène un Nigérian dans un poste de police et il va être gardé. L'Ivoirien est trop cupide et surtout manque de fibre patriotique. Il crée des problèmes à son propre frère pour de l'argent. Et moi j'ai mal au cœur quand je vois ça. Et quand tu parles de ça, on dit que tu es xénophobe. Pfffffff

Titre original : « Policiers tabassés par des libanais qui sont relâchés... »


EN MARAUDE DANS LE WEB
Sous cette rubrique, nous vous proposons des documents de provenance diverses et qui ne seront pas nécessairement à l'unisson avec notre ligne éditoriale, pourvu qu'ils soient en rapport avec l'actualité ou l'histoire de la Côte d'Ivoire et des Ivoiriens, ou que, par leur contenu informatif, ils soient de nature à faciliter la compréhension des causes, des mécanismes et des enjeux de la « crise ivoirienne ».


Source : Page Facebook de Bally Ferro 24 mars, 22:58

Cette étrange affaire a rappelé à notre collaborateur Marcel Amondji un autre événement encore plus étrange, survenu en 2001, et qui en dit bien plus long encore sur les limites que l’emprise étrangère impose à notre souveraineté, avec toutes les conséquences que cela entraîne pour notre dignité nationale. A l’époque, malgré son apparente gravité, cet événement fut présenté comme le plus banal des faits divers, et ne fit l’objet que d’un mince entrefilet dans le bimensuel officieux « La Lettre du Continent », avec ce titre férocement ironique :


Tranche de vie à Abidjan : trois bandits assassinés.

Trois Européens se promènent un soir de mai dans un quartier d'Abidjan. Ils sont brusquement attaqués par des individus armés qui leur demandent tout ce qu'ils ont sur eux. Les trois hommes livrent prestement argent, téléphones portables, clés de voitures, montres et bijoux divers... Les trois bandits s'enfuient pensant laisser leurs victimes apeurées et sans réaction. Erreur fatale... Les trois Européens – qui n'avaient pas été fouillés – sortent des armes de poing et pistent les trois détrousseurs. Ils les coincent et les « flinguent ». Bilan : les trois bandits sont morts et les victimes récupèrent leurs biens. Les trois Européens étaient des militaires du BIMA français qui avaient acheté leurs armes au marché noir. Parmi les trois bandits tués figuraient un voyou, un commissaire de police et un gendarme ivoirien. D'un commun accord franco-ivoirien, il a été décidé de passer cette affaire aux oubliettes. C'était une journée ordinaire...

Source : La Lettre du Continent N°377, 31 mai 2001

Qu’en dites-vous ?
Est-ce que après avoir appris de telles nouvelles, quelqu’un peut encore douter que notre principal problème, peut-être même notre seul et unique problème, c’est cette absolue dépendance que La France nous impose depuis qu’elle nous a soi-disant « décolinisés » ?


M. A.

lundi 28 mars 2016

Vladimir Poutine félicité Bachar el-Assad pour la libération de Palmyre


© Sputnik. Mikhaïl Voskresensky
Lors d'une conversation téléphonique, le président russe a pointé l'importance de la cité antique pour le patrimoine mondial.

Le président russe Vladimir Poutine a félicité son homologue syrien Bachar el-Assad pour la libération de Palmyre du joug terroriste, a fait savoir dimanche Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin.

« Lors d'une conversation avec le président syrien, Vladimir Poutine a félicité son homologue pour la libération de la ville de Palmyre par les militaires syriens, notant l'importance de la préservation de cette ville historique unique en son genre pour la culture mondiale », a indiqué M. Peskov.

« M. Poutine a de nouveau souligné que malgré le retrait du gros du contingent militaire russe de Syrie, les forces armées russes continueraient de soutenir les autorités syriennes dans leur lutte contre le terrorisme et pour la libération de leur terre contre les groupes extrémistes », a ajouté le porte-parole.

© AFP 2016 STP
Et de préciser que « M. Assad a hautement apprécié l'aide que les Forces aérospatiales russes avaient apportée (à son pays, ndlr) et a noté que les succès, telle la libération de Palmyre, auraient été impossibles sans le soutien russe ».

« Selon M. Assad, il est absolument évident que la lutte est menée pour le pétrole, mais, comme il l'a fait remarquer, il y a beaucoup de brut, mais Palmyre est seule et unique », a confié M. Peskov. 

Source : https://fr.sputniknews.com/international 27 mars 2016

dimanche 27 mars 2016

UN « IMPORTANT EXPLOIT »

Palmyre libérée...
L'armée syrienne appuyée par l'allié russe a infligé une cuisante défaite ce dimanche au groupe Etat islamique (EI) en lui reprenant la ville de Palmyre. Bachar al-Asssad a salué un « important exploit ».
Après avoir repris le contrôle de Palmyre, le régime veut désormais chasser l'orgnisation jihadiste de ses deux principaux fiefs de Raqa et Deir Ezzor.
Il s'agit de la victoire la plus importante du régime face à l'EI depuis l'intervention militaire fin septembre 2015 dans le conflit syrien de la Russie, allié indéfectible du président Bachar al-Assad.
S'exprimant devant des députés français en visite à Damas, M. Assad a affirmé que « la libération de la ville historique de Palmyre est un exploit important », ajoutant qu'il s'agit d'une « nouvelle preuve de l'efficacité de la stratégie de l'armée syrienne et de ses alliés dans la guerre contre le terrorisme, en comparaison avec le manque de sérieux de la coalition menée par les Etats-Unis » contre l'EI.
Après avoir reconquis Palmyre, les forces prorégime n'auront qu'à déloger l'EI de la localité d'Al-Alianiyé, située à 60 km plus au sud, pour reprendre le contrôle du désert syrien et avancer vers la frontière avec l'Irak, contrôlée en grande partie par les jihadistes.
« L'armée a réussi sa mission à Palmyre où elle rétabli la sécurité », a indiqué le commandement militaire en annonçant dans un communiqué la reprise de cette ville du centre de la Syrie, vieille de plus de 2.000 ans.
Les 20 jours de combats ont coûté la vie à 400 jihadistes, « le bilan le plus lourd pour l'EI dans une seule bataille depuis son émergence » dans le conflit en 2013, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). 188 membres des prorégime y ont péri.
La télévision d'Etat a montré des images de destructions dans le musée de Palmyre, théâtre d'une terrible bataille avec des têtes de statues renversées, le sol couvert de débris et un grand cratère au plafond.
Les unités d'ingénierie de l'armée ont commencé à désamorcer les bombes et mines placées par les jihadistes dans la cité antique.

« Resserer l'étau autour des terroristes »

Soutenue par l'aviation et les forces spéciales russes ainsi que par le Hezbollah libanais et des milices, les soldats ont lancé le 7 mars l'offensive pour reprendre Palmyre à l'EI qui s'était emparé en mai 2015 de la ville et détruit une partie des ruines classées au patrimoine mondial de l'Unesco.
Fort de son succès à Palmyre, le commandement syrien a affirmé que la cité « sera la base à partir de laquelle s'étendront les opérations contre le groupe terroriste notamment Deir Ezzor (est) et Raqa (nord) », principaux fiefs de l'EI.
Le but est de « resserrer l'étau autour des terroristes, de couper leurs lignes de ravitaillement et de reprendre les territoires sous leur contrôle pour mettre fin à leur existence » en Syrie, a-t-il dit.
Selon une source militaire, les jihadistes se sont « repliés » de Palmyre vers Sokhné, plus à l'est, ainsi qu'à Raqa et Deir Ezzor.
L'ordre de retrait est venu du commandement à Raqa, a indiqué à l'AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de l'OSDH. Mais il reste « une poignée de jihadistes qui veulent se battre ».
Quelques heures après la perte de la ville, l'EI a fait exploser deux voitures piégées à la périphérie ouest de Palmyre et des tirs étaient entendus à la périphérie.
Des combats se poursuivent en outre à l'aéroport militaire de la ville, selon l'OSDH, alors que la quasi-totalité des habitants avaient fui avant l'entrée de l'armée dans Palmyre. 
Responsable d'atrocités dans les régions sous son contrôle et de vastes destructions du patrimoine, l'EI a détruit à coups d'explosifs les plus beaux temples de Palmyre – Bêl et Baalshamin –, et réduit en poussière des tours funéraires et le célèbre Arc de triomphe. 

L'État islamique également visé en Irak

La perte de Palmyre est la deuxième grande défaite de l'EI en Syrie après celle en janvier 2015 à Kobané (nord) d'où les jihadistes avaient été chassés par les forces kurdes appuyées par l'aviation de la coalition menée par Washington.
De l'autre côté de la frontière, en Irak, l'EI est aussi la cible d'une large offensive de l'armée irakienne qui cherche à reprendre son fief de Mossoul (nord) avec le soutien aérien de la coalition internationale. Des milliers d'Irakiens ont fui les combats dans la province de Ninive, dont Mossoul est le chef-lieu.
Les grandes puissances sont déterminées à en finir avec l'EI qui a revendiqué mardi dernier les attentats de Bruxelles (31 morts et 340 blessés), quatre mois après avoir commis ceux de Paris (130 morts).   
Palmyre était l'une des principales batailles en cours en Syrie, où une trêve est entrée en vigueur il y a un mois entre rebelles et régime, permettant à ce dernier de concentrer le combat contre les jihadistes exclus de cette cessation des hostilités.
A la faveur de la trêve, un premier round de pourparlers indirects a eu lieu à Genève entre régime et opposition afin de trouver une issue au conflit qui a fait depuis cinq ans plus de 270.000 morts et créé une grave crise migratoire avec la fuite de millions de Syriens. L'ONU espère un deuxième round autour du 9-10 avril.
Dans son message pascal, le pape François a exprimé son espoir que ces négociations apportent la paix à ce pays « déchiqueté ».


2 COMMENTAIRES


Heureusement que le ridicule ne tue pas.
En effet, nos gouvernants et nos médias, après avoir voué aux gémonies le président syrien, qualifié de dictateur, assassin de son peuple, devant être écarté définitivement de la scène politique syrienne… Voilà que ces mêmes gouvernants et médias se félicitent (in petto) de l'écrasement des troupes djihadistes par l'armée de Bachar El Assad.
Souvenons-nous des déclarations définitives de notre ministre Fafa sur le responsable de 260.000 morts… Hélas, il n'est plus là pour avaler son chapeau. Sa fatuité coule des jours heureux à la présidence du Conseil Constitutionnel par la grâce du président « Turlupin ». On pourrait se demander de quel droit ? Tout simplement le choix du prince qui nous gouverne…
Une anomalie parmi tant d'autres de notre « belle » république.

Palmyre ! 
Palmyre outragée ! Palmyre brisée ! Palmyre martyrisée ! Mais Palmyre libérée ! Libérée par elle-même ; libérée par son peuple avec le concours des armées de la Russie ; avec l'appui et le concours de la Syrie tout entière, de la Syrie qui se bat, de la seule Syrie, de la vraie Syrie, de la Syrie éternelle.


Source : http://actu.orange.fr 27 mars 2016

(Titre original : « La reprise de Palmyre : un "important exploit" d'après Bachar al-Assad »)

vendredi 25 mars 2016

« …hier lundi, la France est rentrée directement en guerre contre nous. Avant, elle était déjà contre nous, mais indirectement. Elle se limitait à transporter les troupes rebelles d’un point à un autre.»

L’interview de Gbagbo sur LCI, le 5 avril 2011
L’entretien téléphonique du président Laurent Gbagbo avec Vincent Hervouët, journaliste à LCI, une chaîne privée française, le mardi 5 avril 2011, lendemain de l’entrée officielle de la France en guerre contre la Côte d’Ivoire, est l’un des éléments de preuve de la défense qui ont déstabilisé l’accusation lors de la deuxième étape du « procès de la honte » qui a lieu actuellement à La Haye (Pays-Bas).

Monsieur le président, je suis très ému de vous avoir ce soir. Comment vous portez-vous ?
Un peu fatigué mais ça va.

Est-ce que les négociations avancent ?
Vous allez trop vite en besogne. Je vais vous décrire ce qui s’est passé. La semaine dernière, les forces de Ouattara que nous appelons ici les rebelles ont pris beaucoup de villes en Côte d’Ivoire et sont rentrées à Abidjan, alors l’armée régulière a contre-attaqué et au moment où l’armée pensait les avoir suffisamment affaiblies sur Abidjan et donc s’apprêtait à prendre la contre-offensive pour aller à l’intérieur du pays, la France a opéré des frappes aériennes avec des avions de guerre et a bombardé des sites stratégiques de la capitale économique, c’est-à-dire Abidjan.

Est-ce que vous pensez que la France a outrepassé le mandat que lui donnait la résolution de l’ONU ?
Ecoutez, moi, je ne connais pas de résolution de l’ONU qui demande à la France de rentrer en guerre contre nous. Or hier lundi la France est rentrée directement en guerre contre nous. Avant cela, elle était déjà contre nous, mais indirectement. Elle se limitait à transporter les troupes rebelles d’un point à un autre. Elle les armait, mais c’était la première fois que la France rentrait directement en guerre contre nous. Toutes les soutes à munitions de l’armée situées à Abidjan ont été bombardées. Le palais de la présidence a été bombardé ; la résidence du chef de l’Etat a été bombardée pendant que je m’y trouvais ; la télévision nationale a été détruite ; la radio l’a été également.

Mais vos troupes se battaient aussi
Ah oui, mais elles se battaient contre la rébellion et non pas contre la France.

M. le président, est-ce que vous avez confiance dans la parole d’Alain Juppé ou Nicolas Sarkozy ? Est-ce que vous pouvez discuter avec eux ?
Excusez-moi, mais je n’ai pas envie de parler de ces messieurs, mais quand le moment sera venu, nous parlerons certainement. Mais je n’ai pas compris et je ne comprends toujours pas comment un litige électoral en Côte d’Ivoire entraine l’intervention directe de l’armée française. Je ne comprends toujours pas.

Il parait que vous réclamiez des garanties pour votre sécurité ?
Moi, je n’ai jamais dit ça. Ce que je souhaite, c’est une cessation de belligérance demandée par l’armée. Ce qu’on appelle communément un cessez-le-feu. Et l’armée est en train de discuter des modalités de ce cessez-le-feu avec les autres forces en présence. Mais sur le plan politique aucune discussion n’est encore engagée.

Donc, vous n’êtes pas décidé, M. le président, à laisser la place à Alassane Ouattara.
Ecoutez, le débat de fond demeure. Et il est simple. L’élection présidentielle du 28 novembre 2010, qui l’a gagnée et qui l’a perdue ? Alors avec ce débat, on est rentré progressivement dans la situation de guerre. Je dis que la France est entrée dans cette guerre-là, et a détruit nos forces armées.

M. le président, si je vous ai bien compris, vous ne reconnaissez pas la victoire d’Alassane Ouattara ?
Mais il n’a pas gagné les élections, cher ami. Comment voulez-vous que je vous le dise ? Il n’a pas gagné les élections.

D’accord, mais, est-ce que pour ramener la paix en Côte d’Ivoire, vous êtes prêt à quitter la présidence ?
Ecoutez, pour ramener la paix en Côte d’Ivoire, il faut que nous discutions tous les deux. Que chacun présente ses arguments.

Est-ce que vous voulez dire que ce soir, vous réclamez un tête-à-tête avec Alassane Ouattara ?
Ça fait longtemps que nous sommes en Côte d’Ivoire, nous avons eu plusieurs tête-à-tête. Mais depuis que nous sommes rentrés dans cette crise, chacun campe sur ses positions. Nous attendons. Nous attendons…

Vous êtes actuellement à la résidence du président de la République, on dit que vous êtes dans un bunker avec votre famille.
Ce n’est pas moi qui ai construit ce bunker…

Et vous pensez que vous pouvez rester dans ce bunker ?
Mais mon problème n’est pas de rester dans un bâtiment ou pas. Mon problème est qu’on trouve une issue à cette crise qui n’aurait jamais dû être militaire. Elle est, donc il faut qu’on y trouve une issue.

Président Gbagbo, comment vous imaginez l’issue de cette crise ?
Pourquoi vous posez cette question d’ailleurs ?

Parce que j’essaie d’imaginer comment les choses vont se passer dans les heures qui viennent et vous, qu’est-ce que vous réclamez ?
Ce que je peux réclamer ? La vérité des urnes. Et c’est tout ce que j’ai toujours réclamé.

Ça laisse entendre que jamais vous ne laisserez la place à un autre qui n’a jamais gagné, selon vous et qui veut prendre votre place ?
Votre mot jamais est de trop, parce qu’il ne faut jamais dire jamais. Mais vous m’avez demandé ce que je réclamais et j’ai dit la vérité des urnes.

Et pour obtenir la vérité des urnes, vous êtes prêt à mourir ? Est-ce que vous êtes prêt à mourir pour votre pays pour obtenir cette vérité des urnes ?
On n’a pas besoin de mourir. Moi, j’avais proposé depuis déjà quelque temps qu’on recompte les bulletins de vote. Est-ce qu’on a besoin de mourir pour ça ?

Mais ce n’est pas trop tard pour ça ?
Mais non, je souhaite non seulement qu’on recompte les bulletins de vote, mais qu’on respecte l’ordre constitutionnel. Les institutions  de la République de Côte d’Ivoire disent que j’ai gagné. Pourquoi on s’en détache alors que dans presque toutes les élections qui ont lieu partout en Afrique, ce sont les Conseils constitutionnels qui proclament les résultats définitifs ? Brusquement arrivé en Côte d’Ivoire, on estime que non. Ce n’est pas compliqué pourtant.

Mais cela fait 4 mois.
Oui, mais ce n’est pas compliqué. Ce n’est pas moi qui complique la situation. Ce sont ceux qui ne veulent pas qu’on recompte les voix et qui ne veulent pas respecter les résultats proclamés par les institutions de la République.

M. le président, vous menez une bataille difficile depuis une semaine et on vous sent fatigué.
Oui, je le suis en effet.

Vous n’avez pas envie de tout lâcher ?
Mais pourquoi aurai-je envie de tout lâcher ? Si j’avais voulu tout lâcher, on n’aurait pas eu le multipartisme en Côte d’Ivoire… Et cela après 30 ans de lutte, pour que les gens aient la liberté de s’exprimer qu’ils aient le droit de créer des journaux. Et à cette époque, j’étais très fragile, parce que j’étais un quasi inconnu.

Mais vous ne craignez pas, M. le président, en vous incrustant et en réclamant la vérité des urnes et demandant de recompter les bulletins, vous avez laissé passer le temps d’une solution pacifique et que ça se termine très mal tout ça et qu’il n’y ait plus de solution ?
Monsieur, s’il vous plaît, lorsqu’il y a deux protagonistes à la suite d’une élection qui se contestent mutuellement les résultats et qu’il y en a un qui dit « recomptons les voix » et suivons la voie constitutionnelle et qu’il y en a un autre qui prépare une armée pour venir attaquer, qui est celui qui est dans le camp de la paix ?

Et vous ne pensez pas que l’histoire jugera ?
Ah oui, elle jugera et je pense bien que l’histoire jugera.

Si votre départ conditionne la fin des combats, est-ce que ça ne vaut pas le coup de songer à partir la tête haute?
Si mon départ peut donner la paix à mon pays et qu’il est prouvé que j’ai perdu les élections, il n’y a pas de problème. Mais ce n’est pas du tout prouvé et c’est très loin d’être prouvé. C’est très très loin d’être prouvé.

Qu’est-ce que vous allez faire ?
Continuer à vous battre dos au mur. Moi, je ne me bats pas, je me défends quand on m’attaque. Renseignez-vous bien, dans ce pays, je n’ai jamais été à la base d’un coup d’Etat et d’une rébellion. Pour ça, il faut regarder l’autre côté.

M. le président, si vous étiez en face d’Alassane Ouattara, qu’est-ce que vous lui diriez ?
Je lui dirai qu’il n’a pas gagné et ce n’est pas la peine que les gens meurent.

Et vous pensez que ça suffira pour qu’il s’efface ?
Non, si ça suffisait on n’aurait pas fait la guerre, mais c’est ce que je lui dirai.

Donc la guerre va continuer, c’est cela que vous nous dites ?
Non, ce n’est pas ce que je veux, parce que les êtres humains ont en eux une dose de sagesse qui finit toujours par prendre le dessus. Donc je suppose que la guerre va s’arrêter, parce que les militaires ont demandé une cessation de belligérance et j’espère qu’après eux, les politiques vont suivre pour discuter et moi je suis prêt à  discuter.

La France réclame que vous signiez un papier où reconnaissez la victoire d’Alassane Ouattara. Vous ne le signerez jamais ?
Mais je ne reconnais pas la victoire d’Alassane Ouattara, pourquoi vous voulez que je signe un tel papier ?

Donc vous ne signerez jamais ce papier ?
Si je reconnaissais la victoire de Ouattara, ça se saurait, si lui aussi reconnaissait ma victoire, ça se saurait également. Pourquoi vous voulez qu’au Bénin, au Tchad, au Burkina Faso, en Guinée etc. les Conseils constitutionnels proclament les résultats qui sont acceptés par le monde entier et qu’en Côte d’Ivoire, le Conseil constitutionnel proclame un résultat que les gens refusent de reconnaitre ? Pourquoi, selon vous ?

J’imagine que vous vivez des moments difficiles, qu’est-ce qui vous fait tenir sous cette pression ?
Mais c’est la recherche de la vérité. Je trouve absolument ahurissant que la vie d’une nation entière se joue sur des coups de poker dans des capitales étrangères. Des gens se lèvent et disent n’importe quoi qui n’a rien à voir avec la réalité. Ce n’est pas sage pour la gouvernance mondiale et ce n’est pas sage que les grandes puissances aient ces positions face aux pays les plus faibles.

On vous sait croyant et on imagine que vous avez de la peine en voyant tous ces morts et tous ces blessés de ces derniers jours.
Oui effectivement j’ai beaucoup de peine. Et je sors même d’un culte pour que la sagesse gagne les uns et les autres et qu’on s’asseye et qu’on discute. J’ai même un slogan en Côte d’Ivoire, qui est « Asseyons-nous et discutons ». Mais, on ne veut pas s’asseoir, parce qu’on compte sur des forces étrangères. Mais personne ne peut prendre le pouvoir comme ça. Même si quelqu’un prend le pouvoir comme ainsi, ça va durer combien de temps ?

M. le président, j’ai l’impression que personne ne pourra vous convaincre ?
Ecoutez, moi, je suis en Côte d’Ivoire et je fais la politique depuis que j’ai l’âge de 18 ans. Je connais tous les hommes politiques en Côte d’Ivoire,  je connais tous les partis politiques,  je connais toutes les régions de Côte d’Ivoire. Alors j’ai une position et personne ne veut m’écouter, on ne veut même pas écouter le Conseil constitutionnel. Si on ne veut pas écouter les institutions que notre constitution actuelle a mises en place, où allons-nous ?

Vous campez sur votre bon droit, vous campez sur votre victoire que vous estimez avoir remportée et qui vous a été reconnue. Mais maintenant, on est dans une autre situation.
Oui, mais écoutez, on prend le problème à la racine, si on veut le régler.

Est-ce que vous imaginez que les combats reprennent au-dessus de votre tête et autour de votre résidence et qu’il ait de nouveau des hommes qui tombent ?
Ecoutez, si c’est ça l’argument essentiel de mes adversaires, c’est un mauvais argument. Il s’agit de savoir qui a gagné les élections, c’est ça le problème. Mais qu’on ne dise pas comme il y a des morts, retirez-vous. Evidemment, on peut le dire à nous deux. Il serait plus sage de le dire à nous deux. On ne peut dire comme il y a des morts, toi, retire toi et laisse l’autre. Pourquoi ?

Est-ce que vous pensez que les forces rebelles ont commis des crimes de guerre ?
Moi, j’ai pris deux lois d’amnistie pour eux. Je ne suis pas là à culpabiliser tel ou tel. On m’a dit pour avoir la paix, il faut prendre des lois d’amnistie, je l’ai fait. Et je ne regrette pas du tout, parce que nous avons trois ou quatre ans de paix relative, donc je ne suis pas là pour accuser les gens. Je dis si on veut nous aider à régler nos problèmes, il faut qu’on cherche à savoir qui a gagné les élections. Ce n’est pas en venant bombarder un peuple qu’on va y arriver.

Président Gbagbo, et si je vous dis que c’est trop tard ?
Si c’est trop tard, ça le sera pour toute la Côte d’Ivoire. Mais sachez seulement que dès les premiers jours de la contestation, le 29 novembre et au début du mois de décembre 2010, j’ai dit « recomptons les voix, suivons la voie de la constitution ».

Mais depuis, beaucoup de pays ont reconnu la victoire d’Alassane Ouattara.
C’est-à-dire que beaucoup de pays ont dit que Ouattara est le nouveau président, c’est différent de reconnaitre la victoire. Or pour reconnaitre la victoire, c’est le Conseil constitutionnel seul qui donne le nom du vainqueur. Et je suis celui que le Conseil constitutionnel a proclamé comme vainqueur. Les autres ont dit que Ouattara est le nouveau président, c’est tout à fait différent.

Je vais vous poser une dernière question, elle est indiscrète, un peu intime. Mais est-ce que vous êtes prêt à mourir ?
Je crois qu’un homme qui vit et qui ne pense pas à la mort ne vit pas en réalité. Mais sachez que, moi, je ne suis pas un kamikaze, j’aime la vie. Les amis qui m’ont connu quand j’étais étudiant en France peuvent en témoigner. Je pense que ma voie n’est pas une voie de martyr.

Retranscription de Jean Yves Bitty

Source : LCI

(https://www.youtube.com/watch?v=-kQIA6uagik)