samedi 31 mai 2014

TU AS HÂTE QUE ÇA FINISSE...

Voyageurs, près d'un marché, quelque part en Côte d'Ivoire
Je m’adresse à toi Djédjé, à toi Sery, à toi Koutouan, à toi Gnomblehi, à toi Péhé, à toi Gonto, à toi Esmel, à toi Degny, à toi Mélèdje, à toi Adiko, à toi Mobio, à toi Yapo, à toi Adia, à toi Niamkey, à toi Amoikon, à toi Akassimandou,  à toi N’Guettia, à toi Dongo, à toi Gbané, à toi Timité, à toi Konan, à toi Yobouet, à toi Zamblé, à toi Silué, à toi Yéo, à toi Coulibaly, à toi Koné, à vous dignes fils et filles de Côte d’Ivoire.
Frédéric Djédjé, depuis avril 2011 tu as perdu ton emploi;  tu n’as plus de biens matériels, tout a été pillé par les FRCI. Ton frère cadet, diplômé de l’université et devenu gérant de cabine téléphonique, a été lâchement assassiné, pris pour un milicien pro-Gbagbo. Ta femme n’est plus couturière, car tout son matériel de travail a été emporté un matin par des hommes en arme. Tes enfants ne vont plus à l’école, ne mangent plus à leur faim.  Tu as hâte que ça finisse. 
Isidore Sery, après le 11 avril 2011 ton village a été saccagé parce que tu passes pour un militant très dynamique du FPI. Ils te soupçonnaient d’y avoir caché des armes. Plusieurs jours durant, tous les habitants de ce village ont subi le martyre, ils en portent encore les stigmates. Aujourd’hui, tu n’es même pas capable de changer tes sandales usées. Tu as hâte que ça finisse. 
Marguerite Koutouan, tu es de Yopougon Kouté, la terre d’Abidjan, théâtre de tant d’atrocités depuis avril 2011, t’appartient. Tu as beau maudire ceux qui la souillent fréquemment du sang des Ivoiriens, ils continuent de sévir. Tes boules d’Abodjama que tu écoulais chaque soir en deux temps trois mouvements, veillent dans ta cuvette. Les rares clients qui s’arrêtent à ton étal les trouvent hors de prix. Tu n’es plus en mesure d’acquitter les frais de scolarité de tes deux enfants. Tous tes wax sont usés, et tu es incapable de renouveler cette garde-robe chèrement acquise.  Tu as hâte que ça finisse. 
Gaston Gnombléhi, Élisabeth Péhé, Pierre Gonto, vous dignes enfants de l’Ouest ivoirien. Vous dont les familles ont été décimées. Vous qui avez versé sur le corps de vos parents massacrés toutes les larmes que vous avez pu. Et qui porterez toujours ce deuil et certainement bien d’autres, tant que la terre de vos aïeux n’aura pas été débarrassée de tous ces envahisseurs porteurs d’armes et de gris-gris, qui l’écument. Vous avez hâte que ça finisse. 
Jacques Esmel, valeureux fils de Dabou. Ton patronyme est politiquement connoté. Les FRCI t’ont toujours pris pour un milicien FPI. Cela t’a valu d’être à plusieurs reprises conduit « au poste ». Les zébrures que porte ton dos clair, jointes à la mendicité à laquelle tu es réduit, t’arrachent régulièrement des sanglots.  Tu as hâte que ça finisse. 
Christophe Degny,  Jean-Baptiste Mélèdje, Pascal Adiko, Jules Mobio, Serges Adia, vous souffrez du même délit patronymique que Jacques Esmel. Dans l’imaginaire de ceux qui règnent aujourd’hui sans partage sur la Côte d’Ivoire, vos parents et vous êtes sans conteste des militants du FPI. Des militants de première heure.  Vous n’avez pas voulu prendre le chemin de l’exil, contrairement à des membres de vos familles et à la plupart de vos amis. Mais vous vivez un exil intérieur, vous vous cachez d’eux pour vivre. Vous avez hâte que ça finisse.
Jean-Marie Niamkey, tu étais un homme d’affaires prospère. Depuis de nombreuses années, les cabinets ministériels constituaient l’essentiel de ta clientèle. Tu étais un fournisseur envié. Dès la mise en place du premier gouvernement Ouattara, aucun DAAF (directeur des affaires administratives et financières) n’a voulu traiter avec toi. Tu as dû te séparer de la quasi-totalité de ton personnel. Tes deux enfants qui étudiaient au Maroc sont retournés au pays. Ils sont sans occupation et tu en pleures constamment. Tu as hâte que ça finisse. 
Georges Amoikon, tu étais un étudiant brillant, et tu as toujours rêvé de décrocher un Ph. D. Cela fait deux ans que tu souffres de ne pas pouvoir terminer ta maîtrise en physique. Parce que c’est la condition posée par une université de renom pour t’offrir une bourse doctorale. Ton frère aîné qui aurait pu te permettre d’aller étudier ailleurs, n’est désormais plus qu’un simple employé après le poste de directeur qu’il occupait. Il est victime du rattrapage ethnique. Tu as hâte que ça finisse. 
Michel Akassimandou, après de brillantes études aux États-Unis, tu as décidé en 2009 de revenir t’installer en Côte d’Ivoire. Tu avais, dès ton retour, créé une PME plutôt prometteuse. Tu avais fait le choix de construire des logements pour les Ivoiriens. Tu voulais surtout que ceux de la diaspora aient chacun un toit au pays. Belle initiative en vérité que celle-là! Malheureusement, il y a eu avril 2011, et les 5000 Ivoiriens qui t’avaient fait une promesse ferme n’ont plus donné signe de vie. Finalement, tu as mis la clé sous le paillasson. Tu es souvent partagé entre le désir de retourner aux États-Unis et celui de rester pour participer à l’avènement d’un ordre nouveau en Côte d’Ivoire. Un ordre caractérisé par une sécurité tous azimuts, propice aux affaires.  Tu as hâte que ça finisse. 
Albert N’Guettia, en 2011, ta mère qui souffrait de diabète depuis belle lurette ne pouvait plus se soigner du fait de l’embargo sur les médicaments. Elle en est morte. Tu as perdu ton emploi de comptable il y a deux ans. Tes enfants et ceux de ton frère aîné (il figure au nombre des gendarmes assassinés à Bouaké par les rebelles de Guillaume Soro) ont interrompu leurs études. Toi aussi tu as hâte que ça finisse. 
Dominique Dongo, ton cas est pathétique. Tu étais au chômage depuis plusieurs années déjà. C’était grâce au petit commerce de ton épouse (elle tenait un maquis) que vous assuriez la pitance quotidienne chez vous, à Jérusalem (Yopougon). Mais ta femme t’a quitté un matin ennuagé de juin 2011. Une semaine après qu’elle a été violée par un groupe de rebelles. Toutes les médiations sont restées sans succès. Aujourd’hui, tu es très déprimé et amer.  Tu as hâte que ça finisse. 
Mariam Gbané et Aminata Timité. Vous, authentiques Ivoiriennes de Bondoukou, l’on vous confond avec les autres. Vos clientes du marché de Wassakara et de Niangon sud à gauche vous boudent depuis avril 2011. Elles ne daignent même plus jeter un coup d’œil aux condiments que vous leur proposez. C’est pourtant de ce commerce que vous tirez les revenus servant à subvenir aux besoins de vos familles respectives. Vous vous en êtes ouvertes à vos époux qui se sont contentés de lâcher : « Gbagbo kafissa ». Vous avez hâte que ça finisse. 
Charles Konan et Sébastien Yobouet. Au premier tour de l’élection présidentielle de 2010, votre choix était sans ambages : Henri Konan Bédié. Au second tour, l’un d’entre vous s’est abstenu et l’autre a accordé son suffrage à Alassane Dramane Ouattara. Naturellement, vous n’avez pas été touchés par le rattrapage ethnique, vous avez conservé votre emploi, vous occupez toujours votre poste de cadre. Pourtant, nombreux sont vos collègues qui ont été remerciés à partir de mai 2011, et vous savez très bien que ce n’est pas pour incompétence. Ni pour des raisons budgétaires. Puisque dans les structures qui vous emploient, le personnel a presque doublé en deux ans. Il arrive que cette situation vous révolte. Après tout, vos anciens collègues, devenus aujourd’hui mendiants, sont des Ivoiriens comme vous. Vous avez hâte que ça finisse.
Alphonse Zamblé, depuis 2004 tes parents à Vavoua ont été dépossédés de leurs plantations de cacao et de café qui leur permettaient de payer tes études. Tu as dû mettre un terme à celles-ci pour exercer le commerce de friperie. Mais un matin, les FRCI sont allés te chercher à ton domicile de Gbinta (Yopougon) au motif que tu serais l’un des initiateurs de l’«article 125». Pendant deux semaines tu as subi toutes sortes de tortures physiques dans un camp militaire. Tu y as laissé un œil. Mais cela n’a pas eu raison de ta détermination, de ton désir de voir un jour ou l’autre tes tortionnaires débarrasser le plancher. Tu as hâte que ça finisse. 
Yves Silué, Catherine Yéo, Salimata Coulibaly et Adama Koné. Vous êtes Sénoufo, Dioula, chrétiens et musulmans. Mais vous avez un dénominateur commun : tous les quatre vous êtes ressortissants du Nord ivoirien. Des politiciens en mal de thèmes mobilisateurs avaient agité l’ivoirité comme l’expression du rejet des Ivoiriens nordistes. Ce discours spécieux vous avait séduit et vous aviez accordé votre bénédiction à la rébellion qui a coupé notre pays en deux. Si aujourd’hui vous êtes bénéficiaires du rattrapage ethnique, vous ne perdez pas de vue que vous avez grandi, étudié et que vous travaillez dans la partie sud du pays. Vos compatriotes et amis originaires de cette zone ne vous fréquentent plus depuis 2011. Cela vous dérange énormément, et vous êtes devenus les chantres de la réconciliation nationale qui vous semble le cadet des soucis du côté du palais présidentiel. Vous avez hâte que ça finisse.
Vous et moi, nous avons tous hâte que ça finisse, mais nous nous demandons comment. Puisque les FRCI sont partout, le doigt sur la gâchette, prêts à défendre leur fétiche. En arrière-plan se trouve la force Licorne qui veille sur les intérêts français. Intérêts garantis par le bénéficiaire local des bombardements franco-onusiens d’avril 2011 et également bénéficiaire de la rébellion endossée depuis septembre 2002 par un certain Guillaume Soro, de triste réputation. 
Ce que nous ignorons, c’est que nous représentons une force redoutable, plus redoutable que les FRCI et la force Licorne. Il suffit que nous le voulions pour que ça finisse.
Ne commettons surtout pas l’erreur d’attendre les élections présidentielles de 2015 pour que ça finisse. Ça ne pourra finir dans les urnes que si nous avons la garantie que ces élections seront justes et transparentes. Ce dont je doute fort.
C’est à cette heure qu’il faut créer les conditions d’élections transparentes en 2015. La fin à laquelle nous aspirons tous se prépare de ce temps-ci. Dans le cadre d'une bonne transition que nous devons appeler de tous nos vœux.
Nous voilà prévenus !
Jacques K. Mian (1er juin 2013) 

 
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Sous cette rubrique, nous vous proposons des documents de provenance diverses et qui ne seront pas nécessairement à l'unisson avec notre ligne éditoriale, pourvu qu'ils soient en rapport avec l'actualité ou l'histoire de la Côte d'Ivoire et des Ivoiriens, ou que, par leur contenu informatif, ils soient de nature à faciliter la compréhension des causes, des mécanismes et des enjeux de la « crise ivoirienne ».
 

Source : Jacques K. Mian d’Anomathuepin (via Facebook)

vendredi 30 mai 2014

BURKINA FASO : HALTE A L’ESCALADE CRIMINELLE !

Déclaration du mouvement d’opposition « Le Balai Citoyen »  

Depuis quelques temps, les débats sur le projet de référendum en vue de modifier l’article 37 de la Constitution pour permettre au Président Blaise Compaoré d’être candidat à la présidentielle de 2015, virent dangereusement vers une escalade de la violence. Les militants et dirigeants du parti au pouvoir ainsi que leurs soutiens multiplient les dérives à travers des propos tendant à instrumentaliser certains Burkinabè et à les dresser contre tous ceux qui s’opposent à ce projet de pouvoir personnel et à vie.
 
L’on peut citer en exemple les propos tenus par un député du CDP, Salam Dermé, qui dans ses envolées lyriques lors d’un meeting à Ouagadougou s’est laissé aller à des menaces à peine voilées, faisant savoir à ceux qui s’opposent au référendum que « « Si les gens ne veulent pas du référendum, l’on peut revenir à l’état d’avant (état d’exception) car si ce sont les armes, c’est nous qui possédons les armes… ». Ses propos en langue nationale mooré sont téléchargeables sur Youtube.
Le comble de cette montée de la tension a été atteint à Ouahigouya le Samedi 24 mai 2014, où des militants notoirement connus dans ladite ville comme étant ceux du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) ont perturbé une conférence publique animée par le Professeur Luc Marius Ibriga et contraint les organisateurs à suspendre la rencontre. Ces délinquants, sans doute instrumentalisés par des maîtres politiques, ont proféré toutes sortes de menaces sur le conférencier et sur quiconque oserait contester la tenue du référendum pour réviser l’article 37.
Le même jour dans la nuit, le Juge constitutionnel Salifou Nébié a été retrouvé mort à Saponé, à une trentaine de Kilomètre de Ouagadougou sur le même axe où près de 16 ans plus tôt Norbert Zongo et ses compagnons avaient été assassinés et brûlés. Le corps sans vie du Juge Nébié a été retrouvé à environ 100 mètres de sa voiture, le crâne fracassé. Cette énième mort suspecte qui intervient dans un contexte sociopolitique où les menaces se succèdent doit être élucidée au plus vite.
Plus tôt dans la matinée de ce même samedi 24 mai, c’est un jeune couturier de 24 ans, du nom de Jacques Bado qui a succombé à des coups et blessures que lui auraient infligés deux militaires la veille, pour dit-on, une affaire de vol de portable ou de femme.
L’on se souviendra qu’au mois de mars dernier, un policier a été abattu avec sa propre arme, par un fou dit-on, sur l’Avenue Charles De Gaule à Ouagadougou. L’on ne peut passer sous silence cette bien curieuse affaire Tuina, du nom de cet ancien militaire du Régiment de Sécurité présidentielle mort dans des conditions suspectes en août 2013, après avoir tenté d’attaquer le palais présidentiel, selon les sources officielles. Pourtant son corps a été retrouvé quelques kilomètres plus loin, notamment dans le quartier Pissy de Ouagadougou.
En outre, des rumeurs circulent à Ouagadougou, sur l’existence d’une présumée liste noire de personnalités à abattre. Qui sont ces personnes et à qui profiterait leur élimination physique ?
Pourtant, il n’y a pas longtemps, tous les canaux médiatiques (radios, télé, journaux, …) étaient mobilisés pour une campagne de masse en vue de sensibiliser les populations au civisme. Aujourd’hui, après tant d’actions de résistance citoyenne non violente, de manifestations pacifiques, sans casses, sans dégâts, (…), les populations ont suffisamment prouvé leur maturité, leur civisme et leur attachement à la paix. L’incivisme tant combattu par le gouvernement, est de plus en plus constaté chez ceux-là mêmes qui nous invitent chaque jour au civisme : crimes économiques et de sang, impunité, injustice, corruption, … sont autant d’actes inciviques perpétrés au vu et au su de tous, par nos dirigeants et leurs zélateurs. Désormais, en matière de civisme, c’est à notre tour d’inviter nos gouvernants, à prendre le bon exemple sur leurs concitoyens.
Au regard de la dégradation progressive de la situation nationale, le Balai Citoyen se sent interpellé. Notre Mouvement, qui fonde toutes ses revendications sur le principe de « non-violence », ne saurait rester indifférent face à cette montée de l’escalade criminelle qui risque de précipiter notre pays dans le chaos.
Aussi, Le Balai Citoyen condamne-t-il, avec la plus grande fermeté, l’assassinat du juge Salifou Nébié et la mise à mort du jeune Jacques Bado et exige que toute la lumière et la justice soient faites sur ces affaires troublantes. Il lance un appel à tous les mouvements et organisations de défense des droits humains, les organisations de la société civile et toutes les formations politiques attachées au droit à la vie, à un vaste rassemblement populaire pour exiger vérité et justice sur ces crimes odieux.
De même, le Balai Citoyen dénonce et condamne énergiquement la montée de la violence dans les propos des dirigeants du parti au pouvoir dans leurs meetings et les tient pour responsables de toutes les dérives qui résulteraient des provocations et autres campagnes d’intoxication et d’intimidation.
Face à cette situation, le Mouvement voudrait ici :
- * dénoncer l’interruption de la conférence du Focal à Ouahigouya qui est une atteinte grave aux libertés individuelles et collectives, notamment la liberté d’expression et exiger la poursuite des militants zélés du CDP à la base de cette forfaiture ;
- * tenir le pouvoir pour responsable de toutes dérives violentes ;
- * interpeller l’opinion publique nationale et internationale sur les risques d’affrontements et de violences du fait de l’attitude du pouvoir et de ses suppôts ;
- * inviter toutes les forces politiques de la société civile opposées à l’instauration d’un pouvoir personnel et à vie dans notre pays à se mobiliser dans un front unique de combat pour imposer la démocratie et le respect des droits notamment le droit à la vie et à la différence, la vérité et la justice ;
Tout en félicitant les forces du changement dont la mobilisation a contraint le pouvoir à repousser les échéances de ses réformes qui tirent notre processus démocratique vers le bas, le Balai Citoyen les invite à redoubler d’efforts car le pays est à la croisée des chemins et cela nécessite que le peuple se mette debout comme un seul homme contre ses oppresseurs.
Le Balai Citoyen saisit cette occasion pour féliciter les cibals et cibelles ainsi que tous les militants du changement de Ouagadougou et de Bobo-Dioulasso pour les mobilisations exceptionnelles lors des dernières manifestations contre les délestages et contre la situation à l’Hôpital Souro Sanou de Bobo-Dioulasso.
Il les invite à se mobiliser davantage dans les quartiers et secteurs, dans les écoles et universités, dans les marchés et yaars, dans l’administration, bref partout sur le territoire national et dans la diaspora afin d’apporter la riposte à tout projet de confiscation de l’Etat par quelque groupe ou clan que ce soit.
Le Balai citoyen soutient la campagne anti-référendum lancée par l’opposition politique et invite tous les cibelles et cibals à sortir massivement le 31 mai au stade du 4 août pour dire non au énième tripatouillage de notre constitution.
Notre nombre est notre force !
Ensemble on n’est jamais seul ! 
 
Pour le mouvement Le Balai Citoyen, La Coordination nationale
Titre original : « Balai citoyen : Appel à la mobilisation contre l’escalade criminelle et pour le changement ! » 

Source : Lefaso.net 30 mai 2014

jeudi 29 mai 2014

LEUR MORALE (suite)

Elisabeth Goli : «Venance Konan me harcèle depuis 1999». 


«Bafouée dans mon honneur et ma dignité de femme et de journaliste, j’ai jugé bon de porter plainte contre Venance Konan à la police criminelle afin d’instruire l’opinion contre les pratiques peu recommandables de cet homme au sein de l’entreprise et que la vérité se manifeste. Car depuis quelques semaines, je suis l’objet de menaces», affirme Elisabeth Goli, journaliste au service Sport du groupe de presse Fraternité Matin qui était face à la presse, hier lundi 26 mai 2014, à la maison de la presse d’Abidjan, au Plateau. «Après enquête et recoupement, je puis affirmer haut et fort et avec preuves à l’appui, que ces tracts ont été rédigés et/ou inspirés par le Directeur général de Fraternité Matin, M. Venance Konan. Comme preuve irréfutable, dans ces tracts, figurent les même propos déshonorants qu’il m’a tenus au cours d’un entretien dans son bureau, le vendredi 25 avril 2014. La vérité est que Venance Konan me harcèle, et je pèse mes mots, depuis 1999 où j’étais stagiaire à Fraternité Matin. Il continue d’exercer sur moi un harcèlement sexuel scandaleux auquel je n’entends pas céder», argumente la présidente de l’Union des femmes reporters sportives d’Afrique (Ufresa), présidente de l’association des journalistes sportifs de Côte d’ivoire (AJS-CI) accréditée pour la couverture de la coupe du monde 2014 de la Fifa au Brésil.
«Il dit de moi que je suis un produit de la promotion canapé. Je n’ai jamais eu de promotion à Fraternité Matin où je ne suis qu’un simple journaliste sans aucun poste de responsabilité. Sous Venance Konan, je n’ai droit à aucune mission à l’extérieur, puisqu’il refuse de signer mes ordres de missions parce que je ne cède pas à ses avances. Où est donc la promotion canapé ? On sait en revanche qui a eu la promotion canapé, sans passé de journaliste… Professeur de musique, Oumou Dosso, a été débauchée du lycée de garçons de Bingerville par M. Venance Konan. Sur la base de «la qualité de sa plume », selon ses propres termes, elle a été promue «secrétaire de rédaction » au mépris des règles administratives et de la déontologie du métier», renchérit cette journaliste d’expérience (15 ans, sans démordre). Pour Elisabeth Goli, «ces papiers anonymes sont non seulement mensongers, diffamatoires et injurieux, mais surtout déshonorants» et répondent à un seul objectif : «Me salir et saper mon moral. Car ils touchent à mon anatomie de femme, ainsi qu’à mon honneur : j’y suis en effet traitée de femme stérile (c’est vrai que je n’ai pas encore d’enfant) et, à la limite, de prostituée. Ces tracts touchent également à ma vie sentimentale intime. Plus grave, ils remettent en cause mes compétences de journaliste».
Pour finir, la journaliste sportive rapporte les propos de Venance Konan : «Je suis indétrônable. Je me suis réconcilié avec Soro Guillaume qui est le futur président de la Côte d’Ivoire et dont j’ai le soutien. Alassane Ouattara m’a donné carte blanche pour licencier qui je veux. Ne croyez pas qu’à un an des élections, il vous préférera à moi. J’ai également le soutien d’Ahmed Bakayoko qui est prêt à envoyer ses agents de renseignements généraux pour abattre ceux qui me dérangent ». Suite à ces menaces, j’estime que mon intégrité physique est entre ses mains. S’il m’arrive quoi que ce soit, je l’indexerai. C’est pourquoi j’interpelle les confrères journalistes que vous êtes, j’appelle les humains que vous êtes au secours. Plus rien de ce qui se déroulera ne sera une pure coïncidence, pour la simple raison que cet homme a promis de me faire la peau. Et les preuves en ma possession sont aussi bien irréfutables que de qualité.» 

« Cette femme aux mœurs légères est…» 

Deux tracts incendiaires d’une impudeur exécrable dirigés contre certains agents et journalistes de Fraternité Matin, publiés en avril dernier par le «Collectif sauvons vraiment Fraternité Matin» sur les réseaux sociaux, motivent l’indignation et la révolte d’Elisabeth Goli. Ces tracts sont une réplique à un premier tract signé du «Collectif Sauvons FratMat», qui non seulement dénonçait «la gestion calamiteuse» de Venance Konan mais aussi exigeait son départ immédiat de la tête du groupe de presse Fraternité Matin. «Parmi ceux qu’il convient d’appeler le bas-fond de l’espèce humaine, se trouve Elisabeth Goli. Habituée à obtenir des faveurs en passant par le canapé, elle pense que toutes les femmes sont aussi indignes et légères qu’elle. Son amant ou devrait-on dire l’un de ses amants, homme de lettres connu pour ses frasques et son addiction libidineuse, est celui qui écrit pour elle ses articles. Cette femme aux mœurs légères est connue dans le microcosme du journalisme sportif pour être une femme dévergondée aux conquêtes masculines dignes d’un record de nymphomane. Le comble de l’ironie, c’est qu’elle ose s’ériger en donneuse de leçons et en gardienne de pudibonderie. Régulière chez les charlatans et autre diseurs de bonne aventure, elle n’hésite pas à lancer des sortilèges contre ceux qui ont une compétence réelle et plus de talent dans le journalisme qu’elle. Sais-tu que toutes tes photos de sexe, ton amant attitré les a montrées à ses autres amantes et qu’elles savent ce que tu offres généreusement aux hommes ? Au fait, qu’as-tu fait de tes trompes ? La maternité te répugne tant ?». Paragraphe concernant Elisabeth Goli sur le second tract pro-Venance Konan propagé sur les réseaux sociaux le 29 avril sous le titre, «Côte d’Ivoire – Basses envolées au journal gouvernemental FratMat (dans la tourmente). Venance». Quant au premier de ces tracts, publié le 25 avril 2014, il a également consacré un paragraphe à la journaliste, pour la mettre hors d’état d’écrire. Michel Koffi, Abel Doualy, Michel Alex Kipré, Ange N’Dakpri et Arsène Yao, tous des cadres de Fraternité Matin rangés au garage et parmi les cibles des tracts pro-Venance, mais qui ont retiré leur plainte, étaient présents dans la salle en soutien à Elisabeth Goli, dont l’avocat, me Alain Bokola, a loué le courage. 

Schade Adede
Titre original : « Tension à Fraternité Matin : Elisabeth Goli (journaliste) : "Venance Konan me harcelle depuis
1999"». 

 
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 Source : Notre Voie 27 mai 2014

mercredi 28 mai 2014

Ce que les récents événements de Kidal nous apprennent sur les causes et les enjeux de notre propre crise.

QUAND LA FRANCE ET L’ONU FONT PERDRE KIDAL AU MALI

Par Saouti Labass Haïdara
(L’Indépendant 26 mai 2014) 

Par milliers, les Maliens de tous bords politiques et de la société civile ont alterné, ces jours-ci, sit-in et marches pour exprimer leur colère contre la France et la MINUSMA, accusées de conduire le « processus politique » de règlement de la crise au nord du Mali à l’avantage exclusif des groupes armés, le MNLA en particulier.
Saouti Labass Haïdara
Organisation déclarée « terroriste » sous le régime Amadou Toumani Touré, à l’origine de tous les malheurs qui ont frappé le Mali ces trois dernières années (occupation narco-jihadiste, coup d’Etat militaire, dégradation de la situation socio-économique, mise sous tutelle internationale) le MNLA avait quasi disparu à la veille de l’intervention des forces spéciales françaises en janvier 2013.
Son « petit millier de combattants » (Alain Juppé dixit) avait été décimé dans les affrontements sanglants pour le partage des trois régions septentrionales à l’issue desquels le MUJAO a conquis Gao, AQMI a fait main basse sur Tombouctou, Ançar Dine s’est imposé à Kidal. Les rares survivants du groupuscule séparatiste s’étaient réfugiés en Mauritanie où ils étaient réduits à vendre leur fusil pour se nourrir.
L’Opération Serval et les résolutions du Conseil de Sécurité invitant le Mali à « engager des négociations crédibles avec les groupes armés qui se dissocieront des organisations terroristes » telles qu’AQMI et le MUJAO, vont donner une seconde vie au MNLA et même l’ériger en acteur majeur, incontournable dans le règlement de la crise au nord.
L’armée malienne d’abord interdite d’entrer à Kidal et finalement représentée symboliquement par 200 militaires cantonnés, le MNLA devient le maitre absolu dans la ville. Ayant rejeté toute idée de désarmement et de cantonnement de ses éléments avant la signature d’un accord de paix globale et définitive dont il s’emploie par des manœuvres dilatoires à éloigner la perspective, il fait la loi, renforce ses rangs par l’adjonction massive de jeunes désœuvrés, transforme Kidal en un gigantesque dépôt d’armes, de munitions et d’explosifs.
Conséquence : il est devenu en seulement quinze mois une force armée redoutable, en tout cas assez puissante pour mettre en échec une expédition composée de plusieurs centaines de soldats maliens. A propos, où se trouvaient les militaires français et les casques bleus de l’ONU lorsque les hommes du MNLA se sont emparés, le samedi 17 mai, du gouvernorat de Kidal et pris en otage le personnel administratif qui s’y trouvait, déclenchant les hostilités qui feront sur le champ une quarantaine de morts et, quatre jours plus tard, une tuerie effroyable au sein des FAMA dont le vrai bilan est entouré de la plus totale discrétion ?
S’ils avaient fait montre de la fermeté nécessaire face au MNLA pour le dissuader de son acte de provocation, on aurait sûrement épargné plusieurs dizaines de vies humaines. Mais force est de constater qu’ils ont laissé faire, probablement parce qu’ils savaient d’avance qui aurait le dessus.
Le MNLA n’est pas devenu seulement une force armée nombreuse et bien équipée. Il s’est doté aussi d’une diplomatie qui lui a permis d’être reçu à la Cour royale du Maroc, en Italie et en Russie après ses destinations habituelles que sont Alger, Nouakchott, Paris et Bruxelles. En somme, il a acquis une certaine visibilité internationale. Qui lui a ouvert ces portes ? Qui finance ces déplacements ? Sûrement pas les pauvres populations de Kidal qui ne se sont jamais du reste reconnues dans ses activités criminelles dirigées contre l’unité, la paix et la stabilité du Mali.
La principale mission assignée à la MINUSMA par la résolution 2100 du 25 avril 2013 adoptée par le Conseil de sécurité est de « stabiliser la situation dans les principales agglomérations et contribuer au rétablissement de l’autorité de l’Etat dans tout le Mali ». A cet égard, elle doit « écarter les menaces et prendre activement des dispositions afin d’empêcher le retour d’éléments armés dans ces zones ».
Des informations crédibles ont régulièrement fait état du retour des chefs de guerre dans les régions du nord. On n’a pas connaissance que l’un d’eux a été arrêté.
La MINUSMA doit aussi s’impliquer aux côtés des autorités maliennes, dans « le désarmement, la démobilisation, la réintégration des ex-combattants et le démantèlement des milices et des groupes d’autodéfense ».
A ce jour, aucun dialogue n’a pu se nouer entre Bamako et les groupes armés autour de ces questions par la faute, nous l’avons vu, du MNLA. Quant aux milices et groupes d’autodéfense, ils n’ont jamais autant prospéré qu’à l’heure actuelle et les affrontements interethniques, singulièrement entre Touareg et Peuls, n’ont jamais été aussi fréquents et meurtriers que dans les temps qui courent.
La MINUSMA est censée aider les autorités et les populations du nord à instaurer « un dialogue national sans exclusive » en vue de favoriser la réconciliation. Mais quand des ministres arrivent à Kidal pour amorcer ce dialogue, ils sont accueillis par une foule hostile qui les insulte et les caillasse. L’avion de la MINUSMA à bord duquel avait pris place l’ancien premier ministre, Oumar Tatam Ly, a même été empêché d’atterrir à l’aéroport de Kidal parce que des manifestants surexcités avaient envahi la piste. Comment cela a-t-il été possible avec des soldats de la même MINUSMA présents sur les lieux ? Si le but était de prouver que « le peuple de l’Azawad » ne veut pas de la présence du chef de gouvernement d’un pays envahisseur, c’est réussi.
C’est cet affront que l’actuel premier ministre, Moussa Mara, a voulu laver en se rendant à son tour dans la capitale des Ifoghas et en tenant à ce que sa rencontre avec les administrateurs kidalois ait lieu au gouvernorat, symbole de l’Etat malien dans la cité et non au siège local de la MINUSMA, en territoire de l’ONU en somme.
Ce déplacement en soi ne peut lui être reproché. Toutes les résolutions de l’ONU reconnaissent Kidal comme partie intégrante du Mali : Mara a fauté seulement pour n’avoir pas pris des mesures d’accompagnement d’ordre politique, en dépit du caractère purement « technique » de la visite.
Autre volet de sa mission sur lequel la MINUSMA n’a jusqu’ici pas brillé : elle doit « concourir à arrêter et traduire en justice les auteurs des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité commis au Mali… ». Des responsables politiques se sont fait le devoir d’interpeller les membres du Conseil de sécurité, lors de leur récent séjour dans notre pays, sur les manquements dont ils font preuve sur cette question.
L’un d’entre eux leur a lancé : « Les gens que vous devez arrêter et envoyer à la Cour pénale internationale (CPI) sont devenus vos interlocuteurs pour le dialogue. Dans le même temps, les terroristes sont en train d’infiltrer les rangs des groupes armés pour être intégrés dans les forces de défense et de sécurité maliennes. Le réveil demain, risque d’être cauchemardesque ».
L’excès de complaisance à l’égard du MNLA et le système de protection créé à son profit ont fait perdre Kidal au Mali. Cette perte a été ressentie par tous ceux qui se sentent une âme malienne comme une blessure profonde, en même temps qu’une trahison dans la mesure où elle a été l’œuvre de partenaires qui ont pour mission de préserver l’intégrité territoriale de notre pays. D’où la colère compréhensible des milliers de nos compatriotes qui étaient dans la rue, la semaine écoulée.
La France et l’ONU doivent en tirer les justes leçons pour éviter un dérapage plus douloureux. 

Source : maliweb.net 28 mai 2014 

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 KIDAL : FIERTÉ OU DÉCHÉANCE POUR LE PEUPLE MALIEN !

Par Bagara Z. Coulibaly*
(L’Inter de Bamako 26 mai 2014) 

 
Kidal, la cité des pauvres, a toujours été problématique dans sa gestion administrative et politique depuis la nuit des temps.
Le Mali a besoin de son histoire pour se reconstruire et de sa géographie pour se développer. Mais hélas, combien de Maliens connaissent ce grand Mali ? Combien de Maliens se sont-ils servis de ce Mali pour faire fortune et se hisser à un niveau de considération sociale élevé ?
L’intelligentsia a-t-elle démissionné ? Durant toute la crise, l’élite politique et intellectuelle ne s’est pas manifestée pour mettre les choses à leur place. Le tribunal de l’Histoire va les juger pour leur silence coupable et leur irresponsabilité face aux attentes du peuple.
Les grands hommes sont toujours cités pour illustrer les faits. Les Maliens de cette époque vantaient ceux qui sont morts pour leur bravoure. Les repères et valeurs sociales ont volé en éclats et les fondamentaux s’effritent tous les jours même dans les familles supposées être la première cellule familiale. Ceux en charge de l’éducation ont-ils le sens de l’éducation et la vocation d’éduquer en bon chef de famille aujourd’hui ?
Hier, on préférait la mort à la honte ; aujourd’hui, c’est le contraire qui se passe.
La déroute de l’armée malienne est à la une. Quelles en sont les véritables causes ? Il s’agit de dégager la responsabilité de tous les acteurs dans cette défaite de l’armée malienne. En mars 2012, on a tous compris que le Mali n’avait pas d’armée. Deux ans après, le pays en dispose-t-il ?
Les Maliens savent-ils réellement l’état de leur armée ? Une veillée d’armes s’impose à chaque Malien au cours de laquelle une véritable évaluation sera faite par les pouvoirs publics et le peuple.
1. Depuis la chute des 3 villes en mars 2012, que reste-t-il de la situation de nos hommes, de nos armes, du moral, du renseignement des soldats maliens et du commandement ?
2. En mars 2014, quels sont les efforts qui ont été déployés pour la reconstruction de cette armée en effectif, en matériel, en renseignement, en investissement ?
3. Combien de nos francs ont été utilisés pour cela ?
4. Enfin, quel bilan de toutes les pertes de 2012 à 2014 : soldats tués, véhicules emportés, matériels militaires récupérés par le MNLA et ses alliés. Cette vérité cruelle doit être annoncée par le gouvernement malien pour amorcer un nouveau départ pour notre armée qui reste encore politisée dans beaucoup de ses maillons.
5. Les marches de soutien, les meetings, les settings, les déclarations sont-ils la solution du problème malien ? Les parties sont-elles sincères les unes envers les autres ? La communauté internationale fait-elle un jeu franc avec toutes les parties ? Les insuffisances des différents accords ont-elles fait l’objet de discussion entre les parties ?
6. Qui sont les groupes armés et leurs alliés ? Quelle est la cause de cette rébellion ?
Il faut informer le peuple malien sur tous ses détails avec des données statistiques fiables et vérifiables.
Si le gouvernement veut utiliser la force pour résoudre définitivement cette crise, dispose-t-il des moyens humains, financiers et militaires pour y arriver. Le peuple doit le soutenir. Mais ceux qui crient tous les jours ont-ils réellement contribué à l’effort de crise. Beaucoup de Maliens ont profité de cette crise multidimensionnelle du Sud comme au Nord. Il faut savoir raison garder.
Chaque Malien doit tirer les leçons de ce qui s’est passé en évitant d’accuser, en apportant son soutien aux autorités pour une résolution de cette crise dont le bilan est lourd et qui compromet tous les efforts de développement. L’éducation est la première mesure : éduquer ou périr ! Cela est une exigence pour nous tous.
Le Réseau des historiens et géographes du Mali, qui a alerté toutes les institutions de la République, en appelle au sens de responsabilité de tous les Maliens dans un souci de reconstruction et de cohésion sociale. 

(*) - Président du Réseau des historiens et géographes du Mali.

Source : maliweb.net 28 mai 2014

mardi 27 mai 2014

RFI ment ! RFI est …ouattariste !

Marie-Christine Saragosse
Pdg de France Media Monde
à Abidjan le 6 mai 2014
Après la tentative d’immolation de dame Mandjara Ouattara, mercredi dernier, à quelques mètres des grilles du palais présidentiel d’Abidjan, l’on était curieux de savoir quel traitement nos confrères de Radio France Internationale (RFI), ces « grands professionnels » du milieu, feraient de cet évènement inédit en Côte d’Ivoire. Auraient-ils le courage d’en parler avec objectivité ou botteront-ils plutôt en touche, vu que le sujet brouille l’image d’Alassane Ouattara, un des gros clients de la « Radio mondiale » ? Après profonde réflexion sur la question, nos confrères parisiens ont donc choisi de couper la poire en deux : donner l’information tout en prenant soin de ne pas accabler le régime Ouattara. A ce jeu, l’exercice devient facile puisque le bouc-émissaire idéal, en la matière, n’est autre que le président Laurent Gbagbo, prédécesseur au trône, de l’actuel chef de l’Etat.
Et cela n’a pas raté puisque, hier matin, sur ses ondes abidjanaises, RFI indiquait que l’infortunée Mandjara Ouattara en était arrivée à ce geste de désespoir pour protester contre le non-paiement d’une dette contractée par la présidence de la République sous le règne du président Laurent Gbagbo.  

Gbagbo vient chercher quoi dans votre affaire ? 

Pourquoi vouloir coûte que coûte mêler le nom de Gbagbo à cette affaire, si l’objectif n’est pas de dédouaner Ouattara, présenté par la même occasion comme le malheureux héritier d’une situation à laquelle il serait complètement étranger ? Pour parler comme les « titis » d’Abidjan, Gbagbo vient chercher quoi dans votre affaire ? A supposer même que la dette de dame Mandjara date effectivement de l’ère Gbagbo, pourquoi, depuis trois ans que Gbagbo a laissé la place à « Ado-Solutions », l’infortunée créancière n’arrive toujours pas à se faire payer par son « frère » Ouattara ? Au surplus que font les dirigeants actuels de la continuité de l’Etat ? Alassane étant venu réparer tous les torts causés par son prédécesseur aux Ivoiriens, comme le soutient la propagande du régime, pourquoi le cas Mandjara n’a-t-il pas encore trouvé grâce aux yeux du prince d’Abidjan ; surtout que l’intéressée a, en plus, l’avantage d’avoir le patronyme idéal ? Ces interrogations, on pourrait les multiplier à souhait pour montrer la manipulation honteuse dont RFI vient de se rendre coupable sur ce coup-là.
Nos confrères auraient-ils voulu être plus professionnels qu’ils auraient saisi l’occasion pour dénoncer

Gbagbo vient chercher quoi dans votre affaire ?
la mauvaise gouvernance sous Ouattara, qui se décline en clientélisme, népotisme, corruption et autres rattrapages ethniques. Autant de maux qui, en désespoir de cause, ont finalement poussé dame Mandjara Ouattara à tenter de s’immoler par le feu. Si sous Gbagbo, malgré les difficultés qu’elle aurait eues à entrer en possession de ses sous, elle n’a pas jugé bon de tenter l’épreuve de la mort, c’est que soit elle gardait l’espoir d’être payée un jour, soit elle avait de quoi vivre en attendant le « jour de son jour », selon la belle expression de la rue abidjanaise. Selon toute vraisemblance, c’est cette espérance qui a aujourd’hui fui tous les Ivoiriens depuis que Ouattara est aux affaires. C’est pourquoi, Mandjara Ouattara, qui selon des témoignages concordants serait une militante active du RDR proche d’un certain Issiaka Ouattara dit Wattao, a voulu se donner la mort, profondément déçue d’un régime dans lequel elle avait fondé tant d’espoirs.
C’est cela la vérité. Tout le reste n’est que raccourci honteux et propagande mensongère.

In Aujourd’hui

Titre original: "Affaire Une dame tente de s'immoler devant la Présidence" : l'énergie du désespoir de RFI pour dédouaner Ouattara." 

EN MARAUDE DANS LE WEB
Sous cette rubrique, nous vous proposons des documents de provenance diverses et qui ne seront pas nécessairement à l'unisson avec notre ligne éditoriale, pourvu qu'ils soient en rapport avec l'actualité ou l'histoire de la Côte d'Ivoire et des Ivoiriens, ou que, par leur contenu informatif, ils soient de nature à faciliter la compréhension des causes, des mécanismes et des enjeux de la « crise ivoirienne ».
 

Source : La Dépêche d'Abidjan 26 Mai 2014
 
 

lundi 26 mai 2014

Le bêtisier ouattariste (suite)

Aujourd’hui, ce sera un vrai florilège : nous avons distingué une lauréate et plusieurs lauréats.  

La première palme revient à Anne Ouloto, leur « ministre de la solidarité, de la famille, de la femme et de l’enfant », pour ces fortes paroles adressées aux femmes de  Gagnoa, le 8 mai :  

A. Ouloto (1er plan à Dte) et son féticheur
« … faites-vous recenser et faites recenser votre entourage. Je reviendrai ici l’année prochaine pour vous distribuer 70 millions FCfa. Quand je venais ici, j’ai appelé à partir de Yamoussoukro une femme de Gagnoa pour lui demander ce qui se passait au niveau du recensement. Elle m’a clairement dit que cela n’intéresse personne. Pire, les femmes refusent de se faire recenser. Le recensement n’est pas politique, c’est une opération pour prévoir le développement. Et le développement n’a pas de couleur politique. Il y a un temps pour tout. Aujourd’hui, c’est le temps du développement. Il y aura un temps pour la politique et chacun soutiendra son candidat. Moi, j’aime Alassane Ouattara. Vous, vous aimez Laurent Gbagbo. C’est normal. Je ne peux pas vous empêcher d’aimer un leader politique. Mais mettons-nous ensemble pour que vous gagniez de l’argent. Parce que quand une femme a l’argent, c’est pour toute la famille. Ce qui n’est pas toujours le cas pour l’homme. Ne vous mêlez pas des palabres d’éléphants. Je suis venue vous parler de développement et non de la politique. Pour vous octroyer ces prêts, on n’a pas tenu compte de vos appartenances politiques. Allez donc vous faire recenser pour que le président Alassane Ouattara sache combien vous êtes afin de prévoir un développement conséquent dans la région du Gôh. Même si je suis RDR, Gbagbo est mon frère parce que je suis fille de Gagnoa. Ma maman est de Barouhio, vous le savez. Je suis votre fille et vous voulez mettre la honte sur moi. Quel visage je vais prendre pour aller plaider la cause des femmes de Gagnoa devant Alassane Ouattara si vous ne vous faites pas recenser ? C’est vous, les femmes, qui devez vous mobiliser pour le recensement. Quand une femme a l’argent dans la maison, le foyer marche. Je vous demande pardon, faites-vous recenser. C’est le recensement qui va vous sauver. Aidez-moi à vous aider. Aidez le gouvernement à vous aider. Je vais faire venir la première dame ici dans le cadre du projet FAFCI. Enlevez vos cœurs dans la politique et pensons au développement. Ayez un comportement citoyen. Chaque chose en son temps. Il y a un temps pour le développement, un temps pour la politique. Actuellement, c’est le développement. Si nous voulons être un pays émergent à l’horizon 2020, soyons des femmes émergentes. Cultivons l’unité, l’amour, l’espoir et le développement. » 

 
Commentaire d’une citoyenne patriote qui assistait au spectacle
« Journaliste, il faut lui demander où est Gbagbo ? Ce qu’elle raconte-là ne nous intéresse pas. Elle peut garder son argent parce que ce recensement-là ne nous intéresse pas. Les gens à recenser ne sont pas ici ».
 

D’après Marius Dangan KPAN - Notre Voie 10 & 11 mai 2014 

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La deuxième palme est attribuée à son collègue Gnamien Konan, leur très improbable « ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche », pour le discours en charabia qu’il a tenu aux enseignants et aux étudiants de l’Université Jean Lorougnon Guédé de Daloa :  
 
"La réconciliation est gratuite..."
« Je suis venu pour échanger avec vous tous et vous encourager à doubler d’effort pour ce que vous faites pour cette jeune université. Surtout aux étudiants à qui je demande de militer pour la paix au sein de leur établissement. La réconciliation est gratuite, il n’y a pas un financement pour cela. C’est plutôt pour le développement qu’il faut des moyens. Ayons la culture de respect mutuel des autorités. Celui qui refuse la paix et sème la violence aura sur sa route des autorités judiciaires. Les gestionnaires font leur travail de gestion, les étudiants, eux, doivent étudier. Ainsi, la structure est en marche. » […] « J’autorise le président de l’université à sortir de sa structure les apprentis politiciens. En ces lieux, c’est la quête à la formation et non la violence. La Côte-d’Ivoire doit s’occuper de sa jeunesse pour que le pays émerge en 2020. C’est pourquoi, vous devez savoir que les moyens qu’on vous donne constituent 40% de votre réussite. Les 60% restants dépendent de vous-mêmes. Soyez donc les partisans de la paix et mettez-vous sérieusement au travail pour prendre la relève de demain et gérer votre pays. (…) Mais dites aux étudiants que le temps du syndicalisme dans les universités est terminé. Car on ne peut pas construire une nation dans la violence. Si je vois une autorité de l’université entretenir des syndicats, c’est que c’est lui-même qui a créé ce syndicat. Vous, éducateurs, formateurs et gestionnaires, avez la charge de changer la mentalité des étudiants pour que le pays change ». (Le Nouveau Réveil 12 mai 2014). 

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La troisième palme est attribuée à Guillaume Soro – dit le PAoN pour ses fans et, désormais, « De Gaulle le petit » pour le grand public – pour cet étalage déhonté d’une inculture historique fièrement revendiquée :  
 
De Gaulle-le-Petit au milieu de ses compagnons
« Le mot rebelle, je l’assume pleinement. Je ne suis pas de ceux qui se renient. […]. Quand Hitler et son armée nazie est rentrée en France à l’époque, le maréchal Pétain a accepté la collaboration. Le seul rebelle qu’il y avait en face s’appelait le général De Gaulle. Le rebelle De Gaulle s’est exilé en Grande Bretagne et le 18 juin, il a dit à la terre entière pourquoi il est devenu rebelle… » (D’après Edouard Amichia, in Le Nouveau Courrier 12 Mai 2014). 

 
Commentaire d’Edouard Amichia
« Une comparaison dénuée de tout sens vu que les faits diffèrent diamétralement. L’histoire en est un témoignage. Contrairement à ce qu’il tente de faire croire, le général de Gaulle n’a pas pris les armes contre ses concitoyens encore moins en vue de partitionner la France. La rébellion du général de Gaulle n’était pas orientée contre ses concitoyens mais plutôt contre une armée étrangère dirigée par Hitler. Or « le héros » Guillaume Soro, « le rebelle » dont il dit être fier n’a pas hésité à ôter la vie à ceux pour qui il disait lutter. Visiblement, il feint d’oublier toutes ces morts occasionnées par la rébellion qu’il a dirigée, l’instabilité à laquelle il a ouvert la voie et qui a
Le général de Gaulle descendant les Champs Elysées
le 26 juillet 1944
conduit à la situation chaotique de 2010. Il est vrai qu’en son temps le président Laurent Gbagbo lui a accordé l’amnistie, mais pour la mémoire des nombreuses victimes, le président de l’assemblée nationale devrait faire profil bas plutôt que de se présenter comme un héros ».
 
Notre commentaire
Hééé ! Citoyen Amichia, toi aussi ! Crois-tu vraiment qu’il fallait rappeler à cet histrion infatué que la rébellion du général de Gaulle n’était pas orientée contre ses compatriotes, mais contre une armée étrangère… d’invasion ? Car il se peut fort bien qu’il l’ignore vraiment, ou que quelqu’un de ceux qui l’ont dressé – comme on dresse les chevaux et les chiens, mais sans doute un peu hâtivement dans son cas – l’a persuadé que lui, l’homme du 18 septembre 2002, le petit chef par défaut et par procuration d’une bande d’assassins au service d’intérêts étrangers, faux rebelle et surtout faux type, était aussi grand au jugement de l’Histoire que l’homme du 18 juin 1940 ! Alors, laissons-le se ridiculiser devant les foules qu’on ameute pour faire croire qu’il est populaire. A force, les gens finiront par comprendre que ce n’est qu’une outre pleine de vent que les Français préparent en vue d’en faire leur prochain fantoche quand l’actuel sera hors service…
 

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La quatrième palme revient à Alain Lobognon, leur « ministre des Sports », pour le fanatisme doublé de mauvaise foi dont il est capable quand il s’agit de prendre la défense de Sabri Lamouchi, le soi-disant « sélectionneur national »… Avec la collaboration (presqu’involontaire !) de Pierre Kouamé, le malicieux correspondant d’Afrik-Foot à Abidjan.  

Le 13 mai à venir, Sabri Lamouchi dévoilera une liste de 30 joueurs en prévision de la Coupe du monde 2014. A quelques jours de la publication de cette liste élargie, le ministre ivoirien des Sports, Alain Lobognon, met en garde quiconque voudra interférer dans les choix du sélectionneur national.
« Si on nous dit qu’avant le 13 mai, il y a déjà une liste qui circule, je serai le premier à dire aux Ivoiriens qu’on va au Mondial pour échouer parce qu’ils ont déjà choisi ceux qui vont aller », a prévenu Alain Lobognon.
 
"Lamouchi ...est le seul coach qu’il faut à la Côte d’Ivoire"
Présent à la Maison de la presse d’Abidjan, l’invité du Réseau des professionnels de la presse en ligne de Côte d’Ivoire (REPPLCI) qui a refusé de manier la langue de bois, a directement enjoint la Fédération ivoirienne de football (FIF) de laisser les coudées franches à Sabri Lamouchi dans la gestion de son groupe. « Le coach Lamouchi sait ce qu’il a à faire. Il est le seul coach qu’il faut à la Côte d’Ivoire et j’ai dit à la FIF de laisser l’entraîneur conduire son équipe. Je serai au Brésil, si j’ai la preuve qu’il y a eu interférence, je serai le premier encore à envoyer mon tweet aux Ivoiriens pour dire que ce n’est pas Lamouchi qui a fait le classement », a-t-il persisté.
Le fait de donner carte blanche au technicien français, le ministre de la Promotion de la jeunesse, des Sports et Loisirs a estimé que cela à l’avantage de créer un environnement concurrentiel au sein de la Séléphanto. « Avant le départ à la CAN en Afrique du Sud, j’ai dit à la FIF de créer la saine concurrence au sein de l’équipe nationale. S’il n’y a pas de concurrence au sein de l’équipe nationale, on n’ira pas loin. Et Lamouchi, lui-même, est l’exemple type de la concurrence au sein d’une équipe nationale », a-t-il indiqué.
S. Lamouchi, un coach imposé par
la "Communauté internationale" ?
A ceux qui pourfendent le jeu des Eléphants et mettent en cause les compétences de Lamouchi, Alain Lobognon a fait savoir que le plus important est ailleurs. « Certains disent que la Côte d’Ivoire n’a pas de fond de jeu, mais on a eu des entraîneurs plus forts que Lamouchi qui se sont fait éliminer au premier tour. Ça aussi, il faut le reconnaître. Laissez notre coach national aller à la Coupe du monde avec ses joueurs », a-t-il tranché.
Ce faisant, le ministre des Sports a exhorté le sélectionneur national et ses joueurs à faire preuve de patriotisme au Mondial brésilien. « Mais pour Lamouchi, avec les joueurs qu’il a, et qui sont des professionnels dans l’âme, nous leur disons, messieurs les joueurs, regardez le drapeau orange, blanc, vert. Avant de jouer, ne vous dites pas que vous jouez pour vos clubs, vous allez au Mondial pour jouer pour la Côte d’Ivoire », a-t-il conseillé. (Afrik-Foot 11 mai 2014). 

 
Notre commentaire
 
En somme, à la manière dont « son ministre » parle de lui, ce Lamouchi serait sur le terrain du football ce que le chéri de Dominique Nouvian est sur celui de la politique – d’ailleurs, n’est-il pas à la fois musulman comme lui et (on ne peut plus) du Nord ? – ; et ce serait donc pour cela qu’au lendemain du 11 avril 2011, il fut, lui aussi, imposé à notre FIF nationale – par la Communauté internationale ? – en lieu et place d’un authentique coach d’extraction indigène. A ce propos, l’humour du « ministre » Logbognon est vraiment irrésistible quand il avoue : « Ce n’est pas moi qui ai désigné Sabri Lamouchi. Si j’étais ministre à cette période, j’aurais opté pour un entraîneur local. Je préfère un entraîneur local pour la Côte d’Ivoire »… Comme si un Ivoirien, même « ministre », et même vendu corps et âme à la Françafrique comme ils le sont tous dans ce « gouvernement », avait jamais eu son mot à dire dans cette sorte d’affaire…
 

La Rédaction