jeudi 31 janvier 2013

Opération « Serval » : des doutes sur la loyauté de la France

BAMAKO (Xinhua) – Après la reconquête des deux grandes villes du nord du Mali à savoir Gao et Tombouctou, en compagnie des troupes maliennes et africaines, les militaires français sont allés seuls à Kidal, cela relève d’une situation ambiguë qu’on ne comprend pas, a confié mercredi à un correspondant de Xinhua, un officier de l’état-major général de l’armée malienne.
La ville de Kidal, une parmi les trois les plus grandes du nord du Mali, est à 1.500 km de Bamako, près de la frontière algérienne.
Elle était précédemment le fief d’Ansar Dine (Défenseurs de l’islam) d’Iyad Ag Ghaly (ex-rebelle touareg), un groupe islamiste allié à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).
Selon le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), depuis lundi, elle est sous son contrôle après en avoir chassé les islamistes.
Après avoir confirmé qu’il n’y a aucun militaire malien, encore moins africain à Kidal, un officier de l’armée malienne a laissé entendre :  « En allant seule à Kidal, on ne comprend pas la position de la France, car elle est ambiguë ».
Celui-ci a expliqué :  « On nous a fait savoir que les troupes tchadienne et nigérienne sont en cours de route pour Kidal. On verra bien d’un moment à un autre puisqu’il y a un officier de l’état-major de l’armée française à Bamako ».
Certains Maliens (civils) font état de leur  « désarroi » suite à l’absence des militaires maliens à Kidal.
Pour rappel, les rebelles touaregs indépendantistes avaient exprimé leur  « hostilité » face à une éventuelle présence des militaires maliens dans l’espace qu’ils appellent Azawad (régions de Gao, Tombouctou et Kidal). Cependant, le directeur de l’information et des relations publiques des armées du Mali (Dirpa), le lieutenant-colonel Souleymane Maïga, a indiqué lundi lors d’un point de presse que tout groupe armé, qu’il soit MNLA ou autre, ne reconnaissant pas l’autorité du Mali, est un groupe ennemi, et sera combattu comme tel, conformément aux conventions régissant les conflits armés.
Outre l’armée malienne, aucun individu n’a le droit de porter une arme sur un véhicule ou de quelle que manière que ce soit sur le territoire malien à part l’armée malienne, appuyée par les forces alliées, a précisé le lieutenant-colonel Maïga.
Celui-ci a souligné que l’opération de reconquête des territoires occupés va se poursuivre jusqu’à Taoudénit, zone désertique de la région de Tombouctou. Autrement dit au-delà de la ville de Kidal.
L’opinion nationale malienne semble émettre des doutes sur la sincerité de l’armée française à combattre le groupe islamique Ansar dine de Iyad Ag Galy qui s’est subitement transformé en MNLA depuis l’offensive de reconquête.
« Le fait que la force française soit allée à Kidal ce matin sans la troupe malienne ne milite pas vraiment à la faveur de ce pays dont l’intervention avait suscité de véritables sentiments pro-français au sein de la population malienne. Il est clair que la France puisse jouer franc avec le Mali », commente Mamadou Bah, spécialiste en relations internationales.
Cette situation parait bien embarrasser la classe politique malienne et même les autorités militaires qui espèrent recouvrir l’intégrité totale de leur territoire national avec l’aide de la France.
« Le Président de la République a été clair sur le sujet, mais il ne faudrait pas que la France change la règle du jeu en cours de partie. Nous resterons prudent, car le fait d’aller voir le MNLA et Ansar Dine dans leur fief sans combattre paraît bien louche », a estimé Moussa Camara, leader politique.
Ces allégations semblent bien se fonder sur le démenti effectué par les médias de supposées frappes aériennes effectuées par l’aviation française en début de semaine. De sources concordantes, les habitants de Kidal auront été les premiers surpris à apprendre par les médias des frappes réalisées sur le logement d’Iyad et sur le camp 2. Alors que la cellule de communication de la force française en avait fait échos.

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Sous cette rubrique, nous vous proposons des documents de provenances diverses et qui ne seront pas nécessairement à l'unisson avec notre ligne éditoriale, pourvu qu'ils soient en rapport avec l'actualité ou l'histoire de la Côte d'Ivoire et des Ivoiriens et que, par leur contenu informatif, ils soient de nature à faciliter la compréhension des causes, des mécanismes et des enjeux de la « crise ivoirienne »

Source : Connectionivoirienne.net 31 janvier 2013

DANIEL AKA AHIZI : « La place du PIT n’est pas au Rhdp »

Interview du nouveau président du Parti ivoirien des travailleurs (PIT).


D. AKA AHIZI
Notre Voie : Vous venez d’être élu président du PIT avec 351 voix contre 321 voix pour votre adversaire, le Pr. Séka. Pensez-vous avoir, dans ces conditions, la légitimité nécessaire pour diriger le parti ?
Daniel Aka Ahizi : Il faut situer les choses dans l’ordre des pourcentages. Cela fait 51,60%. Je pense que c’est le même score qu’a réalisé François Hollande pour avoir aujourd’hui la légitimité de diriger la France. J’ai eu la majorité absolue. J’ai donc la légitimité nécessaire.

N.V. : Avant le Congrès, on savait le parti divisé entre pro-Gnonsoa et pro-Wodié. Avec de tels scores qui semblent épouser la ligne de fracture n’avez-vous pas d’inquiétudes ?
D.A.A. : Elle ne peut pas nous inquiéter. Parce que c’était aussi la première fois qu’on allait à un congrès où il y avait un vote. Et, pour une fois, on a voté. Je pense que ça a été quelque chose de formidable de constater qu’aujourd’hui, les militants du PIT votent pour désigner leurs dirigeants. C’est quelque chose d’essentiel. Je crois que c’est ce qu’il faut retenir déjà.

N.V. : Est-ce à dire que depuis que le PIT a été créé, vous n’avez jamais voté pour désigner vos responsables ? C’est curieux pour un parti de gauche !
D.A.A. : On n’a jamais voté parce qu’on avait un leader qui avait, à lui tout seul, la triple légitimité. La légitimité historique, puisque c’est lui qui a créé le parti, la légitimité politique et la légitimité intellectuelle. Il était incontesté dans le parti. Donc personne n’osait l’affronter. Ce n’était pas qu’il ait empêché d’autres candidats, mais objectivement, nous-mêmes pensions que ce n’était pas nécessaire de nous opposer à lui.

N.V. : Après tout ce qui s’est passé au PIT, votre victoire est-elle celle des pro-Gnonsoa sur les pro-Wodié ?
D.A.A. : Ma victoire n’est pas celle des pro-Gnonsoa sur les pro-Wodié. A la réalité, il n’existait pas de pro-Gnonsoa et de pro-Wodié. A un moment, on a eu un débat sur le choix qu’il fallait opérer au deuxième tour de la dernière élection présidentielle. Il y a eu une minorité qui était favorable à appeler à voter pour le président Gbagbo et le FPI. Et une autre tendance qui était relativement majoritaire qui a appelé à voter pour le candidat du RHDP. C’était tout simplement ça. C’était un débat. On n’était pas d’accord. Mais si les choses s’étaient déroulées normalement, on aurait pu revenir et continuer normalement. Moi, je ne suis pas parti. J’ai marqué mon désaccord vis-à-vis de cette décision qui avait été prise, mais je suis resté. J’ai continué de travailler dans le parti. Donc, je ne me suis jamais considéré comme un pro-Gnonsoa. Je suis resté au sein de la direction, et j’ai continué de travailler. La preuve, c’est moi qui suis signataire du projet de société que nous avons présenté comme document de base au congrès.

N.V. : Comment dans ces conditions, a-t-on pu affirmer que vous n’étiez pas le candidat de la direction du parti ?
D.A.A. : Cela relève de la rhétorique de campagne. Il y en a qui veulent avoir la faveur des militants et donc développent ce genre de discours. Sinon, le président Wodié s’est mis à l’écart. Nous étions quatre candidats au départ. Il y a deux candidats qui ont reporté leurs voix sur un autre.

N.V. : Vous vous considériez donc comme étant le candidat de la direction sortante ?
D.A.A. : J’étais membre du Comité central. J’étais secrétaire national chargé des finances et de la mobilisation des ressources. Mais après, j’ai pris un peu de recul, puisque j’ai failli être agressé.

N.V. : Par qui ?
D.A.A. : On ne reviendra pas dessus. Mais on m’a confondu avec un ministre du gouvernement du premier ministre Aké Ngbo. Or, comme on recherchait les ministres de Gbagbo et que j’ai été membre du gouvernement sous le président Gbagbo, les gens ont vite fait de confondre. Mais après, ils ont fini par se rendre compte que je ne faisais pas partie du dernier gouvernement du président Gbagbo.

N.V. : Vous n’étiez pas d’accord avec l’appel de Wodié à voter pour Ouattara. Aujourd’hui, avec du recul et avec votre élection, est-ce que vous continuez de ne pas être d’accord ?
D.A.A. : Il ne s’agit pas seulement du président Wodié. La majorité du parti a appelé à voter pour le candidat du RHDP. Il n’y avait que ça. On n’a pas changé de position idéologique. Notre position idéologique reste celle d’un parti de gauche. Nous ne sommes pas de la droite. C’est un parti de droite qui est là. Nous ne sommes pas avec eux. Un moment, on a fait un choix qui a été discuté et débattu. Une majorité a penché d’un côté. Mais une fois que c’est fait, c’est fait et c’est terminé. Nous reprenons notre position qui est celle d’un parti de gauche qui doit le réaffirmer. Et qui ne se reconnaît pas dans une politique de droite qui est menée.

N.V. : Qu’est-ce qui a justifié qu’un parti de gauche comme le PIT ait appelé à voter pour un candidat qui applique aujourd’hui une politique ultra-libérale ?
D.A.A. : Le débat a eu lieu. Ce qu’on peut reprocher à la direction, c’est de n’avoir pas créé un cadre de débat permanent. C’est la mission à la quelle je vais m’atteler. Faire en sorte que la direction et la base soient au même niveau d’information. D’où la formation qu’il faut faire. On n’a pas fait de formation. Parce que nous n’avions jamais eu ce genre de débat, la seule fois qu’on l’a eu, ça été l’éclatement du parti. C’est dommage. Ailleurs, les partis les plus dynamiques, ce sont les partis où il y a des débats. Où il y a même des courants sans qu’il y ait la cassure. Je crois qu’on va rattraper tout ça avec la politique que je vais mener.

N.V. : Quels sont donc vos projets immédiats ?
D.A.A. : Mon projet immédiat, c’est faire en sorte qu’on puisse compter politiquement. Vous avez vu que depuis un moment, on ne parle même plus de nous pratiquement. Quand on parle de partis de l’opposition, on n’est pas parmi. Et les partis de la majorité, on n’est pas non plus parmi. On est complètement perdu. Il faut que nous puissions retrouver notre identité et que nous puissions nous repositionner sur l’échiquier politique. Nous étions un parti de l’opposition à l’époque. Nous étions, avec le FPI, les partis qui se disaient des partis de gauche. Donc si nous affirmons toujours notre position de gauche, il faut que cela se sache. Que nous le martelions fortement pour qu’on sache que nous sommes un parti de gauche et que nous ne sommes pas dans une alliance de droite. Nous n’avons pas notre place là-bas.

N.V. : Est-ce à dire que sous votre présidence le PIT ne sera plus assimilé à un parti membre du RHDP ?
D.A.A. : Nous ne sommes pas un parti du RHDP. Il faut que chacun le comprenne. Nous avons appelé à un moment à voter pour un candidat. Vous savez que, dans la vie des organisations, il y a ce qu’on appelle les contradictions fondamentales, principales et les contradictions secondaires. A un moment donné, la majorité a estimé que le FPI ne faisait pas la politique qu’on aurait souhaité qu’il fasse et qu’il fallait une alternance. Ils ont donc choisi l’alternance. Mais l’alternance s’est faite à droite. Mais une fois que ce choix est fait, on ne se compromet pas avec des partis de droite. Il faut clairement que les choses soient resituées. Si nous sommes un parti de gauche, ce qui n’a jamais été renié et qui vient d’être réaffirmé par le congrès alors, il faut agir sur le terrain en étant fondamentalement à gauche.

N.V. : Il se trouve que le candidat pour lequel votre parti a appelé à voter dirige aujourd’hui la Côte d’Ivoire avec toutes les difficultés que l’on sait. Ne regrettez-vous pas d’avoir eu raison trop tôt sur vos camarades qui ont favorisé ce choix ?
D.A.A. : Il y a des positions qu’on prend de façon circonstancielle. Et avec l’évolution de la situation, ces positions peuvent évoluer. Je pense qu’il nous faut sortir de la situation actuelle. Et nous allons proposer des politiques alternatives à la politique qui est menée actuellement.

N.V. : Que pense Francis Wodié de tout ça ? Est-ce que vous en avez parlé avec lui ?
D.A.A. : Il ne pense rien de tout ça, parce qu’il a quitté le parti. Il n’est plus au PIT. Il nous a libérés.

N.V. : Vous parlez comme si sa présence avait fini par devenir pesante…
D.A.A. : Je vous dis qu’il n’est plus au PIT. Il ne faut plus en parler. Aujourd’hui nous avons mené en toute liberté notre congrès. Et vous avez vu la démonstration que nous avons faite. On peut dire que nous avons des leçons à donner au-delà des frontières de la Côte d’Ivoire.

N.V. : Vous voulez faire allusion à l’UMP, en France ?
D.A.A. : Je ne cite pas de nom. Nous sommes sortis grandis de ce congrès, avec deux candidats qui étaient au coude à coude. C’est la preuve que nos militants aspiraient à tout ça. Et c’est positif.

N.V. : Selon vous qu’est-ce que les jeunes militants du PIT retiendront du président Wodié ?
D.A.A. : Que nous lui devons tout. D’abord, c’est lui qui a créé le parti. Donc c’est lui qui a tracé les sillons dans lesquels nous marchons aujourd’hui. Et puis, il faut que les gens comprennent…

N.V. : Qu’ils oublient les derniers épisodes peu glorieux de sa sortie du PIT ?
D.A.A. : Je pense qu’il ne s’attendait pas à ce débat, à la réaction des camarades. Donc il n’a pas supporté. Certains propos ce jour-là étaient difficilement supportables. Et il a été certainement amené à précipiter sa sortie. Mais il a aussi bien fait de nous libérer et de laisser le parti évoluer après lui. Mais il reste à l’écoute. Et personnellement, quand j’ai besoin de le consulter, je le fais.

N.V. : Vous arrivez au moment où le parti à presque disparu. Quels sont vos remèdes ?
D.A.A. : Il faut réconcilier tout de suite à l’intérieur du PIT. Il faut faire l’unité. Il faut aller chercher les autres. Je m’attelle à le faire. J’ai rencontré le ministre Andoh. J’irai rencontrer ceux qui sont en exil pour négocier leur retour. La Côte d’ivoire doit se faire avec les Ivoiriens.

N.V. : Le problème, c’est que le pouvoir veut que tous ceux qui ont participé au dernier gouvernement du président Gbagbo aillent en prison. Vous allez chercher Mme Gnonsoa pour qu’elle aille en prison ?
D.A.A. : Si le Premier ministre Aké Ngbo lui-même est libéré et est là…

N.V. : C’est une liberté provisoire et on annonce même des procès aux assises…
D.A.A. : Toujours est-il qu’il est en liberté. Si lui-même a été libéré, il n’y a pas de raison que les ministres qui n’avaient pas les premières responsabilités soient inquiétés.

N.V. : Il semble que la liste vient de la présidence. Etes-vous sûr de pouvoir convaincre la présidence d’inscrire le nom de Mme Gnonsoa sur la prochaine liste ?
D.A.A. : Je ferai les démarches dans ce sens et on verra si ça marche. Mais nous avons l’obligation de le faire. Il faut que tous les enfants de Côte d’Ivoire se retrouvent. Qu’est-ce qu’ils ont fait ?

N.V. : On les accuse d’avoir tué 3000 personnes…
D.A.A. : Je ne sais pas. Mais je pense qu’on peut s’asseoir chez nous et réfléchir à tout ça.

N.V. : Les rapports entre le PIT et le FPI n’ont pas toujours été faciles. Doit-on s’attendre à des changements sous votre présidence ?
D.A.A. : Nous allons affirmer notre position idéologique. Et si le FPI est dans cette vision des choses, on se retrouvera facilement. Nous avons été assez clairs. Nous sommes le parti ivoirien des travailleurs. Notre positionnement est clair. Il n’y a pas d’ambiguïté. Dans le processus de production capitaliste, nous avons pris l’option d’être du coté des travailleurs contre les possédants. C’est la vision socialiste. Nous avons été les premiers à l’afficher. Le FPI a dit qu’il était un front populaire. Donc il y a des libéraux, des ultralibéraux qui sont dedans et on ne comprend plus rien. Il faut qu’ils nous disent où ils en sont eux-mêmes. Notre positionnement idéologique est clair. Même si à un moment donné, nous avons appelé à voter pour le candidat de droite pour provoquer l’alternance.

N.V. : Une alternance qui s’avère aujourd’hui désastreuse pour les travailleurs. Faites-vous le même constat ?
D.A.A. : C’est vous qui l’appréciez comme ça. Mais, de toutes les façons on fera le bilan et on verra ce que les travailleurs ont gagné et ce qu’ils n’ont pas gagné. Et ce sera aussi peut-être l’élément qui va justifier la politique alternative que nous allons mettre en place. Mais nous pensons que nous sommes un parti socialiste et il faut l’affirmer clairement. Et puis, essayer de rallier à notre cause et à notre vision le maximum d’Ivoiriens. Peut-être qu’on n’a pas été suffisamment clair depuis tout le temps, mais cette fois, il faut que notre positionnement soit clair.

N.V. : Vous arrivez à la tête du PIT au moment des discussions entre l’opposition et le gouvernement. Qu’en pensez-vous ?
D.A.A. : Vous connaissez le parcours du PIT. Le PIT est ce parti qui a toujours prôné la concertation comme approche de prévention et de règlement des conflits. Nous avons toujours dit qu’il faut qu’on se parle. Qu’on apprenne à se parler pour aller de l’avant. A la fin du parti unique le président Wodié avait dit qu’il faut qu’on s’asseye pour redéfinir sur les règles du jeu. Parce que si on ne le faisait pas, on irait à la violence. On a fini par aller à la violence. Aujourd’hui, il y a la violence et pour sortir de cette situation calamiteuse, il faut se concerter. Il faut s’asseoir et se parler. Et nous disons que la réconciliation est un préalable à tout. Parce qu’il faut que les Ivoiriens retrouvent la confiance entre eux. Il faut en plus qu’ils aient confiance en l’avenir de ce pays. Il ne sert à rien d’aller chercher à l’extérieur des gens pour venir développer notre pays. Le pays doit être construit par les Ivoiriens eux-mêmes; si les Ivoiriens n’ont pas confiance en l’avenir de leur pays, personne ne viendra construire ce pays à notre place. La réconciliation est donc un passage obligé.

N.V. : Qu’est-ce que vous mettez dans la réconciliation, parce qu’elle ressemble aujourd’hui à un fourre-tout ?
D.A.A. : Il faut créer un environnement qui nous rapproche déjà. Et la position du FPI mérite d’être revue. Parce qu’on ne peut pas penser qu’on est seul et que c’est seulement avec soi qu’il faut discuter. Il faut accepter d’ouvrir la discussion aux autres. Quand on est tout seul, on pense avoir tout seul la vérité. Mais ce n’est pas vrai. Il faut s’ouvrir aux autres pour que la vérité des uns devienne la vérité des autres et ainsi de suite, devienne la vérité de tout le monde. Il faut donc s’inscrire dans le processus actuellement mis en place.

N.V. : Dans le cadre du cadre permanent de dialogue (CPD) ?
D.A.A. : Bien sûr ! Il faut s’y inscrire. Mais je crois aussi qu’aujourd’hui, il y a des gens qu’il faut libérer. Mais il faut aller dans ce cadre de discussion pour voir qu’il y a des gens qui n’ont rien à faire en prison, comme il y en a qui n’ont rien à faire en dehors de la Côte d’Ivoire. On ne peut pas continuer comme ça. Il faut véritablement que nous puissions nous asseoir et nous écouter pour trouver des solutions à ces problèmes. S’il y en a qu’on doit condamner parce qu’on a des preuves qu’ils ont fait des malversations, ou qu’ils ont fait des dégâts au point où on ne peut pas les libérer, mais qu’ils soient déjà jugés. Je pense qu’il faut que rapidement on règle tout ça pour libérer la Côte d’ivoire. Moi, je suis économiste. Je comprends un peu la situation. L’argent ne tourne pas.

N.V. : Le chef de l’Etat, Alassane Ouattara, qui est aussi économiste dit que c’est parce que l’argent travaille. Est-ce vrai ?
D.A.A. : Ce n’est pas vrai. C’est parce qu’aujourd’hui personne n’a confiance en l’avenir. Donc chacun préfère garder son argent sur soi que de l’injecter dans l’économie. C’est très clair et il ne faut pas aller très loin pour le comprendre.

N.V. : Vous voulez dire que c’est le chef de l’Etat qui ne comprend pas la situation ?
D.A.A. : C’est sa compréhension à lui du fait que l’argent de circule pas. Mais, moi qui suis aussi économiste, je sais que si on n’a pas confiance en l’avenir on ne sort pas l’argent. On s’assoit dessus pour parer à toute éventualité. C’est pour cela qu’il faut aller à la réconciliation. Il faut libérer les esprits et créer un environnement de confiance pour que ceux qui ont envie de faire une petite entreprise injectent de l’argent. Parce qu’en économie on dit que l’investissement est un acte irréversible. Parce que si vous investissez dix millions aujourd’hui, le lendemain si vous ne voulez plus continuer, vous ne pouvez plus récupérer vos dix millions. C’est un acte tellement risqué que personne ne pourra se hasarder à injecter son argent, si l’environnement n’est pas clarifié.

N.V. : Doit-on donc s’attendre à vous voir parler au FPI pour l’amener au CPD ?
D.A.A. : Je vais rencontrer mes camarades du FPI qui sont mes amis. Le Pr. Miaka est un collègue et un ami. Je vais le rencontrer pour qu’on s’asseye et qu’on regarde l’intérêt de la Côte d’Ivoire. La Côte d’Ivoire n’appartient à personne. C’est notre chose à nous tous. Il y en a qui sont des locataires temporels, mais après d’autres viennent et ainsi de suite. Il faut qu’on le comprenne et qu’on se remette ensemble.

N.V. : L’actualité c’est aussi les élections locales. Il semble que le PIT a six candidats. Pensez-vous que les conditions soient réunies pour des élections transparentes?
D.A.A. : Nous sommes un parti politique. Nous avons fait l’expérience de la chaise vide. Il faut l’éviter. Je pense qu’à chaque échéance il faut exister. Les conditions ne seront jamais parfaites.

N.V. : Les législatives n’ont pas été très heureuses pour le PIT. Ne craignez-vous pas de connaître un autre échec ?
D.A.A : Vous avez dit que nous étions aux législatives. C’est déjà une bonne chose. Un parti politique doit être présent à toutes les échéances électorales.

N.V. : Même si les résultats sont très négatifs ?
D.A.A. : Les résultats peuvent être négatifs aujourd’hui et être positifs demain. Donc il faut rester dans cet état d’esprit. On ne va pas systématiquement pour gagner.

N.V. : Le PIT est pour la figuration ?
D.A.A. : Pas pour la figuration. Mais, je crois qu’il y a un contexte politique dans lequel il faut s’inscrire. Gagner pour gagner ça conduit à tout. Quand on va à une bataille, il y a les deux alternatives. Si a priori vous dites « parce que je vais perdre, je n’y vais pas », ce n’est pas bon.

N.V. : Que faites vous des questions de sécurité ? On a vu que les législatives ont donné lieu à des affrontements armés, cela ne vous inquiète pas ?
D.A.A. : Il faut en tenir compte et mettre en place des stratégies qui prennent en compte ces éléments. Mais il ne faut pas rester en dehors.

N.V. : Il faut y aller quand même ?
D.A.A. : Je pense qu’il faut y aller.

N.V. : Et quelles sont vos chances ?
D.A.A. : Nous avons quelques chances. Nous avons ciblé six localités comme Transua, Toumodi, Daoukro.

N.V. : Chez Bédié ?
D.A.A. : Oui chez Bédié. Parce que à Daoukro nous avons quand même fait 43% aux législatives. Et il a fallu que le sphinx lui-même se jette dans la bataille, sinon on raflait Daoukro. Donc c’est une possibilité.

N.V. : L’actualité, cette fois internationale, c’est la crise et la guerre au Mali. Le FPI a salué l’intervention militaire française au Mali, une position critiquée par certains, quelle est la position du PIT ?
D.A.A. : Imaginez-vous que ces terroristes soient arrivés à Bamako. Bamako n’est pas loin de la Côte d’Ivoire. Ils ne se contenteront pas de rester à Bamako. Donc, il faut saluer l’intervention de la France. Il faut saluer cette intervention qui les a empêchés d’aller plus loin et espérer qu’ils disparaissent complètement du nord Mali. Ce n’est plus l’affaire du seul Mali. Aujourd’hui tout le monde est en train de se rendre compte de l’erreur qui a été faite en intervenant en Libye. On a parachuté des armes qui sont tombées dans des mains que personne ne connaît. Le danger est à nos portes. Et si les gens ont compris et qu’ils réagissent, il faut les soutenir.

N.V. : Le FPI a demandé à l’Etat de Côte d’Ivoire de fournir des troupes à la MISMA pour aider à la libération du Mali. Comment réagissez-vous ?
D.A.A. : Je ne peux rien dire sur ce sujet parce que je n’ai pas une idée précise sur l’état de notre armée pour que je dise si nous pouvons envoyer un détachement efficace dans cette guerre, qui je pense, pourrait s’enliser.

Entretien réalisé par Guillaume T. Gbato

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Source : Notre Voie 30 Janvier 2013.

mercredi 30 janvier 2013

L’intervention française au Mali : un prétexte pour encercler l’Algérie ?

L’impérialisme français poursuit sans relâche l’exécution de son plan de contrôle politique et militaire total de ses anciennes colonies africaines. Après la Côte d’Ivoire où ses commandos ont délogé du palais présidentiel le président Gbagbo et envoyé ce dernier dans une prison de La Haye (…), la France impérialiste vient de lancer son armada aérienne et de débarquer ses troupes au Mali sous le prétexte de combattre des groupes armés islamistes déployés au nord de ce pays et de défendre son intégrité territoriale.
Depuis maintenant une semaine, les impérialistes français tentent de réaliser un de leurs objectifs : déployer durablement leurs troupes militaires au Mali, transformer ce pays en tête de pont afin de contrôler les richesses du Sahel, avec la bénédiction de l’ONU, instance de marchandage et de partage du monde en zones d’influence des puissances impérialistes. Grâce à la soi-disant légitimité internationale délivrée à son action par l’ONU, l’impérialisme français a obtenu l’habilitation de la Cédéao, son instrument néocolonialiste, à jouer au gendarme de la Françafrique, faire et défaire les régimes africains au gré de ses intérêts. Ce prétexte est grossier et hypocrite. Que ce soit sous un gouvernement de droite ou un gouvernement de "gauche", l’impérialisme s’est toujours appuyé sur les mouvements réactionnaires qui se camouflent sous la religion pour contrer la volonté d’émancipation des peuples de la domination impérialiste et abattre les dirigeants qui lui tiennent tête. Il vient de faire d’une pierre deux coups. Ses troupes prennent pied au Mali. Et il camoufle sous cette intervention son plan d’encerclement de l’Algérie par le sud en vue de renforcer ses pressions sur nos gouvernants pour les pousser encore plus dans la voie de la compromission et de la rupture avec ses orientations anti-impérialistes traditionnelles.
Le Parti Algérien pour la Démocratie et le Socialisme condamne l’autorisation accordée par le gouvernement algérien au survol du territoire de l’Algérie par les avions militaires français. L’impérialisme trompe le peuple malien auquel il veut faire croire qu’il cherche à le protéger des hordes obscurantistes. Il faut être naïf, aveugle ou de mauvaise foi pour oublier ou ne pas voir que depuis des dizaines d’années ces groupes et leurs régimes sont et ont été les meilleurs auxiliaires de l’impérialisme : Afghanistan, Bosnie, Kosovo, Libye, et maintenant Syrie.
Peut-on oublier que durant les années 1990 les dirigeants socialistes français ont appuyé le Front islamique du Salut en Algérie en exigeant de reconnaître sa prétendue "victoire électorale" de décembre 1991 et contribué à répandre les pires campagnes de mensonges visant à innocenter les groupes islamistes armés dans les massacres commis en Algérie ? Comment peut-on croire que les puissances impérialistes vont libérer les Maliens de la dictature des groupes obscurantistes, alors qu’elles ont mis à feu et à sang la Syrie pour tenter de les placer à la tête de ce pays avec l’appui des régimes monarcho-théocratiques de l’Arabie saoudite et du Qatar ?
L’impérialisme est confronté à la plus grave crise économique structurelle de son histoire. Il a besoin de diviser les peuples. Tout en prétendant les combattre dans certains pays, il soutient dans d’autres les groupes religieux fanatiques qui organisent dans les pays arabes et musulmans des diversions en imposant par la terreur des pratiques religieuses moyenâgeuses. Ces diversions ont pour but et pour résultat d’empêcher les peuples de réfléchir aux mesures politiques, économiques et sociales à prendre pour se libérer du pillage de leurs richesses par les multinationales, pour secouer la domination impérialiste, transformer de façon révolutionnaire les bases économiques de leurs pays. L’impérialisme entretient de façon sournoise ou déclarée l’existence et l’influence de ces groupes. Il en tire profit pour justifier le fichage policier de tous les peuples. Il propage le racisme islamophobe. Il allume les guerres internes dans les pays arabes et islamiques. Il se présente ensuite sous le masque du "sauveur". En fait, il tente de se créer de toutes pièces les prétextes pour dépêcher dans ces pays ses espions, ses agents, ses mercenaires, ses tueurs à gage et ses militaires, et installer des marionnettes aux commandes.
Ce qui se passe au Mali et ce qui vient de se passer dans le complexe gazier de In Amenas avec l’incursion de groupes lourdement armés à partir de la Libye, la prise de dizaines d’otages étrangers, le massacre d’un certain nombre d’entre eux, ne sont que la suite prévisible de l’intervention militaire en Libye des puissances impérialistes, des USA, de l’Angleterre, de la France, de l’OTAN, de l’Union européenne. La liquidation par la force du régime de Kaddafi avec l’appui des forces les plus rétrogrades de ce pays fait peser sur l’Algérie de graves dangers et l’expose à toutes les provocations montées par les services subversifs de ces puissances. Cette liquidation a encouragé partout les forces obscurantistes à relever la tête dans leur sinistre marche pour la prise du pouvoir. Ce sont les puissances impérialistes qui organisent l’insécurité généralisée dans la région pour justifier leurs ingérences. L’émir du Qatar, ami des dirigeants français, ne cache pas qu’il soutient et finance ouvertement les terroristes islamistes intégristes envoyés de Libye au Mali. Aucun gouvernement, pas même le gouvernement algérien, ne l’a condamné.
Les dirigeants français exploitent ensuite la présence des bandes terroristes pour s’ingérer dans les affaires du Mali.
Sous prétexte de prêter leur assistance dans la lutte contre les bandes islamistes armées, les puissances impérialistes font pression pour amener le régime algérien à accepter le principe de la présence de leurs "experts" militaires dans le Sahara algérien, premier pas vers l’installation de bases militaires destinées à miner le pays de l’intérieur. Le peuple algérien n’est pas dupe. C’est pourquoi il rejette l’intervention de ces puissances dans ses problèmes internes et réagit avec indignation aux tentatives des dirigeants de la Grande-Bretagne, des USA et d’autres pays de dicter leurs vues aux responsables militaires algériens sur la manière de neutraliser ces groupes criminels.
Ce sont les dirigeants des puissances impérialistes qui portent la responsabilité de la mort de nombreux travailleurs, techniciens algériens et étrangers du site gazier de In Amenas. Les communistes algériens expriment leur solidarité avec les familles de toutes les victimes de l’opération terroriste d’In Amenas, sacrifiées par l’impérialisme pour réaliser ses plans de domination de la région.
Ces événements ne surprennent pas les communistes algériens. Le Parti Algérien pour la Démocratie et le Socialisme a prévenu à maintes occasions les travailleurs et le peuple algériens sur les conséquences qui allaient résulter de l’agression impérialiste en Libye et, d’une manière générale, de son agressivité dans le monde. Mais il n’y a pas de fatalité. Les travailleurs et les peuples sont en mesure de lui résister et de lui infliger des défaites. Il appartient aux peuples, à leurs forces révolutionnaires et progressistes de combattre par leurs propres moyens les courants rétrogrades, les ingérences et les guerres destructrices impérialistes qui favorisent l’extension de ces courants, renforcent l’exploitation et l’oppression des peuples. Face à cette collusion réactionnaire interne et externe, ils doivent compter sur la mobilisation interne de leurs masses laborieuses et sur la solidarité des forces de progrès dans le monde. La clé de la résistance est d’abord l’édification de partis révolutionnaires décidés à mettre fin à l’exploitation et à la domination capitaliste et impérialiste.

Parti algérien pour la démocratie et le socialisme (PADS)
janvier 2013

EN MARAUDE DANS LE WEB
Sous cette rubrique, nous vous proposons des documents de provenances diverses et qui ne seront pas nécessairement à l'unisson avec notre ligne éditoriale, pourvu qu'ils soient en rapport avec l'actualité ou l'histoire de la Côte d'Ivoire et des Ivoiriens et que, par leur contenu informatif, ils soient de nature à faciliter la compréhension des causes, des mécanismes et des enjeux de la « crise ivoirienne ». 
 
source : Le Nouveau Courrier 29 Janvier 2013

mardi 29 janvier 2013

JANVIER, LE MOIS DE NOS MARTYRS

  • « Si nous ne perdons pas de vue les perspectives historiques des événements majeurs de la vie de l'humanité, si tout en gardant le respect que nous devons à toutes les philosophies, nous n'oublions pas que le monde est la création de l'homme lui-même, le colonialisme peut être considéré comme la paralysie ou la déviation, ou encore l'arrêt de l'histoire d'un peuple en faveur de l'accélération du développement historique d'autres peuples. » A. CABRAL

28 janvier 1950 : Victor Biaka Boda, sénateur RDA de Côte d’Ivoire.
Dans la nuit du 28 janvier 1950, alors qu'il accomplissait une mission dont ses amis de la direction du PDCI-RDA l'avaient chargé, le sénateur Victor Biaka Boda disparut mystérieusement de la maison où il avait obtenu l'hospitalité après que sa voiture fut tombée en panne à l'entrée de la ville de Bouaflé. On feignit de chercher le disparu jusque en Guinée où il avait vécu et travaillé longtemps avant de revenir au pays natal. Puis un jour, peut-être parce qu'il était devenu politiquement opportun de dévoiler que Victor Biaka Boda était bien mort, ses restes furent découverts par hasard dans une clairière, non loin de Bouaflé. En réalité, il ne s'agissait que d'un corps sans tête et dévêtu. Mais on avait aussi découvert à proximité quelques objets ayant appartenu au disparu et qui furent considérés comme suffisant à identifier ce cadavre décapité comme celui de Biaka Boda. Pourtant le parlementaire disparu ne sera officiellement déclaré mort que le 20 mars 1953, soit trois ans après sa « disparition ».

17 janvier 1961 : Patrice Lumumba, Premier ministre de l’ancien Gongo belge.
Le 17 janvier 1961, Patrice Lumumba et deux de ses partisans, Maurice Mpolo et Joseph Okito sont conduits par avion à Elisabethville, au Katanga, et livrés aux autorités locales. Lumumba, Mpolo et Okito seront conduits dans une petite maison sous escorte militaire où ils seront ligotés et humiliés par les responsables katangais comme Moïse Tshombé, Munongo, Kimba, Kibwe, Kitenge, mais aussi les Belges Gat et Vercheure. Ils seront fusillés le soir même par des soldats sous le commandement d’un officier belge. En 2003, le documentaire télévisé CIA guerres secrètes explique que Mobutu a fait dissoudre le corps de son rival dans l'acide, après l'avoir fait assassiner.

13 janvier 1963 : Sylvanus Olympio, premier président du Togo.
Le 12 janvier 1963, d'anciens tirailleurs de l'armée coloniale française, dont le sergent-chef Etienne Gnassingbé Eyadema, démobilisés au terme de la guerre d'Algérie, prennent d'assaut le camp militaire Tokoin à Lomé. Ils réclament ce qui leur était refusé jusqu'alors, à savoir leur incorporation dans l'armée nationale. Les officiers français qui encadrent l'armée togolaise parlementent avec les mutins. « Vous n'y pensez pas, leur auraient répondu les conseillers techniques métropolitains, jamais le Président n'acceptera une telle chose. Il vous fera plutôt fusiller. » Les insurgés prennent peur. Vers minuit, ils décident de prendre d'assaut la résidence présidentielle. Sylvanus Olympio réussit à s'échapper et tente de trouver refuge dans la cour de l'ambassade américaine. L'ambassadeur des Etats-Unis le découvre mais n'a pas la clé pour le faire entrer dans l'ambassade. Il prévient son homologue français, Henri Mazoyer. Quelques instants après, les mutins se saisissent d'Olympio et le tuent.
(D’après F.-X. Verschave)

15 janvier 1971 : Ernest Ouandié, dirigeant de l’UPC.
Le 15 janvier 1971, Ernest Ouandié est fusillé en place publique à Bafoussam en application d’une décision cynique, froidement préméditée par Ahmadou Ahidjo, président imposé au Cameroun par la France. Le 20 mars 1962, dans son article : « Citoyens libres ou esclaves », Ernest Ouandié écrivait : « Les chances de succès demeurent toujours grandes pour le peuple kamerunais (...) La gravité de la situation de même que l’amour que nous portons tous à notre pays, à son peuple, commandent que tous les Kamerunais se donnent la main et serrent les rangs pour porter le coup décisif au régime néocolonialiste agonisant. »
(D’après Beng Yves)

20 janvier 1973 : Amilcar Cabral, dirigeant du PAIGC.
Le 20 janvier 1973, à quelques mois de la proclamation de l’indépendance, Amilcar Cabral est assassiné à Conakry ! Les assassins sont des membres de son parti, le PAIGC, originaires de la Guinée portugaise qui croyaient que le Portugal leur donneraient plus facilement l'indépendance s’ils écartaient les Cap-Verdiens de la direction du PAIGC. Malgré la disparition de son dirigeant charismatique, le PAIGC conserva son unité et réalisa l’objectif pour lequel il avait été créé. L’année suivante, l’assemblée populaire proclame l’indépendance de la Guinée portugaise, promulgue sa Constitution et crée les organismes exécutifs correspondants.

lundi 28 janvier 2013

Il y a 63 ans, le 28 janvier 1950, « disparaissait » le sénateur Victor Biaka Boda, un parmi nos 60 martyrs (chiffre officiel) de cette époque héroïque.

Le Démocrate, journal du PDCI-RDA dans sa livraison du 13 juillet 1950 dénonce la répression qui frappe la colonie et cible les responsables. Ce qui lui vaut un procès pour atteinte à l’honneur et à la considération de m. le gouverneur Péchoux et diffusion de nouvelles fausses de nature à troubler la paix publique. Accusation que rejette naturellement le journal qui voit plutôt dans les événements qui se succèdent une planification orchestrée par le gouvernement pour détruire le RDA. « Ainsi tout s’explique, écrit le journal, l’interdiction du congrès de Bobo-Dioulasso, les grandes forces policières lors de la tenue de le tenue de ce congrès à Abidjan, les sanglantes provocations du 6 février, les fusillades de Palaka, de Bouaflé, les tueries de Dimbokro, d’Affery, d’Agboville, de Séguela, etc. ». Il en est de même de la tenue de la première conférence « du Comité dit de défense de l’Afrique centrale au lendemain des événements du 6 février, les discours grandiloquents et provocateurs du sieur Coste-Floret ». Le journal cite en outre « la circulaire qui subordonne cyniquement le judiciaire à l’exécutif, les fanfaronnades des proconsuls jouant au Néron et au Napoléon ; les non moins imbéciles attitudes de leurs acolytes noirs aidant à s’enchaîner eux-mêmes ; les coups de fusil et de revolvers que l’on tire avec une facilité surprenante : tout cela prouve que le gouvernement veut, à la faveur de provocations policières, "détruire le RDA". Ses hommes de main ne s’en cachet pas ».
de tout ce qui a été écrit par e journal seuls les passages suivants ont fait l’objet de la plainte. « Et comme à Madagascar, les gros planteurs, les gros directeurs des banques et des grandes maisons de commerce, les hauts fonctionnaires déclarent qu’il fallait dix mille morts pour éclaircir la situation… Toute la machination de la sanglante répression a été montée à Paris sur l’instigation et avec l’encouragement des colonialistes ». Cette plainte était au demeurant inutile puisque aussi bien Paul Béchard que Laurent Péchoux allaient eux-mêmes confirmer les faits et de surcroît être confondus par les déclarations de l’ancien gouverneur Orselli devant la commission d’enquête parlementaire sur les incidents survenus en Côte d’Ivoire.
Sur l’origine, l’ampleur et l’extension des événements qui ont ébranlé la Côte d’Ivoire, nous avons plusieurs témoignages dont celui de Ouezzin Coulibaly contenu dans un document distribué lors de la conférence de presse qu’il tient à Paris  le 19 octobre 1951 sur le procès de Grand-Bassam. En ce qui concerne « l’origine des incidents qui ont commencé d’ailleurs avant 1949, on la trouve dans l’opposition à l’émancipation des Africains manifestée par le colonat et le gros commerce. Ces derniers, en effet, entendent demeurer les maîtres et les bénéficiaires quasi exclusifs de la production ivoirienne ». Quant à l’ampleur et l’extension des événements, il rappelle que « la plupart des incidents ont pour cause immédiate un affrontement entre des membres du PDCI et des adhérents des petits partis soutenus par l’administration et parfois animés par des hommes qui ont quitté le PDCI. Il sen suit des querelles, violences diverses, pillages, destructions et incendies, mesures d’intimidation, arrestations de membres du PDCI qui entraînent des manifestations pour obtenir la libération des détenus et dans les cas les plus graves, d’opérations de forces de police faisant des morts et des blessés ».
Au cœur de ce processus répressif se trouvait donc une « administration incapable de s’affranchir de la domination et de la subordination à la chambre de commerce » et qui justifie son intervention par la contrainte où elle s’est trouvée de « maintenir l’ordre devant une décision délibérée de chasser les Français et de leur substituer un nouveau pouvoir ». c’est la version que l’administration donne elle-même à René Arthaud membre de la commission parlementaire chargée d’enquêter sur les incidents de la colonie. A l’occasion de son « Reportage sur la terreur coloniale en Afrique noire » René Arthaud dénonce les pratiques administratives et met directement en cause les administrateurs pour leur légèreté. « En l’espace d’une heure, écrit-il, il a été établi en premier lieu que la méthode des otages, l’arrestation du père pour le fils, méthode chère aux tortionnaires de la gestapo et qui leur avait valu la haine de tout ce que l’humanité compte d’hommes honnêtes et généreux, ne répugne en aucune façon à certains membres de l’administration coloniale. En second lieu, il était également établi qu’aux yeux de M. Thomas (administrateur de la subdivision de Dimbokro) et du gendarme Bignac, point n’était nécessaire de s’embarrasser à l’égard des nègres de formalités aussi oiseuses, et de garanties telles que mandats d’amener ou mandats d’arrêt ».
L’ampleur de la répression explique sans doute tous ces manquements graves à la procédure judiciaire. En effet durant l’année 1949, ce sont dix localités qui sont touchées : Bongouanou le 20 janvier, Bocanda le 23 du même mois, Abidjan-Treichville le 6 février, Ferkessédougou-Palaka le 3 mars, Bondoukou le 5 octobre, Abengourou le 14 octobre, Dabou le 18 octobre, Agboville le 19 du même mois, Bouaké le 13 décembre, Zouénoula les 14, 15 et 16 du même mois. En 1950, la répression s’étend à douze autres localités : Gonafla le 2 janvier, Daloa et N’Gokro le 6, Issia le 7, du 22 au 26 des incidents se déroulent sue la route de Sinfra où a lieu l’attaque de la prison, Dimbokro les 20 et 30, Séguéla le 31 janvier et le 2 février, Kétékro-Bonikro le 11 février, Yorobodi le 24 mai et Guiglo en juin.
C’est au cours de cette année qu’interviennent la tentative d’arrestation du député Houphouët-Boigny le 26 janvier et l’assassinat du sénateur BIAKA Boda le 28 janvier à Bouaflé. Plusieurs versions ont été données depuis. Hubert Richmond, receveur des PTT dans la localité à cette époque, relate la fin tragique du sénateur dans un manuscrit daté de 1960 et intitulé « Petites histoires du RDA : 1949-1953 ». « En présence du supplicié, écrit-il, les militaires creusaient un trou. Comme la terre était dure en cet endroit, le trou avait au moins 50 centimètres de profondeur ? Gauthereau avait ordonné aux militaires d’ensevelir Victor Biaka Boda vivant. Cet ordre avait été exécuté. Gauthereau avait sorti son pistolet automatique et avait logé deux balles dans la tête de Victor Biaka Boda ».
Cette version de la mort du sénateur, une parmi plusieurs autres, diffère de celle que Georges Chaffard considère comme l’hypothèse toujours soutenue par le RDA et selon laquelle le sénateur aurait succombé à un interrogatoire trop brutal de Gauthereau. On peut penser que ce dernier n’était pas seul à conduire l’interrogatoire, s’il avait bien effectivement eu lieu, puisque se trouvait curieusement réunis dans la petite localité de Bouaflé ce jour-là tout l’aréopage de l’administration du secteur.
Devant la commission d’enquête parlementaire, en sa séance du 13 novembre 1950, Ouezzin Coulibaly cite des noms et fait état de témoignages accablants qui convergent tous vers l’administrateur Raymond Gauthereau. « S’il faut en croire tous ces témoignages, déclarait-il, l’administrateur a été avisé tout au moins de la présence de Biaka à Bouaflé. J’ai déjà dit que, le même jour, il y avait présents à bouaflé, le procureur de la république, le substitut du procureur, M. Pautrat, le juge de paix M. Thuillier, l’administrateur du cercle, M. Butavand et le chef de subdivision M. Gauthereau. Il est tout de même curieux qu’un parlementaire dont la présence ne peut se cacher, disparaisse dans un petit village où il y avait tant de personnalités d’autorité, sans que personne ne fut au courant. Dans ce groupe de personnalités, il y a certainement quelqu’un qui était responsable en ce moment de l’ordre public et qui, en tant que tel, était responsable, qu’il le veuille ou non, de ce qui se passait au village. A-t-on établi cette première responsabilité ? les attestations données plus haut montrent assez clairement que l’almamy Aly Diaby connaissait sinon les coupables, du moins les responsables. Il semble même que l’attitude de certains gardes du cercle serait significative au moment de l’enquête. Le fait le plus caractéristique de cette affaire, c’est qu’il semblerait que le chef de subdivision Gauthereau a été directement et personnellement mêlé à la question. Ainsi, dans la nuit du 27 au 28, entre minuit et le matin, une jeep conduite par les Alaouites, dans laquelle se trouvait M. Gauthereau, a circulé dans le quartier où le sénateur Biaka se trouvait hébergé. La documentation que je tiens à la disposition de la justice semble indiquer d’une façon précise qu’il n’est pas possible que quelque chose se soit passé durant cette nuit à l’insu du chef de subdivision. D’ailleurs, un autre témoignage semblerait indiquer que les pouvoirs publics n’ont pas été, du moins constamment, dans l’ignorance de ce qui se passait. » Une plainte déposée contre Raymond Gauthereau aboutira à un non lieu. L’homme, nous apprend encore Georges Chaffard, était en 1965 fonctionnaire international, chef de la mission d’assistance de l’ONU au Cambodge !


Extrait de « Aux origines de la nation ivoirienne, 1893-1946 (volume III) : Nationalisme africain et décolonisation française 1945-1960 » de René-Pierre Anouma, Editions L'Harmattan, 2008 (pages124-127).

« La "disparition" du patriote ivoirien Victor Biaka Boda. Plaidoyer pour libérer sa dépouille mortelle »

de Devalois Biaka, L'Harmattan, Paris 1993.


Introduction

 
Le sénateur V. Biaka Boda
Je ne connais pas bien le Sénateur Victor Biaka Boda. Je me souviens vaguement de la grande affluence d'hommes, de femmes, de jeunes et d'enfants qui envahissaient la concession de mon père, Chef de village, dans les années 40 et 50, pour voir et écouter un grand commis appelé Victor Biaka Boda dont les visites à Dahiépa,  son village natal, étaient épisodiques, pour ne pas dire rares en raison sans doute de ses responsabilités politiques en Côte d'Ivoire et surtout au Sénat français. Tout le monde disait qu'il luttait pour chasser les colons  blancs de la Côte d'Ivoire où venait d'être créé un parti pour l'émancipation politique: le PDCI-RDA.
Je ne voudrais pas m'étendre sur l'accueil réservé dans ma région natale au PDCI-RDA. Qu'il me soit cependant permis d'écrire que le village de Victor Biaka Boda était le principal forum où furent organisés par les leaders de ce parti les grands meetings de sensibilisation des populations rurales du canton Gbadi. Des slogans « vive le RDA ! », « vive Houphouët ! » résonnent encore dans ma mémoire. Il y avait plusieurs partis politiques dont les deux principaux étaient le PDCI-RDA dirigé par Félix Houphouët-Boigny et le parti progressiste S.F.I.O. de Dignan Bailly.  Il est inutile d'insister sur le militantisme parfois violent des partisans et adversaires de ces deux partis. Un détail mérite cependant d'être mentionné : mon village considéré comme bastion du PDCI-RDA, en état d'alerte permanente, était victime d'agressions extérieures commanditées par les partisans de Dignan Bailly.
Nous en étions là lorsqu'un soir, des rumeurs faisant état de la « disparition » de Victor Biaka Boda envahirent Dahiépa. Ma famille, directement concernée par la mauvaise nouvelle, fut plongée dans une profonde tristesse. Des femmes et des filles se jetaient à terre dans un tintamarre de lamentations incessantes qui durèrent environ une semaine.
Brusquement, une atmosphère de terreur plana sur mon village. On chuchotait qu'il était interdit de parler de Victor Biaka Boda, de sa « disparition » et de le pleurer sous peine de sanctions sévères pouvant aller jusqu'à la peine capitale. Le nom de Victor Biaka Boda devint tabou. Aucun Responsable du PDCI-RDA ne vint dans le canton Gbadi pour donner des informations précises sur ce qui était arrivé à Victor Biaka. Avait-il « disparu » ou était-il réellement mort ? Pourquoi le PDCI-RDA restait-il muet ? Pourquoi Antoine Dépri Domoraud, fils adoptif de Victor Biaka Boda, n'était-il pas venu à Dahiépa pour donner des explications et apaiser les inquiétudes ? Autant de questions auxquelles nul ne pouvait donner des réponses exactes.
Quelques mois plus tard, des langues se délièrent. La certitude de la mort de Victor Biaka Boda se précisa. Comment était-il mort ? Mystère ! S'il était mort, où se trouvait sa dépouille mortelle ? Mystère et silence complet !
Mon imagination d'enfant fut frappée par deux faits : l'interdiction de pleurer un grand militant et l'indifférence totale des dirigeants du PDCIRDA au sujet de sa « disparition ». Une voix intérieure, celle qui m'a toujours parlé pendant les moments de détresse, m'incita à rechercher la vérité sur la mort du Sénateur. J'ai parcouru la Côte d'Ivoire et l'Europe en quête de cette vérité.
L'Histoire est ainsi faite qu'elle s'évade toujours lorsque les dictateurs la séquestrent. Nul ne peut cacher longtemps la vérité.
Depuis 1950, l'affaire Victor Biaka Boda est frappée du sceau du secret par Houphouët-Boigny. A telle enseigne que la majorité des Ivoiriens ignorent l'homme Biaka Boda, c'est-à-dire le citoyen, le nationaliste et son combat politique, les conditions de sa mort tragique et le sort réservé à sa dépouille mortelle.
Le présent plaidoyer étayé de documents d'archives joints en Annexes, est le résultat de longues recherches commencées en 1967 alors que j'étais encore un jeune lycéen. Son but est d'informer le peuple ivoirien et la communauté internationale des conditions dans lesquelles le Sénateur Victor Biaka Boda a trouvé la mort à Bouaflé, dans la nuit du 27 au 28 Janvier 1950. Je voudrais ainsi apporter toute la lumière sur le vrai combat et l'assassinat d'un nationaliste qui a dit Non au colonialisme et dont la mémoire a été effacée par Houphouët-Boigny et son équipe pour faire prévaloir leur propre prestige.
Mais l'impérieux devoir commande notamment que le problème de la libération de la dépouille mortelle du Sénateur Victor Biaka Boda soit posé. Ayant épuisé en Côte d'Ivoire tous les recours discrets et pacifiques, auxquels la dictature a toujours répondu par le mépris, je suis amené à soumettre à l'opinion nationale et internationale, la question de ses restes mortels séquestrés depuis plus de quarante ans par les forces du mal.
Les souffrances infligées par Houphouët-Boigny et ses collaborateurs à la région natale de Victor Biaka Boda, la mort de son fils aîné Guy-César Biaka Boda fauché en pleine jeunesse, s'inscrivent dans la logique d'une haine implacable qui dépasse le cadre politique.
Quel «crime» Victor Biaka Boda a-t-il commis contre la Côte d'Ivoire pour mériter la mort, l'oubli et l'opprobre d'une non-sépulture ? Sa biographie retracée à partir des témoignages et des archives de Côte d'Ivoire et du Sénat français peut répondre en partie à cette question.

dimanche 27 janvier 2013

« Le coup d’Etat en soi n’est pas une bonne chose mais la situation était telle, qu’il était nécessaire. »

De passage à Paris, où il entame une tournée pour la sortie de son album « Talé », avec un concert prévu le 6 février à l’Olympia, le chanteur malien Salif Keita parle de la situation politique dans son pays. Interview. 

Comment avez-vous accueilli l’intervention militaire française ?

Salif Kéita
- L’avant-veille de l’intervention française (l’opération a été lancée le 11 janvier, NDLR.), j’étais à Bamako, où je réside, avec la peur au ventre. J’ai vraiment cru que les islamistes allaient nous envahir. Jusque-là, on pensait qu’ils resteraient au Nord, mais quand ils ont pris Konna, on a commencé à avoir vraiment peur. On s’est dit que s’ils prenaient ensuite Mopti, ils pourraient très bien aller jusqu’à Bamako. Pendant ce temps-là, notre classe politique continuait à se faire la guerre pour le bout de terre qui restait. Si la France n’était pas intervenue, on aurait été envahi par les djihadistes. Parce qu’il n’y a pas d’Etat au Mali, il n’y a rien, il n’y a aucune défense possible.

Comment se fait-il qu’il n’y ait, selon vous, plus d’Etat ?

- Je crois qu’à quelque chose malheur est bon, cette crise nous a permis de découvrir à quel point notre démocratie était un mensonge et combien la classe politique était corrompue. C’est le problème fondamental. On a compris que ceux qui nous dirigent n’aiment pas le Mali, qu’ils sont mus seulement par leurs propres intérêts. Le pouvoir en place a créé les conditions pour que les islamistes et les trafiquants s’installent dans notre pays. Ils les ont laissés faire. On sait maintenant qu’il y avait des connexions entre Bamako et les islamistes et narcotrafiquants, des complicités. Nous savons désormais ce que valent tous ces hommes politiques. C’est pour cette raison qu’on ne peut pas accepter qu’ils reviennent au pouvoir. S’ils restent aux commandes, le Mali reprendra un mauvais départ. C’est pour cela que le président de transition, Dioncounda Traoré pose problème.

Que voulez-vous dire par « il pose problème » ?

- C’est vrai que Dioncounda Traoré, en tant que président de l’Assemblée, devait légitimement devenir le président de la transition. C’est la Constitution qui le dit. Mais il fait partie de cette classe politique qui s’est discréditée aux yeux des Maliens. Il est le président de la principale force politique du pays, l’ADEMA, qui fonctionne par clientélisme, qui fonctionne comme une mafia, qui a participé à plonger le pays dans le chaos parce que ses membres ne poursuivent que leurs propres intérêts. Cette classe-là a perdu la confiance du peuple.

Avez-vous cru un jour dans la démocratie malienne ?

- J’y ai cru. Mais depuis l’indépendance, ceux qui ont gouverné ce pays nous ont menti. Ils ont reflété un Etat qui en vérité n’existait pas. Comment un pays peut-il être envahi aussi facilement ? C’est ce qui nous a fait mal. La démocratie en elle-même est une bonne chose, mais, dans le cas du Mali, elle a été utilisée comme un moyen d’exploitation du peuple. Les Maliens sont analphabètes à 80%. Les gens qui votent pour des chemises, des T-shirts, pour 1000 francs ne savent rien de l’immoralité de la classe politique.

Vous comptez donc parmi les partisans du capitaine Sanogo qui a fait le coup d’Etat du 22 mars ?

- Le coup d’Etat en soi n’est pas une bonne chose, mais la situation était telle qu’il était nécessaire. Mais Sanogo n’aurait pas dû laisser les hommes politiques responsables du naufrage de ce pays revenir sur la scène. C’est la Cédéao (l’organisation régionale de l’Afrique de l’Ouest, NDLR) qui le lui a imposé. Il n’aurait pas dû non plus continuer à avoir un rôle politique en coulisse. Il aurait dû prendre modèle sur le Niger : après son coup d’Etat, l’armée a tenu ses promesses en organisant des élections. J’étais d’accord avec le coup d’Etat, mais pas avec son maintien au pouvoir.

Que faudra-t-il faire pour résoudre la question du Nord ?

- Il ne faut pas discuter avec les Touaregs. Les Touaregs sont minoritaires, ils comptent pour à peine 5% de la population du Nord. Il y a énormément d’argent qui a été versé au Nord pour créer des infrastructures, ils bénéficient de quotas dans l’armée, la fonction publique. Mais ils ne veulent pas être gouvernés par le pouvoir central qui est noir. C’est pour cela qu’ils veulent un Etat indépendant : c’est le fond du problème.

Mais il faudra bien trouver une solution et donc discuter…

- S’ils sont Maliens, qu’ils le restent, qu’ils vivent et soient traités comme les autres Maliens. Il est hors de question de privilégier une minorité, qui a en plus réduit en esclavage les Noirs.

Pensez-vous qu’il faudra poser la question du statut de l’islam au Mali ?

- Le Mali est profondément un Etat laïc. Comme la plupart des Maliens, je suis musulman. Mais on aime bien nos féticheurs, nos chrétiens avec qui on a grandi en harmonie. Le Malien est un laïc.

Vous aviez essayé sans succès en 2007 de devenir député. Aujourd’hui, envisagez-vous de nouveau de jouer un rôle politique ?

- Je ne suis pas un politicien. Je fais ce que je sais faire : avec d’autres artistes on a ainsi organisé un concert à Bamako pour le Nord et on a reversé l’argent pour aider les réfugiés. Je crois que le simple fait d’aimer mon pays, de dénoncer et de dire au reste du monde ce qui s’y passe peut être utile. Les atrocités que le Nord a subies, les humiliations, les amputations, les viols, les destructions des mausolées des Saints, c’est impossible de rester silencieux face à ça. Ces islamistes ont détruit la seule source de revenu du Mali, le tourisme. Ils ont achevé de nous mettre à terre.

A qui donnerez-vous votre confiance lorsque les élections seront organisées ?

- Il y a beaucoup de gens honnêtes qui n’ont pas voulu se joindre à cette classe politique qui nous a tant nui. Il y a par exemple IBK (Ibrahim Boubacar Keita, figure politique majeure au Mali, NDLR), il est resté en dehors de tout ça, il s’était fait voler sa victoire en 2007 (IBK avait alors contesté le résultat de l’élection qui avait reconduit le président Amadou Toumani Touré, NDLR), il est très populaire. Mais avant de faire des élections, il faudra que le pays soit sécurisé

en maraude dans le web
Sous cette rubrique, nous vous proposons des documents de provenance diverses et qui ne seront pas nécessairement à l’unisson avec notre ligne éditoriale, pourvu qu’ils soient en rapport avec l’actualité ou l’histoire de la Côte d’Ivoire et des Ivoiriens, et aussi que par leur contenu informatif ils soient de nature à faciliter la compréhension des causes, des mécanismes et des enjeux de la « crise ivoirienne ».
le-cercle-victor-biaka-boda

Source : Maliweb.net 27 jan 2013

LE TREPIED DU RECIDIVISTE

Monsieur Youssouf Bakayoko, président de la commission électorale a coupé le ruban inaugural de la campagne électorale, vendredi en invitant les candidats à l’élection législative partielle à une campagne modèle ! Cela prêterait à sourire si ce n’était pas tragique de se souvenir des promesses passées d’élections transparentes et honnêtes et de se repasser mentalement le film des fraudes, exactions, crimes, puis le coup d’Etat mis en œuvre, parce que les menaces d’intimidation n’étaient pas suffisantes pour décourager le président Gbagbo !
Y. BAKAYOKO
A l’époque, nous étions alors en présence d’acteurs honnêtes pour les uns et corrompus pour les autres; mais entre temps le camp des gens civilisés n’est plus, mort, exilé où embastillé, et aujourd’hui, le camp des rebelles tente de se refaire une virginité en invitant à des élections législatives partielles, préparées par « une campagne civilisée », permettant « une supervision et une certification par les Nations Unies ». Les électeurs, les Ivoiriens et tous les naturalisés de la dernière heure remplaçant gaiement tous les disparus et les exilés vont se mobiliser massivement pour cautionner leurs bourreaux ! La consultation sera « apaisée et transparente », conformément « aux canons de la légitimité démocratique de nos élus », ces élus qui sont sortis victorieux des urnes avec des scores incroyablement bas, on parlait de 11 pour cent… et même moins de voix.
Effectivement « les canons de la légitimité démocratique » des nouveaux élus ont tonné, et l’Agence France presse ainsi que les médias ont cessé de compter les morts survenus après les fameux 3000 morts de la crise postélectorale, répertoriés dans toutes les dépêches et servis régulièrement, catéchisme asséné à coup de matraquage, laissant paraître que tous ces morts l’étaient par la faute d’un Laurent Gbagbo s’accrochant désespérément à un pouvoir qu’il avait perdu, alors que les urnes avaient parlé en faveur de son adversaire Alassane Ouattara ! Oui les canons, la grosse artillerie ont retenti des jours et des nuits durant, parce qu’une France et une communauté internationale ont préféré le vacarme et les lumières du bombardement du palais présidentiel occupé par un Président légalement investi par un Conseil constitutionnel reconnu et souverain. Oui les critères, les canons n’ont certainement pas été ceux de la démocratie et surtout ceux de la liberté, la liberté d’un peuple de disposer de sa souveraineté. Et les milliers de morts qui ont suivi n’ont pas été recensés, Duékoué, Nahibly, et j’en passe…Mais voilà ils ne votent pas, ils ne voteront plus, ils ne sont plus importants pour un régime qui les a assassinés !
Comment croire aujourd’hui ces mêmes acteurs en campagne, comment prendre au sérieux un Youssouf Bakayoko dans un rôle identique, qui au lieu de se mettre au service de son pays, avait proclamé des résultats biaisés depuis l’hôtel du Golf, et ce en dehors du temps, à lui imparti ?
Sa définition du triptyque de la démocratie ? « Une campagne électorale apaisée, un processus électoral respecté, un verdict accepté avec des élus reconnus »
En histoire de l'art, le triptyque est un ensemble décoratif composé d’un panneau central et deux volets mobiles qui généralement se rabattent sur le volet central pour le recouvrir. Si je reprend fidèlement l’image du spécialiste de l’art Youssouf Bakayoko, assurément un habitué des musées et des Eglises françaises dépositaires de nombreux triptyques, je dirais que « la campagne électorale apaisée » et « le verdict accepté avec des élus reconnus » constituent les panneaux latéraux du triptyque, encadrant le thème central, « un processus électoral respecté », et bien sûr les panneaux latéraux se rabattent sur « le processus électoral respecté » qui disparaît de notre vue ! Bonne image donc, mais je suppose qu’il voulait évoquer le trépied, tabouret à trois pieds, support de la démocratie ivoirienne, que l’on connaît bien, toujours instable, peu confortable, dont on risque à tout moment d’être éjecté, et aux pieds fragiles et trop écartés…
La dernière campagne électorale présidentielle est celle qui a coûté le plus cher, parce que vraiment elle se voulait – du côté de la Majorité Présidentielle –, honnête et transparente. Cela ne l’a pas empêchée de se transformer en une guerre parce que les dés étaient pipés d’avance et que ne devait sortir des urnes que Ouattara, l’économiste du FMI qui offrirait son pays d’adoption à tous les charognards blancs pour quelques applaudissements et une célébrité éphémère, celle d’un certain Empereur de Kong, dont le royaume est si petit que même son frère aîné, le maire de Kong n’a pu y avoir sa dernière demeure, mais a dû être enterré au cimetière municipal de Williamsville…
Campagne électorale express donc, pour saluer les généreux bailleurs de fonds et investisseurs potentiels allemands que l’on essaie de recruter après les français trop rétifs. Oui, il faut donner l’impression que la démocratie vit son rythme de croisière, que tout va bien, que tout se déroule selon « les canons de la légitimité démocratique de nos élus ». Les derniers évènements rocambolesques au Ghana, les enlèvements et tentatives d’enlèvement de personnalités de haut rang, les procès en cours, tout cela nous plonge dans « la promotion de la paix par le dialogue », le discours est saisissant ! Grâce à ces élections, le processus de démocratisation est en cours en Côte d’Ivoire ! Mais voilà, les caisses vides de l’Etat, malgré les emprunts faramineux, ont fait grimper le prix de toutes les denrées alimentaires, l’électricité, le gaz, les carburants n’ont pas été de reste, et ont connu aussi une hausse…
Alors que ces élections n’étaient pas une priorité du moment, face aux revendications salariales des fonctionnaires qui vont se mettre en grève et paralyser totalement le pays, notre économiste va gaspiller un peu plus l’argent dont il ne dispose pas, en préparant des élections qui ne mobiliseront que ses adeptes, et donner l’impression d’une normalité revenue : tous les réfugiées attendus fermement, – direction la case Prison du Monopoly géant qu’est la Côte d’Ivoire, où tout est à vendre et à acheter –, n’auront même pas le temps de rentrer, d’avoir leur carte d’électeur, et de voter ! Qu’à cela ne tienne, les électeurs en Côte d’Ivoire Nouvelle pourront voter plusieurs fois, face à des FRCI analphabètes qui ne distinguent pas une ordonnance médicale d’un laisser passer ou d’une carte d’électeur. Et on comprend mieux que Ouattara ne les envoie pas au Mali – si toutefois il daigne écouter ses chers frères et sœurs pour une fois – qu’après ces élections, car il a besoin d’eux pour mener cette « campagne civilisée », pour « une consultation apaisée et transparente » !

Shlomit Abel

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Sous cette rubrique, nous vous proposons des documents de provenances diverses et qui ne seront pas nécessairement à l'unisson avec notre ligne éditoriale, pourvu qu'ils soient en rapport avec l'actualité ou l'histoire de la Côte d'Ivoire et des Ivoiriens et que, par leur contenu informatif, ils soient de nature à faciliter la compréhension des causes, des mécanismes et des enjeux de la « crise ivoirienne ».

Source : La Dépêche d'Abidjan 27 Janvier 2013

La vie quotidienne bouleversée de François Hollande, chef de guerre

Voiture blindée, communications sécurisées, conseils de défense, déplacements quasi systématiques en avion... Depuis le début des opérations militaires françaises au Mali, la vie quotidienne de François Hollande, président "normal" devenu chef de guerre, est bouleversée.
Vendredi, c'est en avion que le président de la République et chef des armées a franchi les 200 kilomètres qui séparent Lille de Paris, renonçant à prendre le TGV qui parcourt pourtant cette distance en à peine une heure.
Depuis le 11 janvier et le déclenchement de l'opération Serval, le président doit être joignable et pouvoir joindre quiconque "sans délai", souligne son entourage. Or les moyens de communication sécurisés indispensables ne sont disponibles qu'à bord des avions gouvernementaux.
F. HOLLANDE EN CHEF DE GUERRE
L'avion offre également davantage de souplesse. "L'élément déterminant, c'est vraiment la nécessité de pouvoir adapter les moyens de transport à l'agenda du président", explique-t-on encore à l'Elysée.
Plus que jamais, le Service de protection des hautes personnalités (SPHP), qui assure nuit et jour la sécurité du président, est sur les dents, pour former une "bulle de sécurité" autour de lui. Et même si les dispositions relatives à sa sécurité rapprochée sont un secret bien gardé, certains renforcements du dispositif sont visibles. François Hollande a ainsi troqué sa Citroën DS5 hybride contre une C6 blindée.
D'évidence, le chef de l'Etat est menacé par les mouvements islamistes armés que les forces françaises et panafricaines s'efforcent de déloger du Nord-Mali. La France "des croisés et des Juifs sionistes paiera son agression contre les musulmans du nord Mali", ont encore menacé lundi les jihadistes de Mokhtar Belmokhtar, auteurs de la prise d'otages sanglante du site gazier d'In Aménas, en Algérie.
Le président, qui avait l'habitude de regagner presque quotidiennement son domicile dans le 15e arrondissement de Paris, réside désormais à l'Elysée.
Sur chacun de ses déplacements, le fond "bleu Elysée" aux armes de la présidence et un pupitre sont également disponibles à tout moment pour une éventuelle déclaration solennelle télévisée. Ils ont été mis à contribution cette semaine à Grenoble à l'occasion d'une brève déclaration saluant la libération de Florence Cassez.
Chacune des journées de François Hollande commence désormais par un "point de situation" sur le Mali qui réunit autour de lui le secrétaire général de l'Elysée, Pierre-René Lemas, son chef d'état-major particulier, le général Benoît Puga, et son conseiller diplomatique, Paul Jean-Ortiz.
Quotidiennement aussi dans les premiers jours de l'intervention et de manière un peu plus espacée désormais, il préside un conseil de défense qui réunit le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, les ministres de la Défense et des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian et Laurent Fabius, le Secrétaire général de la défense et de la sécurité nationale, Francis Delon, le patron des services de renseignement extérieurs (DGSE), Erard Corbin de Mangoux, et le chef d'état-major des armées, l'amiral Edouard Guillaud.
Les multiples cérémonies des vœux en janvier ont été l'occasion d'autant de prises de parole présidentielles sur la situation au Mali ou la prise d'otages en Algérie. Mais le président multiplie aussi les entretiens avec ses homologues, en dernier lieu, vendredi soir, avec l'Américain Barack Obama.
François Hollande évoque systématiquement la situation au Mali dans ses déplacements à l'étranger où le général Puga lui remet régulièrement des notes d'une page sur l'évolution de la situation et ses propositions d'engagement des troupes françaises.
A sa demande, le prochain Conseil européen des 7 et 8 février à Bruxelles, consacré au budget 2014-2020 de l'UE, sera l'occasion d'un nouveau "point de situation" sur le Mali à l'adresse des Vingt-Sept.
Plus anecdotique: les jardins de l'Elysée qui devaient ouvrir au public dimanche resteront fermés en raison du plan Vigipirate, porté au niveau d'alerte "rouge renforcé".

Source : AFP 26 janvier 2013

vendredi 25 janvier 2013

JEUX DE GUERRE…

Photo afp/Issouf Sanogo
L'histoire de la photo AFP du militaire à tête de mort dévoilée

PARIS - Un photographe de l'AFP, auteur d'une image montrant un légionnaire au Mali au visage recouvert d'un foulard représentant une tête de mort, a raconté mardi l'histoire de son cliché qui a fait le buzz sur internet et déclenché la colère de l'état-major français.
L'image a été prise dimanche par le photographe de l'AFP Issouf Sanogo. Elle montre un légionnaire français déployé à Niono, dans le centre du Mali. Le soldat arbore un foulard représentant une tête de mort, qui lui donne des faux airs de Ghost, un personnage du jeu vidéo de guerre "Call of Duty".
"Je me trouvais aux côtés de militaires français à côté d'un terrain vague, près de la préfecture de Niono", a raconté Issouf Sanogo sur le blog Making-of de l'AFP Blog AFP. "Un hélicoptère était en train d'atterrir et soulevait d'énormes nuages de poussière. Instinctivement, tous les soldats à proximité ont mis leurs foulards devant leurs visages pour éviter d'avaler du sable", a-t-il poursuivi.
"J'ai repéré ce soldat qui portait un drôle de foulard et j'ai pris la photo. Sur le moment je n'ai pas trouvé la scène particulièrement extraordinaire, ni choquante. Le soldat ne posait pas. Il n'y a aucune mise en scène dans cette image. Le gars ne faisait que se tenir là, en se protégeant le visage de la poussière, en attendant qu'un hélicoptère se pose", a ajouté le photographe.
La photo, jugée "glaçante" ou choquante lundi par plusieurs internautes, avait déclenché la colère de l'armée française. Le porte-parole de l'état-major, le colonel Thierry Burkhard avait annoncé que Paris cherchait à identifier le soldat masqué dont le comportement n'était, selon lui, "pas acceptable".
outefois, mardi, de très nombreux internautes s'indignaient, sur les réseaux sociaux, des propos du colonel Burkhard et prenaient avec ferveur la défense du légionnaire au masque morbide.
"Si demain ce jeune donnait sa vie en servant pour la paix, ceux qui en font 1 tonne sur son foulard diront quoi?" s'indignait par exemple @abbegrosjean sur Twitter. "A partir du moment où tu lis la citation du photographe... l'histoire devient un pétard mouillé", commentait pour sa part @olivierghaby.
Sur le blog Making-of, beaucoup de commentateurs rappelaient en outre qu'arborer des symboles menaçants, comme des têtes de mort ou des dents de requin, est une vieille tradition militaire en zone de combat.

AFP 23 Janvier 2013
source : Fraternité Matin 23/01/2013


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